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La chute de l’aigle

L’essai de Nikola Mirkovic propose au lecteur un vaste balayage historique, dans le but de démontrer qu’il convient mieux de parler d’empire au sujet de la plus puissante nation mondiale et que cet empire finira bientôt par s’effondrer, victime de ses trop grandes ambitions et d’une élite qui a dessaisi le peuple américain de sa souveraineté au profit du pouvoir financier et voudrait s’emparer désormais du monde.

Pour soutenir cette thèse, l’ouvrage laisse malheureusement et un peu trop souvent la place aux arguments d’autorité ou aux affirmations que l’on voudrait voir un peu mieux étayées par des sources, des faits ou des chiffres précis. Est-il vraiment acquis que « l’Amérique se dirige vers un écroulement généralisé » ? L’argument du déclin de l’empire américain a été repris inlassablement au cours des trente dernières années, y compris par Vladimir Poutine dont l’empire semble aujourd’hui plus menacé que celui de Joe Biden. Mais, si le voyage historique proposé par Nikola Mirkovic reste passionnant, peut-on toutefois vraiment parler d’empire au sujet des Etats-Unis ? La question se pose moins au sujet de la Russie, dont l’histoire impériale définit l’identité même de ce gigantesque trait d’union eurasiatique de 17 millions de kilomètres carrés, envahi par les Mongols, menacé par la Suède, la Pologne ou la Lituanie avant de devenir l’empire des tsars, puis des soviets. [...]

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Guerre et civilisation

Parmi tous les tourments que l’homme s’est infligés à lui-même, la guerre se détache comme le principal engin de défaite sociale et spirituelle, alerte Arnold Toynbee en préface d’un assemblage de petits textes au titre évocateur: Guerre et civilisation. De la défaite sociale, nos médias parlent abondamment, même si de façon partiale, unilatérale; de la défaite spirituelle, pas un mot; peu de mots aussi de l’affaissement civilisationnel en cours; peu de mots des opportunités gâchées d’offrir à l’Occident une nouvelle dynamique et à l’Europe de l’Est un ordre territorial plus stable.

En ce début d’année 2022, profitant d’un répit sanitaire, la guerre, la vraie, celle de la destruction et de la mort, est de retour. Non pas directement chez nous, comme Emmanuel Macron a tenté de le faire croire aux Français par son fameux – et pitoyable: « La guerre est là, sur notre sol », mais indirectement, par la fracturation du socle chrétien orthodoxe, par l’intensification et la globalisation d’un conflit régional reposant sur des questions non réglées de souveraineté et de territoire, par la réactivation d’un choc civilisationnel endogène en Europe, par notre basculement collectif dans le célèbre « piège de Thucydide » que Graham Allison avait anticipé entre les USA et la Chine, et qui s’est refermé sur les deux blocs historiques, l’Otan et la Russie. Nous nous apprêtons à payer, collectivement, les conséquences de la guerre sur les plans politiques, énergétiques, économiques et sociaux, mais le prix le plus lourd sera probablement la défaite spirituelle de l’Occident.

Que faire? Kautilya écrit, au chapitre VII de son Artha-Sastra: « Un roi faible, menacé par un roi plus fort dont les armées sont en marche, doit se soumettre sans délai, et chercher la paix en offrant son trésor, son armée, sa personne ou son territoire ». Mais ni Biden ni Macron, ni Scholtz ni von der Leyen n’ont probablement lu Kautilya, pas plus que le roi faible, Volodymyr Zelensky. « Transiger » aurait dit Beaumarchais, aller directement et de manière réaliste à l’essentiel, au territoire – ceux de la frontière Est – pour éviter le pire. Mais nul ne lit plus, non plus, le talentueux Augustin Caron de Beaumarchais, pas même la lettre si remarquable qu’il adressa au roi Louis XVI, mettant en garde le souverain contre la tentation moralisante: « La politique nationale qui maintient les États diffère presque en tout de la morale civile qui gouverne les particuliers ». C’est à l’inverse l’anti-Beaumarchais, la morale civile élevée au rang de politique internationale, qui constitue le projet des hérauts de la démocratie libérale, des aspirants à la « paix perpétuelle », ostracisant les récalcitrants, tel Vladimir Poutine, que nos médias peignent en militariste invétéré, façon Adolf Hitler, en lecteur assidu de Ludendorff, adepte de la guerre totale, ou en fou isolé et mégalomaniaque. [...]

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En Côte d’Ivoire, on vote très à droite

Fleuron des colonies de l’Afrique Occidentale française (AOF), la Côte d’Ivoire a toujours été au centre de la politique française en Afrique. Mais la chute des cours du cacao et du café depuis les années 90 a plongé le pays dans une récession et des troubles politiques récurrents. La dévaluation du Franc CFA a achevé de déstabiliser un État longtemps considéré comme une petite Suisse africaine et privilégié par les expatriés français. Aux côtés des binationaux, ce sont plus de 12 000 français qui sont actuellement recensés à l’Ambassade de France, principalement à Abidjan, la « perle des lagunes » où il fait bon vivre. La Côte d’Ivoire s’est subitement invitée dans le débat présidentiel français lorsque le polémiste Éric Zemmour a débarqué en décembre 2021 à l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny. À grand renfort de publicité sur ses réseaux sociaux, le leader du parti Reconquête a visité le camp de l’ex 43e bataillon d'infanterie de marine (BIMA), désormais « Forces françaises en Côte d’Ivoire », présent dans le pays depuis 1978.

Une visite loin d’être anodine puisque ce régiment a été au cœur de la protection des expatriés français lors de la guerre civile et assure aujourd’hui un relais opérationnel sur une zone d’intérêt stratégique. L’ancien journaliste ne s’est donc pas trompé quand dans son communiqué de Noël, il a déclaré que ces militaires étaient à la fois « à la fois nos sentinelles, notre cuirasse et le bras armé de notre patrie » dans cette partie de l'Afrique. Si ce voyage a suscité l’incrédulité des Ivoriens qui ne prisent guère Éric Zemmour en raison de son programme anti-émigration, la communauté française s’est précipitée à sa rencontre afin de le questionner sur sa vision de la France en Afrique. Une opération de charme rondement menée et qui a porté ses fruits : Zemmour a fait un score inattendu en Côte d’Ivoire. Avec 11% des voix, il est arrivé troisième de cette élection sur les 4000 votes exprimés, devant Marine Le Pen qui n’a remporté que 7% des votes. Les voix reportées sur l’extrême droite s’élèvent donc à 18%. Du jamais vu en Côte d’Ivoire, pilier de la défunte chiraquie. La seule candidate du Rassemblement national y avait à peine recueilli 9% des voix en 2017. [...]

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Un suprématiste noir auteur présumé d’une fusillade à New York

Après une cavale de deux jours, le tireur présumé du métro est derrière les barreaux. Frank James, un Afro-américain de 62 ans, s’était enfui après avoir déclenché une fusillade dans le métro de New-York. Des vidéos montrent du sang répandu sur le sol et des hommes à terre ; une horreur indescriptible est sur tous les visages. L’homme, après avoir loué un van, était entré dans le métro muni d’une arme de poing, d’une hache et d’un feu d’artifice. Portant un masque à gaz, il a lancé deux grenades fumigènes dans le wagon avant d’ouvrir le feu, faisant 23 blessés dont 10 par balles.

La procureure Sara Winik a déclaré qu’il « a ouvert le feu sur les passagers d'une rame de métro bondée, interrompant leur trajet matinal comme jamais cette ville ne l'avait vu depuis plus de 20 ans. Son attaque était préméditée, elle a été soigneusement planifiée et elle a semé la terreur parmi les victimes et dans toute la ville ». [...]

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Go_A : vedettes de l’Eurovision
Alors que l’année dernière, taquins que nous sommes à L’Incorrect, nous nous apprêtions à descendre en flammes l’habituellement infernal Concours Eurovision de la chanson, nous avions été agréablement surpris. Quand la Russie envoyait une grosse dondon rappant sur les inspirantes « femmes russes » (dont certaines, au vu des photos affichées en arrière-plan, étaient pourvues de pénis), avec danseurs racisés et refrain en anglais, l’Ukraine envoyait Go_A. [...]
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Sanctions contre le sport russe : les possédés

28 février, deux communiqués de presse remettaient en cause la place de la Russie dans l’ordre sportif international. Le premier émane du Comité international olympique, et encourage toutes les fédérations sportives internationales à exclure la Russie et ses athlètes. Le deuxième provient de la plus puissantes de ces fédérations, la FIFA, commun avec sa branche européenne l’UEFA, et annonce la suspension des clubs et de la sélection russes de toutes les compétitions internationales, au premier rang desquelles la Coupe du monde au Qatar cet automne. Les deux instances les plus influentes du sport mondial frappaient conjointement, quatre jours seulement après l’ouverture des hostilités. La plupart des fédérations mondiales d’importance se sont jointes à cette offensive éclair sur le sport russe. Le mondial de volleyball qui devait avoir lieu cet été dans le pays a été délocalisé, en Formule 1 le Grand prix annuel de Sotchi n’aura pas lieu, les trois clubs russes encore en lice dans l’Euroligue de basket, l’équivalent de la Ligue des champions, en ont été exclus, les quatre grandes fédérations de boxe mondiale ont fait taire leurs conflits permanents pour décider de l’interdiction des combats en Russie… On pourrait multiplier les exemples à l’envi.

Lire aussi : Entretien avec Zhulin Zhang : la Chine, planche de salut pour la Russie ?

Il faut remonter assez loin pour observer une telle unanimité dans la fermeté. Même la Yougoslavie de Miloševi2 n’avait pas connu une telle ostracisation sportive. En fait, le seul pays ayant subi un traitement comparable à celui de la Russie est l’Afrique du Sud de l’apartheid, bannie de toutes les compétitions d’importance, sauf en rugby, du début des années 1960 à celui des années 1990. On rappelle qu’à l’époque le cœur du problème provenait de ce que l’Afrique du Sud refusait de faire concourir des équipes racialement mixtes et des athlètes noirs. Les sanctions n’étaient donc pas simplement motivées par la politique générale de l’état sud-africain mais surtout par des considérations strictement sportives. Et elles s’étaient mises en place graduellement, puisque le régime d’apartheid existait depuis 1948. Par leur fulgurance et leur régime d’application, les mesures prises à l’encontre de la Mère Russie relèvent donc de l’inédit. [...]

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Alexey Levkin : un Russe derrière la scène nazie ukrainienne
N’en déplaise au Kremlin, l’une des figures majeures de la scène musicale néo-nazie en Ukraine est russe. Alexey Levkin, le sinistre individu à l’origine du mouvement Wotanjugend et à la tête du groupe de NSBM M8l8th, est en effet originaire de l’oblast de Tver, au nord-ouest de Moscou, qu’il a dû fuir en 2015 après avoir purgé une peine de prison pour trois meurtres crapuleux. Ce petit garnement ne perd pas son temps : en découvrant en Ukraine une scène black metal très active et au rayonnement international et constatant qu’elle s’arrime à un solide arrière-plan nationaliste, il entend bien la raccorder à ses idées extrémistes. En quelques années, il fédère autour de lui tout une jeunesse déshéritée et parvient à capter l’attention des fans de métal en organisant des festivals ambitieux, dont le Asgardsrei où est conviée régulièrement la fine fleur du black métal européen, à commencer par les Français de Peste Noire. Habile en marketing, Levkin parviendra à utiliser l’aura du groupe avignonnais, pourtant très cocardier, pour mettre en valeur ses propres activités. [...]
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La symphonie décoloniale de Wagner

C’était le 7 mars: dans une vidéo diffusée sur sa page Facebook, l’activiste béninois et porte-parole de l’ONG « Urgences panafricanistes » l’angoissant Kémi Séba signalait sa présence sur la Place rouge. La raison de cette visite inopinée ? Une conférence à l’Institut des relations internationales de Moscou deux jours plus tard sur le thème : « Quel rôle jouera l’Afrique dans la guerre des mondes? » Tout un programme ! Outre cette intervention, ce voyage a également été le pré- texte à une rencontre avec le vice-ministre des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov.

Pour qui connaît le parcours idéologique de Kémi Séba, ce rapprochement avec le Kremlin n’a rien de surprenant. Déjà en 2017, il avait été reçu à Moscou par l’idéologue de l’eurasisme Alexandre Douguine. Deux ans plus tard, en 2019, il intervenait à Sotchi à l’occasion d’un sommet Russie-Afrique. Entretemps, l’activiste s’est rapproché du tristement célèbre Evgueni Prigojine qu’il a rencontré à plusieurs reprises en Russie, au Soudan et en Libye, ce der- nier lui ayant proposé une « aide logistique » en échange de sa participation active à des actions de « french bashing » en Afrique. C’est ainsi qu’en 2018 Kemi Seba s’était rendu à Madagascar, vraisemblablement à l’invitation de Wagner, pour participer à la conférence « Les îles de l’espoir » et s’afficher le lendemain au premier rang d’une manifestation devant l’ambassade de France à Antananarivo. [...]

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