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PMA : Le loup et l’agneau

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Publié le

13 mars 2020

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Revu et corrigé par le Sénat, le texte de la loi bioéthique n’a contenté personne. Et pour cause : l’insémination des femmes par tiers donneur anonyme, qui fait l’objet de l’article 1, ne relève pas de la bioéthique. C’est une loi du marché qui plonge notre droit de la famille dans un guêpier juridique.

 

Ce projet de loi, avait dit le président Macron, il ne le porterait pas sans « un large consensus » ni comme « un combat identitaire. » Pour accréditer l’idée d’une filiation anti généalogique, il a donc fallu faire pression sur l’opinion, ce à quoi le gouvernement s’est attaché avec une efficacité redoutable, digne du livre 1984 d’Orwell. Convoqué l’an dernier en Etats généraux, le peuple répondit à l’appel avec un sérieux qui l’honorait. Consulté, le Conseil national d’éthique reconnut , par la bouche de son président, le professeur Delfraissy — et ce n’est pas rien—« l’absence de consensus » concernant la PMA sans père. A la question de l’inégalité que l’on créerait entre les enfants, nés avec un père, et les orphelins de père, Jean-Louis Touraine, quant à lui, répondit cette année : « Nul n’a de droit à avoir un père ». On comprit alors ce que signifiait l’expression dans sa bouche : « l’éthique à la française ». On multiplia les sondages. Le peuple se déclarait pour l’égalité et, en même temps, contre la privation de père pour l’enfant. Une haute personnalité affirma qu’un père n’était pas forcément un mâle. C’est dire combien les esprits sont déboussolés. En tout cas, grâce aux lobbys, aux médias et à la reductio ad homophobiam du discours, l’idéologie des « nouvelles familles issues du don » a fonctionné à merveille : bientôt la loi de la PMA sans père sera débattue à l’Assemblée en seconde lecture.

 

Lire aussi : Pour une fédération féministo-homosexuello-musulmano-indigène !

 

On s’en souvient : au grand débat élyséen de l’an dernier, fut seule autorisée à parler des question sociétales, Madame Irène Théry, ancienne conseillère de Madame Rossignol dans le gouvernement Hollande, professeur à l’EHESS, adepte de la filiation pour tous et de « la civilité sexuelle » autrement dit : “la distinction de sexes au sein des couples de même sexe”. Le message était clair : mettre fin au modèle unique de la famille mononucléaire. Place à la famille contractuelle. Or, c’est cette politique familiale que promeut la CEDH depuis deux décennies. Dans son discours d’audience solennelle à la Cour, le 30 janvier 2015, Dean Spielmann affirmait que la CEDH imposait progressivement la GPA « selon un rythme imposé par notre cour : celui, polyrythmique, du Sacre du printemps de Stravinski, tout particulièrement de la danse sacrale ».

Ainsi donc, la PMA et la GPA, produits du transhumanisme ( l’esprit gouverne la matière ), forme nouvelle du progressisme, assureraient la reproduction de l’espèce, et l’homosexualité, la formation de l’individu.

Le même prophétisait que la Cour « réduisait à néant non seulement la faculté pour les Etats d’interdire la GPA mais la légitimité d’un tel choix législatif ». On a vu récemment le prélude de cette orchestration, avec l’annonce médiatisée de l’inscription, conformément à la circulaire Taubira de 2013, sur les registres d’état civil français, des enfants Mennesson nés par GPA aux Etats-Unis, au moment précis où entrait, à la Chambre, la question de la PMA. Dans son livre « Les droits de l’homme dénaturé », Gregor Puppinck montre comment les instances internationales imposent aux Etats « le maillage d’une gouvernance mondiale » par des principes rationnels et universels. Au nom d’un nouveau « cosmopolitisme abstrait, elles remplacent les démocraties charnelles par une gouvernance qui n’est rien d’autre que la domination des peuples ». Ainsi donc, la PMA et la GPA, produits du transhumanisme ( l’esprit gouverne la matière ), forme nouvelle du progressisme, assureraient la reproduction de l’espèce, et l’homosexualité, la formation de lien Michel Rouche’individu.

Progressisme, nous dit-on . Bien plutôt : retour en arrière historique. Dans son livre Clovis, datant de 1996, l’historien Michel Rouche écrit que ce général d’armée romaine, au Vème siècle, désireux de créer une société nouvelle qui mît fin aux unions incestueuses et aux rivalités successorales ( Wagner y puisa la matière mythique de ses opéras ) centra la filiation sur le mariage monogame et la descendance de l’homme et de la femme, et non plus sur celle de la mère seule. Mettant fin ainsi à la matrilinéarité germanique, Clovis fait donc sortir les enfants « de la proximité incestueuse de la famille large par l’omniprésence du père séparateur. » Ce n’est donc pas par hasard si de nouvelles multiparentalités apparaissent aujourd’hui, à une époque de déchristianisation de l’Europe, que remplace la religion universelle d’une écologie païenne. Une matrilinéarité, avec tiers donneur anonyme, sans père social, ne fera donc, tout simplement, que déstabiliser une société et engendrer de la violence : celle des héritages.

Ne nous y trompons pas. Les avocats de la PMA pour toutes ne sont pas des Samaritains du bonheur. La réalité de cette « révolution de velours » repose sur un marché juteux en pleine expansion : celui de l’or blanc, aux mains des GAFA. Tous les pays qui ont légalisé la PMA achètent leur sperme à l’étranger. En attendant, cette loi fracture la société comme jamais voire dresse les Français les uns contre les autres : famille contre famille, amis contre amis. Que me chaut l’enfant du voisin pourvu que ma géniture naisse des reins de mon fils ? Tocqueville l’a dit : dans les sociétés démocratiques, arrive le moment inévitable où l’intérêt commun disparaît au profit de l’intérêt privé. Nous y sommes en plein.

Et l’enfant, dans tout ça ? Celui dont on ne parle jamais a priori : le tiers donné au couple et qui n’a pas fonction à se faire oublier, comme le tiers donneur, dit encore « le soldat inconnu » des couples infertiles ; l’enfant qui sera redevable, toute sa vie, à sa mère, d’avoir été obtenu, au prix fort —n’en doutons pas—d’une banque de sperme, publique ou privée ; l’enfant, obligé de vivre avec une autre femme, à laquelle aucun lien du sang ne l’unit à moins d’être flanqué de deux mères—la donneuse d’ovocytes et la gestatrice.

Pourquoi le Sénat s’est-il mis du côté du loup et non pas de l’agneau ?

L’enfant — infans : celui qui n’a pas droit à la parole —l’étymologie ne ment pas. Cet enfant, de quel droit sera-t-il orphelin de naissance sinon celui de la « raison du plus fort », comme le dit si bien la fable de La Fontaine ? Pourquoi le Sénat s’est-il mis du côté du loup et non pas de l’agneau ? Les pères sénateurs dont l’emblème est le miroir, le coq et le serpent auraient pu, d’emblée, refuser un orphelinat d’Etat.

 

Lire aussi : PMA-GPA : L’adieu aux femmes

 

Il faut lire impérativement le livre de Dominique Folscheild : Made in labo paru l’an dernier aux éditions du Cerf. Quant à nos débats où l’on envisage a priori le point de vue de l’adulte et prend en compte son désir, non celui de l’enfant et de son droit, ils ont le mérite de montrer, hélas, que l’enfant n’est toujours pas considéré, dans notre société si avancée, comme une personne à part entière. Mais il vient, n’en doutons pas, le jour où cet enfant va donner de la voix.

 

Marie-Hélène Verdier

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