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Olivier Marchal : toujours en noir
Il est touchant, Olivier Marchal : l’ex flic n’a pas oublié son ancienne vie ni ses anciens collègues, et, depuis Gangsters, le réalisateur français ne cesse de parler d’eux, de leurs souffrances et de leur mal-être. Avec ses cernes en accordéon, sa trogne porte encore toutes les cicatrices du passé, de ces blessures récoltées en se confrontant aux abysses de l’âme humaine et il sait mieux que quiconque, comment, chez le flic comme chez le voyou, le bien et le mal joutent toujours. La nuit, seul à son bureau, il couche sur papier leurs histoires, espérant ainsi sauver leurs âmes et éloigner ses démons. Alors il convoque à la fois ses souvenirs et les grands maîtres qu’il admire, puisque son cinéma pullule de références, de Melville à Michael Mann, et qu’il ambitionne, depuis ses débuts, de s’inscrire dans cette lignée en pratiquant du polar qui s’assume : un genre brutal et réaliste. Ses « poulets » évoluent toujours sur une ligne de crête à la frontière morale ténue que les vapeurs de gnoles bon marché et de clope tiède floutent encore davantage. Mal rasés, les cheveux cradingues et le cuir qui grince, ils...
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L’ombre de Staline : notre critique

Biopic de facture assez classique, le dernier long-métrage de la polonaise Agnieszka Holland se penche sur un évènement plutôt méconnu, à savoir le voyage en Ukraine dans les années 30 du journaliste gallois Gareth Jones. Ce dernier, interprété par l’acteur James Norton, est à la fois un reporter plein d’audace et le conseiller du Premier ministre britannique David Lloyd George. Après avoir réalisé la performance d’interviewer Adolf Hitler au moment de son accession du pouvoir, il se lance la même année dans un voyage en URSS afin de s’entretenir avec Staline sur le prétendu miracle soviétique.

Lire aussi : Comment Mickey a niqué le cinéma

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Comment Mickey a niqué le cinéma

Ce mois-ci pas de film pour Monsieur Cinéma. Non parce que les sorties des films annoncés se révèlent chaque jour plus incertaines, et ce malgré les supplications des exploitants, des producteurs, des critiques, des attachés de presse (certains d’ailleurs tout heureux d’enfin tenir avec la Covid-19 une excuse pour ne pas nous montrer leurs films) et de tout ce beau petit monde, en somme, qui vit des salles obscures mais parce que l’annonce d’un des gros mastodontes de l’industrie du cinoche a fait l’effet d’un coup de tonnerre, une révolution XXL à reléguer les scandales de Cannes du côté de l’anecdote.

Un quart du marché pour l’empire

« Compte tenu de l’incroyable succès de Disney + et de nos plans pour accélérer notre activité directe aux consommateurs, nous positionnons notre société pour soutenir plus efficacement notre stratégie de croissance et augmenter la valeur pour les actionnaires », a déclaré Bob Chapek, PDG de Walt Disney Company. Une réponse à la Covid ? « Je ne le qualifierais pas de réponse à la Covid », affirme l’intéressé, « je dirais que la Covid a accéléré la vitesse à laquelle nous avons effectué cette transition, mais cette transition allait se produire de toute façon ».

Édito essais #36 : Nietzsche partout mais nulle part

Nietzsche partout ! Jusque dans l’avant-propos d’Enthoven aux Œuvres de Nietzsche. Depuis un siècle, il a pris toute la place, il nous modèle, qu’on s’en réclame ou pas. D’abord la philosophie, bien sûr, qui ne s’en est pas remise et dont l’ancienne façon a disparu – c’est-à-dire qu’elle a disparu pour de bon, toutes les tentatives d’émancipation demeurant vaines, elle se retrouve condamnée à penser avec lui, dans cette espace de saturation où Nietzsche l’a placée pour la dissoudre.

Être nietzschéen, c’est ne pas être nietzschéen, sauf que ne pas être nietzschéen revient à valider Nietzsche pour lequel toute pensée, à la fin, vaut pour une idée fixe maquillée à la truelle en Vérité absolue, le cache-sexe d’un corps dont on ne sait rien sinon sa pulvérisation finale après que la puissance l’aura traversé pour se perdre avec lui. Ça porte à conséquence, on n’est pas déçu du voyage, mais on n’arrive nulle part : dans ce vide implacable qu’aucun pseudo-athéisme bonhomme ou grimaçant ne pourrait supporter s’il l’envisageait avec un peu de probité – histoire de le dire comme Nietzsche. [...]

Édito culture #36 : Le théâtre des opérations

D’après Eddy Bellegueule, le roman est mort et c’est tant mieux, tout le monde parle en son nom propre, enfin, c’est la transparence et la vérité plate, idiote, littérale, telle que l’aiment les marxistes, c’en est enfin fini des affèteries bourgeoises de la fiction. Si c’est « je », c’est que c’est vrai, assène-t-il avec la même candeur qu’un candidat de télé-réalité. Bah oui. Mais qui dit « je » ? Eddy Bellegueule ou Édouard Louis ? Les types passent leurs journées à vous expliquer qu’ils ne savent pas qui ils sont, qu’ils ont changé d’avis sur leur sexe, voire sur leur ethnie d’origine, ou prétendent au contraire n’être que le produit de circonstances socio-économiques qui les dépassent, soit n’être pas les vrais propriétaires de leur « je », mais il faudrait les croire quand ils disent « je » ?

« Pourquoi parles-tu encore de ce débile"? », me demande Nicolas Pinet, qui me paraît très serein pour un bouclage qui s’étire en longueur en dépit du couvre-feu. « Je crois que beaucoup de gens le prennent très au sérieux », lui réponds-je en lui resservant un verre de vin. « Qui ? » Eh bien, par exemple, Oriane, dans Transfuge, qui écrit ceci : « Édouard Louis politise une évidence éditoriale de cette rentrée : Carrère fait son Yoga, et chacun applaudit la mise à nue. Louis fait simplement un pas de plus, et condamne la fiction. L’enterrement est rapide, célébré sur Instagram par des milliers de likes. » Certes, l’argument des « likes » sur Instagram ne prouve pas grand-chose. La faute d’orthographe sur « mise à nue » au lieu de « nu », nous met mal à l’aise. Pourtant, comme nos consœurs, il nous arrive de laisser des coquilles. De là à dire que le Tintin des lettres françaises, qui n’arrive pas à se couvrir le nombril, aurait enterré le roman, il y a en effet un pas rapidement franchi. [...]

Station opéra : Émotion calibrée

Tel est le titre d’une des cinq mélodies que Sabine Devieilhe et Alexandre Tharaud puisent dans le vaste catalogue de Fauré. Pour le reste du programme, trois autres compositeurs sont convoqués, qui ont donné ses lettres de noblesse à cet art si français du « poème chanté » : Ravel, Debussy, Poulenc. Moulés sur les vers d’auteurs célèbres ou oubliés, parnassiens ou symbolistes, ces joyaux miniatures épousent le rythme des fluctuations amoureuses. La courbe vocale y atteint des sommets de raffinement. À l’ère du rap et des prosodies barbares, voici un rappel sans concession de ce que signifie faire chanter le verbe des poètes.

Lire aussi : Station opéra : Fausses jumelles

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Pierre Robin : Violence urbaine, le temps passé des voyous blancs

La prise de conscience de certains inconvénients du « vivre ensemble » semble avoir fait un bond cet été, même si ça fait bien une trentaine d’années que le décor est planté et les acteurs implantés. Avant le déluge, du temps des rois, disons sous Pompidou et Giscard, on parlait déjà des violences en milieu jeune et urbain. Je n’avais que 5 ans (et demi) lorsque les blousons noirs (de race blanche) entrèrent dans la légende (urbaine) en mettant à sac, le 24 février 1961, le Palais des Sports de la porte de Versailles à l’occasion d’un concert de Johnny Hallyday. Mes premiers souvenirs sur le sujet remontent au temps du lycée dans les premières années 70. Alors florissait toute une belle jeunesse française et masculine en pattes d’éph’, blousons jeans, boots zippées et cheveux longs ou mi-longs, sillonnant ma banlieue sur ses mobylettes ou ses bruyantes fausses motos 49,9 cm3 de marque italienne – Malaguti, Flandria, Gitane Testi, Itom.

Des mobs aux scooters

Je n’ai souffert véritablement de cette violence-là qu’une fois et encore pas gravement et pas longtemps. Abordant un beau jour de l’année 1974, sur ma Peugeot TSR 49,9 cm3 (une fausse moto à la française) un virage en sortant de mon lycée dans la très résidentielle commune de Montmorency (95), je serrai de trop près un de ces loubards pilotant lui-même son cyclomoteur : le type, un petit blond énervé, me bloque, descend de son deux-roues et m’expédie un direct qui me surprend un peu. Puis il se jette sur moi en m’insultant (mais pas en verlan ou en dialecte wesh wesh) et nous roulons par terre. Le proviseur du lycée, qui passait par là, nous sépare. Peu de choses en somme sinon un bleu à la lèvre pour moi. Je dois dire que 45 ans plus tard, et à la lumière de l’actualité, j’ai presque une forme de nostalgie de ce type de voyou-là, bien de chez nous. Mon agresseur portait, je m’en souviens bien, le traditionnel ensemble en jean, et j’aime bien les clichés, même en pareille circonstance. 

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À contre-courant

À l’inverse de ce que l’on pourrait croire, le plus grand des dirigeants britanniques du XXe siècle ne fut pas en son temps admiré et soutenu. La monumentale biographie de l‘historien Andrew Roberts montre à quel point au contraire il fut méprisé et rejeté par l’establishment anglais. Méprisé pour son caractère flamboyant que l’on estimait vulgaire, méprisé pour son ambition que l’on jugeait arriviste, méprisé pour son courage que l’on estimait dangereux. Jusque dans les heures sombres de la guerre, les responsables politiques anglais n’ont fait que tolérer Churchill, faute d’autre possibilité. Seul le peuple lui resta fidèle.

Andrew Roberts livre ici le récit époustouflant d’une vie faite tout entière de combat. L’ouverture récente d’archives (comme le journal intime du roi Georges VI) révèle le courage, la puissance de travail et la volonté de fer de Churchill. Sa foi inébranlable dans la supériorité du peuple britannique fit de lui l’homme de la situation en 1940. À ceux qui proposaient un accord honteux avec les nazis, Churchill opposa un programme simple : « L’heure est venue : tuer le boche ». [...]

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