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Elections européennes : de grands perdants et peu de gagnants

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Publié le

27 mai 2019

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Les élections européennes du dimanche 26 mai 2019, sont riches d’enseignements à tirer , notamment en ce qui concerne la scène politique française. Gabriel Robin effectue ici une analyse exhaustive en huit points.

 

 

 

Européennes : Wauquiez et Mélenchon perdants sur toute la ligne

 

Il est rare que les sondages se trompent lourdement sur le résultat final d’une élection, surtout nationale. C’est pourtant le cas pour ces élections européennes à listes uniques, les premières depuis l’élection d’Emmanuel Macron et le début de l’ère « dégagiste ». Néanmoins, les tendances et l’évolution des enquêtes permettaient d’entrevoir l’issue du scrutin, sans toutefois soupçonner que Les Républicains et La France Insoumise prendraient de telles claques. Décryptage synthétique des principaux enseignements des élections européennes en France.

 

Participation record : un plaidoyer pour la proportionnelle

 

La participation record pour des élections européennes est une publicité pour l’instauration d’un suffrage à la proportionnelle aux élections nationales législatives, voire sénatoriales. On le voit : quand les électeurs savent qu’ils seront justement représentés, ils se déplacent pour voter.

 

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Y compris et surtout dans des départements populaires, le Pas-de-Calais et le Gard ayant enregistré des taux de participation très importants. Le Parlement national n’est actuellement plus du tout représentatif de la diversité politique française, composé grâce à un subtil jeu d’alliance du bloc des partis traditionnels et de son golem, La République En Marche. En tout état de cause, la Vème République ne peut plus tenir de la sorte convenablement.

 

Le duopole solidement installé

 

Le duel opposant le Rassemblement national à La République En Marche est désormais la nouvelle réalité du paysage politique français. Une tendance lourde inaugurée au printemps 2017 qui n’a pas seulement été confirmée mais grandement renforcée au soir du 26 mai 2019. Le Pen des champs et Macron des villes ? Il y a un peu de ça dans ce conflit très idéologique, l’un des plus marqués sous la Vème République, entre deux formations aux électorats aussi typés que solidement arrimés.

 

Le Rassemblement National : un parti résilient

 

Rien n’y fait : le Rassemblement National est un parti ultra-résilient. En situation de monopole de fait sur des thématiques aussi essentielles que l’immigration, l’ordre public ou la contestation du fonctionnement actuel de l’Union européenne, le Rassemblement National était loin du compte il y a tout juste un an, largement dominé par la majorité présidentielle dans les premiers sondages relatifs à l’élection européenne.

 

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Et pourtant, c’est bien le Rassemblement National qui est sorti en tête à l’arrivée, devançant son principal adversaire d’un point et d’environ 200.000 voix. Marine Le Pen a su notamment adapter son discours et montrer sa capacité de résistance, luttant inlassablement, comme ragaillardie par le combat électoral. Un caractère qui force le respect de la plupart des observateurs. Ainsi sont les grands fauves politiques, jamais vraiment éteints, attendant le bon moment pour revenir plus forts. Notons aussi la bonne tenue de la tête de liste Jordan Bardella qui a proprement accompli le travail qui lui était demandé, ne commettant pas d’erreur lors de ses interventions télévisées. Le rassemblement National est d’ores et déjà et très officiellement l’opposant numéro un à la majorité.

 

La République En Marche : plus que jamais le parti d’Emmanuel Macron

 

Une défaite ? Une victoire ? Un succès en demi-teinte ? Difficile d’interpréter le score de la majorité présidentielle, laquelle, il faut bien l’admettre, avait à composer avec de nombreux handicaps, à commencer par une tête de liste unanimement jugée mauvaise. À l’arrivée, Emmanuel Macron a montré sa solidité, se payant même le luxe de se débarrasser de La France Insoumise, qui devrait moins le gêner dans les mois à venir.

Rien n’y fait : le Rassemblement National est un parti ultra-résilient

En désignant Pascal Canfin parmi ses éligibles, La République En Marche a aussi su limiter la casse par rapport à Europe Ecologie Les Verts. Les scores très forts réalisés dans les grandes villes témoignent aussi du sentiment de lassitude de leurs habitants face au mouvement des Gilets Jaunes qui a entrainé un réflexe légitimiste d’ordre. Bref, une droite ordo-libérale qui ne s’assume pas et se pare des oripeaux d’un « progressisme » superficiel.

 

La droite de retour (vers le futur)

 

Candidat honorable, François-Xavier Bellamy n’a pourtant pas fait le poids un seul instant, en dépit de la bulle médiatique créée autour de lui par la quasi intégralité de la presse dite de droite. Son total de voix est ainsi équivalent à celui de François Fillon … lors du premier tour des primaires des Républicains. Il est même battu dans son fief versaillais par la liste des marcheurs. Dans le seizième arrondissement parisien, LREM enregistre notamment un score de 41,37 % ! Est-il pour autant comptable de la défaite historique – et peut-être définitive – de la droite française ?

Dans le seizième arrondissement parisien, LREM enregistre notamment un score de 41,37 % !

Non, pas entièrement. Il en sera probablement rendu responsable par les cadres qui tiennent à conserver un peu plus longtemps en état de marche le zombie de la droite (4 % chez les 18-24 ans), mais le choix effectué par Laurent Wauquiez de se couper symboliquement du centre sans rompre avec les idées du centre et certains centristes du parti aura été l’élément déclencheur de cette déchéance.

 

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Antipathique, flou et ringard avant d’avoir été à la mode, Laurent Wauquiez est le fossoyeur d’une droite qui s’était déjà plantée dans les grandes largeurs en 2017. Preuve est aussi faite de la déconnexion entre les représentations médiatiques et militantes et celles de l’électorat : la bulle Bellamy a fait pschitt, et avec elle une certaine idée de la droite ouvertement conservatrice en France. Les Républicains, comme les socialistes, survivront tant bien que mal grâce aux élections municipales mais n’auront plus de réelle existence nationale sans nouer d’alliances. Il est à prévoir une fuite des cerveaux vers La République En Marche et le Rassemblement National.

 

Un bloc de gauche stable mais chamboulé

 

Proportionnellement équivalent à 2017, le bloc de gauche est totalement chamboulé. Pour preuve, La France Insoumise dépasse péniblement les 6 % alors qu’elle était à plus de 18 % en 2017. Les facteurs de cette désillusion sont nombreux. D’abord, l’abandon de la stratégie populiste au profit d’une campagne plus « bobo de gauche » sans le dire, de même que les nombreuses évictions de cadres importants. Juan Branco, très populaire chez les Gilets Jaunes, n’a par exemple pas appelé à voter pour la liste conduite par Manon Aubry.

Désormais principal parti des actifs entre 30 et 65 ans, le Rassemblement National va devoir endiguer l’hémorragie chez les jeunes en continuant de développer un discours écologique crédible et réaliste, mais aussi en s’adressant encore un peu plus aux urbains des très grandes villes.

Ensuite, La France Insoumise s’est engouffrée dans le mouvement des Gilets Jaunes, sociologiquement et anthropologiquement différent de l’électorat qui l’avait plébiscité en 2017, majoritairement urbain et jeune. Une erreur payée cash le jour du scrutin, puisqu’une liste socialiste extrêmement mauvaise menée par Raphaël Glucksmann a été à deux doigts de battre ce qui était jusqu’alors la première force de gauche en France. Les outrances régulières des cadres de La France Insoumise n’ont pas du tout payé, un peu comme celles – symétriques – de Nicolas Dupont-Aignan de l’autre côté de l’échiquier politique. Restent les Verts qui ont bénéficié de l’air du temps catastrophiste et de l’épidémie Greta Thunberg en cartonnant chez les jeunes. Avec un discours moins gauchisant qu’à l’accoutumée, le rassurant et bon Yannick Jadot a pu scorer.

 

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C’est assez habituel pour l’écologie politique – traditionnellement cosmopolite et internationaliste dans ses incarnations électoralistes – de réussir aux élections européennes. Souvent, ce n’est pas suivi d’effet lors des scrutins suivants. Et si la donne changeait ? Le champ de ruines de la gauche offre de belles perspectives à Europe Ecologie Les Verts qui semble s’être trouvé un leader « charismatique » (autant que faire se peut du moins) en la personne de Yannick Jadot. Ajoutez à cela deux éléments : le bon score d’Urgence écologie qui tutoie les deux points et la performance remarquable du Parti Animaliste (dont l’électorat n’est néanmoins pas totalement de gauche, étant parfois RN compatible). Et si, aux municipales, La République en Marche était tentée de s’allier aux Verts ? À Nantes, le total cumulé des deux listes dépasse les 50 points. À suivre…

 

Quelles perspectives pour le Rassemblement National ?

 

Désormais principal parti des actifs entre 30 et 65 ans, le Rassemblement National va devoir endiguer l’hémorragie chez les jeunes en continuant de développer un discours écologique crédible et réaliste, mais aussi en s’adressant encore un peu plus aux urbains des très grandes villes. Le parti a une vraie marge de progression dans de nombreuses catégories de la population. En effet, le déclassement général et les bouleversements anthropologiques menacent tous les Français, et peut-être plus encore ceux qui refusent de l’admettre.

 

Gabriel Robin

 

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