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Littérature : sommets et fossés 2020

LES SOMMETS

  1. COMÉDIES FRANÇAISES, Éric Reinhardt

Gallimard 480 p. – 22€

Le mystère des rencontres amoureuses, le fonctionnement des lobbies, la passation symbolique du relais de l’avant-garde artistique de Paris à New-York en 1942 et, surtout, l’invention d’Internet en France au début des années 70 par le visionnaire Louis Pouzin et comment celle-ci sera sabotée par le patron des télécoms et Giscard d’Estaing, président soi-disant « moderne », constituent les thèmes principaux du dernier roman d’Éric Reinhardt. Comédies françaises multiplie aussi les genres pour offrir un ensemble aussi riche, complexe que parfaitement orchestré et qui réserve encore une série de coups d’éclats. Magistral.

2. LES DÉMONS, Simon Liberati

Stock 334 p. – 20€90

Les romans de Simon Liberati sont des objets bizarres, foutraques, scintillants, comme des bijoux monstrueux. Celui-ci replonge en 1967 et la mythologie des sixties se bouscule dans cette comédie extravagante où l’on croise Warhol, Capote, Aragon. Les héros portent des prénoms de conte gothique, des noms de roman russe et roulent en Maserati 3500 GT Sebring, « une des plus jolies berlinettes des années 1960 ». L’intrigue est désinvolte à souhait, sans importance ; on traverse le livre en état de légère ébriété, on le referme avec l’impression d’avoir joué dans un film de Losey. Expérience improbable et chic, avec un petit côté Morand – la vitesse et les fêtes –, rehaussé d’accents pop.

3. KREE, Manuela Draeger

L’Olivier, 320 p. – 19€

Manuela Draeger est l’un des écrivains imaginaires que fait écrire l’immense Antoine Volodine pour aggraver encore le degré de démence de la littérature « post-exotique », ce monument de beauté étrange et noire. Voici donc les errances de Kree Toronto, une femme qui, comme tant de rescapés de divers génocides, trouve refuge dans un village soumis au règne des Mendiants terribles. Draeger-Volodine explore encore plus loin l’esthétique de la déliquescence (même le langage des personnages est désormais en charpie), enrichit de quelques saynètes remarquables le répertoire de l’humour du désastre et élabore une temporalité flottante, paradoxale, circulaire, alternant entre amnésies, ellipses et extrême lenteur. Toujours aussi fascinant.

Lire aussi : Le Top/flop littérature 2018

4. ULTRA-GRAAL, Bertrand Lacarelle

Pierre-Guillaume de Roux 192 p. – 18€

Un texte poétique, politique et frondeur que notre camarade Bertrand Lacarelle a rédigé à partir de son exploration de la grande cathédrale de mots du Livre du Graal pour un résultat puissant et fiévreux. Si le socialisme, comme disait Lénine, c’est « les soviets plus l’électricité », Lacarelle prône le XIIIe siècle et le « terroirisme », un programme fondé sur « la sécession plus le Graal ». Après ses évocations de Cravan ou Rodanski, une traversée envoûtante du premier sommet littéraire français avec perspective mystico-sécessionniste à la clé.

5. LA GRÂCE, Thibault de Montaigu

Plon, 320 p. – 20€

Après une dépression, Thibault de Montaigu, écrivain des dérives de la jeunesse dorée parisienne, se voit touché par la grâce, se convertit au catholicisme et nous offre un récit d’une profondeur, d’une justesse et d’une beauté remarquables. Suivant les traces de Xavier Dupont de Ligonnès et visitant un monastère où ce tueur présumé de sa famille se serait dissimulé après ses meurtres, le quadragénaire en déroute est soudain bouleversé par Dieu porté par le chant des moines. La quête de l’assassin va se renverser en découverte du divin et récits télescopés d’autres destins : celle d’un oncle franciscain à la jeunesse trouble, puis de saint François d’Assise... Éblouissant.

6. LE BON SENS, Michel Bernard

La Table Ronde, 195 p. – 20€

« Jusqu’au bout, il fut un petit homme dans un grand roi », écrit Michel Bernard de Charles VII, dans Le Bon Sens, qui fait suite au Bon Cœur, deux romans historiques qui se lisent d’affilée et d’une traite, servis par une langue impeccable. Le premier retrace l’épopée de Jeanne d’Arc, le deuxième prend la suite et mène l’enquête sur la révision de son procès, arrachée de haute lutte à Charles VII par quelques conseillers et ecclésiastiques soucieux de briser le jugement inique prononcé par l’Église sous la pression de l’évêque Cauchon vendu aux Anglais. La beauté de l’histoire de France, c’est le miracle de son relèvement, chaque fois que la partie semble perdue. Pour peu que quelques-uns aient la foi. Un livre qui contribue à la rendre.

7. LA NUIT DU 5-7, Jean-Pierre Montal

Séguier, 256 p. – 20€

À partir d’un fait divers tragique de la Toussaint 70, que Montal interprète en pivot invisible de l’époque, le romancier tisse une trame de destins qui s’entrecroisent et s’éloignent selon une chorégraphie admirable, en donnant tout son relief à la musique du temps qui passe, surprenante et amère. Une belle réussite.

8. PAR-DELÀ LA FORÊT, Francesco Forlani

Léo Scheer, 154 p. – 16€

Récit de l’expérience de l’auteur en tant que professeur d’italien à Dreux et Anet, deux petites villes incarnant des aspects opposés de la sociologie française, tandis qu’une forêt, entre ces deux espaces, permet aux critères sociaux de s’estomper sous la parabole universelle, Par-delà la forêt est une suite d’aperçus, de saynètes, de digressions, qui offre au lecteur de nombreux détails lumineux et quelques saltos philosophiques qui viennent éclairer un peu mieux l’étrangeté de notre existence. C’est fin, exquis, piquant.

9. DON CREUX EST MORT, Jonathan Baranger

Champ Vallon, 344 p. – 21 €

Dans une littérature locale qui manque souvent d'imagination, ce roman en forme de quête initiatique décalée et de raid picaresque montre une certaine indocilité, voire une franche insoumission. Au-delà du décor, on pourra dire que ce Don Creux est mort est le plus américain des romans français parus ces derniers temps. À grands traits, l'auteur nous fait voyager de la Floride au désert des Mojaves avec l'urne funéraire d'une figure du mouvement psycho-batave – avant-garde hermétique et barrée des sixties dont les derniers représentants accomplissent l'ultime mission. C'est grand, c'est beau, c'est frais et, derrière la comédie, c'est également une réflexion sur la jeunesse qui s'en va et l'histoire d'un culte au cœur d'un monde en déclin.

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Sélectron : le flop films 2020

Le prince oublié

https://www.youtube.com/watch?v=gntyId_b1Ws&ab_channel=Pathe

De Michel Hazanavicius avec Omar Sy, Bérénice Bejo et François Damiens

Après son biografilm réussi sur Jean-Luc Godard (Le Redoutable, 2017), Michel Hazanavicius s’attaque au conte pour enfant. Sofia, 8 ans, vit seule avec son père. Tous les soirs, il lui invente une histoire pour l’endormir. Ses récits extraordinaires prennent vie dans un monde imaginaire où l’héroïne est toujours la princesse Sofia, et son père, le Prince courageux. Mais trois ans plus tard, quand Sofia entre au collège, elle n’a plus besoin de ces histoires. Le Prince oublié est un film qu’on aurait aimé aimer. Un film populaire familial avec ses références pour chaque âge, son inventivité, sa féerie… Malheureusement, le film se révèle en carton-pâte comme ce qui lui tient de décor, se démène dans sa panoplie bon marché du Faubourg Montmartre pour ne distiller ni charme ni poésie, et n’offrir à aucun semblant de merveilleux. Un comble pour un conte.[...]

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Les critiques musicales du mois #36

FLAMENCO SURVOLTE

Manifiesta de Mathias Berchadsky, Butano/Inouïe Distribution, 16 €

« J’ai toujours considéré le flamenco comme un terrain de jeu musical, rythmique et harmonique. En Andalousie, le flamenco est une affaire sérieuse, mais n’étant ni andalou, ni gitan, je ne suis pas tenu par ses limites et je me considère libre de cuisiner avec ». Et c’est précisément cela qui est appréciable à l’écoute du Manifiesta de Mathias Berchadsky. L’affranchissement et dix années d’une écriture nourrie d’expériences, de voyages et d’apprentissages qui font de son flamenco – qui reste central dans l’album – une innovation sans clichés. La musique classique, le jazz, la musique juive et la musique carnatique du sud de l’Inde sont autant d’ingrédients de sa cuisine aussi variée que relevée. « Carnatique » désigne à la fois une région indienne et un style musical qui met l’accent sur la structure et l’improvisation par contraste avec l’hindoustanie qui développe avant tout l’expression et le sentiment. Enregistrés avec un panel de musiciens français, espagnols et indiens, certains morceaux proviennent d’une session de février 2020 réalisée à Chennai dans le Tamil Nadu, auprès, justement, d’authentiques musiciens carnatiques. La recette est savoureuse et offre sûrement la meilleure façon de venir au flamenco. Alexandra Do Nascimento

PASTORIUS RESSUSICTE

Remembering Jaco de Multiquarium Big Band, Naïve, 12 €

Il y a trente ans disparaissait Jaco Pastorius, le plus grand bassiste jazz-rock de tous les temps. Nostalgiques de Weather Report, amateurs de basse électrique fretless, amoureux des grands ensembles « cuivrés » : réjouissez-vous ! Le Multiquarium Big Band du tandem Charlier-Sourisse (batterie ; piano- orgue Hammond) invite le bassiste Biréli Lagrène, qui a décidé de faire revivre le génie disparu en reprenant les illustres Teen Town, Continuum, Used to be a cha cha… Là où l’on aurait pu redouter un hommage trop poli, on redécouvre au contraire le charisme musical particulier et l’énergie brute du maître, incarné avec dextérité et élégance par Biréli Lagrène, lequel relève un défi de taille. En 1985, dans un club de New York, Lagrène, alors guitariste, rencontre Pastorius et le maître l’invite sur scène. Ils joueront jusqu’au petit matin. Pastorius le conviera l’année suivante sur sa tournée européenne. C’est sous l’impulsion du bassiste que Biréli Lagrène adoptera lui-même ce nouvel instrument. Alors félicitations, monsieur Lagrène ! En fermant les yeux, on jurerait qu’il est là, celui qui influença des générations de musiciens et demeure aujourd’hui encore, la référence. ADN[...]

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Antipop : Bérurier Noir, conte cruel de la vieillesse

C’est le tragique de ceux qui s’imaginent indispensables : il faut toujours qu’ils rappliquent pour aggraver la situation. Bérurier noir, célèbre groupe punk français, duo emblématique des années 80 dans lesquelles il semblait enkysté à jamais (malgré un bref retour de 2003 à 2006), pourrait se reformer. Pour un groupe, se reformer, c’est défier le temps. Mais comment défier les trois dernières décennies quand on s’est toujours trompé ? Comment se réclamer du punk quand celui-ci a raccroché l’industrie de l’entertainment ? Comment invoquer la révolution quand seul le capitalisme est révolutionnaire ? Comment désirer l’anarchie quand on égorge en pleine rue ?

Un peu de rab pour l’arrière-garde

« Les Bérus » nous assurent que ce retour ne sera pas une redite mais un nouveau projet en cours de définition. Qu’importent leurs intentions ! Pour leurs fans, il s’agira de se réchauffer un rab de bon vieux temps ; et pour les plus sots d’entre eux de se prouver qu’ils n’ont pas changé. Certes, trois morceaux sont déjà composés mais, comme lors d’un concert des Rolling Stones, le public ne vibrera que pour les « tubes ». Facile d’imaginer une future prestation. Elle sera triste évidemment. Une névrose d’échec collective passée aux couleurs du carnaval. Elle débutera par les nouveaux-titres ponctués d’exhortations à l’accueil des migrants, à ne pas oublier Clément Méric – et qui sait ? Peut-être Loran, le guitariste, réitèrera-t-il son appel à voter Macron ? – jusqu’à l’apothéose : « La jeunesse emmerde le Front national », et s’achèvera sur une nouvelle version de « Salut à toi ». Et ce sera tout. Névrose d’échec car Bérurier noir jouera devant l’arrière-garde de ce qu’on appela un jour la « Génération Mitterrand », ces sous-boomers étouffés par leurs aînés qui jamais n’accédèrent pleinement à l’âge adulte comme le prouve leur effarante stérilité. Cocus mais contents, ils en redemanderont du Béru, et pour cause : c’est bien ce qu’ils auront eu de meilleur… [...]

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Sélectron : le top films 2020

Drunk

https://www.youtube.com/watch?v=JsGbO9X-C-8

De Thomas Vinterberg avec Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen et Lars Ranthe

Quatre professeurs de lycée se lancent un curieux défi afin de combattre la crise de la quarantaine : boire toute la journée, y compris pendant leurs cours, persuadés que maintenir une alcoolémie minimum leur permettra de tirer le meilleur d’eux-mêmes. Sur cette idée simple mais casse-gueule, Thomas Vinterberg tisse un joli conte social et excelle dans la peinture de l’intime. En évitant le film à thèse, il s’attache à mettre en lumière les paradoxes d’une société partagée entre hygiénisme et hédonisme, tout en dépeignant une génération sacrifiée : celle de ces quadragénaires mis à l’écart, confinés dans une vie de famille décevante où la place du père est réduite à la portion congrue. Avec un tel sujet, on pouvait légitimement s’attendre à un Vinterberg plus acide, mais le réalisateur danois semble avoir trouvé la paix et nous livre quatre beaux portraits d’hommes tout en nuances, maniant avec souplesse le drame et la comédie – jusqu’à un final solaire qui donne furieusement envie de lever le coude. Mads Mikkelsen, en mari et prof d’histoire largué, est comme toujours foudroyant de justesse.

Marc Obregon

The King Of Staten Island

https://www.youtube.com/watch?v=azkVr0VUSTA

De Judd Apatow avec Pete Davidson, Marisa Tomei et Bil Burr

Il semblerait que le développement de Scott ait largement été freiné depuis le décès de son père pompier, quand il avait 7 ans. Il en a aujourd’hui 24 et entretient le doux rêve d’ouvrir un restaurant/salon de tatouage. Sa vie est chamboulée quand sa mère, au crochet de laquelle il vit toujours, se met à fréquenter Ray, lui aussi pompier. Si l’on retrouve dès les premières minutes le style Apatow avec sa bande de pied nickelés plus loser que jamais, l’atmosphère générale désarçonne pourtant. Les répliques fusent toujours en ping-pong, l’improvisation n’est pas en reste et le potache crado du réalisateur de 40 ans, toujours puceau ne s’est pas atténué avec l’âge de son auteur, mais le ton se révèle plus rugueux. Inspiré de l’histoire de son interprète principal, Pete Davidson, comédien célébré au Saturday Night Live, The King Of Staten Island est le récit initiatique à la fois tendre et amer, d’un flingué de la vie qui n’a d’autre choix que de grandir pour ne pas mourir. Judd Apatow n’étire plus ses plans et délaisse l’obsession de la bonne vanne pour se concentrer sur son histoire. Plus sobre et plus juste, le réalisateur américain signe ici son film le plus abouti sans renier son style. Désarmant.

Arthur de Watrigant

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Vies parallèles De Gaulle – Mitterrand : notre critique

La thèse du livre est simple, de Gaulle est un géant, Mitterrand est un microbe. « Le premier donne sa vie pour sauver la France ; le second donne la France pour sauver sa vie ». La formule est répétée tout au long des 400 pages avec différentes variantes. L’attaque est si grossière et caricaturale qu’on referme le pamphlet avec l’envie assez paradoxale de défendre le président socialiste. Un comble. Onfray, qui choisit ses anecdotes avec soin, manie le manichéisme comme jamais.

Lire aussi : Olivier Rey : « C’est une rude entreprise, que de voir vraiment ce que l’on voit » [...]

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Une nouvelle traduction du Thursday de Chesterton

Quel est le sens profond du premier roman de Gilbert K. Chesterton The Man who was Thursday, paru en 1908 ? Personne ne peut le dire avec certitude, et c’est précisément ce qui le rend si intéressant à lire et relire. On le connaissait jusqu’à présent en français dans la traduction de Jean Florence, parue dès 1911 à la NRF sous le titre Le nommé Jeudi – traduction disponible dans l’édition la plus courante, celle de la collection « L’Imaginaire » chez Gallimard, avec l’impénétrable préface de Pierre Klossowski. Le livre a toujours rencontré un large succès chez nous, où il compte parmi les œuvres de Chesterton les plus connues ; il a même eu les honneurs d’une adaptation radiophonique sur France Culture en 1983, par Claude-Roland Manuel, avec Pierre Arditi, Julien Guiomar et Gérard Desarthe.

Comme toutes les traductions, celle de Jean Florence avait peut-être vieilli ; au bout d’un siècle, il n’était pas inutile de se repencher sur le texte original. C’est ce qu’a fait Marie Berne, une admiratrice de G.K.C., après avoir lu le livre en anglais lors d’un séjour à Londres, et n’avoir pas retrouvé le même enchantement dans la version française, entachée de certaines erreurs qu’elle évoque dans sa préface, sorte de mode d’emploi de son approche. Les anglicistes et les spécialistes d’études chestertoniennes débattront de la plus grande fidélité de sa version, et de ses choix de traduction (jusqu’au titre,  Le nommé Jeudi devenant L’homme qu’on appelait Jeudi) ; les amateurs, eux, se réjouissent de redécouvrir ce roman obscur et palpitant, considéré par Borges comme un chef-d’œuvre. [...]

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Station opéra : Ténor bifrons

On a oublié ces joutes vocales si célèbres en leur temps qui opposaient deux ténors aux ambitions incompatibles. C’était l’époque où le belcanto faisait loi, Naples était la capitale de la musique et Rossini régnait sur ses théâtres : neuf opéras écrits entre 1815 et 1820 pour le San Carlo, où flambe la rivalité légendaire entre Giovanni David et Andrea Nozzari. Une voix légère et agile contre une voix puissante et corsée. La température douce de la sensibilité contre la couleur sombre de la colère. Contraltino contre baryténor : les deux visages de l’éternel masculin selon Rossini.

Lire aussi : Station opéra : Bonheur olympien[...]

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