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Le pari de Salvini est le cauchemar des multiculturalistes

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Publié le

3 juin 2018

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À la surprise générale, Matteo Salvini s’avère le grand vainqueur de la séquence politique particulièrement agitée qui s’est ouverte dès le lendemain des élections générales italiennes du 4 mars 2018. Souvent sous-estimé, le chef de la Ligue a su se montrer habile manœuvrier, naviguant avec une grande aisance dans les coulisses de la redoutable vie politique italienne.

 

L’alliance entre la Ligue et le Mouvement 5 Etoiles est, au moins sur le papier, aussi contre-nature que paradoxalement complémentaire. Passée d’un mouvement régionaliste se battant pour la sécession de la Grande Padanie à un mouvement nationaliste s’adressant à toute l’Italie, sous l’impulsion de Matteo Salvini, la Ligue a dans le même temps multiplié ses voix par plus de 400 %. Militant à la Ligue du Nord dès ses dix-sept ans, Matteo Salvini a attendu le mitan des années 2000 pour voir sa carrière décoller grâce à son élection au Parlement européen en 2004. Depuis lors, l’homme connaît une ascension perpétuelle. Il a d’abord renversé les vieux caciques de la Ligue du Nord en 2013, remportant le secrétariat fédéral du parti par 82 % des voix contre son mentor Umberto Bossi, ce qui lui a permis de modifier en profondeur les équipes et le logiciel d’une formation naguère strictement concentrée dans la moitié nord de la Botte. Enfin, il a déjoué les pronostics en nouant une alliance de gouvernement avec l’OVNI de la politique européenne qu’est le Mouvement 5 Etoiles, après avoir fait céder un Silvio Berlusconi réticent.

 

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Suivant l’histoire italienne, les cartes électorales respectives des deux alliés de circonstance se superposent presque parfaitement. La Ligue réalise ses meilleurs scores dans ses bastions traditionnels du Nord, quand le Mouvement 5 Etoiles emporte la mise dans le sud. Inclassable, le Mouvement 5 Etoiles est un laboratoire politique réunissant des personnalités venues d’horizons extrêmement variés, où les militants font et défont la ligne idéologique au cours de grandes consultations. Son succès majeur aux dernières élections générales, lors desquelles les listes menées par Luigi Di Maio ont échoué d’un rien à obtenir la majorité absolue, s’explique tant par le rejet des élites sur fond de discours anti-corruption que par le désenchantement croissant de l’opinion publique italienne et sa dépolitisation, alors qu’elle fut longtemps l’une des mieux formées de toute l’Europe occidentale. L’électorat du Mouvement 5 Etoiles est d’ailleurs majoritairement composé d’anciens sympathisants déçus des différents partis de gauche.

 

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Grâce à la Ligue du Nord, le mouvement créé par Beppe Grillo rompt son isolement et s’apprête à gouverner l’Italie. Il aura fallu des mois de négociations acharnées, ponctués de multiples rebondissements dont seuls les Italiens ont le secret, pour enfin parvenir à cet accord qui marque un tournant majeur dans l’histoire contemporaine de l’Italie, et peut-être, l’avenir nous le dira, de l’Europe. Quels enseignements tirer de la composition du gouvernement et des premières mesures annoncées ? La première leçon a été donnée par Matteo Salvini. Chef incontesté et incontestable de la Ligue, il est aussi devenu la tête de proue de l’alliance dite de « centre-droit », la Ligue étant maintenant loin devant Forza Italia. Le nouveau ministre de l’Intérieur de l’Italie a peut-être même cherché à provoquer de nouvelles élections ces derniers jours. En feignant d’essayer d’imposer Paolo Savona, avec l’appui du Mouvement 5 Etoiles, Matteo Salvini savait pertinemment qu’il franchissait une ligne qui pouvait conduire à la tenue d’un nouveau scrutin encore plus favorable pour lui, les sondages lui accordant maintenant près de 25 % des voix. Jusqu’au bout donc, le Milanais a tenté d’obtenir plus en exhibant ses muscles.

Le meneur de la Ligue a surtout fait monter les enchères pour sécuriser ce qu’il convoitait le plus : le ministère de l’Intérieur

Au juste, les enquêtes d’opinion révèlent qu’entre 60 et 70 % des Italiens sont opposés à une sortie unilatérale de l’Euro, et ce même si les Italiens sont l’un des peuples les plus eurosceptiques du continent. Certes, le programme commun conclu entre la Ligue et le Mouvement 5 Etoiles est un savant mélange de mesures anti-austérité et d’anti-fiscalisme qui devrait grandement agacer les Allemands, prêts à marcher sur Rome, que les fièvres des marchés financiers observées au cours des dernières semaines ne rassureront pas, mais, au fond, l’Euro et l’Union européenne étaient-ils les préoccupations premières de Matteo Salvini ? Le meneur de la Ligue a surtout fait monter les enchères pour sécuriser ce qu’il convoitait le plus : le ministère de l’Intérieur. Comme l’ont analysé la plupart des politologues européens, Matteo Salvini s’est concentré sur la problématique migratoire, son principal moteur de croissance électorale. Par ailleurs, plusieurs ministres du nouveau gouvernement Conte sont à même de rassurer Bruxelles et de minimiser la portée symbolique de la nomination de Paolo Savona aux Affaires européennes ; ainsi d’Enzo Milani, nouveau ministre des Affaires étrangères ; d’Elisabetta Trenta à la Défense ; ou, de Giovanni Tria à … l’Economie. L’explosion ou l’implosion de l’Union sont donc repoussées à une date ultérieure.

 

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La situation en Italie reste néanmoins très intéressante. En prenant le ministère de l’Intérieur, Matteo Salvini pourra mettre en place une politique migratoire d’une grande rigueur. Il a déjà prévenu le 2 juin lors d’un meeting à Vincenza : « Le bon temps pour les clandestins est fini : préparez-vous à faire les valises. (…) Les Etats doivent recommencer à faire leur travail et plus aucun “vice-passeur” ne doit accoster dans les ports italiens ». Il sera donc particulièrement observé et attendu sur cette question précise. S’il atteint ses objectifs, Matteo Salvini sera incontournable en Europe et la cible des attaques des « droits-de-l’hommiste » de tout un continent. Il incarnera aussi l’espoir pour un grand nombre d’Italiens, sinon d’Européens, qui refusent de voir leur pays sombrer sous le poids de l’immigration clandestine. Car, l’Italie est un pays fondateur de l’Union, une grande puissance continentale, tant par sa riche histoire que par son économie. Ce qui se passe à Rome a plus de conséquences directes sur notre vie que ce qui se passe à Budapest ou à Varsovie, sans minorer l’influence de ces vieilles nations d’Europe centrale et de l’est.

 

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Machiavel disait que « l’habituel défaut de l’homme est de ne pas prévoir l’orage par beau temps ». En 2018, l’orage ne menace plus, il est là. Savoir Salvini maître de la politique migratoire de l’Italie est un signe encourageant qui vient s’additionner à d’autres motifs d’espoirs. À lui maintenant de remporter son pari – un cauchemar pour les multiculturalistes qui gouvernent depuis trop longtemps -. Pour y parvenir, il devra composer avec un gouvernement qui ne lui ressemble pas entièrement, avec des personnages partisans de la décroissance, avec des campagnes de calomnie qui seront dirigées spécifiquement contre lui, avec Francfort, avec Bruxelles, avec un Berlusconi vent debout contre un ministère de la Justice en mission « mains propres ». Salvini a ce qu’il faut de malice pour triompher.

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