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Éric Zemmour : « Certains doivent se dire qu’il est urgent de me faire taire »

Votre compte Instagram a été fermé ce matin : pensez-vous que la doxa est désormais prête à tout pour censure ?

La censure dont je viens de faire l’objet de la part d’Instagram – réseau, je le rappelle, détenu par Facebook – montre que les GAFAM ne veulent plus voir une seule tête dépasser. Non contents d’échapper à la plupart des régulations du fait de leur taille gigantesque, les GAFAM cherchent donc à réguler eux-mêmes chaque débat national en censurant ceux qui leur déplaisent. Personne ne doit pouvoir contester l’idéologie inclusive et multiculturelle en vigueur en Californie. Ils sont en train de transformer internet en un campus américain géant !

On assiste à l’alliance, qui peut faire sourire, entre les géants américains de la Tech, toujours plus ivres de leur pouvoir, et des activistes d’extrême gauche qui, ne supportant plus d’entendre des opinions qui les dérangent, les dénoncent en meute sur les réseaux sociaux avec leurs raids de signalements. Ce n’est plus « le vice appuyé sur le bras du crime » de Chateaubriand, c’est la délation rageuse appuyée sur les monopoles privés ! D’ailleurs, l’extrême gauche n’est pas la seule en cause : les gouvernements français et européens encouragent aussi ces entreprises à se faire police de la pensée.

En réalité, les GAFAM ne supportent pas les frontières car leur zone de jeu est mondiale et que cela leur permet d’échapper à toute régulation efficace. Ils sont donc engagés dans une lutte féroce contre tous ceux qui défendent l’identité des peuples et des nations. Ce n’est donc pas une surprise qu’ils s’en prennent d’abord à moi en France.

Ce type de réaction témoigne d’une panique totale de la part du politiquement correct. La doxa et le conformisme se radicalisent à mesure qu’ils perdent pied dans l’opinion publique

En réalité, ce type de réaction témoigne d’une panique totale de la part du politiquement correct. La doxa et le conformisme se radicalisent à mesure qu’ils perdent pied dans l’opinion publique. Ayant perdu la bataille des idées, ils voient dans la censure leur ultime recours.

Peut-on comparer cette censure à celle qui a frappé Donald Trump sur Twitter ?

Trump avait montré la redoutable efficacité des réseaux sociaux pour dynamiter la doxa médiatique. Il devait être puni. Les GAFAM ont appris de leur laxisme. Ils ont vu la possibilité démocratique qu’ils avaient offerte et ils ne veulent plus voir se reproduire ce qu’ils ont considéré comme un hold up populiste.

Pour Donald Trump, les GAFAM, à commencer par Twitter, ont feint de disposer d’un prétexte, avec le discours de l’ancien Président américain juste avant les incidents au Capitole. Officiellement, ils prétendaient lutter contre la violence politique. Bien entendu, il n’en était rien et leur entreprise était déjà clairement idéologique.

Désormais, les GAFAM ne semblent plus s’encombrer de prétextes. Ils censurent et puis c’est tout. Bien entendu, ils ne tapent pas au hasard : si je suis ciblé aujourd’hui, c’est bien parce que j’incarne l’opposition résolue au politiquement correct et à la déconstruction de l’identité de ma patrie, la France. Pour susciter de telles réactions démesurées, certains doivent se dire qu’il est urgent de me faire taire.

Comment comptez-vous réagir ?

D’abord, il faut protester et alerter l’opinion pour qu’elle fasse pression sur eux et je remercie tous les responsables politiques, quel que soit leur positionnement sur le spectre politique, qui se sont insurgés contre cette censure. Je remercie également les très nombreux témoignages de soutien que j’ai reçus depuis ce matin et tous ceux qui ont signé la pétition pour la liberté d’expression sur jesoutienszemmour.fr

Lire aussi : Zemmour, le feuilleton de l’été (1/2)

Ensuite, au-delà de mon cas personnel, je crois qu’on paie cher le fait de ne pas avoir su forger des réseaux français. Il faut définir un véritable cadre de régulation pour les GAFAM en France et en Europe, pour cesser de nous faire dicter notre conduite par des entreprises américaines qui menacent à la fois la concurrence économique et la liberté d’expression.

Enfin, après avoir déjà beaucoup payé pour mes opinions, je suis plus convaincu que jamais que la liberté d’expression doit redevenir un sujet central du débat politique. Il faut revenir sur les lois qui la restreignent en France, en particulier la loi Pleven. Il faut mettre fin à cette incitation à la délation permanente. Il faut retirer aux associations militantes la possibilité d’ester en justice : elles vivent sur les subventions de la collectivité alors qu’elles ne servent que des intérêts particuliers. Il faut que cesse la dictature des minorités qui contraint chaque jour davantage la majorité au silence. On ne me fera pas taire. [...]

Les inventaires sont-ils de droite ?

Nombre d’auteurs excellents ont vanté les mérites des listes, Borgès, Quignard et Eco, pour ne citer que ceux-ci. Ils goûtent le charme des catalogues obsolètes, des taxonomies aberrantes, des nomenclatures absconses et des choix fermés et abrupts. On sent qu’ils prisent par-dessus tout d’une part l’affirmation très personnelle d’un monde intelligible et vivable parce que réduit à des catégories qui visent à l’objectivité, d’autre part la distance évidente entre cette réduction et la réalité ; distance qui témoigne autant des préjugés de l’auteur que de l’état de la science, de la vanité de prétendre épuiser le monde que de l’égocentrisme le mieux assumé.

L’inventaire, lui, n’est pas une liste. On devine dans l’entreprise d’inventorier une volonté honnête, obstinée, méticuleuse et humble pour rassembler ce qui, réellement, épuise un sujet, au moins momentanément. Les catalogues d’étoiles, les sommes consacrées à un seul peintre, les traités anatomiques et les bases de données de fossiles ne prétendent pas être originaux ni expliquer le monde : ils offrent au chercheur comme au curieux une portion de réel la plus complète possible qui, dans son principe même de collection, avoue son incomplétude et appelle le suiveur qui, à son tour, entassera ; avec toujours le risque du scribe malfaisant supprimant telle référence ou ajoutant, saugrenue mais désormais répertoriée, telle entrée frauduleuse (l’arabe dialectal fait ainsi partie de la liste des langues de France, établie par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, la DGLFLF, aux côtés du gallo, du mahorais, du normand et de l’arawak) ; mais tous les hommes ne sont pas pervers et ceux qui dressent des catalogues donnent généralement foi en l’humanité. [...]

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Renaud Camus : « Les éoliennes sont l’emblème de l’abomination totale »

La suppression des éoliennes en France figure en deuxième place de votre programme de non-candidature 2022 : pourquoi ce thème vous tient-il tant à cœur ?

Je crois que c’est tout à fait essentiel, parce que c’est une atteinte au paysage tellement gigantesque, que c’en devient une attaque à l’être, à la façon d’habiter la Terre. Et c’est le contraire de l’écologie que de procéder ainsi, au nom de l’écologie, sinon à la destruction, au moins à l’enlaidissement massif de la Terre ; et de cette façon tellement humiliante pour l’homme avec quelque chose qui n’est pas à sa dimension, qui l’écrase partout, qui lui donne le sentiment qu’il est partout diminué, écrasé, qu’il n’a même plus le contact avec les hauteurs, les sommets.

Vous condamnez la multiplication des parcs éoliens en France, et déclarez : « Nous sommes les seuls écologistes conséquents ». En quoi est-ce être un meilleur écologiste ?

Je crois que ce n’est absolument pas être un écologiste conséquent que de construire un monde infernal et hideux. Une écologie qui ne prend pas en compte la beauté ne peut pas être une écologie. On est écologiste pour défendre la Terre, la planète, l’agrément qu’il peut y avoir à y vivre pour tout le monde. C’est une écologie totalement en contradiction avec elle-même et avec les principes qu’elle affiche. [...]

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Et revoilà la « sous-préfète » !

Le ridicule ne tue pas. Avec les auteures et les docteures, le lettre e était devenue une bombe sexuelle comme, jadis, le bikini sur l’atoll du même nom. Avec les sous-préfètes, un degré supplémentaire est franchi dans l’égalité sexuelle des droits de la langue. Égalité d’autant plus cocasse que la mode est de refuser l’assignation à son sexe biologique.

C’est en vain que l’Académie française aura rappelé, depuis 1998, que, si la féminisation des noms de métier se fait aisément par l’usage, en revanche, doit être impérativement respectée l’indifférence juridique conférée par le genre masculin dans la réglementation, dans les statuts et pour la désignation des fonctions. Ce n’est pas, en effet, Madame X qui signe une circulaire mais le ministre qui, pour un temps, se trouve être une personne de sexe féminin. Mais la circulaire restera en vigueur alors même que Madame X ne sera plus titulaire du portefeuille. Nous ne reviendrons pas sur cette guerre idéologique. Contentons-nous de dire que, si vous êtes, pour votre élève, la professeur du collège Brassens, vous n’êtes ni professeure de collège ou de médecine, ni recteure d’Université,ni procureure de la République. [...]

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Défense et illustration des langues régionales

Il est de bon ton dans les milieux de souverainistes de voir dans tout défenseur des langues régionales un sécessionniste qui s’ignore ou un fédéraliste européen en puissance. La matrice jacobine est passée par là. Telle n’est évidemment pas notre approche de la question. Pour nous, la France est riche de sa diversité réelle : ses paysages aux nuances infinies, ses traditions multiples et variées et ses parlers régionaux qui enrichissent la langue nationale. Ces idiomes indispensables pour comprendre la toponymie ou apprécier l’appellation locale d’une espèce d’oiseau ont été depuis le milieu du XXe siècle victimes d’un génocide culturel faisant partie du vaste mouvement de destruction des enracinements décrit par Patrick Buisson dans son nouveau livre La Fin d’un monde (Albin Michel).

À l’heure où le ministre libéral Jean-Michel Blanquer s’oppose à de nouvelles avancées nécessaires à la sauvegarde des langues régionales, nous nous devons de réagir et de protester pour sauver et promouvoir ce patrimoine vivant sans lequel des pans entiers de l’histoire quotidienne de la France deviendraient incompréhensibles.…

Péril vert sur la baie : entretien avec Fabien Bouglé

Des pêcheurs ont été arrêtés à Saint-Brieuc après des manifestations contre le projet éolien. Comment en est-on arrivé là ? 

Toutes les voies de recours contre le projet éolien de Saint-Brieuc ont été utilisées, et les pêcheurs, qui pensaient encore avoir une chance de gagner, se sont rendu compte que les travaux allaient donc commencer. Ils avaient demandé une étude d'impact sur les fonds marins et les espèces marines, qui leur avait été garantie par le promoteur éolien Iberdrola, devant le préfet. Mais lorsqu'ils ont réalisé qu'ils n'avaient jamais reçu cette étude d'impact, ils ont décidé de passer à l'action. Il y a eu une première manifestation début mai, à laquelle je me suis rendu, Saint-Brieuc étant ma ville natale.

Lire aussi : Charles Thimon : « Le vent est renouvelable, pas les éoliennes »

Quelques jours avant, Iberdrola avait réclamé que quelques navires de guerre patrouillent face aux marins pêcheurs. Une déclaration de guerre de Jean Castex et Barbara Pompili aux Français. Symboliquement, c'est extrêmement fort et cela a exaspéré les pécheurs. S'est ensuivie une manifestation le 29 mai qui s'est déroulée bruyamment mais sans arrestation. Plus tard, des pêcheurs ont été arrêtés, poursuivis pour outrage à agent, placés en garde à vue et pour certains condamnés à huit mois de prison avec sursis et deux ans de mise à l'épreuve.

C’était une tentative d’intimidation ? 

Ils ont pratiqué la même tactique que pour les Gilets jaunes et cru qu'ils allaient intimider des pêcheurs, qui sont des gens qui vivent à la dure ! Ce n'est pas une garde à vue qui va leur faire peur, alors qu'ils travaillent chaque jour dans des conditions très rudes. Un pêcheur m'a dit : « On va prendre cher, ce n'est pas grave, avant nous il y a eu des résistants au nazisme ; ces gens-là veulent détruire notre gagne-pain et nous allons également résister ». Finalement, des centaines de manifestants de toute la France se sont retrouvés à Noirmoutier, au Tréport, et ailleurs. [...]

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À propos d’une gifle : en avoir (de l’audace) ou pas

Bien, le président Macron s'est donc pris une claque in vivo. En attendant une autre annoncée aux régionales. J'imagine que L'Incorrect aura tout dit de ce qu'on peut dire de l'« événement » : problème de la sacralité de la personne du chef de l'État, lequel a par ailleurs tout fait pour désacraliser sa fonction ; grotesque du tocsin républicain sonné par Mélenchon et sa clique sur le péril extrême droitiste alors que des centaines de Français sont morts, victimes de terroristes dont le cri de ralliement n'était pas vraiment « Montjoie Saint-Denis ! », etc.

Occasions prestigieuses manquées

Tiens c'est peut-être ce qui me gêne le plus dans cet incident, ce cri venu du plus profond de notre histoire. Ça éloigne le geste de ce jeune Damien de la politique, pour le relier au dandysme. C'est bien d'ailleurs le dandysme, et du reste ça devient une denrée rare comme le courage au pays de Macron et d'Hanouna. Sans parler qu'incontestablement ce jeune homme s'est mis en danger pour cette beauté du geste, comme ses héros médiévaux chevaleresques de référence. Mais justement choisir un slogan du temps des bannières et oriflammes pour s'en prendre au fondé de pouvoir hexagonal de la mondialisation libérale, ce n'est pas tout-à-fait raccord, je trouve : les gens, les Français à qui son geste était malgré tout destiné vont penser que Damien est un marginal nostalgique, une sorte de « gothique », et non un représentant de la France qui n'en peut plus hic et nunc.

Peut-être aussi qu'on n'a pas toujours envie d'ajouter de la marginalité à la marginalité, et qu'on pense qu'on s'est déjà pas mal compromis par rapport à la moyenne de ses compatriotes

Bon enfin, il a osé, et c'est déjà quelque chose en ces temps où l'audace et l'agressivité semblent réservées à des catégories bien ciblées de jeunes hexagonaux. Et moi, et moi, et moi qu'aurais-je fait au fait ? Moi, le hasard m'a fait voir de près, dans les rues de la grande ville, des personnalités aussi attachantes que Georges Marchais (dans le cadre d'un procès, il est vrai), BHL, Harlem Désir, Jean-Louis Debré, Olivier Besancenot, Jean-Louis Cambadélis, Marek Halter, Michel Denisot… Et je n'ai rien dit ou fait. Une sorte de timidité à froid, de lassitude après tant d'années à baigner dans la tension politique ou para-politique. Peut-être aussi la crainte de ne pas contrôler la suite – d'une injure ou d'un doigt d'honneur, ou même d'une bonne vanne – et de me retrouver très emmerdé pour une simple bravade. [...]

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Jeu vidéo : l’annuaire interdit aux blancs

Début juin, Tavrox Games, petit studio français de jeu-vidéo – connu pour le médiocre « Neurodeck » subventionné par le CNC – lançait « couleursdujv.fr », un annuaire professionnel en ligne dédié aux « profils BIPOC » pour « enrichir [sic] » le secteur. BIPOC est l’acronyme anglais de « Noirs, Indigènes et Personnes de Couleur ». Dit autrement : « Tout le monde sauf les Blancs ». L’on notera la bêtise du terme en dehors des États-Unis : les indigènes, chez nous, renvoient aux Gaulois et aux Francs. Signalons qu’il implique aussi que les Européens de souche sont incolores, une manière pour la tyrannie woke de les opposer par essence au reste de l’espèce, voire de les déshumaniser. 

L’annuaire, publiquement consultable, compte au jour de la rédaction de cet article 21 membres accompagnés de leur pronom (« il », « elle » et bien sûr « iel »), dont le fondateur de Tavrox Games. Ses employés, presque tous blancs d’après le site du studio, ne pourront donc rejoindre le réseau de leur patron. Dommage. 

Lire aussi : Twitch : ceci n’est pas du sexe

[...]
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L’Incorrect numéro 73

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