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Là où rien ne change

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Publié le

6 janvier 2018

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Unifiée au XIXe siècle contre le pouvoir le plus conservateur qui soit, celui du Vatican, l’Italie n’a jamais connu de parti qui assume le mot. Peut-être parce que, le demeurant intimement, elle n’a pas besoin de l’affirmer.

 

Si on part du postulat que le conservatisme est une idéologie politico-culturelle de droite non libérale, nous pouvons constater que les conservateurs n’ont jamais eu une propre représentation politique dans l’histoire italienne. Même si l’esprit de conservation au sens large est bien ancré dans la pensée et la tradition du peuple italien.

« Si nous voulons que rien ne change, il faut que tout change.  » Ainsi Giuseppe Tomasi tente dans son roman Le Guépard de définir le transformisme italien. À partir de cette citation, il est possible de considérer que le pôle conservateur n’a jamais vraiment pris corps en Italie mais s’est incrusté en multiples facettes dans le Parti Libéral pendant la monarchie, et dans la Démocratie Chré- tienne après le référendum sur l’instauration de la République.

 

Lire aussi : Lorenzo fontana «  La bataille se joue entre les identités et le multiculturalisme »

 

Vers la moitié du XIXe siècle, pendant le processus d’unification de l’Italie, le royaume de Sardaigne en premier, et celui d’Italie ensuite, menèrent une lutte militaire notamment contre l’État pontifical. Le gouvernement italien issu de la droite historique dirigée par le libéral Camillo Benso déclara la guerre à la plus vieille institution au monde, l’incarnation pure du conservatisme : le Vatican. Pour aboutir à cela, la classe politique devait nécessairement être innovante mais surtout anticléricale.

L’Italie se créa donc en 1861. Le pape Pie IX, en 1874, pour exprimer la contrariété vaticane devant l’unité italienne publia l’acte de non expedit, qui imposait aux catholiques italiens de s’abstenir de participer à la vie politique du nouvel État.

Les premiers et faibles gouvernements tentèrent de diriger le pays. 58 gouvernements se succédèrent en 61 ans d’histoire. Différentes formations politiques furent au pouvoir  : droite historique et libérale, gauche historique du libéralisme social, parti radical, et même les socialistes.

 

Forte influence sur la doctrine sociale

 

Pendant ces années, le seul politicien d’envergure qui incarna l’esprit conservateur à l’intérieur du parti libéral fut Sidney Sonnino. Fils d’un banquier juif italien opérant à Alexandrie d’Égypte et d’une mère britannique et anglicane, Sonnino n’était pas issu de la culture classique des États italiens mais plutôt d’une éducation internationale. Pendant ses mandats de ministre des Finances en 1893 et de Premier ministre en 1906 il se battit politiquement pour la réalisation de l’équilibre budgétaire tout en luttant pour la diminution des impôts et l’amélioration des conditions des métayers.

En 1919 le pape Benoit XV abrogea la disposition de non expedit. Cela permit à don Luigi Sturzo, visionnaire presbytérien sicilien, de fonder le Parti Populaire Italien et de présenter pour la première fois aux élections des candidats catholiques, dont une partie était issue de la pensée conservatrice et nationale. Le PPI obtiendra aux votes de 1919 et 1921 environ 20 % des suffrages mais il fera long feu au Parlement.

Le fascisme s’imposa en 1922 et les schémas politiques furent totalement bouleversés. Les conservateurs, tout comme les autres partis politiques, furent absents des institutions pendant les vingt ans du régime mussolinien. Après le deuxième conflit mondial et la guerre civile, l’Italie se transforma en république en 1946. Le Parti Monarchique, conservateur par définition, atteindra une faible représentation, moins de 5 %, jusqu’en 1968 sans jamais être décisif.

 

  Lire aussi : En Italie aussi, l’invasion inclusive a commencé

 

La Démocratie Chrétienne d’Alcide De Gasperi, fille du Parti Populaire, s’imposa par contre comme premier parti pendant quasiment cinquante ans. Les hommes qui animèrent les différents courants politiques de la DC furent la vraie incarnation du pouvoir italien. Les puissants qui personnifièrent le côté conservateur du parti furent : Giulio Andreotti, sept fois Premier ministre, Antonio Segni, deux fois Premier ministre et nommé président de la République en 1962, et Arnaldo Forlani.

Puis surgit en 1992 l’enquête judiciaire de Mani Pulite qui anéantit la totalité des partis politiques proches du pouvoir. L’arrivée en politique de Silvio Berlusconi en 1994 achèvera définitivement la Première république et bouleversa à nouveau les codes de la politique italienne. Le Movimento Sociale Italien, parti post-fasciste, rebaptisé en Alleanza Nazionale, entra au gouvernement avec la Ligue du Nord et ce qui restait de la Démocratie Chrétienne. Les intérêts personnels cannibalisèrent les fondamentaux idéologiques de la droite. Les conservateurs furent écartés des rôles économiques. Ils réussirent par contre à garder une forte influence sur la doctrine sociale, qui par ailleurs traite des thématiques plus chères à l’Église catholique.

Le plus grand journaliste italien de tous les temps, Indro Montanelli, a écrit un jour : « À l’église, De Gasperi parlait à Dieu, Andreotti avec le curé. » Énième image de ce que seuls les conservateurs en Italie ont, depuis la création de la République, un double lien direct avec le pouvoir qui entoure la Chaire de Saint Pierre.

 

 

 

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