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Pakistan et Turquie : Les réseaux de l’islamisme en France

Après l’attentat perpétré par le Pakistanais Zaheer Hassan Mahmoud le 16 octobre dernier, qui a grièvement blessé au hachoir deux employés de la société de production Premières Lignes, devant les anciens locaux du journal Charlie Hebdo, le père de l’assaillant s’est ouvertement félicité de l’acte de son fils. La réaction, pour choquante qu’elle puisse paraître, n’est pas étonnante dans un pays comme le Pakistan dont la loi contre le « blasphème » (uniquement quand celui-ci cible l’islam) pèse sur toute la société comme une épée de Damoclès ; le moindre conflit, même anecdotique, où l’argument religieux peut être invoqué est passible de déboucher sur une condamnation pénale très dure, incluant la peine de mort. Le terroriste avait été socialisé au sein d’associations soufies barelvies, toutes liées à l’une des factions islamiste présente dans le champ politique islamiste, le Tehreek-e-Labbaik, faction non djihadiste, n’appelant pas à la lutte armée mais prônant en revanche l’application de la peine capitale pour un large panel de cas, comme cela a été le cas avec Asia Bibi, jeune femme chrétienne condamnée à mort pour blasphème et finalement acquittée en 2018 sous la pression internationale.

La loi interdisant le blasphème au Pakistan a été promulguée en 1986, sous la dictature du général Zia-ul-Haq, et visait à islamiser en profondeur la société pakistanaise. Si cette loi réprime très sévèrement les moindres atteintes à l’islam, elle ne dit rien en revanche des conversions forcées à l’islam ou des mariages forcés et des viols, qui ne rentrent pas dans sa définition du « blasphème ». Asia Bibi a ainsi passé huit ans en prison et a dû fuir son pays pour échapper aux persécutions. La conception du blasphème comme crime pénalement punissable est si profondément installée dans la société pakistanaise que ses opposants se concentrent sur ses « dérives » et « ses mauvais usages », sans même oser attaquer le principe en lui-même tant ils peuvent craindre pour leur vie. Et la société pakistanaise se montre extrêmement sensible au « blasphème », y compris quand il est perpétré loin des frontières du Pakistan. Charlie Hebdo, aux yeux des islamistes pakistanais, est devenu un symbole du blasphème abhorré depuis la republication des caricatures de Mahomet le 8 février 2006 mais au-delà, c’est l’idée même de tolérance religieuse ou de lutte contre le fanatisme religieux qui est vilipendée et interprétée comme une démonstration d’hostilité vis-à-vis de l’islam. [...]

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Afrique du Sud : « Ce sont les blancs qui ont apporté la maladie chez nous »

Souhaitant réagir à l’ordre de fermeture des frontières terrestres et maritimes que l’Afrique du Sud partage avec les pays membres de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), le député Julius Malema a surpris son assistance en déclarant que le virus avait été importé dans le pays par des blancs. Sans ambages, l’homme coiffé de son sempiternel béret rouge a affirmé que « la maladie n'est pas venue ici depuis le Lesotho ou du Zimbabwe, elle est venue d'Italie. Ce sont les blancs qui ont apporté la maladie chez nous ». « Lorsque nous avons dit au gouvernement qu’il fallait mettre ces personnes en quarantaine par un isolement forcé, il n’a pas voulu le faire. La vérité, c’est que ce gouvernement veut plaire aux blancs » a renchéri le tonitruant leader des Combattants de la liberté économique (EFF).

L’homme verse continuellement dans le populisme racial, dont il a fait son fonds de commerce politique. Et il n’hésite pas à accompagner tous ses communiqués de violentes diatribes contre les Européens ou la communauté afrikaner d’Afrique du Sud, qu’il rend responsables de tous les maux du pays. « Que vous fermiez ou non les frontières, les Sothos du Lesotho vont quand même entrer en Afrique du Sud. Ce n’est pas parce que des imbéciles ont décidé de tout fermer que tout va s’arrêter du jour au lendemain. C'est comme si nous étions dirigés par un fou. C'est donc une perte de temps. [Le président Cyril] Ramaphosa fait juste semblant de s’occuper de ce problème et nous montre qu’en fait, il essaye de plaire à ses maîtres blancs » n’a pas hésité à ajouter Julius Malema, qui n’en est plus à une provocation près. [...]

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Jean-François Colosimo : Erdogan ment, Erdogan est ottoman

La gémellité que vous discernez entre Mustapha Kemal Atatürk et Recep Tayyip Erdogan va à l’encontre de la vision dominante. En quoi forment-ils, selon vous, les deux faces d’un même projet ?

Quoi de plus sensé, à première vue, que d’opposer le militaire au militant, le révolutionnaire au réactionnaire, l’irréligieux à l’islamiste, le partisan de l’Europe au partisan de l’Oumma ? Ce cliché conforte notre manichéisme qui, lui-même, nous rassure sur nos aveuglements. Nous aimerions qu’il y ait deux Turquie, l’une bonne et l’autre mauvaise. Mais il n’est qu’une seule et même Turquie qui, au cours de son bref siècle d’existence, aura tenté tous les extrêmes afin de combler son vide fondateur. La nation qui, en 1923, a été arrachée par les armes à l’agonie de l’Empire ottoman demeure en 2021 une fabrique identitaire. Et, comme il est désormais manifeste, un laboratoire belliciste à trois heures d’avion de Paris. C’est cette permanence qui prime.

Ne peut-on pas vous opposer que, de l’un à l’autre, le renversement idéologique apparaît néanmoins abyssal, particulièrement au regard du fait religieux ?

De loin, oui. De près, non. Kemal et Erdogan réunissent les deux versants de l’utopie moderne, du mythe prométhéen appliqué à l’horizon social. Tous deux ont pour maître à penser Ziya Gökalp, le théoricien de la fusion entre nation et religion qui, à l’orée du XXe siècle, prêche la renaissance conjointe de la turcité et de l’islamité. Ses premiers disciples, les Jeunes-Turcs se veulent jacobins, positivistes, darwiniens mais fondent leur action sur la force de mobilisation de la croyance. Ce sont eux qui, en 1915, pour précipiter le génocide des Arméniens, appellent au djihad. À leur suite, chacun son style, Kemal nationalise l’islam là où Erdogan islamise la nation. [...]

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Éditorial monde de février : Il fallait bien lire le CLUF

«Si les poètes sont les législateurs méconnus de monde, alors les auteurs de science-fiction en sont les bouffons », écrivait William Gibson dans sa nouvelle Burning Chrome, publiée en 1982 dans le magazine américain Omni. L’écrivain de science-fiction n’a pas forcément, comme le bouffon, l’obligation de faire rire. En revanche, en exagérant les traits saillants d’une époque, en poussant quelquefois jusqu’à l’absurde la logique intrinsèque qui la mène, l’écrivain de SF sert lui aussi de révélateur et tend à la société dans laquelle il vit un miroir grotesque et parfois effrayant. C’est ce qu’a fait Gibson dans les années 80, en imaginant une société dans laquelle les destins d’humains, de plus en plus artificialisés par l’abus de prothèses synthétiques, sont contrôlés par des multinationales géantes, dont l’exorbitante influence a mis sur la touche, sur presque tous les continents, un pouvoir politique désarmé.

Quand la caricature devient prophétie, notre monde se met à ressembler furieusement à celui imaginé par Gibson il y a près de quarante ans. Et même si l’on admet que les délires transhumanistes ne nous ont pas encore amenés à une complète symbiose homme-machine, force est de constater que, pour le reste, les prophéties gibsoniennes se sont réalisées. Au cours des dix dernières années, Apple, Facebook sont devenus des firmes colossales et des acteurs de premier plan des politiques intérieures des États, ou même des relations internationales. En 2017, le Danemark a même nommé un ambassadeur auprès des GAFAM, élevant de fait ceux-ci au même rang qu’une nation. Donald Trump s’était amplement servi des réseaux sociaux pour faire campagne et assurer sa victoire en 2016. Quatre ans plus tard, les mêmes réseaux sociaux qui l’avaient consacré excommunient le déchu de la Maison Blanche, parti s’isoler dans sa luxueuse retraite de Mar-a-Lago en attendant les procès en cascade. [...]

Mariage impérial en Russie

Cet événement n’est pas passé inaperçu dans le pays de Pierre le Grand et a fait les principaux titres des médias nationaux. C’est la première fois depuis la chute de la monarchie que les Russes vont pouvoir suivre et assister à un mariage impérial, qui devrait réunir sous l’œil bienveillant de l’aigle bicéphale toutes les têtes couronnées d‘Europe et chefs d’États étrangers en automne prochain.

Dans ses veines coulent à la fois les sangs du Tsar réformateur Alexandre II et du Kaiser Guillaume II dont il est un descendant direct. George Romanov incarne les espoirs d’un retour de la monarchie pour un tiers des Russes, qui rêvent de le voir monter sur le trône de ses ancêtres. Il se défend pourtant de toutes ambitions personnelles et préfère évoquer un « respect réciproque » entre la maison impériale et le Kremlin. Il entend plutôt se consacrer à la Russian Imperial Foundation qu’il a créée en 2014. C’est d’ailleurs sa fiancée Rebecca Bettarini qui est à la tête de cet organisme venant en aide aux plus démunis. [...]

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Sekigahara, la plus grande bataille de Samouraïs

Sous ce nom qui signifie « prairie frontalière » en japonais, se livra en 1600 une bataille décisive qui mit fin aux guerres civiles alors endémiques au Japon et instaura le shogunat des Tokugawa. Les armées qui s’y affrontent sont encore des armées féodales. Leur armement commence à refléter timidement une certaine influence européenne, avec l’emploi d’arquebuses et de quelques pièces d’artillerie.

Elle oppose l’« armée de l’ouest » rassemblée par Ishida Mitsunari et l’« armée de l’est » de Ieyasu Togukawa. Ce dernier, qui est un véritable chef de guerre à la différence de son adversaire, haut fonctionnaire et ancien moine, réussit à bâtir une coalition solide. Ainsi que l’écrit un historien japonais, « son militarisme était diplomatique et sa diplomatie militariste ». Il faut noter également aux côtés de l’armée de l’ouest, la présence, parfois contestée, du maître d’armes Miyamoto Musashi qui sera l’auteur quelques décennies plus tard du célèbre Traité des Cinq Anneaux. [...]

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Vincenzo Sofo : « Le modèle populiste est inadapté pour construire une alternative de gouvernement »

Pour quelles raisons Guiseppe Conte a-t-il démissionné de son poste de Premier ministre ce mardi ?

Cette crise a été déclenchée par Matteo Renzi, dont le parti était membre de la majorité gouvernementale. Cette majorité était le résultat d’une alliance contre nature entre lui et le Mouvement 5 étoiles, alliance née exclusivement sur l’opposition à la droite mais sans aucune vision commune. Politiquement, Renzi est un joueur de poker : il a toujours mal toléré Conte et désirait avoir plus de pouvoir au sein du gouvernement, notamment sur le contrôle de nos services secrets. Il a continué de provoquer Conte pour essayer d’obtenir le plus possible, en jouant sur le fait que son soutien était fondamental pour avoir une majorité. En face, Conte a toujours refusé les compromis avec Renzi, en pensant que celui-ci n’aurait jamais risqué de provoquer des élections anticipées puisque son parti est à 3%. Au final, la tension est tellement montée que Renzi a tenté d’obliger la majorité à remplacer Conte, en jouant sur la volonté du Parti démocrate d’augmenter son poids dans l’équipe gouvernementale au détriment du Mouvement 5 étoiles. Et sans oublier de faire un clin d’œil au centre-droit pour former une éventuelle majorité alternative.

Conte est-il en capacité de former une nouvelle coalition ? Si oui, avec quel(s) parti(s) et pour quel projet politique ?

Conte a accepté de déclencher cette crise gouvernementale car il pensait pouvoir récupérer un nombre suffisant de sénateurs pour remplacer le groupe parlementaire de Renzi. Il se disait que, de peur de perdre leur siège en cas de nouvelles élections du fait de la réduction du nombre de parlementaires (referendum de septembre 2020), ils se rendraient disponibles pour sauver le gouvernement en inventant un nouveau groupe au Sénat. [...]

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Chega ! : Le Portugal fait le ménage

La droite populiste est à la veille d’une percée historique au Portugal. Fondé en avril 2019, le parti Chega ! (« Ça suffit ! ») ne compte pour l’instant qu’un seul parlementaire, son président André Ventura, jeune et dynamique député lisboète de 37 ans issu du parti de centre droit PSD. Il s’est d’ores et déjà porté candidat à l’élection présidentielle de 2021. Les enquêtes d’opinion lui attribuent une fourchette basse de 8 à 10 % des voix, ce qui constituerait une percée significative pour la nouvelle formation portugaise.

Chega ! que l’on peut rapprocher par certains côtés du parti populiste espagnol Vox, se présente comme un parti « national, conservateur, libéral et personnaliste ». Au niveau européen, le nouveau parti s’est affilié à la structure Identité et Démocratie (ID) portée au niveau continental par le Rassemblement national de Marine Le Pen et la Lega de Matteo Salvini. [...]

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L’Incorrect numéro 73

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