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Les critiques littéraires de mars 2/2

PERCUTANT

Muscle d’Alan Trotter, Denoël, 304 p. — 22 €

Hommage aux genres de l’ombre de la première moitié du XXe siècle, Muscle est un roman noir chargé d’images inventives, se jouant des codes d’une manière audacieuse. Au détour de ce que l’on devine  être les années 1930, dans une ville américaine ravagée par la pègre, deux gars s’associent pour devenir partenaires de crime : recouvrements de dettes avec cassages de mains à la clé. Si le narrateur est une impressionnante masse de muscles en errance, son acolyte est essentiellement animé par la violence. Entre deux missions sanglantes, l’ennui règne, sévère, absurde, aussi joue-t on aux cartes avec la faune interlope du coin après un tour de manège. C’est là que le narrateur découvre les écrits « pulp » d’un futur client. Ces nouvelles vont finir par le hanter, au point que les histoires de paradoxes temporels et autres perspectives dickiennes viendront bouleverser la trame principale. Armé d’un humour austère et d’un verbe précis, l’écossais Alan Trotter signe un premier roman percutant.  Alain Leroy [...]

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Les mémoires du général Wrangel réédités
L’histoire de la Russie entre 1914 et 1921, est celle d’un pays qui passe des princes et princesses aux chars d’assaut et mitrailleuses en moins de six ans, tandis que l’Europe dansait le jazz dans des salons art-déco. Ce type de contexte fait naturellement émerger, chimiquement, des personnages et des péripéties d’un romantisme tragique. Par […]
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Walter Benjamin : entre tradition et révolution

Né en 1892 dans une famille ashkénaze assimilée de la bourgeoisie berlinoise, Benjamin s’affirme rapidement comme un auteur qui aime à concilier les contraires : il est tout à la fois un Allemand francophile, un matérialiste inspiré par la tradition romantique et la mystique juive – en témoigne sa riche correspondance avec son ami Gershom Scholem – et enfin un marxien hétérodoxe, lecteur de L’Action Française et fasciné par Louis-Auguste Blanqui, la némésis française de Marx. L’on se souvient surtout de Benjamin pour son livre L’oeuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, dans lequel il constate que les procédés modernes de reproduction artistique engendrent le déclin de l’aura des créations – aura jadis cristallisée dans l’individualité d’une sculpture ou d’un tableau, dans la matérialisation hic et nunc du génie créateur. Pour autant, résumer l’apport intellectuel du philosophe à ce court essai s’avère fort réducteur. [...]

Lire aussi : Éditorial essais de mars : Demain, il fera nuit

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D’Underground Youth à DJ Muggs : L’apocalypse sur votre platine

DJ Muggs the Black Goat (la chèvre noire), figure de l’aristocratie hip hop californienne, offre avec Dies Occidendum un opus qui n’aurait pas dépareillé dans la bande-son du Rosemary’s baby de Roman Polanski, un heureux mélange de rock psychédélique, de folk tzigane et de trap, la musique actuelle des ghettos. Un album qui, comme le menaçait Marcelus dans Pulp fiction, « gonna get medieval on your ass ». Les seules voix que l’on entend sur ce disque viennent de dialogues sans doute extraits d’un film fantastique des années soixante de la Hammer. On ne remerciera jamais assez celui qui a pris comme symbole un animal démoniaque de nous réveiller l’âme par la peur. En son temps, Jérôme Bosch, peignant des visions de l’enfer parvenait de la même manière à raviver la Foi par l’effroi. Cette conception du christianisme originel nous console parfois des errements mièvres post Vatican II.

Les rois de la boue

De Screaming Jay Hawkins à Black Sabbath en passant par Joe Meek, le rock a depuis toujours flirté avec les « peurs indicibles » chères à Jean Ray, l’auteur de Malpertuis. Si le label Magnetic Eye est basé à Los Angeles, ses poulains viennent de tous les coins du monde électrifié. Le Royaume-Uni pour Elephant Tree, la Suède pour Domkraft, l’Australie pour Horsehunter, et les États-Unis pour Summoner. Tous ces groupes se sont réunis un soir de novembre 2019 afin d’injecter un peu de testostérone dans le très gender fluid quartier de Brooklyn. De tous ces groupes rassemblés pour annoncer l’apocalypse, le plus convaincant reste Domkraft. [...]

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Bertrand Tavernier : le cinéaste passionné de cinéma

Il fallait le voir et l’entendre s’émerveiller du cinéma « patrimoine », des films de Gremillon, de Raymond Bernard ou d’Anatole Litvak, il fallait l’écouter parler de Gabin et de Darrieux, des chefs d’œuvres de Renoir ou de Becker et des drôleries de Guitry. Tavernier c’était le cinéaste qui parlait des films des autres, avec la fougue des premières amours même à soixante-quinze ans. « Découvrir ces films, je trouve, à chaque fois, moi, ça me donne envie d’en créer. Ça me nourrit, ça me donne envie d’en créer. Et je dirais même plus, ce sont vraiment ces films-là qui m’ont fait aimer mon pays, qui m’ont fait aimer la France. », racontait-il en 2018. Ce travail de mémoire il y consacra ses dernières années, avec son documentaire Voyage à travers le cinéma français sorti en 2016 puis remonté en série de huit épisodes un an plus tard.

Sa première rencontre avec le 7e art a lieu dans un sanatorium. Le jeune Tavernier souffre de la tuberculose, et lors des projections organisées le dimanche, il découvre Dernier Atout, le premier film de Jacques Becker. Un choc « que j’ai mis trente ans à identifier », dira-t-il. Le souffle qui lui manque, il le goûte à l’écran dans une scène de poursuite nocturne en voiture. C’est devant un western de John Ford que le jeune Tavernier comprend qu’il veut être metteur en scène. Il a 13 ans et se dit « Je veux filmer ces ciels ». Il attendra un peu. Né dans [...]

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En thérapie : notre critique

Il est important de le dire haut et fort, en cette époque de désert cinématographique français, une œuvre de cinéma magnifique et bouleversante, l'un des plus beaux films français de ces dernières années, a été diffusée sur la chaîne ARTE durant sept jeudis au mois de février et mars. Il s'agit de l'excellente série En thérapie adaptée de la série originale israélienne, BeTipul, dirigée par le réalisateur Hagai Levi.

Dirigée par Olivier Nakache et Eric Toledano, réalisateurs à succès avec leurs comédies sociales et populaires (Intouchables ou encore Le sens de la fête) bénéficiant d'un scénario très documenté, d'une puissance émotionnelle et d'une intelligence politique rare, notamment écrite par les excellents David Elkaïm, Vincent Poymiro, Alexandre Manneville et Nacim Methar, filmée par les cinéastes Olivier Nakache, Eric Toledano, Mathieu Vadepied, Nicolas Pariser et Pierre Salvadori, la série En thérapie est une mosaïque de portraits accidentés et une lecture pertinente et courageuse de nos existences minées par le chaos.

Lire aussi : Les Trois Visages de la peur : notre critique

La série, comme l'originale, se déroule en huis-clos dans le cabinet du psychiatre et psychanalyste Philippe Dayan, interprété par le formidable Frédéric Pierrot, bienveillant et perspicace, perturbé et volontaire. Il reçoit dans la France post-traumatique de 2015 après les terribles attentats de novembre, plusieurs patients : Ariane, une chirurgienne incarnée par Mélanie Thierry, audacieuse et provocante, en première ligne la nuit du 13 novembre ; Adel, policier de la BRI, en plein choc post-traumatique après son intervention au Bataclan, joué par l'excellent Reda Kateb ; Camille, une jeune championne de natation aux tendances suicidaires, remarquablement campée par Céleste Brunnquell (déjà formidable dans le film Les Éblouis) ; et un couple en plein désarroi interprété par les parfaits Pio Marmaï et Clémence Poésy. Le psychanalyste lui-même ébranlé par les événements récents et la déroute de son pays, sa situation familiale complexe et son souci de rester un excellent médecin et analyste au service de ses patients décide de consulter sa confrère, Esther - jouée par l'inoubliable Carole Bouquet - une amie qu'il n'a plus vue depuis 12 ans en raison de désaccords profonds sur les questions de la théorie psychanalytique. [...]

Station opéra : Pauvre Aida !
La scène lyrique se réduit à une tribune d’où une nouvelle génération de dramaturges vient prêcher la morale antiraciste. Cet Aida « décolonisé » est le terme d’un processus amorcé depuis des années[...]
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Georges-Olivier Châteaureynaud : est-il le dernier révolutionnaire du roman Français ?

On le déplore souvent ici même, mais la littérature française depuis deux bonnes décennies semble se complaire unanimement dans des formes déceptives : autofictions, dépôts de bilan, tracts idéologiques, aveux d’échec et autres précis de dolorisme post-houellebecquien. Pour un Antoine Volodine, combien d’Aurélien Bellanger à la voix blanche, de pâles compilateurs de pages Wikipédia, de croque-morts du style qui dissimulent leur manque d’ambition dans des historiettes sans sève, dans des tranches de vie égolâtres ou éco-compatibles ? Et puis, parfois, un météore fuse et nous rappelle que la littérature, fut un temps, se piquait aussi de délire, de baroque, elle se rêvait totale, affabulatrice, dangereuse, éblouissante. On ne vous parle pas de Le Tellier et de sa petite série télé goncourtisée, non, mais d’une comète venue de plus loin : Georges-Olivier Châteaureynaud.

OUI. CHÂTEAUREYNAUD RENOUE AVEC LA GRANDE TRADITION DES ROMANS-FEUILLETONS

Châteaureynaud tourne délibérément le dos à cette mode de la série TV qui contamine tragiquement le monde littéraire d’aujourd’hui. Il lui préfère nos authentiques romans-feuilletons – dont les pulps américains ne furent qu’une adaptation – et qui se vendaient par palettes entières dans les années 1900. On pense à Eugène Sue et à ses Mystères de Paris, pour la construction d’une réalité alternative, viscéralement romanesque, travaillée par la culture populaire et l’inconscient collectif : un monde parallèle truculent qui serait en tout point conforme au nôtre – et tout à fait différent. Ainsi Châteaureynaud fait d’Écorcheville la matrice même de son inspiration, une enclave fictionnelle inespérée. [...]

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