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Sebastian Kurz veut détrôner Angela Merkel

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Publié le

31 juillet 2018

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Entre Vienne et Berlin l’histoire est longue, pleine de turbulences, de larmes et de blessures. L’événement capital plus proche de nous est la guerre austro-prussienne de 1866, ladite marque très visiblement l’affaiblissement de l’Autriche et l’affirmation de la Prusse comme l’état dominant de langue tudesque. Outre-Atlantique le destin de la mythique Germanie créait déjà une grande curiosité.

 

Le New York Times fournissait à ses lecteurs un article titré : The Situation of Germany (La Situation de l’Allemagne). La phrase plus visionnaire dudit expliqua très simplement que si la Prusse gagnait la guerre contre l’Autriche on allait avoir une nationalité prussienne et l’Allemagne serait absorbée par la Prusse. En revanche une victoire autrichienne allait permettre l’épanouissement de l’élément germanique et corsèterait l’élément prussien. Merkel et Kurz sont les héritiers de cette histoire, la première veut garantir la continuité, le second veut venger la défaite qui jeta sa belle terre en-dehors du monde allemand, garantissant ainsi que Berlin n’avait pas d’adversaire capable de lui faire face. La bataille de Königgrätz scella le sort de l’Europe Centrale, ce que l’on dit moins souvent c’est que l’Empire autrichien deviendra l’Empire austro-hongrois – en 1867 – exactement à cause de cette guerre fratricide. Encore avant François II, empereur du Saint-Empire Romain-Germanique créa l’Empire autrichien en 1804, où il règne comme François I. Une idée très intelligente car Napoléon finirait pour abolir le Saint-Empire en 1806, pour autant cette abolition n’ôtait pas le titre d’Empereur à François grâce à sa clairvoyance.

 

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Vous aurez certainement constaté que les deux alliés de poids de Kurz sont Viktor Orbán et Horst Seehofer, donc un hongrois et un bavarois. On est devant l’alliance de 1866 contre la Prusse. Le chancelier autrichien compte aussi avec la République tchèque et la Slovaquie mais il se méfie de la Pologne, et il a raison de le faire. La Pologne est l’avant-poste otanien à l’Est pour perpétuer le contrôle du continent par les Américains, ils imitent la grande stratégie de Bonaparte, que lui aussi ressuscita l’état polonais pour avoir une base orientale entre les Germains et les Russes. D’ailleurs l’anti-russisme diffusé par Varsovie convient beaucoup à Washington mais n’est pas vraiment apprécié à Budapest, Vienne ou même Munich.

 

La génération Kurz est formée dans le nouveau siècle, a un regard distinct et nuancé, nie les devoirs d’éternelle repentance chéris par les personnes âgées, demande des bornes et découvre de plus en plus que l’émancipation glisse souvent vers l’aliénation

 

Le fossé générationnel entre la chancelière et le chancelier est une donnée très révélatrice qui nous aide à comprendre une opposition absolument irréductible. Angela est née en 1954, Sebastian est né en 1986. Elle a grandi dans un monde où nous disions souvent que la bataille entre le capitalisme et le communisme était la seule, la dernière, la plus importante de toutes. Kurz – comme tous les vrais catholiques – est débiteur d’un article publié dans le supplément littéraire du Figaro en 1919, nommé Pour un parti de l’intelligence. Son auteur, Henri Massis, rejette à la fois la ploutocratie et le bolchévisme et défend un monde enraciné, traditionnel, où la famille et la filiation sont les maîtresses suprêmes. La fille du pasteur protestant est totalement coupée de cette possibilité, pour elle l’histoire trancha en 1989 entre les deux voies valables. La génération Merkel n’appartient plus à notre réalité, sa vieillesse l’empêche de voir que nous ne sommes plus au XXème siècle et que le monde n’est plus structuré par deux blocs définis ; la génération Kurz est formée dans le nouveau siècle, a un regard distinct et nuancé, nie les devoirs d’éternelle repentance chéris par les personnes âgées, demande des bornes et découvre de plus en plus que l’émancipation glisse souvent vers l’aliénation.

 

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Les affaires italiennes restent incontournables, aujourd’hui comme hier. En 1866 les Italiens se sont battus au côté de la Prusse contre Vienne, maintenant ils sont alliés de l’Autriche pour endiguer la submersion migratoire. La Papauté a elle aussi changé de position, en 1866 elle ne voulait pas l’unification italienne qui allait lui voler la quasi-totalité de son territoire, son espoir était une victoire viennoise. De nos jours le pape a un discours identique à celui de Merkel, infecté par l’angélisme chrétien, notamment concernant l’immigration ;  le malaise parmi les catholiques est notoire et croissant. Ils n’ont aucun doute que le pape reste chrétien, mais il se demandent de plus en plus s’il est encore catholique. Sans doute les réponses à cette question délicate se trouvent dans le Concile Vatican II, Jorge Bergoglio ne fait qu’exacerber un changement déjà annoncé. Le gouvernement autrichien a l’appui de ses voisins plus proches, mais il pourra trouver un partenaire intéressant dans le gouvernement italien, Salvini en serait ravi mais Di Maio aussi. Certes, le M5S est un parti de gauche mais il n’est pas gauchiste comme Podemos ou La France Insoumise, une nouveauté qui fait trembler Bruxelles, la gauche sociale, patriotique, illibérale est de retour aux affaires.

Le Wunderkind va-t-il réussir? Ou la Mutti Merkel va stopper son admirable ascension? Sera-t-il victime d’une fessée berlinoise? Emmanuel Macron redevient relevant, la chancelière – douloureusement isolée – pourrait ne pas avoir un autre choix que de l’appeler au secours pour réaliser une cavalcade franco-allemande, pour sauver un édifice en flammes. Pour l’instant la tension a été couverte, mais le voile sera déchiré et elle retournera, plus forte que jamais.

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