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Européennes : un duel entre le Rassemblement national et La République en Marche

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Publié le

17 mai 2019

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Les élections européennes ressemblent fort à une redite en miniature des élections présidentielles de 2017. Le duel inédit de 2017 opposant le Rassemblement national (alors Front national) à la République en Marche du président Emmanuel Macron s’est installé, structurant une vie politique française plus agitée que jamais. Car cette opposition, loin de n’être qu’une confrontation de personnes, s’inscrit dans un moment important de l’histoire de France, plus que jamais otage des nouveaux équilibres issus des deux conflits mondiaux du XXème siècle et de la décolonisation.

 

Dans ce contexte, le débat politique ne peut que se polariser. Et c’est ainsi que le Rassemblement national fait directement face au pouvoir « macronien », qu’une simple élection à la proportionnelle devient un quasi référendum entre deux visions de la France de plus en plus irréconciliables. En filigrane se fait jour un sentiment, une angoisse profonde que les faits confirment : la France finira-t-elle par disparaître, brisée de l’intérieur et dominée de l’extérieur ? Quand Emmanuel Macron prétend qu’il est le champion du progrès, par opposition aux forces de la réaction, les Français constatent que l’Ordre public n’est plus garanti, que leurs usines ferment, que leur pays connaît un basculement anthropologique jamais vu et que le coût de la vie n’en finit plus d’augmenter. Tout ça pour ça ?

 

Lire aussi : L’éditorial du dossier UE : L’Europe tu l’aimes donc tu la quittes !

 

Tous ces discours moralisateurs pour que nos enfants vivent moins bien que nous, se disent-ils à raison. Cet équilibre savant est difficile à traduire politiquement. Il tient aux fins du politique : la prospérité et la sécurité, soit les deux objectifs que doit poursuivre un responsable politique réellement soucieux du bien commun. L’Union européenne n’est aujourd’hui ni un havre de sécurité ni un lieu de prospérité, du moins laisse-t-elle entrevoir un futur en demi-teinte, lente descente vers la sortie de l’histoire comme l’a connu la Grèce au moment de l’émergence de Rome.

Pas un candidat à cette élection n’a manqué de critiquer l’Union européenne telle qu’elle est aujourd’hui. Difficile, en effet, de ne pas remarquer que rien ne marche correctement. À cela, de nombreux candidats affirment qu’il faut plus d’Union européenne pour sauver l’Union européenne d’elle-même, de ses excès. Au premier chef, Nathalie Loiseau qui, du haut de son statut d’ancien ministre, ne cesse de trouver des arguments … tous plus mauvais les uns que les autres. Pourquoi la France est-elle seule (et mal aidée quand nos voisins s’en mêlent) au Sahel pour défendre le continent tout entier sur une zone s’étendant sur une surface comparable à tout le continent européen ? Comment expliquer que les partenaires européens se contrefichent de la sécurité de leurs marches dont ils laissent la responsabilité à une seule nation ?

 

© L’Incorrect

 

Les sujets comparables ne manquent pas, témoignant de la schizophrénie de la majorité présidentielle, piégée dans tous les domaines, car incapable d’agir. En face, ils voient un jeune Jordan Bardella habile, présentant un discours structuré mettant l’accent sur les dangers les plus immédiats, notamment l’immigration. Un contraste saisissant qui veut que le Rassemblement national soit le parti de ceux qui ont peu quand La République En Marche serait le représentant de ceux qui ont eu beaucoup et qui ne veulent pas perdre, à commencer par la génération dite des « boomers ». Pour se sortir de l’ornière, Emmanuel Macron joue donc la carte légitimiste, se présentant en progressiste sur le fond et en conservateur sur la forme.

Pourtant, c’est bien le Rassemblement national qui correspond à l’inconscient « conservateur » d’une partie du peuple, un conservatisme bien senti qui n’est pas obsédé par les ruines et les concepts, qui n’est pas du genre à sortir le drapeau blanc, mais qui pare à l’urgence. Surtout, un conservatisme qui a bien conscience que les peuples occidentaux entendent « conserver » les progrès récents qui ont amélioré leurs conditions d’existence tout en se débarrassant des faux progrès, des pièges de la postmodernité et de ses ferments de dissolution.

 

De toute éternité parmi les premiers peuples du monde par la gloire de leur culture et de leurs armes, pour paraphraser Joachim du Bellay, les Français ont conscience du déclin collectif de leur nation depuis plusieurs décennies. Tous veulent y répondre.

 

Dans ses Mémoires d’Espoir, le général de Gaulle écrivait ces quelques phrases mémorables, résonant pleinement dans notre actualité immédiate : « Pour moi j’ai, de tout temps, mais aujourd’hui plus que jamais, ressenti ce qu’ont en commun les nations qui la peuplent (l’Europe). (…) ». Mais il ajoutait, en grand connaisseur de l’histoire et donc en excellent observateur du présent à même de prévoir l’avenir que « l’Union de l’Europe ne saurait être la fusion des peuples, mais qu’elle peut et doit résulter de leur systématique rapprochement ». Soixante ans plus tard, le problème exposé par le général de Gaulle n’a toujours pas trouvé de réponse évidente. Son discours est néanmoins assez proche de celui que tient aujourd’hui le Rassemblement national. Quid, donc, de l’élection de mai 2019 ? Elle rejettera les tièdes et avalisera le duel entre les deux visions les plus franches, celle du Rassemblement national et celle de la majorité présidentielle.

Bien qu’ils s’en défendent parfois, les partisans d’Emmanuel Macron veulent une Union européenne qui serait fédérale, c’est-à-dire qui consacrerait l’avènement d’un nouvel Etat, sorte d’Etats-Unis d’Europe transcendés par les idéaux progressistes les plus dévoyés. Le progressisme n’est que l’idéologie du progrès, confondant la nouveauté avec l’innovation bénéfique. De fait, les nations sont des créations de la modernité, laquelle est née en Europe après la Renaissance du christianisme et de l’héritage antique. Les Français sont, parmi les Européens, les plus attachés à la nation, les plus sensibles à leur unité, d’un patriotisme qui confine même parfois au chauvinisme, convaincus de la supériorité naturelle des institutions politiques qui ont donné corps à un peuple sur un territoire géographique aux frontières naturelles particulièrement généreuses, traversées de montagnes, riches de larges côtes océaniques et méditerranéennes.

 

Lire aussi : Paul-Marie Coûteaux : “L’Union européenne, c’est le vieux rêve babélien”

 

De toute éternité parmi les premiers peuples du monde par la gloire de leur culture et de leurs armes, pour paraphraser Joachim du Bellay, les Français ont conscience du déclin collectif de leur nation depuis plusieurs décennies. Tous veulent y répondre. Les uns en pensant que la France ne peut pas conserver sa grandeur seule dans le cadre de la mondialisation, les autres estimant que l’Etat-nation France est toujours pertinent et que son saccage progressif explique en grande partie la dégradation de leur cadre de vie. C’est cela qui a donné corps à la crise des Gilets Jaunes, à cette fronde populaire contre les élites des grandes métropoles connectées au monde, dont les habitants ont parfois plus en commun avec les Berlinois, les New-Yorkais ou les Londoniens qu’avec leurs proches cousins vivant dans les petites villes désindustrialisées ou les campagnes en déficit démographique.

 

Gabriel Robin

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