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En dépit d’une défaite assez large et des évènements de l’entre-deux tours, l’arrivée de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle française en mai 2017 fut un petit événement. Ce moment français a, par la suite, trouvé confirmation lors d’élections en Europe, où la droite “dure” s’est distinguée. Citons notamment l’Autriche, la Pologne ou la République Tchèque, prochainement la Hongrie. Désormais, les regards européens se tournent vers l’Italie, les élections générales s’y tenant ce dimanche 4 mars.
À cette occasion, les électeurs sont appelés à renouveler les 630 sièges de la Chambre des députés et 315 des 320 sièges du Sénat italien. La coalition dite de “centre-droit” inquiète de nombreuses personnalités marquées plus à gauche, comme l’ancien Président du conseil Matteo Renzi. En effet, selon les sondages, la coalition de droite pourrait arriver en tête, faisant ainsi de l’Italie le premier pays d’Europe de l’Ouest à inaugurer une alliance des droites conservatrices et nationales depuis l’épisode autrichien.
L’un des évènements qui aura le plus marqué la campagne est l’affaire Pamela Mastropietro, la jeune italienne assassinée et démembrée par un migrant nigérian à Macerata. Cet assassinat traumatisant pour les Italiens a poussé Luca Traini, un militant de droite « radicalisé », à se venger en tirant au 9 mm sur des personnes noires, faisant six blessés dont deux graves. Ce drame a logiquement focalisé la campagne et l’attention des médias sur la question migratoire et la sécurité, avec la droite italienne notamment qui affiche pour principaux thèmes la sécurité et l’identité. La meilleure illustration de ce phénomène se trouve dans le slogan choisi par Matteo Salvini, tête de liste de la Lega : « Prima gli Italiani ! » (les Italiens d’abord), qui n’est pas sans rappeler le « America First » de Donald Trump.
L’un des évènements qui aura le plus marqué la campagne est l’affaire Pamela Mastropietro, la jeune italienne assassinée et démembrée par un migrant nigérian à Macerata.
Outre ce climat tendu dans le pays et la crise migratoire sans précédent que traverse l’Europe, ces élections ont pour particularité de se dérouler dans le cadre d’une nouvelle loi électorale. Cette nouvelle loi, appelée loi Rosatellum bis, est reprise de la loi Italicum. Elle met en place un scrutin mixte : 36% des sièges sont alloués au scrutin majoritaire à un tour, et 64% au scrutin proportionnel. Un tel scrutin fonctionnant par trois votes donne la part belle aux coalitions. Cela explique qu’après les épisodes polonais, tchèque, hongrois et autrichien, et dans ce contexte de crise migratoire et identitaire en Europe, l’union des droites a été possible au sein d’une même coalition en Italie. Le parti de Silvio Berlusconi a réussi à s’allier avec Matteo Salvini et son mouvement -rebaptisé Lega en vue de présenter des candidats au niveau national- ainsi que les nationalistes de Fratelli d’Italia, et divers satellites de droite au sein d’une grande coalition de droite nationale. Un tel équivalent en France irait de Laurent Wauquiez à Marine Le Pen en passant par Nicolas Dupont-Aignan et « Les amoureux de la France ».
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Face à cette coalition de droite, se trouve le M5S (Mouvement cinq étoiles), fondé par le comique Beppe Grillo. A l’origine dans une dynamique populiste de gauche, ce mouvement s’est rangé et se positionne dorénavant comme une solution centriste, « pour l’union politique européenne, contre l’union économique ». S’il n’exclut pas le retour aux monnaies nationales, il a cessé de critiquer la construction européenne en tant que telle. Cependant, entaché dans des affaires de corruption à la mairie de Rome ou encore par l’affaire Salvatore Caiata, le M5S marque le pas. La droite italienne semble aussi profiter de l’usure du pouvoir du parti démocrate (centre-gauche). Le dernier sondage autorisé du Termometro Politico, en date du 16 février, a placé en tête la coalition de centre-droit à 37,5%, suivi du M5S à 26,3% et de la coalition de centre-gauche à 25,5%.
Cette « union des droites » pourrait être un exemple de réussite électorale pour l’ensemble de la droite en Europe de l’Ouest.
Ces estimations sont révélatrices d’une autre préoccupation chez les Italiens : le problème de la précarité. Ce thème est très présent dans les campagnes électorales. Silvio Berlusconi a en ce sens proposé un revenu « de dignité » de 1000 euros, là où le M5S du jeune Luigi di Maio en proposait 780. Si le « cavaliere » a habitué les Italiens à la surenchère électorale, cette proposition entre en résonnance avec les axes de campagne, « lavoro e sicurezza » (travail et sécurité) martelés sur les différents plateaux télévisés.
La stratégie italienne du « aucun ennemi à droite » semble payante. La coalition a réussi à imposer ses thèmes au centre de la campagne et à capter l’attention des électeurs et des médias, devenant ainsi le parti en tête de la course électorale. Cette « union des droites » pourrait être un exemple de réussite électorale pour l’ensemble de la droite en Europe de l’Ouest.
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