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Mali : la surinfection de plaies ethno-raciales millénaires

La junte militaire a sommé l’ambassadeur français de quitter le territoire dans les 72 heures. Pourquoi ?

Après le coup d’État du colonel Assimi Goïta au Mali, Emmanuel Macron a littéralement étranglé économiquement le Mali en prenant contre ce pays des sanctions totalement inopportunes et improductives qui ont achevé de dresser l’opinion malienne contre la France. La réaction de la junte a consisté à flatter l’opinion publique.

Voilà donc la France devenue bouc-émissaire permettant aux élites locales qui ont systématiquement pillé leurs pays respectifs de cacher six décennies de corruption, de détournements, d’incapacité politique

Nous sommes en présence d’une entreprise de défausse rendue d’autant plus facile que l’accusation de néo-colonialisme est toujours prompte à échauffer des esprits gangrenés par la rente mémorielle et encouragés par l’ethno-masochisme des élites françaises qui font bien rire Russes, Chinois et Turcs qui prennent la place de la France. Voilà donc la France devenue bouc-émissaire permettant aux élites locales qui ont systématiquement pillé leurs pays respectifs de cacher six décennies de corruption, de détournements, d’incapacité politique, en un mot d’incompétence. Résultat, après la Centrafrique, la France va se trouver « éjectée » du Mali alors que ses soldats y tombent pour assurer la sécurité de populations abandonnées par leur propre armée...

Quelles furent les erreurs commises par la France ?

Au moment où de plus en plus d’Africains rejettent la démocratie, la France s’arc-boute tout au contraire sur cette idéologie vue en Afrique comme une forme de néocolonialisme. Aveuglé par son présupposé démocratique, le gouvernement d’Emmanuel Macron n’a pas vu que le coup de force du colonel Goïta était une chance pour la paix. Ce Minianka, branche minoritaire du grand ensemble sénoufo, n’ayant pas de contentieux historique avec les Touaregs et avec les Peuls, les deux peuples à l’origine du conflit, pouvait donc ouvrir une discussion de paix en corrigeant les grandes erreurs commises par les décideurs parisiens depuis le début du quinquennat Macron. Or, ces derniers n’ont pas su profiter de l’opportunité politico-militaire ouverte au Mali avec le coup d’État. Tout au contraire, Paris a considéré comme une provocation l’ouverture de négociations entre Bamako et certains groupes armés nordistes, alors que l’opération lui était entièrement profitable car cela lui aurait permis de fermer le front du nord afin de concentrer ses moyens sur d’autres régions.

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Ukraine-Russie : steppes ou encore ?

Les États-Unis accusent la Russie de masser des troupes à la frontière ukrainienne. Si ces faits sont avérés, quels seraient les objectifs d’une telle mobilisation ?

Le fait que des troupes russes soient massées à la frontière ukrainienne est une réalité qui a été observée, qui a été détaillée même, puisqu’il a été constaté qu’un certain nombre de chars russes qui se trouvaient sur cette frontière avaient reçu des défenses adaptées au nouveau matériel perçu par les troupes ukrainiennes, par exemple les missiles Javelin, donnés par les Américains, ou les drones turcs Bayraktar. Des troupes russes sont donc prépositionnées. La question qui se pose, c’est que la Russie nie son intention d’envahir l’Ukraine et considère que ces mouvements de troupes font partie d’exercices réguliers qu’elle opère dans ces zones. Pour l’instant, il n’y a pas eu de la part de Moscou une quelconque indication selon laquelle il y aurait une menace ou que l’invasion de l’Ukraine serait à l’ordre du jour.

Historiquement, l’Ukraine est le berceau de la Russie, et a été russe, puis soviétique jusqu’en 1990. Aujourd’hui le pays est divisé entre pro-russes et pro-occidentaux. La partition est-elle inéluctable ?

La répartition géographique des ethnies et des influences est beaucoup plus complexe, à mon sens, que cette simple lecture Est-Ouest et une partition du pays à terme. Oui, il est clair que l’Est, le Donbass, la Crimée ont été en proie à des insurrections pro-russes, et que la Crimée a été annexée en 2014, mais il n’y a pas vraiment eu de protestation en Crimée, où 94 % de la population est d’origine russe. Concernant le Donbass, c’est un peu plus compliqué, mais c’est une réalité ukrainienne, et comme vous le soulignez, l’Ukraine est le berceau de la Russie. Cependant, en dépit de cet écheveau culturel et historique autour de l’Ukraine, tout n’est pas aussi défini et je ne crois pas que le pays soit inéluctablement amené à être divisé. Ensuite, le problème, c’est son positionnement. Et là, on entre dans le dur de l’affrontement entre Moscou et l’Otan. La Russie considère comme une ligne rouge l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan. Ce qu’il peut se passer, c’est une sorte de finlandisation de l’Ukraine, c’est-à-dire une neutralité de l’Ukraine, comme la Finlande au sortir de la Seconde Guerre mondiale, prise en étau entre l’Union soviétique et les États-Unis. N’oublions pas que beaucoup de pays de l’ex-bloc de l’Est ont rejoint l’Otan et parfois l’Union européenne. Si l’Ukraine ou la Géorgie adhèrent à l’Alliance, alors l’Otan se situera aux frontières de la Russie. C’est inacceptable pour Vladimir Poutine, un casus belli pour les Russes. Pour autant, cette adhésion de l’Ukraine à l’Otan n’est pas du tout à l’ordre du jour. [...]

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Frédéric Le Moal : « L’OTAN et l’UE arriveront à survivre sans intégrer l’Ukraine »
Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots la situation actuelle en Ukraine ? Il y a aujourd’hui une concentration de forces russes le long de la frontière avec l’Ukraine, accompagnée de manœuvres militaires. Traditionnellement, ce genre de situations s’apparente à une sorte de pression exercée sur l’état frontalier et qui peut être interprétée comme le prélude à une invasion. Les pays occidentaux, l’Ukraine au premier rang, considèrent ces manœuvres comme les prémisses éventuels d’une incursion, peut-être une invasion du territoire ukrainien par les troupes russes afin de prendre le contrôle des régions du Donbass, régions principalement peuplées de russophones regardant constamment vers Moscou là où les populations ukrainiennes se tournent vers l’Europe. [...]
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Bordel au Sahel

Mi-novembre, à Kaya (centre-nord du Burkina Faso), un jeune garçon réussit à descendre un drone de l’armée française avec un lance-pierre artisanal. L’image fait le tour des réseaux sociaux et l’opposition au président Rock Marc Kaboré s’en empare immédiatement. Au Mali, ce sont des photographies d’armes soi-disant procurées par l’armée françaises à des groupes terroristes qui ont ému l’opinion en septembre. Une courte recherche d’image inversée révèle pourtant assez rapidement la supercherie.

Il s’agit en effet de photos d’une saisie d’armes par les douanes nigérianes. Journaliste et spécialiste des intox, Antony Saint-Léger pointe du doigt « une manipulation récurrente ». Des centaines d’images du genre se partagent sur les réseaux sociaux des pays du Sahel, alimentant ainsi la haine de la France. Le ministre français des Armées, Florence Parly, n’écarte pas des « pistes russes », alors qu’une discussion est en cours entre la milice Wagner, proche du Kremlin, et Bamako. Une guerre d’images que comprend Laurent Bigot pour qui « la France est perçue comme une armée d’occupation ». [...]

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Angela Merkel : la femme qui a atomisé la droite allemande façon puzzle

Angela Merkel est une fille de l’Est. Née en 1954 à Hambourg, élevée en RDA dans le Brandebourg par un pasteur peu inquiété par le pouvoir communiste, Horst Kasner dit « Kasner le Rouge », Angela Merkel – du nom de son premier mari – fait de brillantes études scientifiques. Elle fut membre de deux mouvements de jeunesse communistes est-allemands, Les Pionniers Ernst Thälmann, puis la Jeunesse libre allemande. À la chute du mur, elle adhère au Renouveau démocratique (Demokratischer Au0ruch), parti d’opposition qui compte une douzaine de membres, quand le Parti communiste est-allemand en compte 6 000. Il faut organiser les premières élections libres : « Il fallait dans le même temps mener campagne et créer un parti de toutes pièces. Angela Merkel maîtrisait le chaos de façon incroyable. On admirait son calme dans la tempête.

Elle a une façon tranquille de penser rationnellement sans se laisser gagner par les émotions », raconte Andreas Apelt, co-fondateur du mouvement, cité par Marion Van Renterghem. À la même époque, sa mère s’engage au SPD et son frère chez les Verts. Le Renouveau démocratique est rapidement absorbé par la CDU et devient une clé de la réunification. Dès 1991, Angela Merkel est élue au Bundestag et se retrouve ministre d’Helmut Kohl. Elle dirige la puissante CDU de 2000 à 2018. En 2005, elle devient chancelière et le restera jusqu’en décembre 2021. Seize années au cours desquelles elle fut sacrée 14 fois par le magazine Forbes comme la femme la plus puissante du monde. Chancelière pendant quatre législatures, elle dirige trois coalitions de gouvernement avec le SPD, et une avec les libéraux du FDP.[...]

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Seidik Abba : « Il est à craindre que le sentiment antifrançais ne s’amplifie au Sahel »

Comment expliquez-vous l’hostilité des dernières semaines à l’égard de l’armée française dans le Sahel, notamment au Burkina Faso, au Mali et au Niger ?

Il faut remonter au début de l’opération Serval en janvier 2013. Cette opération, conduite par la France à la demande du Mali, avait été chaleureusement accueillie par les opinions malienne, saharienne et africaine en général parce qu’elle visait à empêcher la progression de groupes terroristes vers Bamako. La situation d’aujourd’hui est due au fait que les populations ne voient pas la valeur ajoutée de cette présence française.

En dépit de cette présence, tout de même importante, avec parfois jusqu’à 5 100 soldats déployés et une technologie de guerre sophistiquée, l’expansion du terrorisme n’a pas été empêchée et cette situation alimente un ressentiment envers la présence française qui n’est aucunement un rejet idéologique de la France ou une instrumentalisation par le groupe Wagner. C’est une déception face aux résultats et il est à craindre que ce sentiment ne s’amplifie au Sahel si la situation ne s’améliore pas. [...]

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Afrique du Sud : comme un air d’apartheid

Souvent considérée comme le dernier « village d'Astérix », Orania n’est pas la seule enclave strictement blanche dans la nation arc-en-ciel. Dans l’ancienne République du Transvaal, la ville de Kleinfontein entend maintenir son mode de vie afrikaner et résister aux changements imposés à une minorité qui a dirigé l'Afrique du Sud entre 1948 et 1994. Depuis trois décennies, pur produit de l’afrikanerdom, Jannie Groenewald est à la tête de cette ville qui répond à une seule devise : « Ons God, Ons volk, Ons land » (notre Dieu, notre peuple, notre terre).

L’aventure a commencé en 1992. Lorsqu’une ferme, à quelques kilomètres de Pretoria est mise en vente, Jannie Groenewald comprend très rapidement qu’il doit saisir sa chance et acheter le terrain. Sa décision n’a rien d’anodine et répond à la situation politique du moment. Tout indique que le système de ségrégation raciale, dans lequel la minorité blanche a toujours évolué, va bientôt tomber. L'histoire va lui donner raison. Bercé par les récits du Grand Trek – ce périple fondateur de la nation boer qui s’est déroulé au cours du XIXème siècle –, ce fermier va convaincre plusieurs familles de s’associer avec lui afin d’acquérir les terres aux alentours de cette exploitation mise dans l’œil de son viseur. En quatre ans, c’est une véritable ville qui se monte pour devenir un volkstaat à part entière.[...]

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Éditorial monde de janvier : Le nouvel an chinois

En 2016, Xi Xinping proclamait sa confiance dans le fait que la Chine offrait « une solution au besoin humain d’un meilleur système social ». Cinq ans, une pandémie et une poignée de variants plus tard, le même Xi tance l’Amérique et sa « démocratie malade », juste avant l’organisation du sommet virtuel pour la démocratie de Joe Biden. Il n’est plus question désormais de défendre les vertus d’un « socialisme de marché » assagi ou d’un libéralisme à la chinoise qui n’a guère existé que pour rassurer les Occidentaux du temps où la Chine se faisait humblement une place à l’OMC. La bienveillance des pays développés n’intéressent plus tellement la RPC maintenant qu’elle est la deuxième économie du monde et que Pékin peut tranquillement affirmer que le socialisme à la chinoise a permis de traverser la crise sanitaire qui laisse encore les démocraties occidentales tétanisées et impuissantes. Évidemment, la Chine communique bien plus discrètement sur le reconfinement récent de millions de ses concitoyens à Lanzhou Jiayu-guan ou Zhangye, dans la province du Gansu, le gouvernement chinois a certainement menti sur le nombre réel des victimes de la pandémie sur son  territoire.…

L’Incorrect numéro 73

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