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Le retournement – brève analyse des résultats des élections andalouses

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Publié le

3 décembre 2018

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Les élection en Andalousie ont vu le jeune parti VOX gagner 11% des voix. Un exploit pour un nouveau parti qui s’assume à droite dans une région très à gauche. Un pas de plus pour le renouveau des nations en Europe.

 

Surprise et stupeur

C’est l’histoire d’une élection dont personne n’avait vraiment pu prédire les résultats –en dehors, peut-être, d’un sondage paru le soir du scrutin, à vingt heures, sur le site d’un journal conservateur et auquel personne ne voulait donner du crédit. Le vote andalou anticipé du dimanche 2 décembre devait ouvrir le bal d’une litanie d’élections en Espagne d’ici à mai 2019 d’une façon beaucoup plus tranquille et consensuelle avec une victoire du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), quand bien même celui-ci y perdrait quelques plumes au passage, et une majorité de gauche une fois de plus renouvelée au palais des Cinq-Plaies (le Parlement régional andalou, à Séville).

 

 

Pourtant, rien ne s’est passé comme prévu dimanche dernier. Les enquêtes d’opinion faisaient certes état, en fin de campagne, d’une irruption toujours plus importante du jeune parti de droite nationale, Vox, auquel les sondeurs attribuaient désormais entre zéro et quatre sièges sur les cent neuf que comporte la chambre législative andalouse. Aucune d’entre elles, cependant, n’a été en mesure de prévoir les bouleversements qui se sont fait jour en Andalousie, communauté autonome la plus peuplée d’Espagne avec 8,4 millions d’habitants et fief de toujours des socialistes – ces derniers la gouvernaient depuis 1978, avant même que son statut d’autonomie ne soit voté.

Une domination qui semblait à la fois sans partage et éternelle. Pour reprendre le bon mot de Woody Allen, l’éternité aura été longue sur la fin pour les opposants à la présidente sortante, Susana Díaz, mais elle s’est, semble-t-il, achevée en ce dimanche 2 décembre.

 

Un effondrement aux multiples conséquences

Les socialistes, qu’elle devait mener à un triomphe modéré mais sans équivoque, se sont écroulés, passant de 35,43 % des suffrages exprimés aux élections régionales de 2015 (soit 1,4 million de bulletins à leur nom et 47 élus) à 27,95 % des votes, soit à peine plus d’un million de voix et 33 sièges. Il s’agit de leur plus bas historique en Andalousie, le plancher de Manuel Chaves, tête de liste régionale en 1994 (45 sièges), ayant été largement pulvérisé.

 

Lire aussi : L’éditorial Monde de Hadrien Dessuin : La droite espagnole à la reconquête

 

Cette défaite est d’abord celle de Susana Díaz et de tous les sociaux-démocrates andalous, qui dirigeaient donc la communauté autonome sans discontinuer depuis 40 ans. L’hégémonie dont ils ont bénéficié durant ces quatre décennies leur a permis d’instaurer un régime fait d’une corruption endémique (pas moins de deux anciens présidents andalous, dont Chaves, sont aujourd’hui sur le banc des accusés) qui s’appuyait sur un fort clientélisme pour s’assurer un vote captif et se perpétuer au pouvoir.

Certes, le PSOE reste le parti arrivé en tête et a quasiment réalisé un grand chelem en se hissant en première position dans sept des huit provinces andalouses (seule celle d’Almería, traditionnellement plus à droite, lui a échappé). Mais la chute est rude et elle l’est d’autant plus que le gouvernement central espagnol, présidé par le socialiste Pedro Sánchez depuis à peine six mois, avait beaucoup misé sur le scrutin andalou pour se refaire une santé après plusieurs semaines très difficiles.

 

 

Le chef de l’exécutif espagnol est en effet aux prises avec des alliés remuants (notamment les séparatistes catalans) qui refusent toujours de voter en faveur de son projet de budget de l’État et l’obligent à gouverner à coups de décrets-lois royaux. Il se murmurait que Sánchez pariait sur un tel effondrement de la droite ce 2 décembre qu’il aurait profité de l’occasion pour demander au roi la dissolution du Parlement national et se servir des élections andalouses comme d’un tremplin à ses propres fins. Tous ces plans s’écroulent aujourd’hui, si tant est qu’ils aient jamais existé – mais il est vrai qu’aucune fédération socialiste ne s’attendait à un tel résultat.

Pedro Sánchez sort de ces élections encore plus affaibli et se retrouve face à un terrible dilemme : dissoudre malgré tout et risquer un score catastrophique ou tenter de tenir jusqu’au premier semestre 2020 (date à laquelle doit théoriquement s’achever la présente législature) tout en sachant qu’il s’agira d’un chemin de croix et que le PSOE pourrait arriver aux urnes encore plus épuisé.

 

La gauche accuse le coup

La potion est encore plus amère pour la gauche en général et c’est le second bouleversement des élections du 2 décembre. La coalition Adelante Andalucía (littéralement, « En avant l’Andalousie »), qui regroupe Podemos, la Gauche unie et plusieurs partis régionalistes de gauche « radicale », devait en effet, selon tous les sondages, arriver en troisième, voire en deuxième position et servir de force d’appoint aux socialistes pour parvenir à la majorité absolue. Pourtant, cette alliance électorale fait, en 2018, moins bien que Podemos en solitaire en 2015, perd trois sièges (passant de 20 à 17 élus) et plusieurs centaines de milliers de voix par rapport au score cumulé du parti de Pablo Iglesias et de la Gauche unie il y a trois ans.

Les forces de gauche ne rassemblent donc plus que 50 sièges au Parlement de Séville, contre 67 en 2015. La tête de liste d’Adelante Andalucía, Teresa Rodríguez, a tenté de se démarquer durant toute la campagne de Pablo Iglesias, espérant profiter de l’implantation de ses nouveaux amis communistes dans l’Andalousie rurale. Elle comptait aussi sur la gestion du maire de Cadix, José María González (dit « Kichi »), qui est à la fois son compagnon de parti et son conjoint, pour lui faire de la publicité. Elle disait cette gestion excellente – les Andalous en ont visiblement jugé autrement.

 

La droite sauvée par le centre et la radicalité

La droite est donc, avec 59 sièges sur 109, la grande gagnante de cette soirée électorale. Paradoxalement, le Parti populaire (PP) de la tête de liste régionale, Juan Manuel Moreno, a certes conservé sa deuxième place mais a laissé filer 7 sièges en trois ans (passant de 33 à 26 élus). Pourtant, la formation était euphorique ce dimanche soir car, pour la première fois en 40 ans, la gauche peut perdre la présidence andalouse. Celui que ses partisans et tous les médias surnomment « Juanma » pourrait bien être le prochain hôte du palais Saint-Elme (siège de l’exécutif régional, à Séville), tout du moins s’il parvient à un accord avec les deux autres formations de droite représentés au Parlement andalou.

 

La fin de l’hégémonie socialiste en Andalousie s’accompagne donc d’un renversement de tendance dans la communauté. Tout ceci augure d’une probable réorganisation du panorama politique national dans les prochains mois et les prochaines années, Vox pouvant s’appuyer sur une dynamique médiatique, électorale et sociologique positive.

 

La deuxième de ces forces est constituée par les centristes de Citoyens (C’s), emmenés par Juan Marín, lequel était soutenu par le président national de la formation, Albert Rivera, et par la dynamique Inés Arrimadas, chef de l’opposition aux séparatistes en Catalogne  originaire du Sud de l’Andalousie. Le pari de C’s est réussi car, si le parti n’est pas parvenu à dépasser le PP, il grimpe de 9 à 21 sièges au Parlement de Séville et s’implante dans plusieurs zones (notamment sur la Costa del Sol, dans la banlieue de Grenade et dans celle de Cadix).

Mais les vrais vainqueurs de la soirée du 2 décembre sont arrivés en cinquième position. La droite nationale de Vox, dirigée au niveau régional par Francisco Serrano (juge connu pour ses positions défavorables à l’« idéologie du genre ») et soutenue par le président national de la formation, Santiago Abascal, engrange quasiment 400 000 voix (contre moins de 20 000 en 2015) et près de 11 % des suffrages exprimés. Elle enverra ainsi 12 élus au Parlement régional, soit plus du double de ce que lui promettaient les sondage qui lui étaient les plus favorables. Une révolution dans un pays qui, comme l’Espagne, n’avait pas connu l’irruption aussi massive d’un parti classé autant à droite depuis 1975.

 

Lire aussi : [ EXCLUSIF ] Santiago Abascal : “Le parti VOX est un parti d’extrême nécessité

 

La fin de l’hégémonie socialiste en Andalousie s’accompagne donc d’un renversement de tendance dans la communauté autonome (la droite ayant pour la première fois plus d’élus que la gauche). Tout ceci augure d’une probable réorganisation du panorama politique national dans les prochains mois et les prochaines années, Vox pouvant s’appuyer sur une dynamique médiatique, électorale et sociologique positive. La campagne de Serrano et Abascal a été une démonstration du genre avec des salles combles, une ferveur réelle et le retour d’une fierté d’être espagnol, ce qui n’avait pas été constaté outre-Pyrénées depuis fort longtemps.

 

Dans l’attente d’une alliance

Rien n’est encore fait, cependant. Aussi bien le PP que C’s se disent ouvert à un soutien de la part de Vox pour que leur tête de liste respective accède à la présidence andalouse. Il faudra voir ce que donnent les négociations. De son côté, le PSOE tente de jouer sur la nécessaire alliance des « partis constitutionnalistes » (équivalent espagnol de notre front républicain) pour conserver le pouvoir et éviter une coalition de droite. Mais Susana Díaz (ou son successeur si elle décide de jeter l’éponge) arrive en position de faiblesse dans les tractations et, au soir du 2 décembre, personne ne parlait d’une telle possibilité au PP ou chez C’s. L’heure du changement a-t-elle donc bien sonné au-delà du défilé de Despeñaperros ?

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