Skip to content

Syrie : faire la guerre suppose une politique étrangère indépendante

Par

Publié le

17 avril 2018

Partage

parlement

[vc_row][vc_column][vc_column_text css=”.vc_custom_1523977143642{margin-right: 25px !important;margin-left: 25px !important;}”]

En décidant, quasiment au doigt mouillé et sur la base de dépêches diplomatiques hasardeuses, de bombarder la Syrie, le président de la République, Emmanuel Macron a porté atteinte au principe d’égalité souveraine des Etats, loi d’airain du jus gentium europaeum, comme le firent tant d’autres avant lui. La sidération, la stupéfaction et même la colère saisissent les opposants à ce « va-t’en-guerrisme » impromptu, lesquels agitent leur fiole désespérément vide de la preuve manquante d’armes chimiques à Damas.

 

Mais l’administration de la preuve ne ressortit-elle pas plutôt au droit pénal ? Les feudataires du Grand Sam sont emportées, depuis 1945 – voire même dès 1919 avec les quatorze points de Wilson – dans la spirale infernale de la guerre « sans formes ». Les actions ne sont plus menées d’Etats à Etats, mais de gendarmes coalisés à ennemis nommément désignés comme tels au nom d’une conception religieuse de la politique, les droits de l’homme faisant office de nouveau Décalogue.

La guerre ainsi ravalée à une vague moraline pseudo-juridique tourne en roue libre, n’étant plus conditionnée par un acte politique préalable qui est de désigner l’ennemi, non pas en le stigmatisant ou en l’anathémisant d’emblée mais en le regardant comme porteur de divergences susceptibles potentiellement de porter atteinte à son propre être politique. Une telle attitude implique un rapport d’aequalitas et non d’imperium ou de subordination. C’est ici que la diplomatie, c’est-à-dire l’art de parler à son homologue selon les règles et usages de la bienséance internationale, entre en jeu. Mais en politique étrangère comme en politique intérieure, le souverain ne doit pas perdre de vue le Bien commun décliné en ce domaine comme la sauvegarde des intérêts supérieurs, donc vitaux, de l’Etat. La concorde intérieure est indissolublement dépendante de la sécurité extérieure.

En politique étrangère comme en politique intérieure, le souverain ne doit pas perdre de vue le Bien commun décliné en ce domaine comme la sauvegarde des intérêts supérieurs, donc vitaux, de l’Etat

D’évidence, l’assujettissement idéologique – renforcée par son caractère systémique dans le cadre de l’OTAN – voire économique – dans le cadre d’accords commerciaux de libre-échange – d’une telle politique ampute cette dernière de l’indispensable tuteur qu’est la souveraineté qui, du fait de ses caractéristiques intrinsèques – si bien décrites par Jean Bodin et Julien Freund – est incompatible avec toute relation de tutelle quelle qu’elle soit. C’est si vrai que, comme l’écrivait le juriste italien, Santi Romano, « l’Etat sous tutelle n’est pas seulement lié par des obligations particulières et déterminées, il entre dans un status subiectionis complexe, se soumet à d’autres sujets dans un domaine plus ou moins ample de sa personnalité, et tout cela concerne non pas sa liberté dans le champ des relations vraiment obligatoires, mais sa situation d’indépendance, sa souveraineté et, par voie de conséquence, son aptitude même ».

 

Lire aussi Entre Moscou et Washington, choisir Paris

 

En d’autres termes, toute marque de souveraineté, pour parler comme Bodin, présuppose une capacité – c’est à-dire une volonté non contrainte – d’agir politiquement. C’est dire que tout conflit international politiquement (et non judiciairement ou policièrement) structuré est d’abord ordonné autour d’une politique étrangère qui conçoit ses interlocuteurs sur un pied d’égalité et sur un plan d’égale dignité. Cela suppose évidemment de n’être pas tenu en laisse ou muselé par un souverain plus puissant que soi et dictant sa conduite. En ce domaine, domination et servitude sont deux excès à fuir comme la peste. La France a manifestement fait le choix, depuis quelques décennies, de la seconde. C’est pourquoi tous ses actes de guerre, fussent-ils parés de tous les oripeaux de la « légalité », demeureront toujours illégitime – comme le sont ceux de cette arrogante et puissante Amérique qui a fait de l’Europe de l’Ouest son condominium exclusif.

 

[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

EN KIOSQUE

Découvrez le numéro du mois - 6,90€

Soutenez l’incorrect

faites un don et défiscalisez !

En passant par notre partenaire

Credofunding, vous pouvez obtenir une

réduction d’impôts de 66% du montant de

votre don.

Retrouvez l’incorrect sur les réseaux sociaux

Les autres articles recommandés pour vous​

Restez informé, inscrivez-vous à notre Newsletter

Pin It on Pinterest