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Jan Kounen, Cédric Jimenez, Ugo Bienvenu : la SF peut-elle réveiller le cinéma français ?
Au milieu des années 70, la science-fiction se porte à merveille en France. Du moins en bande-dessinée. Grâce au flair de René Goscinny, notamment : à la tête du magazine Pilote il sent déjà que le vent tourne et que les « petits Mickeys » sont en train de fonder toute une culture alternative. Il donne sa chance à Jean-Claude Mézières (Valérian), Bilal (Le Cycle Nikopol) et évidemment à Moebius, qui passe sans sourciller du western de Blueberry à la science-fiction métaphysique et burlesque, son Garage Hermétique. Hollywood plagie tous ces braves gens allègrement – Mézières n’aura jamais gain de cause et devra se contenter de voir ses concepts brillamment repompés par Georges Lucas dans Le Retour du Jedi, d’autres comme Moebius auront plus de chance et seront appelés à Los Angeles pour travailler comme « concept artists » auprès des studios. Quelques années plus tard, le magazine Métal Hurlant, lancé par les pionniers de la SF Phillippe Druillet et Jean-Pierre Dionnet, entérine cette french touch avec un esprit caustique et une créativité constante qui inspirent le monde entier. Le problème, c’est que le cinéma français ne suit pas : les films de SF hexagonaux qui ont marqué l’histoire se comptent sur les doigts de la main, et privilégient souvent une vision « films d’auteur » avec plus ou moins de succès (voir l’échec artistique d’Alphaville saboté par le fumisme d’un Godard à bout de souffle). Comme si, au fond, personne en France, ni producteur ni réalisateur, ne se croyait capable de faire du genre pur. Et il faut dire que la frilosité du public face à certaines vraies réussites (La Cité des Enfants Perdus) ne donne pas vraiment envie aux producteurs de relancer leurs mises. Leur mantra sera : mieux vaut s’arrêter à ce qu’on sait faire – de la comédie de mœurs, du drame social – et laisser aux Américains la primauté des films à effets spéciaux. Quoi qu’on en dise, Luc Besson sera l’un des rares Français à oser quelques purs films de SF, mais là encore, c’est la loterie : l’échec abyssal du pourtant pas si mauvais Valérian montre bien que la french touch, ça ne prend pas au cinéma. Cet automne peut-il changer la donne ? [...]
« Tron : Arès » : lost in the Shell

La machine hollywoodienne sortira-t-elle un jour de la matrice des années 80 ? C’est toute la question que pose ce troisième opus de la franchise Tron, initiée en 1982 et déjà sous la houlette de Disney Pictures. Un film qui avait marqué les esprits, à l’époque où Disney se voulait encore prescripteur en matière d’audace visuelle et technologique. Presque vingt ans avant Matrix, Tron évoquait la « grille » (« the grid » en VO) soit un univers virtuel dans lequel les personnages étaient plongés, via des effets spéciaux révolutionnaires pour l’époque (et une D.A somptueuse en partie assurée par notre Jean Giraud-Moebius national). La suite, Tron : L’héritage, réalisée en 2010 par Joseph Kosinski, restera surtout dans les mémoires pour sa musique signée Daft Punk (et pour une Olivia Wilde tout à fait à son avantage dans l’uniforme moulant des spadassins numériques).

En lançant ce projet de 3ème volet, Disney mise beaucoup (près de 200 millions de dollars, tout de même, une paille) et compte sur cette éternelle nostalgie des années 80 qui semble encore gouverner toute l’industrie du divertissement.…

« Berlinguer, la grande ambition » : nostalgie rouge
Mal connu chez nous, le secrétaire général du PC italien Enrico Berlinguer était un homme pragmatique et révéré (à sa mort en 1984, un million d’Italiens suivirent son cortège funèbre.) Le biopic d’Andrea Segre, sous-titré La Grande Ambition, en a un peu moins avec sa reconstitution discrète grignotée par un abus d’archives réelles ou recréées. [...]
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« Nouvelle Vague » de Linklater : un hommage éclatant
L’amour des débuts a toujours inspiré Richard Linklater : débuts d’une jeune vie (Boyhood), d’une histoire d’amour (Before sunrise), premiers jours à la fac (Everybody wants some) ou nouveau départ (Rock Academy). Son cinéma est un voyage tranquille : une journée commence, se passe, finit (Slacker), et des hommes interagissent dans le fleuve du temps. Parfois ils font saillie, plus doués que la moyenne. Dans Orson Welles et moi, un adolescent fictif rejoint la troupe du futur cinéaste alors qu’il monte Jules César à Broadway, l’auteur de Citizen Kane y étant dépeint comme une légende en devenir et Linklater optant pour un confort narratif presque hollywoodien. Rien de tel avec Nouvelle vague où le cinéaste raconte le tournage d’À bout de souffle en faisant le chemin inverse, celui de l’archive et de l’avéré. [...]
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Éditorial culture de Romaric Sangars : Parades

En cette rentrée, on l’aura compris, le deuil est au sommet des dernières tendances. Le cours du viol ou de la manipulation en milieu familial a beaucoup baissé, même si Chloé Delaume a tenté une petite relance avec la variation « viol conjugal », mais on sent que Saint-Germain-des-Prés n’y croit plus trop. Non, la nouvelle saison porte haut les couleurs orange rouille, vert pistache et noir funéraire, piété familiale plutôt que vengeance publique et veillée mortuaire à la place de l’oncle enfin dénoncé. Plus d’ex toxique en stock, on sort son défunt, on l’embaume, on l’expose. Il faut croire que les écrivains à la mode, pour y rester, ont décidé de labourer cette parcelle bio du champ littéraire, garantie émotions authentiques et chagrin sincère, sujet en marbre, indubitable, majestueux, universel ; le sacré à la portée des corbeaux. Difficile de les traiter de poseurs quand ils débarquent le requiem à la bouche, regardez-les se presser sur la rampe, le crêpe noir d’Amélie Nothomb voile ses yeux perpétuellement effarés et fait ressortir sa peau livide, Emmanuel Carrère brandit ses chrysanthèmes le visage plus « cire fondue » que jamais, Rebeka Warrior suit en teeshirt noir, faire-part à la main, et on ne sait plus si elle fait la gueule après une nuit de défonce ou si c’est la pâleur des endeuillées qui l’affecte, mais la voici bousculée par le petit Paul Gasnier qui se précipite sur le devant de la scène avec son air grave et hautain de veuve de guerre ayant donné son mort à la cause du multiculturalisme.…

« Un Simple Accident » : purge cannoise
Un possible tortionnaire du régime iranien est reconnu par l’une de ses victimes qui le kidnappe et en appelle à ses compagnons d’infortune pour l’identifier formellement, et plus si affinités. Un Simple accident rappelle la cruelle saillie de Chabrol : « tout est truqué à Cannes ». Palme d’or politique a priori, voilà du Jafar Panahi à son pire. [...]
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Opéra : Louise, naturalisme augmenté
On ne va pas à l’opéra pour lire un roman ni pour suivre un cours de sociologie. Et pourtant Louise, le « roman musical » de Gustave Charpentier – que Morand qualifiait de « Zola en musique » –, après une création houleuse (1900) devait rester à l’affiche jusque dans les années 1950. L’histoire de cette jeune provinciale en quête d’amour et de liberté avait de quoi séduire le public, en plus de son air célébrissime Depuis le jour. Mais une telle partition, plus habile que géniale, plombée par un livret lourdement idéologique, ne pouvait survivre à son auteur. Le Festival d’Aix a donc risqué un pari impossible, en la voulant ressusciter. Or, le fiasco attendu s’est mué en succès. Mérite de l’équipe artistique, qui a su gommer ses principaux défauts.
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BD : Meignan/Van Rie, la cuisine de sa vie
En 2011, Blain sort En cuisine avec Alain Passard, formidable documentaire sur le cuisinier : le dessin, à la fois exact et onirique, le découpage, qui décompose les gestes ou évoque la pensée, les dialogues, le regard du naïf peu à peu transformé en amateur éclairé, tout est réussi. Cette année, Géraldine Meignan, journaliste qui a décidé sur le tard de devenir restauratrice, nous raconte sa propre histoire : forcément, on ne tutoie pas les sommets de la gastronomie et Géraldine ne médite pas comme Alain pendant des heures sur les saveurs des jus de navets cultivés sur des composts différents, mais si on veut suivre les pas d’une apprentie curieuse qui sait observer, Chaud devant ! est une réussite. [...]
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