Skip to content
Son of Philadelphia : notre critique
Jérémie Guez est un écrivain français. Après une première incursion dans le cinéma avec le touchant et remarqué Bleudbird (2012) mais sortie en VOD en France, le voici de retour avec Son of Philadelphia, un polar noir, bien noir. Philadelphie, il y a trente ans, la famille de Michael a recueilli Peter à la mort de son père, dans des circonstances opaques. Aujourd’hui, Peter et Michael sont deux petits malfrats aux tempéraments opposés. L’un est aussi violent et exubérant que l’autre est taciturne. Quand Michael est désigné comme « gênant » par la mafia italienne, le passé trouble de la famille ressurgit... [...]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Punk hérétique pour hymne cannibale

Nous sommes le 16 avril, il est presque une heure, nous n’avons plus que la télé. Une sélection de DVD a été faite sur un canapé beige. Après avoir vu Masques de Chabrol où la garde-robe de Noiret constitue le précis de mode parfait, et ses leçons de vie absolues, « étaler ce qui devrait être pudique est une obscénité », nous passons à Schizophrenia de Gerard Kargl. « Gaspar Noé conseille ce film. Oui, je sais. Comment tu le sais? Je ne sais plus dans quel magazine. Et toi? Moi non plus ».

L’histoire est simple et clinique – après avoir purgé une peine de quatre ans pour avoir assassiné une femme âgée (sans aucun mobile), un homme se met immédiatement à la recherche d’une proie. Il finira par s’introduire dans la première résidence trouvée sur le chemin, scellant ainsi le destin d’une petite famille bourgeoise. Une sorte de Vis ma vie en temps quasi réel de déséquilibré/tueur en série. Le prologue est une mise en garde et explique la situation actuelle : « Je n’avais aucun mobile, j’avais seulement l’impression qu’il devait se passer quelque chose ».

Lire aussi : Réouverture des cinémas : les films à voir et à fuir

Ici on est en Autriche dans les années 80. Les couleurs sont belles et froides. Tout est photographique. C’est mortifère et obscène. Le look du personnage est idéal, punk en costard d’hérétique intégral. Erwin Leder ressemble à un vampire avec son grand corps désarticulé d’aristocrate. Le crime devient sexy sur la musique de Klaus Schultze. Le Carpenter allemand. Il faisait partie de Tangerine Dream, ce groupe un peu new age berlinois. Schultze connaît le grave d’un synthé, la note qui fait battre le cœur. La répétition et le minimalisme ne font qu’accroître la tension des images.

La caméra vit, ne reste jamais en place. Elle désoriente autant que le personnage. C’est un corps, souvent nerveux, presque hystérique. On fait du surplace dans un paysage vide qui ressemble à son espace mental. Le massacre est de hasard. La violence, l’extase et l’angoisse contrastent avec le monologue intérieur ininterrompu du personnage. La voix off est l’illustration de la folie. Nous sommes immergés dans les pensées du tueur, qui exprime ses pulsions dévastatrices, son désordre existentiel: « J’ai peur de moi-même, de ce que je suis ». L’errance est traumatique ; il faut poursuivre, inlassablement. [...]

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Promising young woman : notre critique

Un film de femme, joué par une femme sur les femmes pour... dénoncer les hommes. Tout de suite ça fait rêver. Voyez plutôt : tout le monde s’entendait pour dire que Cassie était une jeune femme pleine d’avenir jusqu’à ce qu’un évènement inattendu ne vienne tout bouleverser, un évènement qu’on ne vous révèlera pas.(...)

Lire aussi : Bella : notre critique

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Theorem of joy : Post-rock intime

Si les connaissances harmoniques de Thomas Julienne lui permettent d’orchestrer idéalement ses compositions, celles-ci tirent avant tout leur remarquable puissance de son génie de la mélodie ! Disciple de Tchaïkovski et Prokofiev, prodigue en arpèges à la Radiohead ou Nick Drake, Julienne nous offre avec L’Hiver un second album littéralement sensationnel. La direction musicale y met en valeur la mélodie (son étirement, ses rebonds, sa résolution), quand la direction artistique plonge dans l’espace intérieur de l’artiste et nous mène à « des contrées mystérieuses aveuglantes de clarté ». Entretien avec un fin stratège du solfège. 

Pouvez-vous nous résumer votre parcours ?

Je suis le seul musicien de ma famille, et j’ai commencé d’être un guitariste autodidacte à l’âge de 15 ans, avec mes premières expériences de jeu en collectif et une recherche d’identité artistique par des compositions originales. Mon éducation savante a été tardive, puisque je n’ai été au conservatoire qu’à 22 ans. Le spectre des premières musiques qui m’ont touchées allait de la vivacité de Vivaldi à Simon & Garfunkel, Neil Young, The Doors, jusqu’à la libanaise Fairuz. Puis il y eut cette rencontre avec Rija Randrianivosoa, musicien et professeur malgache qui m’a initié aux bases du jazz et à un sens de l’improvisation particulièrement libre. De mon master de sociologie, j’ai gardé dans ma musique un certain regard analytique, et puis un réflexe de questionnement métaphysique. J’ai également fondé le collectif Déluge, un label de musicien pour les musiciens. Ça nous permet d’être indépendants en auto et cogestion. Je pense qu’il est important pour les artistes de se réapproprier leurs outils de production et de respecter une éthique concernant l’économie de la musique.

Vous êtes multi-instrumentiste dans bon nombre d’autres projets, mais dans celui-ci, vous vous concentrez sur la contrebasse : pourquoi ?

J’ai toujours un peu de réserve à avouer que j’ai choisi arbitrairement ce magnifique instrument ! Autour de moi, il y avait trop de guitares dans les groupes, j’ai pensé que quelqu’un devait s’emparer de la basse et j’ai tout de suite eu des affinités avec cet instrument, sentant les possibilités immenses qu’il recelait dans chaque style de musique abordé. J’ai développé le travail à l’archer en étudiant les suites de Bach afin d’accéder à un territoire mélodique plus riche et pouvoir augmenter ma liberté vis-à-vis de l’instrument. L’archer joué se rapproche plus du chant ou d’un instrument soufflé et cette expressivité est touchante. Dans le jeu à main nue, l’attaque de la note, des doigts sur la corde vont plus se rapprocher d’un geste de percussionniste ou de batteur en pleine conscience rythmique. Vous n’entendez plus seulement la ligne de basse, mais vous percevez l’ensemble de l’orchestre ! On peut même aller plus loin dans l’expérience rythmique en « préparant » la contrebasse avec des feuilles métalliques, du verre, des pinces à linge ou la frapper avec des baguettes. Dans tous les cas, la fonction de cet instrument est la même : poser les fondements du groupe. La précision de l’attaque, l’émission du son de la note, son caractère, tout cela doit demeurer compréhensible pour l’auditoire. La contrebasse a cette responsabilité de placement qui se définit en accord avec le batteur.(...)                   

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
La culture dans les griffes de la gauche

Après avoir nommé Jack Lang au poste à la Culture, avec un budget doublé dès 1982, jusqu’à représenter 1 % du budget de l’État (de 2,6 milliards de francs en 1981, il sera à 13,8 milliards de francs en 1993), il faut bien dépenser tout ce pognon: créations de centres artistiques nationaux, aides à la création, mise en place de journées dédiées (fête de la musique, journée du patrimoine, fête du cinéma), de fondations (les fonds régionaux d’art contemporain, le centre national des arts plastiques), mise en œuvre de chantiers plus extravagants les uns que les autres; tous les copains de la mitterrandie se font arroser: l’Art Officiel est né, ce sont les potes, ils sont de gauche. Ils sont placés à la tête des fondations, ainsi les places et les distributions d’aides ne se font plus que par copinage ou par cooptation.

Lire aussi : Mitterrand #saccageparis

Parallèlement, la télévision publique met en branle une machine de propagande: le début des années 90 voit notamment la création d’Arte, qui est depuis la chaîne officielle de l’Antifrance, mais surtout la diffusion de séries télévisées imposant une vision fantasmagorique de la vie typique du socialisme, qui se poursuivra bien après la disparition de François Mitterrand, ouvrant la porte au lavage de cerveau permanent diffusé par nos téléviseurs. On peut penser à la très anecdotique Seconde B, qui suit les aventures de cinq adolescents d’un lycée difficile de banlieue parisienne, leurs peines de cœur, et traite des problèmes de société, du multiculturalisme. Bien entendu, les élèves sont tous adorables, métissés, et veulent régler les problèmes du quartier.

Tous les copains de la mitterrandie se font arroser: l’Art Officiel est né, ce sont les potes, ils sont de gauche

On peut aussi évoquer L’Instit, série dans laquelle on se prend d’affection pour un professeur remplaçant qui aide les élèves en difficulté sur fond de problèmes de société (encore et toujours les mêmes), et qui préparait les parents aux changements à venir dans l’Éducation nationale : le professeur n’est plus celui qui transmet le savoir, mais un « grand-frère », un éducateur là pour régler les problèmes des jeunes.

Les enfants de ces deux séries seront P.J, qui illustre la vie d’une police judiciaire fictive dans le Xème arrondissement (l’un des plus mal famés, déjà à l’époque), où les problèmes peuvent se régler en « battle de danse », et où une vilaine fliquette blonde et raciste finira par faire un enfant avec un policier noir, et aussi, mais surtout, l’inénarrable Plus belle la vie, qui aura diffusé, au moment où sont écrites ces lignes, 4 286 épisodes d’un Marseille fantasmé où des skinheads blancs agressent les Arabes. On trouve au casting notamment le prêtre Christian Delorme, à l’origine de la Marche des Beurs, mais aussi Matthieu Kassovitz. Tout un programme. [...]

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Potemkine, l’éditeur de rêves

Si la crise du virus profite aux plateformes de diffusion, les ventes de DVD n’en finissent pas de chuter depuis 2010, un mouvement accéléré par les confinements. Les éditeurs de DVD français tentent de s’adapter, estimant qu’ils pratiquent désormais un métier d’artisan à rebours de la consommation de masse. En proposant des objets luxueux et des œuvres rares aux cinéphiles, certains tirent même leur épingle du jeu: ainsi les ventes se maintiennent dans un nouveau marché de niche. Face à la fermeture des salles, certains petits éditeurs rivalisent d’inventivité pour développer une ligne éditoriale exigeante, consacrée aux auteurs cultes ou oubliés. Parmi eux, Potemkine, au départ une simple boutique parisienne, s’est forgée une solide réputation avec un catalogue composite qui réunit les passionnés autour d’objets à la présentation soignée. Maxime Lachaud, spécialiste de ce qu’il nomme lui-même le « cinéma halluciné », s’est penché dans un beau livre exhaustif sur l’histoire de cet éditeur hors normes, qui a permis à de nombreux amateurs de collectionner les raretés.

Vous êtes issu du journalisme musical et spécialiste de certains mouvements alternatifs. Quel lien peut-on faire entre la cinéphilie « fétichiste » dont vous vous revendiquez et la culture underground ? 

Dans mon parcours, les arts, la littérature, la musique, le cinéma ont toujours été indissociables. Un film nous amène à écouter une musique qui nous donne envie de lire tel auteur. Mais en effet, j’ai toujours été plutôt attiré par les marges, les bizarreries, tout simplement parce qu’elles me touchaient et me parlaient plus intimement que les œuvres plus consensuelles ou grand public. Sans être collectionneur, j’ai accumulé, jusqu’à ce que mes étagères deviennent des trésors d’archives. Je demeure un chercheur et ces « fétiches » sont comme des pages de dictionnaires qui m’aident à avancer dans mes réflexions personnelles.

Potemkine, ce fut d’abord une boutique de DVD qui avait pignon sur rue dans la capitale. Ce socle concret vous a-t-il conféré une singularité et une force ?

Oui, cette boutique existe toujours dans le Xe, et c’est une force car cette proximité entre les éditeurs et les spectateurs, entre ceux qui créent les œuvres et ceux qui les apprécient, notamment par le biais des rencontres, est le signe d’une véritable indépendance. J’ai aimé l’intransigeance des choix des éditions Potemkine dès le départ, avec des premiers titres comme Requiem pour un massacre (Klimov), Mère et fils (Sokourov) ou Walkabout (Roeg). Pour assumer de publier des films aussi noirs et formellement uniques, et s’être tenus à une ligne éditoriale aussi exigeante, il fallait une vision, une folie.

Si j’ai écrit ce livre, c’est parce qu’en tant que grand lecteur, je rêvais de posséder un tel ouvrage

C’est à ma connaissance le premier essai consacré à un éditeur de DVD…

Mis à part des livres d’images et de jaquettes, je n’ai trouvé aucun livre qui parle de l’édition DVD sous l’angle qui m’intéresse : celui de la mémoire, des secrets de fabrication, de notre besoin de transmettre et des anecdotes humaines qui se cachent derrière ces objets énigmatiques. Si j’ai écrit ce livre, c’est parce qu’en tant que grand lecteur, je rêvais de posséder un tel ouvrage. C’est presque un plaisir égoïste ou une quête. Ce sont les éditions Potemkine qui m’ont amené vers le « cinéma hypnagogique », ce cinéma du seuil, entre la veille et le sommeil, entre la vie et la mort, un cinéma qui, de par sa quête de l’invisible, nous entrouvre les portes de mondes inconnus.(...)

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Possessor : notre critique
Ce n’est pas évident de faire du cinéma lorsqu’on est le fils de David Cronenberg, a fortiori lorsqu’on s’inscrit dans son héritage direct. En véritable excroissance de son père, Brandon Cronenberg œuvre dans une sorte de science-fiction horrifique et cérébrale, travaillée par les mêmes obsessions (viralité, « nouvelle chair », pulsions scopiques, etc.) mais ajournée […]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Duteurtre fait le bilan
Autoportrait, récit autobiographique, livre de souvenirs mélangé de bribes d’essai et agrémenté d’une nouvelle : Ma Vie extraordinaire est un livre composite que Benoît Duteurtre, profitant de la souplesse de l’étiquette, a nommé « roman » ; il s’inscrit dans le cycle commencé en 2008 avec Les Pieds dans l’eau, et qui comporte aussi L’Été 76 et Livre pour adultes. Le titre n’est pas une fanfaronnade, mais une manifestation d’élégance humoristique : là où l’esprit du temps veut qu’on récrimine et qu’on se plaigne à tout bout de champ, Duteurtre trouve poli d’insister sur ce qui a illuminé son existence plutôt que sur ce qui a pu la blesser, et qui doit n’être évoqué que par la bande – never complain, disent les Anglais. Ma vie extraordinaire se veut ainsi une « chronique de ses enchantements », une « quête du merveilleux jusque dans la banalité de la vie » (dixit la quatrième de couverture, très juste), articulée autour de rencontres, d’époques et de lieux. On trouve l’auteur tout entier dans ce livre-kaléidoscope composé avec art : Duteurtre le mélomane, amateur d’opérettes et de maîtres oubliés, producteur pour France Musiques, pourfendeur de la secte dodécaphoniste ; Duteurtre l’écrivain, amateur de comédies ; Duteurtre le fils de grande famille ; Duteurtre le contempteur houelle-becqo-murayien des mœurs contemporaines. [...]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile

L’Incorrect

Retrouvez le magazine de ce mois ci en format

numérique ou papier selon votre préférence.

Retrouvez les numéros précédents

Pin It on Pinterest