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« La putain du Califat », un titre sans concession sur la tragédie choquante des chrétiens d’Irak

Pouvez-vous nous raconter Marie, sa vie avant la chute de Qaraqosh aux mains des djihadistes ?

Marie est la fille du sacristain de Mar Behnam, un monastère dont les traces archéologiques les plus anciennes remontent au Ve siècle. Elle a les cheveux blond vénitien, des yeux verts, ce qui n’est pas rare chez les chrétiens. Au fond, au début du livre, nous racontons à travers elle la vie de beaucoup d’enfants irakiens sous l’embargo, puis celle des jeunes gens sous l’occupation américaine. Mais on voit aussi rapidement que Marie n’est pas comme tout le monde. Déjà sa famille, ses amis disent qu’elle a du caractère, beaucoup de caractère, et c’est d’ailleurs pourquoi elle est une survivante aujourd’hui. À l’époque, elle rêvait disons d’une forme émancipation : à vingt ans, elle part étudier l’anglais à Bagdad, et elle s’apprête à prendre un poste d’enseignante à la rentrée scolaire quand surgit l’État islamique.

Pourquoi a-t-elle été capturée ?

Vous vous rappelez des journaux de l’époque : cette effrayante tâche noire qui se répand sur les cartes du Proche Orient. La conquête territoriale par la horde de l’État islamique qui déferlait dans le désert a été fulgurante. La montagne du Sinjar, où vivait la majorité des yézidis, a été encerclée, ce qui explique que près de 10.000 femmes y ont été capturées. Dans la plaine de Ninive, les chrétiens ont bénéficié de plus de temps pour s’enfuir, mais 400 d’entre eux ont été faits prisonniers. Parmi eux, Marie. Pourquoi ? Nous décrivons le fracas des bombardements, le chaos de la guerre, l’épuisement de dix ans d’exode… il faut l’avoir vécu pour savoir comment l’on réagira… Marie ne cesse de se poser la question, et de pleurer en y repensant.

Le pape François, qui était en voyage en Irak la semaine dernière, a appelé les chrétiens à protéger leurs racines. Ces racines sont précisément celles de Marie. Avez-vous bon espoir que, grâce à son allocution, la situation des chrétiens s’améliore, ou est-ce un vœu pieux ?

C’était un voyage courageux du pape ; il a mis sa sécurité en jeu. Ceux qui avaient trouvé ce pape pusillanime pour dénoncer l’éradication des chrétiens qui se déroulait sous ses yeux diront qu’il fallait au moins ça… En réalité, c’est déjà trop tard. En 2003, il y avait 1.500.000 chrétiens, aujourd’hui il en resterait environ 250.000, dont une grande proportion de personnes âgées. L’épuration ethnoreligieuse a eu donc bien eu lieu. Et l’espoir d’un retour significatif des réfugiés, surtout des jeunes, s’appelle une illusion. [...]

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Autant en emporte great America : Le réveil sécessionniste

Le duel Donald Trump-Joe Biden a réveillé chez certains élus américains des velléités de séparatisme. Wyoming, Mississippi, Colorado, autant de « blue » ou de « red states » qui font l’objet de frondes orchestrées par leurs propres élus lesquels considèrent que « le gouvernement fédéral laisse tomber continuellement les familles de travailleurs, les personnes âgées, les contribuables, les anciens combattants et les propriétaires de petites entreprises », comme le constate Kyle Biedermann. Une défiance vis-à-vis de Washington que quatre ans de mandature Trump ont considérablement accentuée et qui a trouvé son point d’orgue lors de l’invasion du Capitole, par tout ce que compte la nation américaine de complotistes, de membres de l’extrême droite et autres partisans du Sud confédéré.

« Beaucoup de nos États ont la capacité d’être autonomes, et nous regardons vers le Texas, et la possibilité qu’il fasse sécession », déclare de son côté Frank Eathorne, président de la section des Républicains du Wyoming. « Cette décision aura des conséquences profondes pour l’avenir de notre république constitutionnelle. Peut-être que d’autres États devraient s’y joindre et former une Union d’États qui respecteraient la constitution ». Depuis des années, en Californie, dans le Colorado ou le Vermont, des campagnes font la promotion de l’indépendance, toutes lancées par des groupes politiques qui cultivent la nostalgie d’un âge d’or que l’on ne voit plus que dans les livres d’histoire ou sur les écrans d’Hollywood. [...]

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François-Xavier Gicquel : « Ce voyage du Pape François en Irak est un puissant signe d’espérance pour les chrétiens d’Orient »

L’Irak, terre d’Abraham, était le foyer de nombreuses communautés chrétiennes primitives. Quels sont donc la place et l’état de ces chrétiens aujourd’hui ?

En effet, l’Irak est la terre primitive des chrétiens. Il faut donc bien comprendre que les chrétiens de ce pays y sont réellement chez eux. Ensuite, la démographie a évolué au fur et à mesure de l’Histoire, et l’Islam a pris de plus en plus de place, reléguant les chrétiens et les autres minorités ethno-religieuses (Kakaïs, Shabaks, Yézidis, etc.) au rang de minorités, justement. Mais ce n’est pas parce que les chrétiens sont des minorités qu’ils sont des citoyens de seconde zone. Sous l’ère de Saddam Hussein, les chrétiens étaient une composante majeure de la société irakienne et ce, à tous les niveaux, même les plus élevés. Les dix ans de guerre civile qui ont suivi l’invasion américaine de 2003 ont fracturé le pays, au point qu’il est celui du Proche-Orient le plus divisé entre communautés. Cette guerre civile a fait naître une méfiance et des antagonismes entre ces communautés. Néanmoins, les chrétiens sont probablement restés la partie de la population irakienne la plus patriote, la plus attachée à un État fédéral protecteur, le seul capable de leur garantir la sécurité et la pleine citoyenneté. C’est leur attachement à l’idée d’État, d’unité nationale, d’Irak en fait, leurs efforts pour continuer à vivre-ensemble malgré les brimades, les difficultés, les persécutions parfois, qui leur permet de se maintenir sur la terre de leurs ancêtres et de continuer à vivre autant en temps qu’Irakiens qu’en temps que chrétiens.

Depuis les deux guerres du Golfe et le développement de l’État islamique, les chrétiens d’Irak ont été victimes de persécutions. La visite du Pape est-elle un symbole d’espérance pour eux ?

Oui, bien évidemment. C’est en effet une bonne manière de caractériser la venue du Pape, parce qu’il ne faut pas non plus tomber dans une idéalisation. J’entends par là qu’il n’y a pas eu de décrets politiques ou de textes religieux qui ont été signés, il n’y a pas eu non plus de déclarations d’intention. Ce voyage était vraiment un symbole. Néanmoins il faut aussi souligner l’importance réelle de ce symbole. C’est à dire que le Pape a eu un programme très intense durant ces trois jours de visite, en rencontrant les autorités politiques irakiennes, kurdes, et les autorités religieuses des différentes communautés qui composent le pays. En particulier la plus importante, à savoir l’autorité religieuse suprême du chiisme irakien, l’ayatollah Ali Al-Sistani. [...]

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Europe : le Fidesz hongrois quitte le groupe PPE du Parlement

L’information est tombée ce mercredi 3 mars à 11 heures du matin sous la forme d’un courrier signé par le Premier ministre hongrois, Viktor Orban : le parti démocrate-chrétien majoritaire en Hongrie, le Fidesz, a décidé de quitter le groupe du Parti populaire européen, premier parti au Parlement.

Cette décision, devenue presque inéluctable après plusieurs mois de tensions internes, fait suite à une volonté de réforme du règlement intérieur de ce groupe conservateur, dont sont membres la CDU/CSU allemande et les LR français. Une réforme clairement dirigée contre les Hongrois, accusés de faire montre d’une mentalité trop souverainiste. [...]

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Éditorial monde de mars : Les grandes manœuvres

Comme les ronds dans l’eau qui vont s’élargissant depuis l’endroit où a atterri le caillou, les événements qui ont entouré les élections américaines provoquent des ondulations qui atteignent toute la planète. À chaque fois que le Bureau ovale change de locataire, un rééquilibrage plus ou moins évident des relations internationales se fait. Mais cette fois-ci, l’ère Trump se clôt dans le chaos, alors que l’Amérique est travaillée par l’angoisse du déclin. En 2017, Xi Xinping était venu donner au forum de Davos des leçons de libéralisme à l’Occident. Le président chinois a choisi cette fois, à la même tribune, de poser en défenseur du multilatéralisme et de dénoncer la tentation d’une « nouvelle guerre froide », face à l’administration Biden. Ironique leçon d’apaisement de la part de la République populaire de Chine qui continue à placer ses pions tous azimuts, depuis la Birmanie, toujours très dépendante de Pékin sur les plans militaire comme économique, où l’armée clôt l’éphémère parenthèse démocratique, jusqu’aux « nouvelles routes de la soie » en Asie centrale, en passant par la corne de l’Afrique, où la Chine a ajouté Djibouti au « collier de perles » de ses bases à l’étranger.

Lire aussi : Éditorial monde de février : Il fallait bien lire le CLUF

La France a même pu s’inquiéter des efforts réitérés de Pékin pour influencer le vote sur l’indépendance en Nouvelle- Calédonie, le 4 octobre. Dans le même temps, en Russie, la fin d’une ère se profile aussi, plus lointaine : celle de Vladimir Poutine, au pouvoir depuis 21 ans. La réforme constitutionnelle russe, adoptée par référendum à l’été dernier, lui garantit d’accomplir deux mandats supplémentaires s’il le désire mais la question de son héritage politique se pose déjà, dans un contexte marqué par les tensions avec l’Occident et la pénétration économique chinoise en Asie centrale et en Sibérie. Le retour de Navalny en Russie représente, pour l’opposant comme pour le Kremlin, l’occasion de prendre la mesure du soutien populaire à l’« antipoutinisme », en dehors de « l’opposition systémique » des partis officiels. [...]

Frédéric Pichon : « Il ne faut pas croire que l’administration Biden va réinvestir massivement le Moyen-Orient »

Jeudi 25 février, les États-Unis ont frappé en Syrie. Que s’est-il passé précisément ?

Ce sont des avions, probablement de la coalition, donc américains, qui ont frappé des installations appartenant à des milices iraniennes à l’est de la Syrie, près de la frontière irakienne. Ces milices sont présentes depuis longtemps dans le pays. Elles ont opéré à Alep, ont essayé d’opérer au sud de la Syrie, et se concentrent davantage à la frontière syro-irakienne, du côté de Boukamal. On savait que ces milices iraniennes étaient présentes à l’invitation du gouvernement syrien. Il y a eu de nombreux fantasmes sur cette présence iranienne en Syrie : était-ce pour convertir les Syriens au chiisme duodécimain ? Je ne crois pas du tout. Toujours est-il qu’elles étaient un potentiel militaire non-négligeable.

À mon avis, c’est que Biden compte rouvrir le dialogue avec l’Iran. Cela semble étrange de vouloir le faire par des frappes, mais on peut au moins créditer les Américains, que ce soit Trump ou Biden, d’avoir le sens du vrai dialogue ; c’est-à-dire que pour dialoguer, il faut montrer ses muscles. Je n’approuve pas ces frappes, mais quand on voit les rodomontades et postures moralisatrices de l’Union européenne, on peut accorder à l’Amérique d’avoir compris qu’avant de négocier — et c’est évident — il faut savoir montrer ses muscles. On est tout simplement dans une séquence de préparation à des négociations sur le nucléaire iranien. [...]

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Antifas : le cauchemar américain

Sous la pression des antifas, la chaîne de librairies indépendantes Powell’s a retiré votre livre de la vente. Malgré ça, Unmasked est un best-seller. Y a-t-il une prise de conscience du public sur le sujet ?

Les antifas ont manifesté jour après jour devant la plus grande boutique Powell’s de Portland. La direction a partiellement cédé : ils ont retiré mon livre des rayons mais continuent de le vendre en ligne. Le public a jugé déplaisante cette forme d’intimidation. Et puis les mois de violence politique qu’ont connu (et que continuent de vivre) des dizaines de villes américaines ont marqué les esprits. Mon livre analyse ces troubles et répond peut-être à certaines questions que les gens se posent.

Quel est le bilan de ces manifestations qui secouent les États-Unis depuis la mort de George Floyd fin mai dernier ?

Ces manifestations, extrêmement violentes, ont infligé des milliards de dollars de dégâts à une économie américaine déjà fragilisée par le coronavirus. Les émeutes ont fait plus d’une vingtaine de morts, y compris une fillette de huit ans, à Atlanta, le 4 juillet. Secoreia Turner était en voiture avec sa mère quand des manifestants ont tiré en direction du véhicule. À Portland, c’était pire que tout. C’était toutes les nuits, pendant 120 jours. Terrifiant ! Cinq bâtiments fédéraux ont été vandalisés. Pendant ce temps-là, les Démocrates et la presse bon ton évoquaient « les manifestations pacifiques contre le racisme ».

Les antifas ont pris possession de plusieurs quartiers. Qu’appelle-t-on les zones autonomes ?

À Seattle, dans l’État de Washington, sur la côte Nord-Ouest pacifique, du fait des attaques répétées des antifas contre les forces de l’ordre et de la complaisance du maire de la ville envers les « apôtres de la justice sociale », la police a dû évacuer le commissariat d’un quartier qui est alors passé sous contrôle des antifas et de Black Lives Matter (BLM). Le quartier a été baptisé CHAZ (« Capitol Hill Autonomous Zone »).

Les antifas ont installé des pancartes « derrière cette limite, vous quittez les États-Unis », il y avait des checkpoints, une milice armée. La mairie a laissé faire pendant 24 jours

Les antifas ont installé des pancartes « derrière cette limite, vous quittez les États-Unis », il y avait des checkpoints, une milice armée. La mairie a laissé faire pendant 24 jours. Dans cette zone de non-droit il y a eu une tentative de viol, plusieurs fusillades et deux homicides. On a pu voir la gouvernance antifa à l’œuvre. [...]

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Andy Ngo, la bête noire des antifas !

« Antifa » est un mouvement anticapitaliste, anarchiste, antiraciste. Il se réfère au manuel Antifa : the anti-fascist handbook (Mark Bray) et n’apprécie guère qu’un journaliste dévie de la propagande concoctée par ses théoriciens-maison. Alors il a fallu convaincre Andy Ngo de renoncer à ses ardeurs d’enquêteur. Celui-ci ne cédant pas aux manœuvres d’intimidation, on est passé à la vitesse supérieure. Fin juin 2019, Ngo se fait tabasser alors qu’il couvre une manifestation antifa à Portland. Coups de batte de baseball, poing américain, il est hospitalisé avec une hémorragie cérébrale. Le journaliste ne cédant pas aux coups, il a fallu tagger « Kill Andy Ngo » sur les murs de la ville, divulguer son adresse, se regrouper en bas de chez lui la nuit, rôder devant chez ses parents.

Alors Ngo a cédé. Un mois avant la sortie de son livre, il a quitté sa ville natale de Portland et trouvé refuge à Londres. Ironie du sort, ce trentenaire est le fils de boat people. Ses parents ont fui le Vietnam communiste en 1979 et se sont rencontrés dans un camp de réfugiés onusien avant d’obtenir l’asile aux États-Unis. [...]

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L’Incorrect numéro 73

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