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Marie Bonaparte, princesse insoumise

« Je suis la dernière Bonaparte, proclamait-elle volontiers. Mes cousins de la branche impériale ne sont que des Napoléon ! » Arrière-petite-nièce de l’empereur, Marie aurait pu se contenter d’être une princesse parmi tant d’autres. Descendante de Lucien, née le 2 juillet 1882, elle appartient à la branche indocile du clan. En 1870, son grand-père Pierre a déchaîné le scandale en assassinant le journaliste Victor Noir dans un accès de colère. De son union plus ou moins clandestine avec Nina Ruflin, fille d’un ouvrier fondeur, Pierre aura deux enfants, Roland et Jeanne. En 1880, Roland épouse Marie-Félix Blanc, richissime héritière du casino de Monte-Carlo. À peine la malheureuse jeune femme a-t-elle le temps de mettre au monde Marie qu’elle s’éteint, rongée par la tuberculose.

Pour Marie s’amorce une terne destinée d’orpheline, de nourrices en gouvernantes et en préceptrices, une enfance solitaire dans la grande villa familiale de Saint-Cloud. Dès sept ans et demi, blessée par le réel, elle se réfugie dans la rêverie. À seize ans, un flirt innocent avec le secrétaire de son père l’entraîne dans une spirale infernale, car l’imprudente lui a écrit des billets compromettants.

Lire aussi : Musée Carnavalet : après quatre ans de travaux, enfin la réouverture !

À 25 ans, Marie épouse le prince Georges de Grèce. Elle espère avoir enfin trouvé l’image masculine qui lui manque tant. Hélas pour elle, le prince Georges, homosexuel, nourrit une passion exclusive pour son jeune oncle, le prince Valdemar de Danemark. Au point que les deux enfants du couple, Pierre et Eugénie, appelleront ce compagnon indispensable, « Papa Two ». Toute sa vie, Marie aura besoin de se rassurer sur son physique et son pouvoir de séduction, subissant pour cela de nombreuses interventions de chirurgie esthétique. L’écriture devient aussi un dérivatif. À la veille de la Première Guerre mondiale, elle réunit chez elle artistes, auteurs et hommes politiques. Elle s’abandonne à des amours aussi furtives qu’éphémères. Son amant le plus célèbre sera Aristide Briand, plusieurs fois président du Conseil, son aîné de vingt ans. La princesse devient républicaine, se déclare athée, lit Trotski et Lénine. Après cela, Marie entretiendra une longue liaison, discrète, avec un chirurgien brillant… mari de sa meilleure amie. [...]

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Semaine cinéma : ce qu’il faut voir et fuir

Médecin de nuit de Elie Wajeman avec Vincent Macaigne, Sara Giraudeau, Pio Marmai

Mikaël est médecin de nuit. Il soigne des patients de quartiers difficiles, mais aussi ceux que personne ne veut voir : les toxicomanes. Tiraillé entre sa femme et sa maîtresse, entraîné par son cousin pharmacien dans un dangereux trafic de fausses ordonnances de Subutex, sa vie est un chaos. Mikaël n’a plus le choix : cette nuit, il doit reprendre son destin en main. Conduit comme un contre-la-montre dans le Paris des invisibles, Médecin de nuit se déguste comme un engrenage à la mécanique parfaitement huilée, haletant et suffocant, porté par un Vincent Macaigne d’une densité impressionnante.

https://youtu.be/gQC-0RtpwQs

La Nuée de Just Philippot avec Suliane Brahim, Sofian Khammes et Marie Narbonne

Avec La Nuée, Just Philippot nous embarque sur un tout autre terrain: le film de genre. L’histoire de Virginie, mère célibataire qui pour sauver sa ferme se lance dans le business de sauterelles comestibles et développe avec elles un lien étrange. Écriture précise, mise en scène brillante et une actrice, Suliane Brahim, exfiltrée de la Comédie française, tout en intensité, La Nuée, à la fois réaliste et fantastique, surprend par sa maîtrise qui n’a rien à envier aux maitres du genre.

https://youtu.be/c3l9x-QYw5Y

5ème Set de Quentin Reynaud avec Alex Lutz, Ana Girardot et Kristin Scott Thomas

À presque 38 ans, Thomas est un tennisman qui n’a jamais brillé?. Pourtant, il y a 17 ans, il était l’un des plus grands espoirs du tennis. Mais une défaite en demi-finale l’a traumatisé et depuis, il est resté dans les profondeurs du classement. Si ce 5ème set souffre de quelques maladresses inhérentes à un premier film, l’ensemble touche par ce portrait très juste d’un sportif qui ne veut rien lâcher. Le tout porté par un Alex Lutz magistral.

https://youtu.be/EHqjVxdKfvU

Sans un bruit 2 de John Krasinski avec Emily Blunt, Cillian Murphy et Millicent Simmonds

Après les événements mortels survenus dans sa maison, la famille Abbot doit faire face au danger du monde extérieur. Pour survivre, ils doivent se battre en silence. Forcés à s’aventurer en terrain inconnu, ils réalisent que les créatures qui attaquent au moindre son ne sont pas la seule menace qui se dresse sur leur chemin. Tension parfaitement maîtrisée et mise en scène travaillée, au service d’une histoire qui traite finement les thèmes de l’hérédité et du passage de l’enfance à la maturité : enfin un numéro deux aussi bon que le premier[...]

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Sans un bruit 2 : notre critique
John Krasinski est de retour derrière la caméra pour Sans un bruit 2, la suite du thriller sorti en 2018. Le film reprend directement là où l’opus précédent s’était conclu, alors que la famille Abbot cherchait à survivre après la mort du père, joué par Krasinski lui-même. Ce deuxième épisode de la saga réussit l’exploit de dépasser le premier, qui était déjà excellent. Tout touche juste, alors que la séparation rapide des personnages voit l’intrigue se subdiviser en deux quêtes parallèles où chacun est confronté à ses propres faiblesses. [...]
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Dante peut-il chanter en français ?

D’après la spécialiste Jacqueline Risset, la fortune de Dante en France serait « l’histoire d’une absence ». La publication d’une préface inédite et somptueuse du grand D’Annunzio à une édition française de La Divine Comédie (Dant de Flourence, Arcadès Ambo) se lit comme une formidable introduction au « précurseur du grand esprit occidental, comme le prophète inconscient de la future unité latine, tout éclairs même quand il est trouble, tout amour même quand il hait, toute ferveur, même quand il se trompe ». Une mésestime qui s’explique entre autres par le geste de François Ier jetant le livre de Dante après avoir lu que son aïeul Hugues Capet y était décrit comme « le fils d’un boucher de Paris ».

Lire aussi : Musée Carnavalet : après quatre ans de travaux, enfin la réouverture !

Même si Christine de Pisan a révélé l’œuvre aux Français à la jonction du XIVe et du XVe siècle, ceux-ci, jaloux et vaniteux, eurent tendance à ignorer cet Homère italien, que les romantiques ne leur redonnèrent à lire qu’à travers L’Enfer. Alors que Michel Orcel publie sa nouvelle traduction du Paradis et achève une entreprise qui reçut la bénédiction du regretté Philippe Jaccottet, il vient nous expliquer, après l’avoir prouvé, comment Dante pourrait chanter en français. Usant d’une versification donnant à entendre en français le rythme du poème toscan, osant des archaïsmes adéquats et des néologismes copiés sur ceux de Dante, il parvient à restituer l’aspect torrentiel du texte le plus éblouissant de la littérature mondiale. Propos recueillis par Romaric Sangars.

Oui. Même si beaucoup de traductions actuelles en font douter.

C’est une sorte de configuration stellaire qui m’a soudain révélé le devoir que j’avais de rendre justice à Dante en français. Cette configuration relève à la fois : de ma soif de grandes entreprises ; de ma longue pratique de la traduction des classiques italiens ; de mon retour en France après une longue station en terre d’islam ; de l’amitié et de la confiance que me porte ce merveilleux éditeur (grand connaisseur de Dante) qu’est Florian Rodari ; de l’approbation de Philippe Jaccottet ; mais, plus radicalement encore, c’est à la fois l’irritation extrême que j’ai éprouvée en relisant ou découvrant les traductions qui circulent actuellement (Vegliante, Ceccaty, Robert) et mon retour à une vision chrétienne du monde que je dois sans doute d’avoir osé m’approcher amoureusement de ce massif de la pensée et de la poésie qu’est la Divine Comédie. [...]

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Médecin de nuit : notre critique

Mikaël est médecin de nuit. Il soigne des patients de quartiers difficiles, mais aussi ceux que personne ne veut voir : les toxicomanes. Tiraillé entre sa femme et sa maîtresse, entraîné par son cousin pharmacien dans un dangereux trafic de fausses ordonnances de Subutex, sa vie est un chaos. Mikaël n’a plus le choix : cette nuit, il doit reprendre son destin en main. Conduit comme un contre-la-montre dans le Paris des invisibles, Médecin de nuit se déguste comme un engrenage à la mécanique parfaitement huilé [...].

Lire aussi : Le Dernier Voyage : notre critique

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Simon Berger, rhapsodie bohémienne

Après un premier roman sur Jean-Sébastien Bach, un roman sur les Gitans. Deux sujets rebattus qui ne facilitent pas la tâche d’un jeune écrivain…

 L’Ecclésiaste le martelait déjà : il n’y a rien qui ne soit éculé, tout a déjà été dit. Je ne me vois pas chercher un sujet pour sa seule singularité ou parce que je montrerais, en le traitant, ma prétendue originalité. Paradoxalement, une fois qu’on a compris que l’originalité dans le sujet est une illusion, la liberté et la jubilation de l’invention peuvent, je le crois, jaillir. L’errance de Bach ou celle des nomades m’intéresse, mais je ne cherche ni l’originalité, ni la démonstration ; je cherche seulement à faire se rencontrer un sujet qui m’attire et mon amour du travail de la langue. Bien sûr, quand on ne croit pas à l’originalité du sujet, on sait d’autant plus la dette que l’on a contractée, à vie, à l’égard de ceux qui nous ont précédés, et qui ont labouré le champ que nous prétendons aujourd’hui moissonner. La comparaison avec les compositeurs est très juste : il y avait un temps où chaque musicien se devait de faire sa messe sur L’homme armé. Mais c’est dans cette continuité, dans ce passage de relais, que le frottement des styles et des personnalités artistiques devenait possible – et même les révolutions formelles. En somme c’est toujours la même histoire, répétée, remodelée, dans une grande fugue des générations, avec aussi les incompréhensions, les reprises, les divergences inhérentes à ce dialogue ininterrompu.

Pourquoi faire de la figure de Jacob un petit Gitan? 

Il se trouve que le Jacob de mon livre est inspiré d’un Jacob qui a existé. Ce Jacob était, non pas exactement un Gitan, mais un Yéniche ; cela dit, le mode de vie reste le même, et c’est précisément cette vie-là, dans cet environnement-là, qui m’a retenu et m’a poussé à écrire cette histoire. L’assignation à ce peuple très fer de ses origines (pourtant jamais vraiment élucidées), dont la façon de vivre et de penser est très proche de celle des manants (alors même qu’en règle générale, les voyageurs ne permanent jamais bien longtemps, où que ce soit), ne peut pas ne pas marquer le jeune Jacob jusque dans sa chair. Il y a là-dedans quelque chose de la tragédie, ce fatum qui est le même dans les palais grecs et entre les roulottes, le drame en miniature de la condition de l’homme, jeté dans le monde avant tout, pour employer un bien grand mot, comme un homo viator. [...]

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Le Dernier Voyage : notre critique
Pour son premier film, l’audacieux Romain Quirot ambitionne de s’incruster sur le terrain de jeu favori d’Hollywood, la science-fiction. Dans un futur proche, une mystérieuse lune rouge est exploitée à outrance pour son énergie. Alors qu’elle change brusquement de trajectoire et fonce droit sur la Terre, Paul W.R, le seul astronaute capable de la détruire, refuse d’accomplir cette mission et disparaît. Si le Dernier Voyage souffre de sérieux problèmes d’écriture, entre dialogues simplistes et quelques trous scénaristiques, il offre pourtant l’une des plus belles propositions de cinéma de ces dernières années. [....]
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Nomadland : notre critique
Grand vainqueur des Oscars 2021 avec trois statuettes (meilleur film, meilleur réalisateur et meilleure actrice) le nouveau film de la jeune chinoise Chloé Zhao s’inscrit dans la filiation de ses deux premiers longs-métrages : la vie des marginaux américains d’aujourd’hui. Après les Amérindiens dans Les Chansons que mes frères m’ont apprises (2015) et les gueules cassées du Rodéo dans le très beau The Rider (2015), Nomadland s’attaque aux nouveaux aventuriers de l’ouest [ ...]
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