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Renaud Camus est un écrivain, pas un assassin

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21 mars 2019

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Mach

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L’odeur de la bête traquée attire les vautours. En cercles concentriques, ils descendent lentement, espérant les miettes du festin qui ne manquera pas d’arriver. Car on leur en laissera un peu, c’est certain. Le cadavre, toujours, révèle les charognards.

Renaud Camus n’est pas mort, mais déjà ils se pressent dans l’antichambre, leur billet d’honorabilité à la main. Parmi eux, nous déplorons de compter Bruno Chaouat.

 

Bruno Chaouat, professeur de littérature à l’université du Minnesota, publie ces jours-ci L’homme trans, dont nous avions pu lire les premières pages dans La Revue Littéraire. La tribune répugnante qu’il vient de publier sur le site du Point nous coupe l’envie d’en poursuivre la lecture.

 

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Toute occasion est-elle vraiment bonne à saisir pour promouvoir son livre, jusqu’à tenir des propos insidieux, infâmants et inexacts contre un écrivain que la foule piétine déjà sans même l’avoir jamais lu ? Jusqu’à condamner la littérature, quand on prétend l’enseigner ? Il ne nous semble pas que rien puisse excuser une tribune d’aussi vilaine allure, aussi expéditive qu’une lettre de cachet, aussi mal argumentée qu’un réquisitoire stalinien.

 

Bruno Chaouat a-t-il lu Renaud Camus ?

A la lecture de cette tribune, deux possibilités sont envisageables : ou Monsieur Chaouat est de mauvaise foi, ou il n’a pas compris ce qu’il a lu sous la plume de Renaud Camus. En vérité, une troisième possibilité est envisageable. Comme beaucoup de ses contemporains, Bruno Chaouat n’a pas lu les textes de Renaud Camus et parle à la va-vite d’un sujet qu’il ne maîtrise que très approximativement.

 

 

A la toute fin du siècle dernier, l’affaire Renaud Camus est partie d’un extrait du Journal de l’écrivain, dans lequel il relevait un « défaut d’équilibre » dans l’émission Panorama de France Culture, dont il notait qu’elle constituait « sur un poste national ou presque officiel, […] une nette sur-représentation d’un groupe ethnique ou religieux donné »

S’intéressant trop régulièrement, selon lui, « à la culture juive, à la religion juive, à des écrivains juifs, à l’État d’Israël et à sa politique, à la vie des juifs en France et de par le monde, aujourd’hui ou à travers les siècles. » Ce qui n’est pas du tout ce qu’écrit Bruno Chaouat dans sa tribune.

 

De l’antisémitisme au suprémacisme

 

Au cours des années qui ont suivi, on a fait de Renaud Camus un écrivain antisémite ; depuis l’attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande, on en fait le théoricien du suprémacisme blanc. Demain, quand un Papou furieux tuera ses professeurs à la kalachnikov en criant qu’ils ne lui ont rien appris, Renaud Camus sera de nouveau responsable, car il a écrit La grande déculturation.

Alors, faut-il empêcher les écrivains d’écrire ? Faut-il n’autoriser que la parole d’un Chaouat et les études universitaires ? L’écrivain doit-il la boucler à tout jamais, parce que quelques dérangés pourraient mal comprendre ses écrits ? Goethe aurait-il dû être réduit au silence et jugé par les tribunaux d’opinion de son époque parce que des jeunes gens se sont suicidés après avoir lu Les souffrances du jeune Werther ?

 

D’autre part, quel manifeste Renaud Camus a-t-il écrit ? Abécédaire de l’In-nocence, dans lequel on ne trouvera pas une ligne sur un quelconque appel à la violence ; qui est, au contraire, un plaidoyer en faveur de la non nocence, le programme d’un parti qui défend le minimum de nuisance envers son prochain et son concitoyen, et que Renaud Camus n’aurait jamais imaginé imposer au moyen de quelque violence que ce soit.

 

Notre époque confond tout, et il est regrettable que l’auteur d’un essai sur l’homme trans ne l’ait pas saisi. Un homme politique est responsable des crimes qu’il commande, un écrivain n’est pas responsable de l’interprétation qu’un lecteur fait de ses textes, moins encore des actes que celui-ci peut commettre après lecture. Ou c’est que nous avons aboli toute liberté, tout libre-arbitre.

Pour démontrer que Renaud Camus est « complice » du meurtre de masse commis en Nouvelle-Zélande, Bruno Chaouat opère un glissement pervers. Il explique au lecteur du Point, qui n’a sans doute pas lu les livres de Renaud Camus, que celui-ci est devenu de moins en moins écrivain et de plus en plus idéologue. Théoricien de l’extrême-droite, comme on dit.

 

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Ainsi l’histoire ne pouvait-elle finir autrement, bien entendu, car « en abandonnant la littérature (…), il a pris le risque d’être complice de la terreur. » Un tel raccourci en si peu de phrases est vertigineux. D’une part, Renaud Camus n’a pas abandonné la littérature, il n’y a qu’à consulter son site pour voir le nombre de livres qu’il a publiés depuis 2010.

D’autre part, quel manifeste Renaud Camus a-t-il écrit ? Abécédaire de l’In-nocence, dans lequel on ne trouvera pas une ligne sur un quelconque appel à la violence ; qui est, au contraire, un plaidoyer en faveur de la non nocence, le programme d’un parti qui défend le minimum de nuisance envers son prochain et son concitoyen, et que Renaud Camus n’aurait jamais imaginé imposer au moyen de quelque violence que ce soit.

 

Lire aussi : Christchurch et Bataclan : l’ultraviolence mimétique

 

Pourquoi aurait-il finalement appelé à voter pour Marine Le Pen, sinon ? Il n’avait qu’à descendre dans la rue avec sa mitraillette ; il n’avait qu’à armer ses sbires. Il n’a ni l’un ni l’autre et a toujours choisi la voie légale.

 

A vaincre sans péril…

 

C’est d’ailleurs ce qui lui a fait perdre ses éditeurs. Les choix politiques de Renaud Camus le regardent ; il n’empêche qu’il a le courage de les assumer. Un courage qui semble faire défaut à Bruno Chaouat, qui profite d’un bon angle de tir pour lâcher sa petite rafale sur l’ambulance qui passe. On ne sait jamais, par ricochet, ça pourrait faire vendre des livres. Ça pourrait asseoir une petite notoriété.

 

 

Vraiment, quel courage, d’attaquer un écrivain qui n’a plus d’éditeur ! Qui n’aura pas la possibilité de répondre dans la grande presse. Ce genre de procédé en dit long sur la personne. Yann Moix, lui aussi, avait cru pouvoir se payer un régal de vermine à moindre frais, en lâchant gentiment dans On n’est pas couché que Renaud Camus était « assez antisémite ».

Sauf que la cour d’appel de Paris vient de le condamner pour diffamation. Comme quoi, il reste une justice en France, mais qui n’est pas dans la presse d’opinion.

 

Insinuations, bêtise et mort de la littérature

 

Quand il insinue que Renaud Camus détourne un dialogue de Platon pour servir des intérêts idéologiques et qu’il « ne [fait] que reprendre », « d’une manière pseudo-savante (…) la distinction maurassienne entre pays réel et pays légal », Bruno Chaouat tire ses deux cartouches d’un coup.

La première pour montrer que Renaud Camus n’est qu’un ilote, la deuxième, qu’il est maurrassien. L’universitaire, versus l’idéologue un peu bête ; l’homme de son temps, versus la France moisie. Joli coup ou coup bas, chacun appréciera. Tout cela sent pourtant très fort la jalousie de l’universitaire aux quatre ouvrages contre l’écrivain aux cent livres.

 

 

Ce serait somme toute assez risible, comme il l’écrit lui-même, si ce n’était pas l’éternelle répétition du même – qui nous lasse. On a eu Breivik et Millet, aujourd’hui nous avons Tarrant et Camus. Drôle de manie que celle de vouloir trouver pour coupable un écrivain français à chaque meurtre de masse dont les islamistes sont exonérés ; ne trouvez-vous pas Monsieur Chaouat ?

 

L’universitaire, versus l’idéologue un peu bête ; l’homme de son temps, versus la France moisie. Joli coup ou coup bas, chacun appréciera. Tout cela sent pourtant très fort la jalousie de l’universitaire aux quatre ouvrages contre l’écrivain aux cent livres.

 

On se demande bien ce que cela révèle de notre époque. Qu’il faudrait en finir avec la littérature ? Donc assassiner la littérature française en premier ? Parce que, ne vous déplaise, Renaud Camus est un écrivain, dont les livres ne sont pas de la propagande mais une réflexion sur ce qui remue notre époque. Ce qui l’agite ; la déstabilise ; la remet en cause, et la menace.

N’est-ce pas, après tout, la tâche d’un écrivain ? Peut-être plus à l’époque de l’homme trans, il est vrai. Il faudrait se confiner dans les études universitaires, n’est-ce pas, et tout irait mieux. Chacun pourrait y aller de sa petite contorsion intellectuelle dans ce style : « L’homme ne remplace pas, il se déplace. En se déplaçant, il lui arrive de déplacer l’autre homme, pour le meilleur et pour le pire. » 

 

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Publiée par L'Incorrect sur Jeudi 14 mars 2019

 

Et la littérature ne reviendrait pas nous mettre les pieds sur terre en nous rappelant que celui que l’on déplace par notre présence, on le remplace – fatalement. Ce qui est même une simple question de logique, et de physique. Mais l’universitaire croit qu’il peut faire dire tout ce qu’il veut aux mots.

Vous n’avez pas trahi la littérature, Monsieur Chaouat, vous n’avez pas compris ce qu’elle est. La littérature n’est pas « le grand remplacement du monde », elle est le reflet des mouvements du monde. En cela, Renaud Camus est un écrivain et vous un ilote.

 

Matthieu Falcone

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