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Comme le politologue Jérôme Fourquet (La France sous nos yeux, Seuil) l’a souligné, l’évolution de notre rapport à la viande illustre, avec d’autres marqueurs, la sortie en cours de la matrice anthropologique catholique. Elle se conjugue avec une montée de l’animalisme et une sortie de la ruralité, elle-même étudiée par Patrick Buisson dans La Fin d’un monde. C’est toujours avec émotion que je me replonge dans un magnifique reportage photographique paru jadis dans l’excellente revue bretonne ArMen sur l’égorgement des porcs fermiers.
Au-delà de l’évolution des mentalités françaises, on soulignera que le rapport étroit de notre humanité à la viande n’est pas un réflexe identitaire mais bien une donnée universelle. Je citerai ici pour preuve les exemples de préparations donnés dans L’Art de la braise en plein air (L’Épure, 2016), ouvrage qui ne se limite pas d’ailleurs à la seule viande. Lisez donc cette savoureuse petite exploration mondiale menée par le « Brillat-Savarin belge » que fut Raymond Buren (1932-2009), magistrat colonial au Congo et éternel amoureux du cochon. [...]
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« Rambo 21 ». C’était le surnom de Bruno Collonges à l’école. Ce révolté, dont le cœur bat du même sang que les saints et les conquérants n’a pas volé son surnom. Les épaules épaisses, un mètre quatre-vingt, le regard franc, ce fils de sportifs de haut niveau (une mère judokate et un père karatéka) dégage un charisme de frondeur idéaliste. Un « anarchiste de l’ordre dans un monde de désordre », aime-t-il à se définir. C’est en lisant Primo Lévi en bande-dessinée et l’histoire du mouvement sioniste sur YouTube qu’il a pris conscience que « nous baignons depuis la naissance dans une culture eugéniste génocidaire », mais « qu’il est toujours possible de lutter contre l’iniquité institutionnalisée ». « Plus de 54 % des trisomiques ont subi un avortement sélectif en Europe », s’indignait-il gravement, lors de notre rencontre dans l’incubateur qu’il a fondé dans un ancien hôtel particulier du marais, « La Station Vingt-et-Un ».
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34 entreprises y sont hébergées et sont toutes portées par des handicapés, venus de tous les horizons : asperger, nains, aveugles, personnes en fauteuil roulant ou en surpoids, neuro-atypiques, gauchers… Agroalimentaire, services à la personne, informatique, sécurité : presque tous les secteurs économiques sont concernés. Même les plus surprenants. Simon, 18 ans, trisomique lui-aussi, défend par exemple un projet de « lance-chouquettes au chocolat afin de créer de l’obésité morbide chez les méchants ». Ces entrepreneurs sont accompagnés par des coaches issus des meilleurs cabinets de stratégie. Édouard Gordes témoigne : « J’ai passé quinze ans chez Roland Berger. Après un burnout, j’ai hésité entre le wicca et le wokisme. Heureusement, j’ai croisé la route de Bruno qui m’a démontré par A + B que tous ces mouvements étaient un ramassis de flaques ». De flaques ? « De flaques de chiasse ». Les wokes avaient pourtant tenté un rapprochement, au nom de « l’intersectionnalité ». [...]
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« Balek ! Pfff! J’t’en foutrais, moi, des Balek ! » Sortant du métro rue du Bac et coupant le boulevard pour rejoindre Zo’, Mathilde et E. qui l’attendaient en discutant à la terrasse du Saint-Germain, Ferdinand zu G. leur parut ivre de colère. Sous la barbe noire qui le faisait vaguement ressembler au capitaine Haddock, le quinquagénaire était pourpre comme un bouquet de pivoines.
– Balek ! grommelait-il. Balek !
– Eh bien, Ferdi, mon vieux, qu’est-ce qui vous arrive ? lança E., qui n’ignorait pas que son ami prussien avait tendance à s’emporter lorsqu’on lui manquait de respect. Un monsieur Balek vous aurait-il agressé dans les couloirs du métropolitain ?
– Tiens, fit Zo’ je sais pas pourquoi, mais ce nom me rappelle que je suis à court de cigarettes, je vous quitte une seconde pour filer au tabac chercher ma drogue… Mathilde, si tu pouvais me commander un autre ristretto ? Balek ?
– Ce ne serait pas plutôt un genre de divinité sumérienne ? suggéra justement Mathilde en posant sa tasse d’un geste plein d’élégance.
Mais Ferdinand zu G. trépignait devant la table, tardant à reprendre ses couleurs naturelles. [...]
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Rangez la chouineuse Harry Potter et sa cicatrice pourrie au front. Anne-Catherine saigne des plaies de notre Seigneur, guérit les malades par sa prière et voit les pas de Dieu fait homme sur Terre.
La petite Anne-Catherine naît le 8 septembre 1774 dans la petite ville de Coesfeld, non loin de Münster, en Allemagne. Dans sa petite famille de paysans, on baptise les mômes à la naissance au cas où ils crèveraient rapidement. Mais la petite a manifestement autre chose à foutre que de pioncer du sommeil du juste. Déjà, il faut garder les vaches et sentir la bouse : c’est un job à temps complet. Ensuite, il faut écouter le curé parler de la Bible : pour Anne-Catherine, le meilleur moment de la semaine. Elle vit ces récits comme si elle y était, mieux qu’avec l’Occulus Rift 3D ou le meeting en odorama de Mélenchon. Trop fragile pour rester dehors à torcher le cul des poules, on l’envoie faire de la couture chez la maîtresse Krabbe, qui fait son instruction en couture et religion en même temps.
En France voisine, c’est le bordel, comme à l’accoutumée. Nous sommes en 1793, le roi Louis XVI se fait raccourcir d’une tête au niveau des épaules, et de nombreux curés un peu plus futés que la moyenne fuient le pays. Pour Anne-Catherine, le message devient clair : elle sera religieuse, pour prier aux côtés des chœurs angéliques et éviter les drames français à la Westphalie. D’autant que les bails chelous ont déjà commencé pour elle. Pas de bijoux d’un prétendant merdique pour la jeune femme : Jésus lui dépose sa couronne d’épine sur le crâne, et elle saigne du front tous les vendredis.
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Le 13 novembre 1803, elle fait sa profession de religieuse comme sœur augustine. Pas de bol, l’habit règlementaire comporte une collerette blanche, et les taches de sang commencent à se remarquer, malgré ses efforts pour les dissimuler. L’abbé Lambert, qui avait fui la France, la prend à son service comme gouvernante : la petite jeune bosse sérieusement et fait montre d’une piété qui l’inspire. Malheureusement, elle ne pourra pas le servir longtemps. Parce qu’il y a un vendredi dans chaque semaine, et que c’est le jour où elle vit la Passion de Jésus comme si elle y était. [...]
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