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Les critiques littéraires de l’été

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Publié le

19 août 2022

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Chaque mois, L’Incorrect sélectionne pour vous le meilleur et le pire de l’actualité culturelle. Perles rares ou navets survendus, authentiques exploits ou pathétiques arnaques, ici se poursuit l’ambition de distinguer. À rebours de la tyrannie du médiocre, du politiquement convenable et du consensus, nos critiques vous redonnent le sens des hiérarchies. Place aux critiques littéraires de l’été.

Parisien en diable

Nocturne français, Bertrand de Saint-Vincent, Grasset, 300 p., 20,90€

La chronique mondaine est un exercice délicat, parce qu’il faut être partout et connaître tout le monde mais en même temps montrer qu’on méprise tout et qu’on n’est dupe de rien. En être, mais dauber. Bertrand de Saint-Vincent marche sur ce fil avec une élégance persifleuse et capture l’air du temps des années 2010-2020 dans le monde des lettres, de l’art, de la mode ou du cinéma. Portraits grinçants (Angot en lecture publique, souverainement odieuse), méchancetés impeccables (Audrey Tautou et Isabelle Huppert dans un gala de charité, épaules nues: « On dirait deux squelettes tirés à quatre épingles »), curiosités (un déjeuner avec Dodo la Saumure, une nuit au monastère, un recueil de répliques d’Ophélie Winter), le tout en grand style. En guise de préface, un requiem pour l’esprit français, l’humour et la légèreté, ensevelis de nos jours sous le wokisme et la chasse aux offenses. Ce livre est parisien en diable, mais dans le bon sens du mot. Jérôme Malbert


Choses vues

Le Bon Air de la campagne, Hubert Van Rie, Presses de la Cité, 96 p., 18€

L’illustrateur Hubert Van Rie s’est mis en tête de suivre les réunions publiques des candidats de la dernière élection présidentielle et d’en faire un livre de reportage dessiné. Si le lecteur friand de petites phrases assassines, de révélations fracassantes sur les coulisses d’une campagne ou d’analyse politique restera sur sa faim à la lecture de ce livre, l’amateur de dessin sera quant à lui enchanté de découvrir les élégants instantanés de cette présidentielle qui semble déjà très loin et dont on se demande si elle a vraiment eu lieu – qui se souvenait des Michel Barnier, Anne Hidalgo, Xavier Bertrand ou Christiane Taubira (parmi tant d’autres) avant de les retrouver dans cet ouvrage ? Élégants instantanés, telle est la marque du style Van Rie : un dessin noir et blanc dense (parfois trop, quelques touches de couleurs n’auraient pas déparé), vif (ce sont des croquis) mais toujours chic et bien élevé (ce qui est finalement assez rare dans le monde du dessin de presse). Ainsi Van Rie continue à tracer un sillon initié avant lui par des dessinateurs tels que Sem, Floch’ ou Honoré. Pour notre plus grand plaisir. Nicolas Pinet

Lire aussi : Éditorial culture de l’été : Listes contraires

Curiosité

L'Obsession du Matto-Grosso, Christophe Bier, Le sandre, 94 p., 10 €

L’Obsession du Matto-Grosso porte sur un sujet parfaitement original: Christophe Bier, spécialiste du bizarre et amateur de curiosités littéraires, notamment d’érotiques, y mène l’enquête sur la « Select-Bibliothèque », une série de romans fétichistes du début du siècle, spécialisée notamment dans les « attelages humains » (montures, harnachement, cravaches et compagnie). Les auteurs ? Un certain Skan, soi-disant traduit par un certain Bernard Valonnes, ou encore un mystérieux Don Brennus Aléra. Sûrement la même personne. Mais qui se cache derrière cette collection de pseudos ? Bier remonte la piste, passe des annonces, visite des entrepôts de bouquinistes louches, sillonne la France et touche au but. Ce petit romanquête est amusant au début, à cause du sujet, puis il devient vite grisant, et même émouvant. Ce n’est pas un livre sur l’érotisme, ou pas seulement : c’est une méditation sur l’esprit de collection, sur le goût du passé, sur les marottes dévorantes, sur les filiations inventées et les pères d’adoption. D’ailleurs, Bier relance la « Select-Bibliothèque » avec de nouveaux volumes qu’il a écrits lui-même, sous le nom de Don Brennus Aléra fils (tapez select-bibliotheque.com) ! Au programme, « attelages humains, féminisation, modifications corporelles, dressage canin, fétichisme des talons hauts et du cuir verni ». Les illustrations, par Sybil, pastichent tout en les modernisant les dessins d’époque, dont Bier reproduit une sélection carabinée, ce qui parachève le côté livre-objet de ce petit volume improbable et touchant (si l’on ose dire), à regarder comme à lire. Bernard Quiriny [...]

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