


Hier soir, dans le bel hôtel Swann hanté par le culte de Marcel Proust, Maxime Dalle, Pierre Arditi, Michka Assayas et les autres membres du jury d’un prix prolongeant celui, plus obscur, mais non moins ritualisé, de l’auteur de La Côte sauvage, a été décerné le troisième trophée de cette charmante petite secte. Et c’est donc la brillante et singulière Céline Laurens, déjà interviewée dans nos pages, qui a été justement récompensée pour La Maison Dieu, son dernier roman chroniqué chez nous. Bravo à elle et que l’esprit d’Huguenin continue de souffler sur les décombres de Saint-Germain-des-Prés.…


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L’arrogance de cette petite hyène placide qu’est Laélia Véron a franchi un nouveau seuil le mois dernier. On avait eu vent de son existence en raison de ses laïus à la table de Charline Vanhoenacker sur France Inter, ces dernières années, où, au milieu d’un sabbat radiophonique empli de ricanements et de sentences, elle tentait d’humilier les académiciens, les déclinistes et les salauds qui refusent d’adouber aveuglément toute évolution nouvelle, défendant un progressisme obtus, linéaire et implacable. Avec ce sourire répugnant de matonne condescendante, la Véron jouait à l’experte soviétique, celle qui, plutôt que d’appeler à vous fusiller comme aux premiers temps de la Révolution, a pitié de votre ignorance des lois inéluctables du matérialisme historique, combien même l’éclatante déchéance du pays ne cesse de les contredire, et vous fait juste une petite leçon de marxisme afin de vous humilier, première étape à votre rééducation, une petite leçon qu’elle vous délivre avec une jubilation, une gourmandise, presque, qui trahit la part libidinale que cet exercice d’humiliation comporte pour elle.…

Faire du « Joker », éternel némésis de Batman, une sorte de fils à maman geignard, la victime semi-autiste d’un monde forcément hostile et peuplé de tristes sires pas vraiment portés sur l’inclusivité, c’était le projet – grotesque – du premier opus de Todd Phillips, grosse surprise au box-office. Il faut dire que l’air du temps est effectivement à la victimisation, à la psychiatrisation et à l’éloge de la fragilité. Pas étonnant dans ces conditions que le personnage incarné par Joaquin Phoenix rencontre auprès du grand public un écho aussi passionné. Signe du temps navrant : aujourd’hui même les « super-vilains » sont de petites choses fragiles en quête de reconnaissance.
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Là où le Joker de Tim Burton était une créature quasi-mythologique (le fameux « trickster » des Celtes), celui de Christopher Nolan une créature morale (qui d’ailleurs mentait constamment sur les origines de sa haine, preuve que les causes psychologiques du mal sont relatives et finalement peu intéressantes), celui de Todd Philips est une créature entièrement pathologique.…

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Le Nouvel Hollywood n’a pas dit son dernier mot. Le West Side Story de Spielberg, échec public, reste malgré tout une magnifique tentative d’épuisement des moyens du cinéma qui fera date. Même chose pour Killers of the Flower Moon, dernier opus magistral de Martin Scorsese qui revisite à rebours l’histoire américaine – et donc l’histoire du cinéma. Chez cette génération qui a presque inventé tous les codes modernes, il y a une volonté commune de faire front, d’incarner une forme de résistance – face aux plateformes, face à la dérive « feuilletonnante » du cinéma incarné par Marvel, face au numérique qui menace un arasement par le bas, alors que bien utilisé, il pourrait être un formidable athanor pour de nouvelles expérimentations.
On se souvient également des propos de Georges Lucas qui après avoir vendu les droits de Star Wars, avait déclaré son envie de se consacrer à un cinéma « entièrement nouveau, expérimental, sans intrigue ».…
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