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Ukraine : la bataille de l’information

Vladimir Poutine avait juré que les 200.000 soldats positionnés à la frontière ukrainienne étaient engagés dans des manœuvres d’entrainement. La suite des évènements nous aura appris qu’il s’agissait là d’une énième duperie du « maître du Kremlin », une diagonale du fou d’un Tsar souhaitant laisser à la postérité l’image d’un homme doué d’aptitudes stratégiques faisant écho au tragique dans l’Histoire qu’il aurait ressuscité.

Si Volodia sait cacher les moyens de ses desseins, il ne fait en revanche jamais mystère de ses ambitions. Il a peut-être annoncé initialement se contenter de déclarer indépendantes les deux Républiques séparatistes, il entend maintenant mettre l’Ukraine à genoux et humilier l’Europe en montrant au monde qu’elle ne pourra pas résister à la force qui lui sert de droit.

Cette image d’homme fort ne rencontre pas beaucoup de succès dans le monde occidental qu’il a désigné comme « l’empire du mensonge », nos mœurs s’étant adoucies avec le temps. Bien que nous-mêmes venions aussi des steppes, nos ancêtres Celtes, Romains et Germains étant tous issus – pour partie, concernant les derniers cités - des peuples cavaliers dont les Scythes sont certainement les premiers, nous ne sommes aujourd’hui plus directement partie prenante des complexes mécaniques de cette région du monde, partagée entre l’Europe et l’Asie.

Lire aussi : Frédéric Le Moal : « Les sanctions marquent la faiblesse de l’UE »

Nous avons aussi perdu une forme de rudesse déterminée qui est la caractéristique majeure de Vladimir Poutine, prêt à tout pour que nous nous inclinions devant le maître du cœur du vieux monde. Présenté de la sorte – il faudrait évidemment ajouter moults détails historiques, géographiques et idéologiques à cette grossière analyse -, le plan poutinien a le mérite de la clarté. [...]

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Moyen-Orient : sport à balles réelles

En octobre, l’Arabie saoudite officialisait le rachat à 80 % de Newcastle United, club de football situé dans le nord-est de l’Angleterre, pour un montant d’environ 350 millions d’euros via le fonds public d’investissement saoudien piloté par le prince héritier Mohammed ben Salmane. Certes, l’opportunité business était intéressante : fort de ses 400 milliards, le fonds public a dépensé une somme dérisoire à son échelle pour mettre la main sur un club de Premier League, championnat le plus regardé au monde et pris dans une spirale inflationniste qui rend tout investissement viable sur le temps long. Mais, après une longue quête d’un club européen – on a parlé un temps de Manchester United ou de l’Olympique de Marseille – Riyad entend faire une utilisation très politique du club.

L’Arabie saoudite se met au sport

Se reposant sur sa taille, son poids religieux et ses relations avec les États-Unis, le pays s’est longtemps moqué de ce que pensait l’étranger. Mais alors que ses voisins régionaux ont beaucoup misé sur le soft power pour gagner en influence, l’arrivée de Mohammed ben Salmane s’est accompagnée d’un virage moderniste tout à fait inédit, incarné entre autres par le plan « Saudi Vision 2 030 » qui prévoit la diversification de l’économie pour mettre fin à la dépendance historique aux hydrocarbures. Place donc aux investissements importants telles les infrastructures prévues par le projet Neom au niveau de la mer Rouge, et à l’ouverture au tourisme.

Lire aussi : Grégor Puppinck : « La restriction de la liberté de religion en Algérie est le symptôme d’une situation de crise »

Le sport arrive ici à point nommé. Entachée par son implication dans la guerre au Yémen, la mort du journaliste Jamal Khashoggi et le mépris des droits de l’homme, l’image du pays devait être drastiquement améliorée, sous peine de rebuter voyageurs et investisseurs. Par le « sportwashing » (« blanchiment par le sport »), l’Arabie saoudite espère donc faire oublier ses casseroles et se bâtir une réputation faite de modernité, de divertissement et d’ouverture. Aussi, en braquant régulièrement les caméras sur le Royaume, les événements sportifs sont pensés comme moyen d’attirer les visiteurs et de mettre en valeur le patrimoine national, stratégie qui n’est pas sans faire penser à celle utilisée par l’Azerbaïdjan. [...]

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De la permanence de l’Histoire

On raconte que, lors d’un dîner officiel, le tsar Alexandre III – une véritable force de la nature – menaça un ambassadeur étranger en tordant devant lui une cuillère en argent, et qu’il lui lança : « Voilà ce que j’en ferai de vos armées si elles s’approchent de mes frontières. » Si l’anecdote ne dit rien de la réaction du diplomate, elle en dit long sur l’état d’esprit des responsables russes. En fait, aujourd’hui rien n’a changé.

En fin de compte, Vladimir Poutine a choisi l’option la plus radicale, celle de l’attaque militaire surprise contre l’Ukraine afin de détruire son potentiel militaire, de renverser son gouvernement, afin de lui imposer ses exigences au profit d’un rapport de force rétabli en faveur de Moscou. C’est l’option qui comporte le plus de risques pour la Russie, pour l’Europe, pour Poutine lui-même. L’avenir seul nous dira ce qu’il sortira de cette épreuve de force gravissime engagé sur le Vieux continent. Pour le moment, Poutine aura réussi d’une part à unir contre lui l’UE terrorisée par ce retour brutal des tragédies de l’Histoire qu’elle pensait avoir, avec une naïveté confondante, dissoutes dans le commerce, les droits de l’homme et les normes ; d’autre part à renforcer l’OTAN à laquelle même la Suède et la Finlande pensent adhérer, au risque de faire de la Baltique un lac otanien ; et enfin à faire sortir les Européens et même les Allemands de leur léthargie historique – sur ce point, on ne peut que s’en féliciter !

Guerre en Ukraine : et la France alors ?

La guerre est de retour sur le Vieux Continent. Depuis 1999 et les bombardements de Belgrade par l’OTAN pour les beaux yeux des islamistes albanais du Kosovo-et-Métochie, l’Europe n’avait plus connu de conflit majeur. Et voilà qu’à l’Est, les armes se remettent à parler. Posons un préambule indispensable à toute considération : oui, Vladimir Poutine porte une entière culpabilité dans le déclenchement de ce conflit. Le président russe a pris la décision d’attaquer, d’agresser son voisin ukrainien. Cela doit lui être imputé. Mais, loin de céder à l’émotion, quand bien même celle-ci est légitime, il faut se poser une question : quelle est la place et l’intérêt de la France dans ce conflit ? Depuis l’attaque de l’Ukraine par la Russie déclenchée dans la nuit du 24 au 25 février, l’opinion française semble unanime : il faut soutenir, presque aveuglément, les Ukrainiens. Et une petite musique belliqueuse, portée par les habituels chantres de l’atlantisme le plus forcené, à l’instar des Glucksman, Enthoven, et autre BHL, commence à se faire entendre : il faut affronter la Russie.

Lire aussi : Et maintenant, mourir pour l’Ukraine ?

Retrouver l’équilibre

Nul ne se pose la question de savoir si la France sortirait vainqueur d’un tel conflit, nul ne se pose la question de savoir si la France est prête à un tel conflit, nul ne se pose la question des sacrifices à consentir, notamment en vies humaines, pour remporter un tel conflit. Et surtout, nul ne s’interroge sur la pertinence d’un tel conflit. Faut-il arrêter Poutine ? Oui, évidemment. Faut-il se brouiller, ou pire, avec la Russie ? Non. La France doit retrouver l’équilibre, se posant à équidistance des deux blocs que le bellicisme de Poutine et l’avancée otanienne à l’Est ont contribué, hélas, à reformer. La France ne doit être alignée sur personne, ni sur les Etats-Unis, ni sur la Russie, ni sur la Chine. Elle doit porter sa voix singulière dans le monde, comme le fit en son temps le général De Gaulle, parlant tant aux Etats-Unis qu’à l’Union soviétique. [...]

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L’Ukraine et l’Europe face à l’ogre Poutine

Disons-le tout net : personne de sensé ne peut souscrire au récit de Vladimir Poutine qui a justifié l’agression de la Russie. Une agression d’une grande violence à laquelle nous aurions dû nous préparer et nous attendre. En reconnaissant mardi 22 février l’indépendance des deux Républiques de Donetsk et du Donbass – sur le modèle de ce qu’il avait fait en 2008 avec l’Ossétie du Sud -, Vladimir Poutine admettait implicitement que ces deux Républiques avaient le droit légal d’attaquer Kiev. Cette première étape, prélude à un blitzkrieg  décidé très en amont, avait pour but d’imposer la narration russe voulant que l’Etat ukrainien serait dirigé par une junte de « drogués », de sympathisants nazis et de laquais des Etats-Unis. Cette rhétorique (in)digne des grandes heures de l’URSS sous domination stalinienne, reprise à bon compte par les fourriers français des intérêts du Kremlin, n’a pas caché les véritables intentions d’un président russe passé du statut de despote « éclairé » à celui de véritable dictateur.…

Frédéric Le Moal : « Les sanctions marquent la faiblesse de l’UE »
Vladimir Poutine a reconnu l'indépendance des deux régions pro-russes. Pourquoi ? C’est un scénario à la géorgienne qui se décide. Concrètement, le prétexte à la reconnaissance et à la mise sous protection russe de ces régions est la menace qu'exerce le pouvoir ukrainien sur l'identité russe des populations qui y vivent et même, d'après la propagande russe, la survie de ces populations qui seraient menacées par le pouvoir ukrainien. On reconnaît bien là l'instrumentalisation que la Russie fait de ces populations russophones depuis la chute de l'URSS en 1991. Elles sont comme des moyens d'infiltration et d'instrumentalisation pour le pouvoir russe. La deuxième raison est qu'en reconnaissant l'indépendance de ces provinces, la Russie remet en cause l'intégrité territoriale de l'Ukraine et affaiblit considérablement de l'intérieur le pouvoir ukrainien en lui arrachant ces deux Républiques comme il l'avait fait en Géorgie. C'est par cet affaiblissement et le contrôle de ces républiques qu'il veut empêcher – et c'est là le nœud du problème – l'Ukraine d'intégrer l'OTAN. Est-ce un prélude à leur intégration dans la Fédération de Russie ? Il est difficile de répondre à cette question pour le moment. Si on compare avec le scénario géorgien, la réponse est non. L'Ossétie du Sud et l'Abkhazie ont proclamé leur indépendance, mais n'ont pas été annexées par la Russie. Ce n'est pas la même chose que la Crimée. On peut cependant très bien imaginer un scénario dans lequel des référendums seraient organisés en vertu du « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes », qui a été bien utile au Kosovo mais qui, maintenant n'est plus valable : c'est un principe à géométrie variable. Ces référendums statueraient pour une union avec la Mère-Patrie. On ne peut pas le dire pour l'instant. [...]
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« Étranger proche » : l’Afrique
Tout l’intérêt du court essai de Loup Viallet, qui connaît bien le continent africain, est de démontrer qu’une part majeure de l’avenir de l’Europe, et particulièrement de la France, s’y joue et s’y jouera dans les années et décennies à venir. Pression démographique et migratoire, réchauffement climatique, stabilité du pourtour de la Méditerranée, puissances émergentes comme la Russie, la Turquie, ou la Chine qui viennent s’y ingérer, menace djihadiste au Sahel, ressources naturelles convoitées et disputées ; aucun des grands enjeux que pose l’Afrique n’échappe aux constats et à l’analyse de l’essayiste. À rebours de certains discours lénifiants avançant la nécessité de se désengager du continent, Loup Viallet pose le pari de la puissance. L’auteur ose affirmer qu’il faut entamer un rapport de force avec les pays émetteurs d’immigration, pour les obliger à contrôler leurs flux de ressortissants. [...]
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Zemmour fascine une partie de l’élite et les panafricanistes

Abidjan, veille de noël 2021, Éric Zemmour est en visite en Côte d’Ivoire. Le candidat à l’élection présidentielle a eu, sur le sol ivoirien, un agenda franco-français. Il n’a sollicité aucune audience locale ni auprès des autorités ivoiriennes, ni, comme le voudrait la pratique, auprès du président Ouattara. Zemmour a consacré l’essentiel de son séjour à l’armée, passant une demi-journée à Port-Bouët, une commune du littoral abidjanais où est basé le 43e Bataillon d’infanterie de marine (Bima). « Il ne passera qu’environ vingt-quatre heures en Côte-d’Ivoire », constate Seydou Gaoussou. Pour le journaliste ivoirien, « le plus important pour le candidat, c‘est la France et il en a donné ainsi la preuve ». Éric Zemmour qui a souvent dénoncé la Françafrique se contentera, outre sa visite à l’armée, d’échanger avec quelques résidents français, réaffirmant que la non-ingérence et la préférence nationale sont le socle de sa politique étrangère.

Lire aussi : Jean-Paul Garraud sur la CJUE : « La Pologne et la Hongrie ne peuvent supporter une telle ingérence ! »

Une non-ingérence qui séduit

« Ma cible, ce sont les Français », a-t-il laissé entendre, se contentant d’un bref entretien avec ses compatriotes résidant dans le pays. Une vingtaine en tout : « Sans doute ne fait-il pas des Français de l’étranger une priorité », en déduit Seydou Gaoussou. D’ailleurs, en 2017, ils avaient, pour les 20 000 qui vivent en Côte-d’Ivoire, plébiscité Macron (83 %) face à Le Pen (17 %). Mais le thème de non-ingérence a un écho plutôt favorable au sein de la communauté française ivoirienne dont la moitié a la double nationalité : « Quoiqu’on lui reproche, il ne va pas continuer à s’impliquer dans les affaires intérieures des pays africains », croit Abi Ouattara. [...]

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L’Incorrect numéro 75

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