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La semaine politique de L’Incorrect #4

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Publié le

23 octobre 2017

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[qodef_dropcaps type=”normal” color=”red” background_color=””]l[/qodef_dropcaps]a France est paralysée, obnubilée par de minuscules questionnements. Tels des Byzantins, nous devisons de l’écriture inclusive ou de Jean Lassalle, ce député berger devenu Landru pour quelques plaisanteries grivoises. Il est temps de se redresser !

 

« Si une compagnie peut servir 2 milliards de clients, cela représente un tiers de la population mondiale. Si une compagnie peut créer 100 millions d’emplois, c’est probablement plus que ce que peut faire n’importe quel gouvernement. Si une compagnie peut soutenir 10 millions de vendeurs profitables sur sa plateforme, cela s’appelle une économie », a averti Jack Ma, fondateur de l’entreprise chinoise d’e-commerce AliBaba. Sébastien Badault, représentant Alibaba en France, s’est montré encore plus précis, déclarant que l’objectif du groupe était de « devenir la cinquième économie mondiale », c’est-à-dire de surpasser le PIB de la France à moyen terme. Actuellement, le volume d’affaires réalisé par Alibaba atteindrait plus de 540 milliards de dollars tous les ans. Quand au taux de croissance, il serait de 50 % par an. En se basant sur les prévisions du FMI sur les perspectives économiques entre 2030 et 2050, ainsi que sur la bonne santé d’Alibaba, plateforme en situation monopolistique, mettant en relation les vendeurs professionnels avec leurs clients, Jack Ma estime que le volume d’affaires créé par l’activité de son entreprise pourrait prochainement avoisiner les 6000 milliards de dollars, ce qui en ferait l’équivalent de la cinquième puissance économique mondiale, à peine dépassée par les Etats-Unis, la Chine, l’Union européenne et le Japon.

Aujourd’hui, tout cela nous semblera bien fantaisiste, sinon grotesque. Après tout, qu’est-ce que pourrait bien représenter une entreprise face à une nation millénaire, son Etat, son armée, son peuple ou ses patrimoines matériels et immatériels ? Et puis, n’avons-nous pas présentement d’autres occupations autrement plus importantes ? Des débats de société majeurs ? Ainsi de l’apparition de « l’écriture inclusive », de la dénonciation des « porcs » via les réseaux sociaux ou bien encore, importantissime, de ces vaccins qui ne nous protégeraient pas des épidémies mais nous empoisonneraient à petit feu. La France sort de l’Histoire, sans même s’en apercevoir, trop concentrée sur la dissection du cadavre de sa splendeur passée, effrayée par le monde qui vient, oublieuse de ce qui lui permit un jour de s’élever au firmament des nations du monde, soit, sans contestation possible, sa capacité à être à l’avant-garde sans jamais rien renier de ce qu’elle fut. Nous sommes entrés en dormition, profondément assoupis, à peine convulsionnés par quelques crispations nostalgiques.

 

Lire aussi : L’écriture inclusive : une écriture pas comme les autres

 

Alors que les acteurs traditionnellement non souverains étendent leur champ d’action, que le Beijing Genomics Institute cherche à identifier les gènes codant l’intelligence pour préparer l’homme augmenté, que Peter Thiel imagine des îlots souverains défiant les juridictions nationales et internationales, nous, pauvres Français, héritons de décennies d’immigration inassimilable, d’une situation budgétaire difficile, d’une Union européenne brutalement sortie de son utopie post-historique kantienne, d’une dépendance totale à des technologies que nous ne produisons pas, d’un système éducatif laminé que d’aucuns voudraient ramener cinquante ans en arrière quand d’autres entendent le résumer à une vaste expérience d’ingénierie sociale issue de la doctrine molle du marxisme culturel. Et la « droite » dans tout ça, me direz-vous ? Elle se lamente, se perd, faute d’hommes à la hauteur, d’idées, de vision. Emmanuel Macron l’a atomisée sans avoir eu trop d’efforts à fournir. Car, ses représentants médiatiques n’ont plus que l’hystérie pour exister, les micro-sujets les plus anecdotiques, comme si le fait de renoncer à l’exercice du pouvoir leur interdisait de penser la puissance.

 

Lire aussi : Jean Lassalle, le berge contre les robots

 

Depuis cinquante ans, nous perdons toutes les batailles que nous livrons. Et chaque semaine, nous concentrons toute notre attention à le chasser de nos esprits. Nous nous repaissons de polémiques pour mieux fuir l’horizon indépassable de l’avenir. Si les amoureux de la France se refusent à envisager le futur, ils seront irrémédiablement balayés par le vent révolutionnaire qui souffle sur la planète : gouvernés de l’extérieur et effondrés de l’intérieur, selon le juste mot de Philippe de Villiers. Que l’exécutif actuel ne puisse pas répondre aux défis, à commencer par celui posé par le péril migratoire, est certainement exact. Reste qu’il ne s’interdit pas la réflexion, ce qui est déjà une avancée considérable. Ses opposants, quels qu’ils soient, sont ignorants ou dépassés par les mutations du contexte global, tragiquement dépourvus d’une vision stratégique, et pas même en mesure de tenter d’en élaborer une. La France serait-elle en apesanteur, imperméable aux évènements extérieurs, tout juste absorbée par la réforme de la taxe d’habitation, les accords de branches, les indemnités prud’homales et le mariage des couples de même sexe ? Pour continuer à exister, les récipiendaires contemporains de la première fonction devront pourtant impérativement replacer leurs actions à l’aune des enjeux présents et à venir, sans tabous et sans pudeurs de vierges…

 

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