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Le traité d’Andrinople (1829) consacra la défaite des Ottomans lors de la guerre Russo-Turque de 1828. Le Sultan céda la Bessarabie (actuelle Moldavie), abandonna ses droits sur la Géorgie et l’Arménie et laissa les mains libres au Tsar en Circassie. Pourtant, cette région n’avait jamais dépendu de la Sublime Porte et ses habitants, les Tcherkesses également appelés Adyguéens, étaient farouchement indépendants. D’abord chrétiens à l’époque de Byzance, ils avaient été en grande partie islamisés au XVII ème siècle.
Les Russes essayèrent dans un premier temps de convaincre par la diplomatie les Circassiens d’accepter leur protectorat, en vain. Ils optèrent alors pour la guerre : pour imposer leur domination, ils installèrent le long de la côte une vingtaine de forts, mais ceux-ci n’offraient qu’une protection précaire à leurs défenseurs et étaient en permanence assiégés par les guerriers Tcherkesses. Les Adyguéens avaient le soutien de la Turquie, qui se garda néanmoins d’intervenir si ce n’est en paroles, et de la Grande Bretagne. Le Royaume Uni craignait en effet qu’en cas de victoire russe, les forces du Tsar ne continuent leur progression vers la Perse et ne menacent à terme l’Empire des Indes. Mais, mis à part l’envoi d’agents secrets chargés d’organiser militairement les Circassiens afin qu’ils soient plus efficaces et la livraison de quelques fusils le soutien que la Grande Bretagne apporta aux Tcherkesses fut limité.
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Cependant, une déclaration d’indépendance de la Circassie fut rédigée à Londres par un journaliste dévoué à la cause Tcherkesse. Il confectionna également un drapeau qui fut adopté par les Circassiens et est aujourd’hui l’emblème de l’Adyguée qui est une république de la fédération de la Russie. Le conflit s’éternisa, malgré l’importance des effectifs de l’armée du Tsar. Lors de la Guerre de Crimée (1853-1856) les Turcs et les Britanniques apportèrent une aide plus marquée aux Tcherkesses, mais ces derniers refusèrent de mener une offensive en direction de la Géorgie. En effet, ils ne voyaient aucun intérêt à devenir les supplétifs du Sultan et ne voulaient devenir ses sujets après le conflit.
L’Imam Chamil qui depuis 1834 tenait tête aux soldats du Tsar fut progressivement abandonné par ses partisans et contraint de se rendre en 1859.
Après le traité de Paris (1856) qui marqua la fin de la Guerre de Crimée, les Russes voulurent en finir avec les musulmans caucasiens. Doublant les effectifs de leur armée, dirigés par des officiers aguerris par 30 années de guérilla et équipés d’armes de meilleure qualité, ils portèrent d’abord leurs efforts contre les voisins des Circassiens, les Tchétchènes et brisèrent leur résistance. L’Imam Chamil qui depuis 1834 tenait tête aux soldats du Tsar fut progressivement abandonné par ses partisans et contraint de se rendre en 1859.
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Il fut traité avec égards par ses vainqueurs. Les Russes se tournèrent ensuite contre les Tcherkesses qu’ils écrasèrent malgré l’aide que leur apporta une brigade internationale composée de Polonais et de Hongrois. Le Tsar refusa la reddition des Circassiens, alors qu’il avait accepté celle des Tchétchènes. Doutant qu’il puisse obtenir une paix durable, il décida, en 1864, de vider la Circassie de ses habitants. Il laissa à ces derniers le choix entre être déportés dans le Kouban ou expulsés en Turquie. Seuls 10% des Adyguéens acceptèrent d’être installés dans la plaine, les autres furent expulsés de force.
Mais l’exode prit vite un tour dramatique. Une foule misérable se pressa sur la côte circassienne dans l’attente du départ vers l’Empire Ottoman.
Le Sultan vit dans un premier temps d’un bon œil cette immigration. Il pensait installer dans les Balkans ses nouveaux sujets et disposer ainsi de guerriers aguerris qui pourraient intimider les chrétiens locaux. Mais l’exode prit vite un tour dramatique. Une foule misérable se pressa sur la côte circassienne dans l’attente du départ vers l’Empire Ottoman. Des bateaux surchargés emmenaient les réfugiés en Anatolie où ils échouaient dans des camps sordides s’ils n’étaient pas dépouillés de leurs maigres biens pendant le voyage et jetés par-dessus bord par les marins. Le typhus et la variole firent des ravages, tuant la majorité des migrants. Cette tragédie provoqua entre 400 000 et 1 000 000 de morts et la Circassie fut en grande partie dépeuplée. Si l’expulsion des Tcherkesses avait eu lieu au XX ème siècle, le Tsar et les responsables de cet exode seraient (avec raison) déférés devant la CPI pour génocide et crimes de guerre.
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C’est une tache indélébile sur la Russie, qui justifia son intransigeance par les 400 000 morts que lui avait coûtés la conquête du Caucase. Aucun pays Européen n’a traité avec une telle sauvagerie une de ses colonies sauf peut-être l’Empire Allemand qui a massacré 90% des Indigènes de Namibie. L’extermination des Autochtones (qualifiés de « sauvages ») pour laisser la place à des colons européens était une idéologie à la mode au XIX ème siècle. On s’appuyait sur l’exemple des USA (où les Amérindiens sont passés d’un million en 1491 à 30 000 en 1880).
Ceux qui étaient encore chrétiens furent contraints de se convertir à l’islam par les Ottomans.
Les Tcherkesses se sont dispersés dans le monde entier. Ceux qui étaient encore chrétiens furent contraints de se convertir à l’islam par les Ottomans. On trouve actuellement des minorités circassiennes en Turquie, en Bulgarie, en Égypte aux USA, en Syrie, en Jordanie ou en Israël. Dans tous ces pays ils gardent une forte identité et commémorent chaque année le génocide perpétré par les Russes.
Christian de Molinier
Christian de MOLINER, est auteur de « La guerre de France » et « Islamisme radical, comment sortir de l’impasse ? » parus aux éditions Pierre Guillaume de Roux et « Qu’est-ce que l’Islam ? Les sites internet le dévoilent » et « Juste avant la mort » parus aux éditions Jean Picollec.
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