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Constitution, l’adieu au langage et aux racines

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Publié le

14 juillet 2018

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homère

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Consacrant la « lutte contre le réchauffement climatique » dans le projet de loi portant réforme de la Constitution, l’exécutif semble vouloir expurger à toute force notre loi fondamentale des plus petits reliquats du passé, coupable de tout, surtout d’avoir mal pensé le monde.

 

Ce monde, il ne saurait être supportable, vivable ensemble, qu’inclusif, indifférencié, battant sa coulpe à propos de la fonte des glaces et de l’indigne place qu’il a trop longtemps réservée aux femmes, fers de lance de la révolution du bas ventre, ces parangons de vertu et de modestie, quand, nous, les hommes, serions soumis à la concupiscence. Et, que dire des hommes blancs, aussi radins qu’envieux, prompts à batailler, à voler et à dominer ? Il était donc temps, vous l’aurez compris, de rénover la Constitution de Michel Debré en y insufflant un peu de cette positive attitude seyant à merveille une nation contractuelle moderne.

 

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La mère trop aimante souffre de voir ses enfants se chamailler ; qu’importe que leurs pères soient différents, les marmots doivent faire la paix. Et quoi de mieux que de leur indiquer qu’il s’agit du même ? Un petit mensonge bien balancé ne fait jamais trop de tort. Nous, Français, sommes en proie au fléau du racisme. Faisons simple : interdisons l’usage du mot. Que le mot de nos maux disparaisse, et c’en sera fini. Le plus simple étant bien de commencer par la Constitution, texte législatif en forme d’exutoire de nos utopies réformistes. Puisque rien de fondamental ne sera décidé, il faut bien multiplier les petites retouches symboliques. Ainsi, l’article premier qui disposait que la France assurait l’égalité devant la loi de tous les citoyens « sans distinction d’origine, de race ou de religion », assurera l’égalité devant la loi « sans distinction de sexe, d’origine ou de religion », lorsque la révision constitutionnelle sera définitivement adoptée.

À mesure que la langue française se réduit à sa plus simple expression, se dénaturant pour se rendre plus aimable, le champ des possibles de la pensée se restreint

Demain, peut-être, n’aurons-nous plus l’occasion, comme Jean de la Bruyère, de dire que « Les grands hommes n’ont ni aïeuls ni ascendants ; ils composent seuls toute leur race ». Dans le fond, si la France continue à creuser le même sillon, ce ne serait pas si grave que le mot race ne soit plus là, il n’y aurait pas non plus de grands hommes pour en composer une à eux seuls. À mesure que la langue française se réduit à sa plus simple expression, dénaturée pour la rendre plus aimable, le champ des possibles de la pensée se restreint, de même que notre vie intérieure s’appauvrit. Race est un des plus beaux mots de la langue française ; polysémique, riche et ancien. Il n’est que depuis peu limité à sa seule acception biologique, depuis que son « isme » symbolise à lui seul l’ensemble du mal de ce monde. Autrefois, on n’hésitait pas à dire d’un homme qu’il était de la race des Gascons, de la race des Grecs ou d’une belle race paysanne. Disons-le : le racisme moderne a défait la race.

 

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C’est pourtant à l’unanimité que les députés ont décidé de bannir le mot de notre Constitution. Tel une colonne de rats, la représentation nationale a suivi docilement le joueur de flûte d’Amiens. Cette censure pourrait ne pas choquer si elle ne se doublait pas d’une inconsciente tentation d’en finir tant avec la poésie qu’avec la précision du français. De l’expression moche et mensongère « race humaine », qui n’a aucun sens – l’humanité moderne formant une espèce ayant longuement cohabité avec d’autres espèces d’hommes, dont nous sommes d’ailleurs partiellement les héritiers -, à l’indistinction des sexes devant la loi plutôt que leur équitable traitement et l’indistinction des différentes espèces, il n’y a qu’un pas qui sera bientôt franchi. Ugolin de la politique nationale, Christophe Castaner a parfaitement résumé ce qui se joue : « « Libre » sera la seule race qui vaudra en France. Le mot race est définitivement supprimé de la Constitution et l’égalité y est réaffirmée « sans distinction de sexe ». Dépoussiérer nos textes pour les adapter aux grandes avancées de notre siècle : check ». En voilà au moins un dont on sera absolument certains qu’il n’est pas de la race des grands hommes, faits du marbre dont on fait les statues ; mais de la faïence dont on fait les bidets. La prochaine fois que notre Constitution sera changée, faudra-t-il faire une place aux intelligences artificielles ? Cette petite réforme illustre à merveille les difficultés que nous avons pour parler de l’Homme et des hommes – expressions, du reste, à proscrire car n’incluant pas de manière suffisamment explicite les différents sexes et genres -.

A travers les millénaires, un peuple présent depuis le fond des âges, un peuple de l’ours et des cavernes, a été façonné et très progressivement changé par ses rencontres avec toutes les tribus de l’Europe, devenant la synthèse et le point final de l’Occident

Et quand on n’a plus de mots pour dire ce que peuvent être les hommes pris dans l’Homme, on ne sait pas non plus parler de la France. La controverse entre Eric Ciotti et Jean-Luc Mélenchon à propos des « racines chrétiennes », que le premier voulait introduire dans la Constitution, le démontre assez : rares sont ceux qui n’ont pas qu’une connaissance superficielle, partiale et partielle, où la sensibilité fait défaut, de la France. Multipliant les imprécisions et les sottises, les deux députés ont occulté l’essentiel, soit que la France est une construction politique prodigieuse, mais pas seulement. De fait, par ailleurs, si le christianisme a été assimilé à la France, l’inverse n’est pas exact. A travers les millénaires, un peuple présent depuis le fond des âges, un peuple de l’ours et des cavernes, a été façonné et très progressivement changé par ses rencontres avec toutes les tribus de l’Europe, devenant la synthèse et le point final de l’Occident. Les racines culturelles, spirituelles et historiques de la France sont gréco-latines, chrétiennes par le truchement romain, et humanistes, sans oublier le substrat qui, allant du néolithique aux Celtes puis aux Germains de différentes obédiences a marqué champs, forêts et montagnes. C’est cette pluriculture immémoriale qui fait la complexité de notre peuple. Gare à ne pas en dire plus…

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