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Éditorial de Jacques de Guillebon : Contre son camp

On a déjà beaucoup parlé de Bernanos dans ce numéro, beaucoup trop songera sans doute le lecteur, qui a sans doute d’autres chats à fouetter, d’autres logements à chauffer, d’autres réservoirs à remplir, d’autres impôts de production à dénoncer. N’importe. C’est l’avantage de la dernière place, la nôtre, le profit de l’ouvrier de la onzième heure, que de pouvoir récupérer le travail des autres et en jouir tranquillement.

Ou pas si tranquillement que ça. On bernanosise de salon, on parle de mal et de grâce, sans mesurer toujours le risque inouï que l’on prend à s’exprimer ainsi. Peut-être est-ce un risque que seuls les catholiques peuvent mesurer. Tant pis, nous parlerons pour eux, avec eux, ou nous considérerons que dans le fond tout Français qui nous lit devrait être sensible et tressaillir, sinon dans son cœur, au moins dans son estomac, sous le coup de fouet du grand Georges.

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Revoyant l’autre jour le merveilleux Sous le soleil de Satan de Pialat, où Depardieu joue Depardieu, c’est-à-dire passe Depardieu dans le rôle du « saint de Lumbres », l’idiot abbé Donissan, qui est malgré lui le véhicule de la grâce, nous eûmes l’idée de retourner au livre lui-même.…

Affaire Lola : Idiocratie en phase terminale !

France. Vendredi 14 octobre 2022. Lola, une jeune fille de 12 ans rentre de l’école à 15 heures. Dans le hall de son immeuble, elle est kidnappée, abusée, violée, bâillonnée, torturée, étouffée et transportée, morte, dans une malle pendant plusieurs heures avant d’être finalement découverte à quelques encablures de chez elle. Parents effondrés. Médias en boucles. Supplice ordinaire. Vie brisée. Fait divers, non, c’est un fait social et même, pour reprendre Marcel Mauss, un « fait social total » qui révèle sous toutes les coutures ce qu’est devenue la France : un zoo humain. Anarchie et sauvagerie, avilissement et infamie, brutalité et vulgarité, indécence et divertissement, une métaphysique vile qui irrigue tous les rapports sociaux et que le crime révèle au grand jour. Débâcle.

Lire aussi : Dhabia n’aurait jamais dû croiser Lola

Face à une telle abjection, on pouvait s’attendre à une réaction quelque peu solennelle de la part d’une classe politique évidemment responsable. Ni une ni deux, le ministre de l’Intérieur, premier en cause dans l’affaire, s’élève à la hauteur de l’événement et décide, pour s’expliquer, de se rendre… chez Hanouna, dans une émission dont le titre révèle tout le sérieux de l’entreprise : « Face à baba ! » On se pince, on tombe de sa chaise, groggy on croit rêver, que nenni ! Voici Darmanin, assis dans un gigantesque fauteuil rutilant, orange clignotant, face à l’amuseur public numéro un habillé comme un gigolo de fête foraine. Et c’est parti pour le spectacle ! Braves gens, applaudissez ! [...]

Télé-réalité : la diagonale du vide

Dans son excellent roman balzacien intitulé Téléréalité, Aurélien Bellanger décrit l’ascension d’un tycoon de la télévision contemporaine, librement inspiré de l’homme d’affaires Stéphane Courbit. Son héros y donne la définition la plus exacte du chemin pris par le média télévisuel contemporain : « Tiens j’ai un autre sujet de réflexion pour toi : tu connais la différence entre le cinéma et la télévision ? Au cinéma ce sont des célébrités qui jouent les anonymes, à la télé ce sont les anonymes qui deviennent des célébrités. » Anonyme devenue célèbre par la grâce de la quatrième saison des Anges de la téléréalité, la sculpturale Nabilla Benattia est à tout juste trente ans une vedette ayant déjà gagné suffisamment d’argent pour prendre sa retraite.

Des premiers pas dans le célèbre jacuzzi effectués par Loana aux premiers pas du fils qu’a eu Nabilla Benatia avec son compagnon Thomas Vergara, rencontré lors du tournage des Anges, deux décennies ont passé et un monde a changé.…

Congrès mission : « L’Église est là au sens large »
Pouvez-vous présenter le congrès mission ?  C’est un rassemblement qui réunit des catholiques de tous bords et de toute la France pour réfléchir comment proposer la foi dans la société actuelle.  Depuis combien de temps existe le congrès mission ? En 2015, nous l’avons lancé avec Anuncio qui est un mouvement d’évangélisation ; nous avions été amener à […]
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Rencontre au sommet (6/6) : Mélenchon, la droite, l’immigration, le complotisme et la presse

Pierre Manent – Jean-Luc Mélenchon s'inscrit dans la tradition révolutionnaire qui a tant marqué l'histoire française moderne. Il met en scène sa recherche d'un nouveau peuple. À la fois il accepte et même célèbre la notion – si suspecte aujourd’hui – de peuple, il dit avec jouissance « notre peuple », mais ce peuple n'est pas le peuple français, ce n'est pas le vieux peuple, c'est un nouveau peuple. Son coup d'audace est de placer à la tête de ce nouveau peuple les immigrés, les musulmans, y compris les plus conquérants. C’est un peuple infigurable, un peuple qui adviendra après la disparition des peuples historiques, un peuple sans passé mais seulement un avenir toujours à venir. En attendant, il prend le risque de mettre au premier plan, délibérément, dans ce nouveau peuple, cette partie de la population française qui garde ou renouvelle son attache au plus long passé, un passé qui ne veut pas passer, réaffirmant sans cesse son inimitié à l’égard de toutes les expressions de la vie française, y compris bien sûr la Révolution.

Alain Finkielkraut – Jean-Luc Mélenchon croit au grand remplacement. Il mise sur le changement de peuple pour accéder au pouvoir. Il veut à tout prix ouvrir complètement les frontières et favoriser l’immigration, car, pour lui, le nouveau peuple est une réserve de voix inépuisable. Il le flatte donc sans vergogne, judéophobie incluse. Quand Jeremy Corbyn a été sommé de combattre l’antisémitisme qui sévissait au sein du parti travailliste anglais, Mélenchon a affirmé que, pour sa part, il ne céderait jamais aux oukazes communautaristes du CRIF. Il agissait ainsi non par conviction mais par électoralisme. C’est avec le même calcul en tête qu’il va répétant « la police tue », alors même que se banalisent les violences antipolicières. À ses yeux, les délinquants, les trafiquants et les sympathisants de leur cause sont assez nombreux pour qu’il les caresse dans le sens du poil. Cette démagogie est sans précédent.

« Si le prolétaire a été remplacé par l’immigré, c’est peut-être parce que le combat a été gagné et que les prolétaires sont devenus des petits bourgeois »


Chantal Delsol

Mathieu Bock-Côté – Je crois que Jean-Luc Mélenchon fait une lecture un peu différente. Mélenchon ne pense pas qu'il y ait une majorité de dealers et de trafiquants. Il se dit toutefois que la population de ces quartiers, entre deux souverainetés, celle des gangs et celle de la République, préfère se regrouper davantage sous la première, dans une forme d’unité ethno-culturelle qui surplombe l'appartenance nationale, quand elle ne s’y substitue pas, tout simplement. Il pousse le principe révolutionnaire jusqu'à son point d’aboutissement, il le retourne contre la France – ce qui n'est pas nouveau à l'échelle de l'histoire. Mais là, il l’emplit d'une réalité nouvelle, de ce nouveau peuple et il utilise volontairement un langage factieux, et cherche à capter son énergie insurrectionnelle, au moment d'ailleurs où le RN a, lui, une stratégie d'embourgeoisement accéléré dans l'espoir d'être normalisé dans les institutions et devenir le parti non plus de l'alternative, mais de l'alternance.

Quant au concept « d'arc républicain », je suis de ceux qui confessent une exaspération totale envers ce concept – je dirais la même chose du concept de cordon sanitaire, quel qu'il soit. La démocratie ne saurait se constituer en bannissant de la cité ceux qui ont la suprême audace de mal voter. Le propre du régime diversitaire est de retourner finalement la logique du salut public contre ceux qui veulent le salut national. Le pays se désagrège, mais la criminalisation du camp national se poursuit, à travers son extrême-droitisation systématique.

Chantal Delsol – Si le prolétaire a été remplacé par l’immigré, c’est peut-être parce que le combat a été gagné et que les prolétaires sont devenus des petits bourgeois. C’est peut-être au contraire parce que le combat a été perdu, et que l'on n'arrive plus à défendre les prolétaires. Mais finalement, c'est juste parce qu’on a changé de victime qu'on est dans cette situation : l’immigré est devenu la victime sacrificielle, divine. Dans le discours de Mélenchon, c'est ce que je vois. Mais au fond, c'est la poursuite du marxisme, qu’il revendique complètement. Pourtant, à l’intérieur même du camp post-marxiste, il y a une querelle : certains s’indignent que la cause sociale ait été abandonnée au profit de la cause sociétale…

Lire aussi : Rencontre au sommet : La France, qu’est-ce qu’il en reste ?

Alain Finkielkraut – Je souscris à ce tout ce que vient de dire Mathieu Bock-Côté sur le danger de constituer un « arc républicain » et sur la criminalisation de l'idée du « camp national ». Je pense cependant que l’extrême droite n'est pas morte, ou plutôt qu'une nouvelle extrême droite est en train de surgir. Il faut être lucide, et même si je n'aime plus beaucoup ce terme, vigilant. Je vois trois composantes de cette extrême droite. Une composante complotiste, qui s'est manifestée pendant la pandémie, dans le discours anti-vax, dans l'idolâtrie de Didier Raoult, seul contre tous, seul contre les pouvoirs, seul contre Big Pharma, toutes ces conneries. [...]

Joseph Thouvenel : « La lutte des classes c’est la loi du plus fort, mais rarement la loi du plus juste »

Que pensez-vous des revendications des grévistes ? Ne sont-elles pas légitimes ?

Nous faisons face à une très forte reprise de l’inflation, avec une politique salariale très modérée dans la plupart des entreprises depuis plusieurs années. De ce point de vue : oui il est légitime que les salariés demandent des augmentations de salaires, simplement pour maintenir leur pouvoir d’achat. Concernant la grève chez Total : il est nécessaire de prendre en compte les conditions de travail pour pouvoir juger du bien-fondé de cette grève. Total a communiqué sur une moyenne de rémunération élevée pour les personnels des raffineries, mais il faudrait savoir précisément ce que cela recouvre. On sait qu’il s’agit en partie de primes, l’intéressement, la participation, mais en même temps cela concerne des gens qui sont amenés à travailler le week-end, la nuit. Il est donc normal que ces gens gagnent plus que d’autres qui n’ont pas ces sujétions.

En revanche, est-ce que ces justes revendications justifient le blocage de tout le pays, pour le syndicaliste chrétien que je suis, la réponse est non. La grève doit être le dernier recours, et lorsque l’on fait grève, on se doit de prendre en compte les conséquences sur l’entreprise – si je lance une grève dure et coule mon entreprise, ce n’est bon pour personne – lorsque mon travail a des conséquences sur le public, je me dois de regarder si ma grève est suffisamment légitime par rapport à la gêne qu’elle occasionne aux autres. Dans le cas qui nous intéresse, la gêne occasionnée ce sont des gens qui perdent leur travail, ou qui ne peuvent pas travailler : des artisans, des indépendants que cette grève met dans de très grandes difficultés.

Il y a un problème moral d’indécence de certaines rémunérations

Soit on vit dans un monde où l’on se construit égoïstement, soit on a une autre vision des choses, qui est une vision de solidarité entre les travailleurs : « Je ne peux pas maintenir mon mouvement de grève, parce que je mets des personnes, des familles, dans des situations extrêmement difficiles ». C’est une responsabilité morale !

La responsabilité pèse-t-elle seulement sur les salariés ?  

Non bien sûr. Il y a une grande part de responsabilité de l’entreprise Total. Derrière ces mouvements de grève, vous avez des organisations révolutionnaires qui prônent la lutte des classes. Comment se fait-il que sur des points stratégiques, une entreprise comme Total n’aie pas eu la vigilance nécessaire pour éviter que des organisations révolutionnaires ne prennent la main. C’est-à-dire que le manque de vigilance du groupe Total sur le profil des personnes travaillant sur des points stratégiques a pour conséquence qu’à un moment donné, une organisation de lutte des classes peut agir en parfaite cohérence avec sa philosophie, en bloquant le système. « Si ça ennuie les autres, c’est pas grave. Plus ça ira mal, mieux ce sera ». [...] 

Hommage pour Lola à Paris : un rassemblement sobre et digne

Sous une pluie battante, jeudi soir, vers 18h30, se rassemblait un millier de personnes sur la place Denfert-Rochereau, dans le XIVe arrondissement de Paris, en la mémoire de Lola. Badauds parisiens, militants de droite, et même des victimes d’agressions désireuses de montrer que cette affaire n’est de loin pas isolée – et encore moins un fait divers -, tous ont solennellement assisté à cette « Manif pour Lola », organisée par l’Institut pour la justice.

© Benjamin de Diesbach pour L’Incorrect

Jérémy, Lorenzo, Grégory, Monique… Des noms et des visages défilent sur l’écran géant installé pour l’occasion, ceux des laissés-pour-compte : frappés de plein fouet par l’insécurité, ils n’intéressent pas le grand public, parce qu’ils ne furent que les dommages collatéraux d’une politique migratoire incontrôlée et d’un laxisme judiciaire grandissant. Proches des défunts et survivants de certaines de ces attaques se sont ainsi exprimés face à une foule compatissante. Après ce témoignage vidéo, moment fort de la soirée, Stanislas Gaudon, secrétaire général adjoint du syndicat Alliance Police, prend la parole pour exprimer le soutien des forces de l’ordre à toutes ces personnes et particulièrement à Lola et à sa famille.…

Logement : les bourgeois squatteurs

Hors canicule, le hit de l’été dans la France utile – c’est-à-dire hors de l’Émirat de la Tour Eiffel – aura été la question du logement. Il est tout simplement devenu impossible de se loger dans certaines zones : Pays basque, Bretagne, Corse, littoral, villes universitaires… La nouveauté est que cette question arrive désormais dans des endroits ne brillant pas jusqu’alors par leur charmante attractivité : Creuse, Lorraine, Anjou intérieur. À quand des manifestations contre la pression immobilière à Limoges ? Les jeunes ménages sans pognon ne trouvent rien et les étudiants, assignés obligatoirement aux grandes villes, ne peuvent plus se payer les chambres de bonniches d’autrefois, où tout l’immeuble en profitait quand Mathieu niquait Chloé.

Or, la classe politique dans son ensemble est complètement absente du débat. La droite, tétanisée par le sujet, n’ose même pas l’aborder. Surtout pas ! N’importe quel Français doit pouvoir se loger où bon lui semble en France. Normal, les droitards ont tous des résidences secondaires de bourges à Saint-Malo ou Arcachon. En cas de mise en place d’un statut de résident comme certains indigènes le réclament ou d’une taxe sur les Airbnb, ça va couiner du portefeuille chez les LR ou à Reconquête (les prolos du RN étant moins concernés par les problèmes de riches). [...]

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L’Incorrect numéro 73

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