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Naestro : boxe, prison, opéra
Péguy disait : « Une revue n’est vivante que si elle mécontente chaque fois un bon cinquième de ses abonnés » et que « la justice consiste seulement à ce que ce ne soient pas toujours les mêmes qui soient dans le cinquième ». C’est ce que nous allons expérimenter ici, en parlant de rap, d’opéra et de prison. Alors qu’il s’était fait connaître du grand public en convainquant Maître Gims de reprendre Bella Ciao, en vogue grâce à la série espagnole La Casa de papel, rien ne prédisposait Naestro à se retrouver sur les planches de l’opéra. [...]
Céline Laurens – Jules Matton : le Paris des jeunes romanciers
Dans votre premier roman, Céline Laurens, vous vous êtes intéressée à un sujet marginal : les gitans à Lourdes ; dans celui-ci, vous vous recentrez à Paris et dans un lieu qui devrait être celui de l’extrême banalité : le métro. Pourquoi une telle alternance ? Céline Laurens : Pour moi, il n’y a pas d’alternance radicale, ce qui m’intéresse, c’est de confronter des points de vue, des soucis de société et des registres différents. Je me livre, comme dans mon précédent roman, à une superposition de récits au sein d’un même lieu, qui n’est plus Lourdes, mais le métro parisien, et c’est moins le métro en tant que tel, qui m’intéresse, que l’idée du quotidien. J’aime anoblir le quotidien : pour moi, c’est le révélateur moral. Bien agir dans une situation héroïque, cela me paraît plus facile que de mettre en action au jour le jour certaines valeurs. Ça m’intéressait de représenter le métro comme s’il s’agissait d’un organe et si j’ai choisi la ligne 6, c’est parce que c’est une ligne à la fois souterraine et aérienne. Chaque chapitre marque comme une station dans la vie du personnage, plus on va profondément sous terre, plus on creuse dans les souvenirs enfouis. Le métro permet aussi d’évoquer une faune aussi vaste que variée... CL : On a tendance à dire que j’écris sur des « marginaux », un terme que je n’aime pas du tout parce que je le trouve paternaliste. Par contre, le mot « clochard » me plaît, il vient de « la cloche », qui veut dire « boiter », et pour moi c’est important d’avoir des personnages qui boitent, parce que ça me permet de développer un regard transversal sur nos vies. Ce qui est intéressant avec le métro, c’est que c’est vraiment un reflet de la société à un moment T. Cela étant, je n’aime pas écrire de manière réaliste et ce ne sont pas les problèmes sociétaux qui m’importent, mais les choix moraux. Chacun de mes personnages incarne une réponse morale à un problème sociétal. [...]
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[Cinéma] Toute la beauté et le sang versé : marchands de mort et preuves de vie
Mécènes fameux, les Sackler trônent à la tête d’un empire financier basé sur la souffrance et l’addiction par le biais de l’OxyContin, molécule responsable de plus de 500 000 morts aux USA. En documentant le combat de la photographe Nan Goldin contre ces marchands de mort, Laura Poitras poursuit ses portraits de lanceurs d’alerte (Citizenfour 2015), modestes héros d’aujourd’hui. Toute la beauté et le sang versé est néanmoins plus complexe et grevé d’un second récit où la grande photographe se raconte à partir de ses œuvres. [...]
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[Cinéma] Houria : danse ta life
À première vue, on tient là un cas d’école en matière de pensum féministo-gogol pour ménagères : Houria, femme de ménage à Alger, rêve de devenir danseuse-étoile... mais elle voit son destin brisé après qu’un voyou l’eut fait chuter dans un escalier, la rendant muette (???) et passablement estropiée. La danse et l’amitié féminine suffiront-elles pour lui permettre de se reconstruire ? (spoiler : la réponse est oui). [...]
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Bruno Lafourcade : bombe mystique
On connaissait Lafourcade pamphlétaire exquis et romancier puissant (L’Ivraie avait d’ailleurs reçu le prix kamikaze de L’Incorrect en 2019), on le savait enragé, volubile, brillant, avec un petit penchant pour la critique-massacre (La Littérature à balles réelles en 2020), mais cette reprise d’un livre de 2011 épuré et corrigé nous le montre apte aussi au dépouillement mystique, et c’est par cette voie qu’il rallie des sommets bernanosiens. C’est que ce petit roman a priori austère et noir se révèle authentiquement vertigineux. Un abbé rassemble deux récits, celui d’un étudiant et celui d’un surveillant intercalés aux siens, afin de reconstituer le drame qui, quelques années plus tôt, coûta la vie à des adolescents du village de Saint-Marsan, liés au collège catholique où il vit sa vocation avec une intransigeance anachronique (« Puisque nous serons haïs pour ce que nous sommes, affirme-t-il au sujet des chrétiens, ne soyons pas méprisés pour avoir renoncé à l’être. ») [...]
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Nicolas d’Estienne d’Orves : les sept nuances du mauvais goût
Distinguer le bon mauvais goût du mauvais, n’est-ce pas le comble du snobisme ? On est toujours le plouc ou le snob de quelqu’un, donc mon livre n’échappe pas à la règle. Ce dictionnaire amoureux est, presque par essence, le plus subjectif, le plus partial de la collection. Ici, le mauvais goût se double d’une mauvaise foi revendiquée, patentée, qui flirte nécessairement avec le snobisme. N’étant plus à un comble près, je vous réponds donc oui ! Le mauvais goût assumé représente, comme vous le dites, la « part d’ombre » de votre sensibilité. Quel est l’objet de mauvais goût qui incarnerait le plus cet aspect de vous-même ? La question du choix, du palmarès, est très difficile dans un tel fourre-tout. J’aurais tendance à dire que le dictionnaire tout entier – en ce qu’il est la synthèse de près d’un demi-siècle de culte, de culture et d’enrichissement de mon mauvais goût – incarne cette part d’ombre. Ses six-cents pages sont le miroir, certes déformant mais malgré tout fidèle, de toutes les joyeuses horreurs qui se passent dans ma tête. [...]
[Cinéma] Mon Crime : poussière des cintres
Après deux films « sérieux » – Peter von Kant, abominable remake dégenré des Larmes amères de Petra von Kant et Tout s’est bien passé, chronique des derniers jours du marchand d’art André Bernheim avant son suicide assisté en Suisse –, François Ozon revient avec l’envie d’en découdre et du grand public. Mon Crime est fait du bois dont il a taillé Potiche ou Huit femmes, du boulevard conscientisé remis au goût du jour, d’après une pièce exhumée d’une malle à vieilleries années 30 (Georges Berr et Louis Verneuil, quoi d’autre ?). Au programme, la vengeance de non pas une mais de deux femmes, actrices débutante et passée de mode, qui vont profiter d’un seul virilicide pour se propulser au-devant de la scène, l’innocente agressée et la coupable délaissée. [...]
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KIRAC : fin de règne pour les boomers
Fin janvier 2023 : mille voix scandalisées font bruisser la sinistre « twittosphère ». En cause, la bande-annonce d’un film qui circule sur la Toile et où l’on aperçoit l’écrivain Michel Houellebecq, nu comme un ver, embrasser goulument une étudiante batave. On parle déjà d’un « porno-arty » dans lequel l’écrivain se livrerait à des actes non-simulés. L’opinion grince et raille, Libération fulmine : Houellebecq sombre dans le malsain, juge-t-on, après avoir pris un « virage à l’extrême droite ». Porno, morale et politique : le bingo du buzz, servi avec un assaisonnement salé – typiquement néerlandais. Quant à la bande-annonce, elle intrigue : l’atmosphère évoque celle d’un docu-fiction dérangeant, quelque part entre le Dogme de Lars Von Trier et le film amateur d’étudiant en art plastique. L'origine du mal Et pour cause : annoncé pour le 11 mars, ce moyen-métrage est l’œuvre d’un jeune couple installé à Amsterdam, Stefan Ruitenbeck et Kate Sinha. Cachés derrière un collectif transmédia, KIRAC, acronyme de Keep it real art critics : la réalité des critiques d’art. Tout un programme. Sur leur site, principalement des moyens-métrages bavards où les deux activistes interviewent des sommités de l’art contemporain pour les pousser dans leurs retranchements et leur tirer quelques contre-vérités bonnes à alimenter une très nébuleuse « critique de la critique ». Rien de très subversif a priori, à moins de ne vivre que pour Art Press ou d’avoir investi dans les NFT. [...]

L’Incorrect numéro 73

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