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Ukraine : le piège de « Joe le sénile »
Le 19 janvier 2022, le président américain Joe Biden donnait une conférence de presse lors de laquelle il était interrogé sur la menace d’une invasion russe de l’Ukraine, tandis que la Russie était en train de masser des centaines de milliers de soldats à ses frontières ainsi qu’en Biélorussie. En effet, questionné sur la réaction américaine et des membres de l’OTAN face à une agression militaire russe en Ukraine, il avait répondu qu’elle dépendrait de l’ampleur de cette agression. Il eut cette déclaration ambiguë affirmant que les membres de l’OTAN risquaient de se diviser sur une telle réaction s’il ne s’agissait que « d’une incursion mineure ». Et ce tout en reconnaissant néanmoins que Vladimir Poutine allait « tester l’Occident », qu’il allait « devoir faire quelque chose » et qu’il allait « rentrer en Ukraine d’une manière ou d’une autre ». « L’impuissance de Joe Biden a enhardi Vladimir Poutine, et voilà qu’il vient de donner un feu vert à Poutine pour envahir l’Ukraine » répondirent les ténors de l’opposition (Tom Cotton, sénateur républicain de l’Arkansas). Le « feu vert » pour envahir l’Ukraine fut donc donné à la Maison-Blanche et reçu fort et clair par les tours du Kremlin. Aux yeux de nombreux observateurs, la réponse de Joe Biden était « légère » voire « inappropriée ». En réalité, le président américain apportait ce jour-là la touche finale au plus grand piège géostratégique tissé par les États-Unis depuis 1945. Feu vert pour envahir l’Ukraine  Un peu plus d’un mois plus tard, le 24 février 2022, avec 200 000 soldats, Vladimir Poutine envahissait l’Ukraine. Complètement intoxiqué par ses propres services de renseignements lui affirmant que le pays tomberait comme un fruit mûr et que la population accueillerait les chars russes en libérateurs, il se lança dans une invasion à grande échelle à partir du territoire russe, biélorusse et des territoires du Donbass et de la Crimée occupés.
Débat : Ukraine, la guerre des mots 

Affirmation n° 1 : Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen l’ont répété à maintes reprises : l’attitude de l’Occident, après la fin de la guerre froide, et l’élargissement de l’OTAN et de l’UE ont poussé la Russie dans ses retranchements et contribué indirectement à la crise ukrainienne. 

Raphaël Chauvancy Faux. La Russie n’est pas une victime. Elle a joué une partie qui visait à rétablir son statut de très grande puissance en réaffirmant son influence en Europe. Seulement, elle l’a perdue parce que ses forces ne sont plus suffisantes pour compenser le manque d’attractivité de son modèle. 

Thibault Muzergues: Faux. C’est la Russie qui a choisi de faire de l’OTAN son ennemie, pas l’inverse. Rappelons que jusqu’au début de l’invasion de l’Ukraine en 2014, les deux parties avaient construit un Partenariat pour la Paix (PPP) et il n’est pas venu à l’esprit des Russes de dénoncer l’élargissement de l’OTAN lorsqu’il s’est produit en 1997 – il aura fallu l’invasion de la Crimée en 2014 pour que le PPP prenne fin. 

Lire aussi : Ukraine : la droite nationale s’est-elle tiré une balle dans le pied ? Entretien avec Loup Viallet

Julien Ravalais Casanova: Faux. Un dialogue entre l’OTAN et la Russie a été mis en place, avec l’Acte Fondateur de 1997 et le Conseil OTAN-Russie qui a fonctionné de 2004 bon an mal an jusqu’en 2014, année de l’annexion de la Crimée. Pour mémoire, l’Acte Fondateur de 1997 stipule « le respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de tous les États et de leur droit inhérent de choisir les moyens d’assurer leur sécurité ». C’est donc la Russie qui a renié ses engagements en envahissant l’Ukraine, pas l’inverse. [...]

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Jean-Rémi, chef de mission SOS Chrétiens d’Orient en Syrie : « La priorité, c’est de chercher de la nourriture »

Où vous trouvez-vous précisément en Syrie ?

Pendant la nuit, lorsqu’il y a eu le tremblement de terre, j’étais à Alep. Je suis descendu à Damas pour mettre ma famille et les volontaires en sécurité et je repars de bonne heure demain matin à Alep.

Comment avez-vous vécu ce séisme ?

À titre personnel, je dormais. Ma femme m’a réveillé et j’ai tout de suite senti que le lit tremblait. Je n’ai pas mis plus de deux secondes à comprendre qu’il s’agissait d’un tremblement de terre parce qu’on avait déjà eu des secousses similaires en décembre. De plus, ces dernières semaines il y en a aussi eu quelques-uns. On s’attendait plus ou moins à ce que ce genre d’évènement se produise, sans en être certains car on ne peut jamais vraiment prévoir un tremblement de terre.

Lire aussi : SOS Chrétiens d’Orient : « Le Liban est vampirisé par une classe politique corrompue »

On a sauté du lit, ma femme a récupéré ma fille et nous sommes directement allés nous mettre à l’abri sous une table dans le salon. Le tremblement a duré une bonne minute et des fissures sont apparues sur les murs. Quand cela s’est arrêté, nous avons décidé de rester à l’abri pour s’assurer que le tremblement ne reprenne pas. Justement, deux petites minutes plus tard, les tremblements ont repris, plus doucement cette fois-ci.

À ce moment-là, on entendait les voisins commencer à quitter leurs appartements pour se réfugier dans la rue. On a suivi le mouvement, en prenant quelques affaires en urgence comme nos manteaux et nos papiers d’identité. Nous nous sommes retrouvés dans la rue avec tout le monde en évitant d’être en danger si l’immeuble s’effondrait. [...]

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Éditorial monde de février : La voix du déclin

« Les Russes les plus idiots sont tous morts », disent les Ukrainiens depuis juillet dernier, en constatant l’abandon par leur adversaire des stratégies de conquête les plus absurdes qui ont coûté tant de soldats à Moscou. En France, en revanche, les idiots, qui ne sont pas directement exposés aux périls de la guerre déclenchée par leur champion, continuent de servir avec zèle la propagande du Kremlin. Les mêmes qui affirmaient avec assurance que jamais les troupes russes ne franchiraient la frontière avec l’Ukraine, ont proclamé ensuite que Moscou n’avait aucune intention d’envahir l’Ukraine puis, face à l’évidence de la tentative d’annexion par la force, qu’il s’agissait là uniquement d’une manœuvre de diversion visant à faciliter la prise de contrôle du Donbass par les séparatistes. Un an et 50 000 morts plus tard, on se dit que la « diversion » a coûté un peu cher. Gageons que si la Russie avait envahi toute l’Ukraine en deux semaines, les mêmes spécialistes nous auraient certainement assuré que jamais, au grand jamais, Vladimir Poutine n’aurait eu l’intention d’envahir ensuite la Moldavie, la Géorgie, les pays baltes ou, pourquoi pas, la Pologne.…

France – Allemagne : une relation contrastée ? Entretien avec Gabriel Melaïmi

L’actualité met sur le devant de la scène le « couple franco-allemand », avec la question de la livraison d’armes à l’Ukraine et du soixantième anniversaire de la réconciliation franco-allemande. Est-ce un couple uni ou dysfonctionnel ?

À la lumière de l’actualité, toute autre réponse que dysfonctionnel serait se bercer d’illusions. Mais cela ne date pas d’aujourd’hui. Malgré les dénégations de part et d’autre, je pense que nos dirigeants sont assez lucides sur ce fait. Lorsqu’il y a quatre ans fut signé le traité d’Aix-la-Chapelle, le but était aussi de relancer une coopération franco-allemande à l’arrêt. Chacun tente de servir ses intérêts et, globalement, on constate que l’Allemagne y arrive bien mieux que la France. En définitive, cela fait longtemps que le « couple » franco-allemand n’en est plus un, pour autant qu’il ait déjà été un couple. D’ailleurs, le mot « couple » n’est pas employé outre-Rhin, où on lui préfère « partenariat », beaucoup plus neutre et beaucoup moins exclusif.…

Immigration : les dessous du succès danois

Début Janvier, le Think Tank libéral Fondation pour l’innovation politique a publié une étude intitulée “La politique danoise d'immigration : une fermeture consensuelle”. L’exemple du Danemark est souvent cité parmi les pays européen ayant réussi à mettre en place une politique d’immigration stricte et un programme d’intégration efficace. Cette politique est presque inchangée depuis 2000 malgré des gouvernements variés de droite, du centre et de gauche.

L’étude de la Fondapol décrypte avec précision comment s’orchestre la politique danoise en matière migratoire, et les conséquences de celle-ci. La première motivation pour lutter contre l’immigration est l’argument budgétaire. Dans la formation des coalitions gouvernementales, le budget est au cœur des négociations, et la maîtrise du budget est une question essentielle pour la droite comme la gauche. La dette du Danemark n’a pas évolué en points de PIB de 2019 à 2022 et reste stable à 32% du PIB. Pourtant le système danois est l’état providence. Pour concilier ces deux visions, la solidarité nationale est réservée à la communauté nationale danoise. 

Commettre des délits empêche d’être naturalisé pour une durée proportionnelle à la gravité des faits.

L’autre motivation est la conservation de l'homogénéité du peuple danois. La fondation pour l’innovation politique précise que cette dernière est à relativiser car le pays a connu plusieurs vagues d’immigrations. Cependant, ces arrivants provenaient jusqu’aux années 1960 des pays d’europe de l’ouest ou du nord. Depuis, le pays fait face à une immigration du proche et du moyen orient (Turquie, Syrie, Pakistan notamment). 

Ukraine : la droite nationale s’est-elle tiré une balle dans le pied ? Entretien avec Loup Viallet

Dans Après la paix, publié en 2021 chez VA Éditions, vous énumériez les défis géopolitiques auxquels est confrontée la France. Un an plus tard, comment a évolué cette situation selon vous ? Les défis sont-ils toujours les mêmes ?

Les principales menaces sécuritaires qui pèsent sur notre pays ont cessé d’être lointaines. Elles se situent désormais dans notre voisinage, à nos portes. J’avais écrit Après la paix pour expliquer comment les faiblesses africaines étaient (re)devenues des sources de déstabilisation majeures pour le continent européen et la France. Depuis sa parution, les foyers djihadistes se sont renforcés au Sahel, les mercenaires russes de Wagner ont définitivement pris position au Mali et s’apprêteraient à descendre au Burkina Faso, ce nouvel État failli de la bande sahélienne qui a subi deux coups d’État en huit mois. L’Algérie a resserré ses liens avec le régime russe et convié à s’entraîner des navires de guerre russes en face des côtes européennes ainsi que des forces spéciales russes à la frontière maroco-algérienne. Le royaume du Maroc a multiplié les coups de pression migratoires à la frontière espagnole pour imposer son agenda politique aux capitales européennes et les agents de désinformation anti-français se sont encore plus décomplexés.

Lire aussi : Éditorial monde de janvier : Wakanda lose

Les conditions économiques et sociales se sont elles aussi dégradées pour les populations du sud de la Méditerranée avec l’inflation des prix de l’énergie et des denrées alimentaires provoquée par les confinements chinois et par le blocus russe des ports ukrainiens. L’Agence des Nations-Unies pour les Réfugiés a estimé l’année dernière à 2,5 millions le nombre de Sahéliens ayant été contraints de fuir leur foyer à cause du morcellement de leur région. Notre politique de voisinage n’est toujours pas adaptée pour surmonter les défis sécuritaires, migratoires, informationnels, climatiques et économiques du nouveau désordre africain. Elle manque cruellement de clarté, d’ambition, d’unité et de coordination avec nos partenaires européens. Mais si notre porte sud vacille dangereusement, un péril bien plus urgent a éclaté sur la frontière orientale de l’Europe. [...]

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Covid, croissance, démographie : la Chine s’inquiète

Face à la route express G30, qui connecte Lianyungang à Khorgas, d’ouest en est de la Chine sur 4 240 kilomètres de long, les structures usées de dinosaures en métal rouillé et en plastique troué dressent leurs gueules hérissés de dents émoussées devant l’immense désert du Taklamakan, grand comme la moitié de la France. La construction du parc a débuté dans les années 1990. Il était censé tirer profit du (modeste) afflux de touristes arrivant à Dunhuang pour admirer les plus grandes dunes de sable du pays. Aucun touriste n’a jamais franchi l’arche gardée par un T-Rex poussiéreux et un diplodocus fatigué, dont le revêtement part en lambeaux, rongé par le vent du désert.

Dans ce far-west chinois, les « villages pionniers » poussent aussi vite qu’ils sont abandonnés, selon qu’un gisement de gaz naturel est découvert ou également abandonné. Le Xinjiang voisin, la province la plus à l’ouest de la Chine, qui abrite la majeure partie du désert du Taklamakan, est considérée comme un territoire hautement prioritaire. La province fournit un tiers de la production nationale en gaz naturel et c’est aussi la deuxième productrice de pétrole. Pékin a investi des centaines de milliards de yuans dans son développement et en conséquence, de larges pans du territoire et de l’économie de la province sont contrôlés directement par l’armée chinoise et ce que l’on nomme les bingtuans, les « brigades militaires », structures contrôlées par l’armée, créées en 1954.

Lire aussi : Éditorial monde de janvier : Wakanda lose

Pékin rase les quartiers historiques des « villes sœurs », jumelées aux grandes métropoles des provinces orientales, et envoie des dizaines de milliers d’ouvriers s’installer ici, en échange de salaires très attractifs. En 1949, la région comptait quelque 200 000 Hans (l’ethnie majoritaire en Chine). Ils sont dix millions aujourd’hui. Dans les villages pionniers qui bordent les voies express, les employés en combinaison rouge ou bleue des entreprises d’État Sinopec ou PetroChina, attendent chaque matin devant leurs petits immeubles peints aux mêmes couleurs les armées de taxis qui vont les mener sur les sites d’extraction de gaz ou de pétrole où ils vont s’égayer, formant des dizaines de petites taches sur les vastes étendues de sable jaune. [...]

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L’Incorrect numéro 73

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