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Démocratie Loft story : le bûcher des vaniteux ?

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25 juillet 2018

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“Ce n’est pas chose de peu d’importance que de choisir son entourage. Car c’est par les gens que le prince tient auprès de sa personne que l’on juge de son esprit et de sa prudence”. Machiavel.

 

Le cœur de l’affaire Benalla est la prise de pouvoir d’une génération n’ayant pas plus les qualifications que la culture requises pour la gestion des affaires de l’Etat, surtout à notre époque, où la moindre brindille peut suffire à allumer un immense brasier incontrôlable. Emmanuel Macron le découvre d’ailleurs à ses dépens : « La politique c’est comme l’andouillette. Ca doit sentir un peu la merde, mais pas trop ». On serait tenté d’ajouter que la politique peut sentir le sang et ressembler à une chasse quand les chiens sont lâchés. En l’espèce, l’hystérie médiatique prend des airs de cabale. Sans raison ? Non. Et dans ces moments là, la com corporate à la Starbucks des jeunes du « nouveau monde », tels qu’Ismaël Emelien et Sibeth N’Diaye, ne fait pas le job. Emmanuel Macron a fait le choix de recruter des personnalités différentes, plus jeunes, répondant à l’idéal méritocratique qu’il affectait de vouloir incarner et rénover durant la campagne présidentielle. Dans tous les régimes neufs, le pouvoir s’appuie sur des personnes qu’il a lui-même amenées au sommet, qui lui seront donc fidèles, loyales et dévouées à l’extrême. Au passage, ces hommes nouveaux humilient les élites précédentes, les ringardisent, suscitant des rancunes tenaces, des jalousies qui entrent profondément dans les cœurs, les marquent de manière indélébile.

 

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Le poste et les privilèges importants accordés à Alexandre Benalla, de même que son intimité avec le Président, sont des motifs suffisants pour que des personnalités moins en cour, ou écartées, aient pu contribuer à sa chute, quitte à fragiliser Emmanuel Macron dans le processus. Jamais dans « l’ancien monde » honni, nous n’aurions été mis si rapidement au courant du dérapage coupable d’un homme de main de l’Elysée en marge d’une manifestation – qu’il devait probablement observer pour sentir le pouls de la rue, et informer le Président de l’ampleur potentielle des mobilisations de la gauche radicale -. Jamais, non plus, une commission d’enquête n’aurait pu être mise en place pour un sujet si sensible, touchant à la sécurité même du personnage le plus important de la Vème République ; le monarque élu qu’est le Président de la République. Peut-être d’ailleurs Alexandre Benalla avait-il été sollicité pour d’autres missions, directement liées au monde du renseignement. Georges Malbrunot a notamment révélé qu’Alexandre Benalla était parfois employés pour des ménages par d’importantes personnalités étrangères, comme le cheikh irakien Jamal al-Dhari.

 

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En saurons-nous beaucoup plus que ce que nous savons déjà ? Qu’un trop jeune homme, doté d’un entregent impressionnant, avait des responsabilités qui excédaient probablement ses compétences ? Que nous tous, nous sommes délectés de sa brutale mise à mort, lui qui était monté trop haut et trop vite ? Probablement pas. Tout le reste est placé sous le sceau du secret. Du moins, devrait l’être, car nous basculons dans une forme de démocratie loft story, les moindres faits et gestes des détenteurs d’un pouvoir autrefois sacré pouvant être potentiellement observés au microscope par tous les Français. Ainsi, pour la première fois, un directeur de cabinet du Président de la République a été entendu par les députés, en la personne de Patrick Strzoda. Comme on pouvait s’y attendre, ce dernier n’a pas pu tout dire, ne pouvait pas dévoiler certains détails du fonctionnement de l’Elysée. De la même manière, l’audition de Gérard Collomb a donné lieu à un sketch absurde :  le ministre de l’Intérieur ne savait rien ! Et pour cause, l’Elysée est « passé par dessus tête » le ministère pour le domaine sécuritaire, l’a court-circuité comme les institutions le lui permettent. Si l’affaire ne saurait se résumer à une « dérive individuelle » d’un homme entretenant des « copinages malsains », elle n’est pas non plus une affaire d’Etat d’envergure, comparable à l’assassinat de Robert Boulin. Non, elle est d’abord l’illustration d’une inexpérience du pouvoir de la part d’Emmanuel Macron et de La République En Marche. Peut-être des craintes d’Emmanuel Macron, qui a préféré s’entourer de « vigiles » de banlieue dans le contexte de la France d’après, comme s’il était lui-même un pipole beaucoup plus qu’un homme d’Etat, à l’image de ces empereurs romains qui se constituaient une garde de barbares par crainte des barbares. Son erreur de casting a choqué plus de huit Français sur dix, à en croire la majorité des sondages. Emmanuel Macron va donc devoir sortir de sa réserve toute jupitérienne pour entrer dans l’arène médiatique. Il n’est plus le maître des horloges, ses opposants ayant pu se relancer habilement à la faveur d’une polémique symboliquement désastreuse. Bref, le régime présidentialiste autoritaire, le gaullisme bisounours, et le poutinisme revu et corrigé par l’esprit Google, sont reportés à une date ultérieure.

Subsiste une impression diffuse et un malaise : peut-on faire de la politique autrement qu’en découvrant des cadavres cachés dans les placards, des histoires d’assistants parlementaires, d’épouses ou de gardes du corps ? Emmanuel Macron a demandé à ses opposants de « venir le chercher », déclarant assumer ses responsabilités. Il sortira probablement affaibli de cette longue séquence, comme d’autres avant lui, mais il survivra.

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