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Céline Minard : apocalypse radieuse
Céline Minard propose depuis vingt ans une littérature chic et singulière, recyclant les genres mineurs (western, manga, SF) avec style et visées inédites. Dans Tovaangar, elle entraîne son lecteur à la découverte d’une Los Angeles du futur totalement transformée, à l’instar des créatures qui l’habitent, dans leurs rapports entre elles et dans celui qu’elles entretiennent avec l’environnement. Une grande crise écologique a eu lieu et a accouché d’un monde en grande partie inédit, mais moins madmaxien que résilient, profus, empathique. Amaryllis Swansun part en expédition avec sa dronotte, un robot volant et intelligent, bientôt accompagnée d’un Gros-Cerveau, sorte d’humain des cavernes réanimalisé, et tous trois se mettent sur la trace d’une « hydro », créature aquatique noire et jaune. On traverse avec cet étrange trio grottes et terriers ramifiés, on l’observe communiquer avec un chêne ou s’extasier, parfois, devant certains paysages – désert, ruines du monde d’avant, et gratte-ciel subsistants. Cette expédition est une aventure au sens primordial du terme, dans la lignée d’un Perceval traquant dans Brocéliande une créature étrange. Sauf qu’il ne s’agit plus d’un retour à la forêt enchantée mais de la découverte d’un nouveau paradigme civilisationnel ; et que la seule créature étrange y serait l’homme d’aujourd’hui, rebaptisé « extract », vampirisant une nature perçue seulement comme un ensemble de ressources à exploiter. [...]
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« Oui » de Navad Lapid : avec filtre
Un couple de fêtards se prostitue pour vivre – mais sans génitalité (on est en 2025 quand même !) – lorsque le mari musicien se voit proposer la composition d’un hymne à la gloire de Tsahal. Frénétique et hurlard, Oui ressemble pendant trente minutes à une version ultime du récent The Palace de Polanski. Les deux heures suivantes, le film va tenter en pure perte d’exprimer le clivage de la société israélienne post-7 octobre en faisant de son personnage masculin le réceptacle de toutes ses contradictions. [...]
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Redford : le dernier vol du Condor

Pour beaucoup de femmes, Robert Redford, c’était tout simplement « Robert ». L’acteur américain qui vient de disparaître à l’âge vénérable de 89 ans était presque entré dans leur intimité, avec sa belle gueule qui était celle de l’Amérique telle qu’on la fantasmait à la fin des années 70 : mâchoire carrée, regard clair, prestance inimitable. Une gravure de mode, Robert ? Il est vrai qu’il était encore plus américain que les autres, ce pur Californien élevé au grain, à tel point qu’au début de sa carrière, victime de sa trop-belle-gueule, il fera à peu près tout pour ne pas incarner ce cliché – et ce malgré les propositions des studios, toujours avides de faire rentrer les acteurs dans des cases.

À ce titre, on pourrait dire que Redford, c’est presque la dernière incarnation de l’Américain parfait, après James Stewart ou Cary Grant, avec qui il partage cette même obsession, justement, de n’être pas salué pour sa perfection… mais pour leurs dons réels de comédien, et qui passeront leur vie à essayer d’écorner une image de papier glacée.…

Cécile Guilbert : peu importe les cadavres
Quelle est cette malédiction de Saturne que vous tentez de conjurer ?

C’est une référence à Saint-Saturnin qu’on célèbre le jour de mon anniversaire, le 29 novembre. Or c’est un nom dans lequel je n’avais, curieusement, jamais entendu celui de « Saturne » avant d’écrire ce livre. Or comme il se trouve que la plupart des êtres chers que j’y évoque sont morts en hiver – et deux fois à une date comportant le chiffre 29 - j’appelle « malédiction de Saturne » cette saison longtemps honnie à cause de tous ces deuils et que j’ai fini par apprendre à surmonter. [...]
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Fabrice Pliskin : la revanche du roman
Le Fou de Bourdieu a quelque chose de Madame Bovary, ou même trois : l’amorce d’un fait divers ; le résumé d’une époque par la bande ; une vertigineuse mise en abyme du langage. Un bijoutier de province, fils de meunier, tire sur un jeune Maghrébin venu le cambrioler, et le tue. En prison, celui qui s’appellera bientôt « Suburre » est miné par le remords, il se plonge dans l’étude de la philosophie pour trouver des réponses à son malaise, mais la discipline est complexe et surtout, indécise sur la question du libre-arbitre et donc sur celle de la responsabilité réelle. Mais la sociologie de Bourdieu agit bientôt sur lui comme une révélation. Il n’est plus coupable, c’est la structure qui l’a poussé à agir. Dans la grande lutte manichéenne entre dominants et dominés, il rejoint le camp des seconds que tout innocente, même dans le crime, contre les premiers que tout incrimine, même dans la charité. On suit alors la longue et spectaculaire métamorphose du personnage qui, après la prison, changera d’identité, de métier et de quartier, s’entichera d’un jeune banlieusard prénommé comme sa victime, cultivera une haine tenace pour son voisin journaliste bobo et basculera dans le mimétisme caillera et le banditisme. Les mantras sociologiques qui le galvanisent désormais lui épargneront tout scrupule mais lui empêcheront également tout recul sur la situation réelle, sinistre et tragique dans laquelle il fonce entre deux traces de cocaïne sniffés sur un Poche de Bourdieu. [...]
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« Sirat » d’Oliver Laxe : céleri-rave
Un père et son fils de 8 ans recherchent leur fille et sœur teufeuse dans le désert marocain vibrant de raves illicites. Ils suivent un petit groupe de marginaux qui les ont pris en pitié. Au loto du film de ce genre – quête, fuite, contreculture, explosions en série – Sirat a tous les numéros mais hélas dans le désordre, et moins le sexe. Contrairement au film radical et marquant d’Antonioni, Zabriskie Point, les personnages ne sont ici habités par aucune négativité. [...]
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« Connemara » d’Alex Lutz : les vestiges du passé
Connemara, le troisième et meilleur film d’Alex Lutz, laisse dans un premier temps une curieuse impression de déjà-vu. L’héroïne en burn-out qui retourne dans son village natal et tombe inopinément sur la bombe du lycée avec qui une idylle va se nouer rappelle plus qu’un peu la comédie musicale M6 choupinette, Partir un jour. Le fantasme adolescent qui traverse les années est d’ailleurs interprété par Bastien Bouillon dans les deux films, mécano là-bas, hockeyeur sur le retour ici. On n’accusera pas Lutz d’être à la traine d’Amélie Bonnin, puisque le roman de Nicolas Mathieu qu’il adapte date de 2022. On suppute que l’air du temps est à ces régressions : « Et si… ? », où le Paris cruel des consultantes cède heureusement la place au berceau remémoré des sous-préfectures, voire plus petit si affinités. On mentirait en n’avouant pas que ce sociétal-pantoufle étend un peu trop les trente dernières minutes de Connemara, soit l’affrontement de deux modes de vie lors du mariage-climax. [...]
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Mort de Rick Davies, fondateur de Supertramp : adieu au vagabond

Les boomers sont en deuil. Le « rock de papa » vient de prendre un coup dans l’aile avec la disparition de Rick Davies, fondateur du groupe britannique Supertramp, fer de lance de cet espère de musique progressive typiquement britannique, et dont l’efflorescence tout au long des années 70 et 80 ne nous aura laissé qu’un souvenir suspect, presque embarrassé. Souvenir de longs trajets en voitures, pendant les périodes estivales, parasités par ces chansons douce amères, ces chœurs légèrement trop enjoués pour ne pas cacher autre chose – un mystère insoluble comme seule la pop peut en fabriquer, un secret à trouver peut-être dans ces constructions harmoniques complexes au synthé, discrètement mixées, trop chiadées pour être honnêtes et qui laissaient la part belle à des guitares expressionnistes, ouvertement rock. C’était quoi, Supertramp, au juste, à part la bande-son qui faisait bailler les gosses trop nerveux des années 90 à l’arrière du break familial ?…

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