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Éditorial monde d’octobre : God Save the Queen

The Queen is dead. Il aura fallu trente-six ans pour que la prophétie des Smiths se réalise et l’inoxydable Élisabeth II a déjà enterré depuis bien longtemps le groupe de Steven Morrissey et Johnny Marr. À l’époque de cet album au titre irrévérencieux, Élisabeth II était déjà montée depuis trente ans sur le trône. Elle s’était déjà fait copieusement insulter par les Sex Pistols dix ans auparavant mais pourquoi se soucier des gesticulations de quelques punks mal embouchés quand on a personnellement connu Winston Churchill ? Quand la reine s’est éteinte, elle avait vu défiler quinze premiers ministres au cours d’un règne plus long que celui de la reine Victoria, mais de deux petites années plus court que le « Roi-soleil ».

Baignées pendant vingt ans dans l’illusion de la « fin de l’histoire », les opinions publiques elles aussi ont perdu la conscience de la fragilité de leurs systèmes démocratiques face aux systèmes autoritaires

À côté d’Élisabeth II, les vingt-deux années de présidence de Vladimir Poutine ou les trente années au pouvoir d’Ali Khamenei, Guide suprême de l’Iran, font pâle figure.…

Libreville vassalisé par Moscou ?

Fleuron de la Françafrique, dirigé par la famille Bongo depuis 1967, le Gabon a surpris en s’abstenant de voter contre « l’annexion des régions [ukrainiennes] de Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson » réclamé lors d’une session extraordinaire de l’Organisation des Nations unies, le 30 septembre. Ignoré par Emmanuel Macron lors de sa dernière tournée africaine, en juillet dernier, ce pays de l’Afrique de l’Ouest abrite une base militaire française depuis les années soixante. Mais ces derniers mois, Libreville s’est singulièrement rapproché de Moscou, au grand dam de Paris qui perd de plus en plus d’influence dans son pré-carré au profit de la Russie.

La dernière rencontre entre Ali Bongo et Vladimir Poutine remonte à juillet 2018. Le président gabonais avait été invité à se rendre à Moscou, afin de discuter du renforcement du partenariat économique (notamment le domaine des mines, du pétrole et du bois), entre les deux pays. Le volet sécuritaire avait été également abordé lors de cette visite officielle. Depuis deux décennies, le Gabon a multiplié les gestes en faveur de la Russie : ainsi, il n’a pas hésité à solliciter l’aide de Moscou dans la résolution du conflit centrafricain. « L’Afrique a besoin de vous. Votre pays est vaste, il dispose d’énormes possibilités et est capable de faire beaucoup de bien pour le continent (…) Je crois que ce serait merveilleux si nous conjuguions nos efforts pour que la paix se rétablisse dans ce pays », avait alors déclaré Bongo à Poutine, selon Afrique news info. [...]

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Italie : Io sono Giorgia !

Quel est le parcours politique de Giorgia Meloni ?

Giorgia Meloni s’est engagée en politique à l’âge de 15 ans : c’est l’assassinat du juge Borsellino qui la pousse à frapper à la porte du MSI, Mouvement social italien, le parti néo-fasciste. Elle milite au lycée puis grimpe rapidement les échelons de l’Azione studentesca, mouvement étudiant du MSI qu’elle finit par diriger. Elle continue de s’occuper des questions liées à la jeunesse pour l’Alliance nationale, dirigée par Gianfranco Fini, qui a succédé au MSI. Elle est élue à la chambre des députés à 29 ans et devient la plus jeune vice-présidente de l’Assemblée nationale. Elle entre à 31 ans au gouvernement de Silvio Berlusconi comme ministre de la Jeunesse, plus jeune ministre de l’histoire de la République italienne. Elle suit Gianfranco Fini lorsque celui-ci intègre son parti, Alliance nationale, à la coalition « Il Popolo della libertà » de Silvio Berlusconi. Elle quitte cette formation en 2012 car elle refuse de soutenir le gouvernement technique et non-élu de Mario Monti qui succède à Silvio Berlusconi à la tête de l’exécutif.…

Charles III : God Save the Commonwealth

Rappelons que le Commonwealth est né en 1926 de l’union de six membres : l'Empire britannique, l'Afrique du Sud, l'Australie, le Canada, l'Irlande et Terre-Neuve (l’Irlande se retirera en 1949). L’enjeu, suite aux Conférences impériales et à la déclaration Balfour de 1926, était de garantir un lien entre l’Empire britannique et les dominions, États indépendants membres de l’Empire britannique dont la souveraineté était désormais garantie. Il s’agissait donc d’une association d’États souverains et égaux ayant en commun une allégeance envers la couronne britannique. En 1952, lorsqu’Élisabeth II monte sur le trône, le Commonwealth est constitué de neuf membres : le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Irlande, l'Afrique du Sud, le Pakistan, l'Inde et le Sri Lanka. En 2022, c’est une association de 56 États couvrant les cinq continents.

Lire aussi : Mort d’Elisabeth II : quand la monarchie fait rêver la France et l’Occident

Pendant son long règne, Élisabeth II a été le témoin privilégié de l’évolution du Commonwealth. Sa fonction de chef est certes symbolique, mais elle l’a pleinement assumée, s’exprimant même à l’Assemblée générale des Nations-Unies en tant que chef du Commonwealth et effectuant pas moins de 170 visites dans les États membres. Elle fut ainsi le premier monarque à visiter l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Elle se rendit même au Québec en 1964 malgré les rumeurs relayées par la presse selon lesquelles un attentat contre sa personne serait préparé. Cette importance attachée à la représentation dans le monde explique les propos de Liz Truss lors de l’hommage qu’elle lui rendit : « Elle défendît le développement du Commonwealth d’un petit groupe de sept pays à une famille de 56 nations couvrant tous les continents du monde. » [...]

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Le sentiment anti-français gagne l’Afrique de l’Ouest

Le 15 aout, la France a annoncé le départ du dernier soldat de la force Barkhane, redéployée au Niger à la demande du président Mohammed Bazoum. À peine Barkhane partie, une installation discrète de la milice Wagner a été observée dans plusieurs villes du nord Mali notamment à Gao. Une information confirmée par Berlin, l’Allemagne disposant encore d’un contingent militaire non loin de l’ancienne base française de la ville. Entre livraisons d’équipements militaires et conseils au gouvernement, les Russes se sont mis au premier plan de la « lutte » contre le terrorisme et malgré l’hospitalisation du Premier ministre malien, principal acteur de la propagande antifrançaise, les tensions n’ont jamais été aussi vives entre Paris et Bamako.

Lire aussi : SOS Chrétiens d’Orient : « C’est ni plus ni moins la survie de l’Arménie qui est en jeu »

Le ping-pong du désamour

« Méprisant, paternaliste, colonialiste… » : la litanie des épithètes de Choguel Maiga n’en finit point pour qualifier l’attitude « condescendante »d’Emmanuel Macron, sa bête noire. Si son épouse a envisagé un instant son évacuation mi-aout vers Paris où il se soignait avant de devenir Premier ministre de la junte malienne, Bamako a balayé l’hypothèse d’un revers de main et évoque « un besoin de repos »bien que plusieurs sources concordantes aient confirmé « une hospitalisation après un problème cardiaque ». En l’absence du chef du gouvernement, Abdoulaye Diop et Sadio Camara ont pris la relève. À peine les derniers soldats français partis du Mali, le ministre des Affaires étrangères a saisi l’Organisation des Nations Unies pour dénoncer les « violations répétitives et fréquentes de l’espace aérien malien par les forces françaises »et accusé Paris, sans aucune preuve à l’appui bien sûr, de financer le terrorisme. Une rhétorique très populaire dans l’opinion africaine et relayée par le ministre de la Défense en marge de la réception, le 9 aout, d’équipements militaires russes. Sadio Camara a vanté la qualité du partenariat « gagnant-gagnant avec la Fédération de Russie »et fustigé « l’arrogance et le manque de transparence » d’autres pays, ciblant de façon à peine voilée la France. La tension était déjà montée d’un cran quand, depuis Bissau fin juillet, Emmanuel Macron avait ironisé sur « les choix inefficaces « de Bamako. La junte avait aussitôt décrié « une posture néocoloniale ». [...]

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SOS Chrétiens d’Orient : « C’est ni plus ni moins la survie de l’Arménie qui est en jeu »

L’Azerbaïdjan a violé le cessez-le-feu en attaquant l’Arménie. Que s’est-il passé concrètement ?

Effectivement, et ce n’est pas la première fois. Mais jusqu’à présent, il s’agissait de tirs assez circonscrits sur des soldats arméniens en poste avancé. Là, nous avons assisté à quelque chose de totalement différent : c’est une opération militaire de grande ampleur qui vise à couper l’Arménie en deux, et à créer un corridor par la force pour séparer la région du Syunik (la terre qui relie l’Arménie à l’Iran) et la région de Vayot Dzor, Syunik. C’est d’une toute autre ampleur, d’une part par les moyens qui sont engagés – il y a un front de quasiment 150 km de long avec un déploiement très important d’artillerie, de drones (turcs et israéliens), etc – et d’autre part parce que les objectifs attaqués ne sont plus seulement des postes militaires, mais des objectifs civils. Ainsi, la ville de Djermouk est en ce moment en feu, toutes les hauteurs de Goris sont bombardées, la ville de Vardenis est attaquée, la ville de Kapan est visée, etc.…

Fà l’Americano ? Certainement pas : quand l’Italie résiste aux multinationales américaines

La chanson irrésistible qui fit le succès de Renato Carosone dans les années cinquante résonne étrangement aujourd’hui. Alors que les fermetures d’enseignes américaines se multiplient au pays de Vito Corleone, il semblerait que les Italiens d’aujourd’hui n’aient aucune envie de fà l’Americano.

De Milan à Palerme, il faut se rendre à l’évidence : la malbouffe ne marche pas, la fast-fashion non plus, et de nombreuses enseignes qui font la pluie et le beau temps sur toute la planète se sont heurtés à un échec cuisant en Italie.

Durant l’été 2022, l’enseigne américaine Domino’s Pizza a dû faire le constat de l’échec et plier bagage. Tout comme les vêtements Gap ou Banana Republic, ou encore les glaces Häagen Dazs.

Au niveau de la mode, les marques américaines se sont heurtées à une production locale vaste, de qualité, et bien identifiée des consommateurs auprès desquels elles ne parviennent pas à faire la différence de manière crédible. Les marques proposant des vêtements de sport comme Nike s’en tirent mieux, car elles n’ont pas d’équivalent local.

Lire aussi : Italie : Meloni en surface

En ce qui concerne l’alimentation, le phénomène est déjà ancien : les Italiens aiment le local et le privilégient. McDonald’s s’est introduit tardivement sur le marché italien, non sans susciter de vigoureuses polémiques, et a dû adapter ses produits au goût local, en proposant des burgers au parmesan ou au pecorino, ou encore des salades. Qui plus est, l’extension du réseau des restaurants de la firme américaine est perçue là-bas comme une agression, une dénaturation du patrimoine italien comme du paysage. La tentative du fast-food, en 2019, de s’installer aux portes des Thermes de Caracalla avait conduit à l’intervention du ministre de la Culture qui s’était opposé en projet au motif que « les merveilles de Rome devaient être préservées ». McDonald’s s’est alors tourné vers le Conseil d’État pour obtenir gain de cause – pour l’instant sans succès.

Le cas du café n’est pas très différent. Il y a quelques années, alors que la chaîne de café Starbucks était déjà une institution très populaire dans une grande partie des pays européens, un État faisait exception : l’Italie. Dans la patrie de l’expresso, là où dominent Illy et Lavazza, on n’y trouvait pas un seul Starbucks. La première boutique a ouvert à Milan seulement en septembre 2018 sous le regard amusé des autochtones, qui se sont certainement demandé comment on pouvait oser appeler « café » un liquide marronnasse sans goût servi dans des tasses en papier mâché. [...]

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Italie : Meloni en surface

On a coutume de voir l’Italie comme un laboratoire politique, en particulier pour la France. Pourtant, avec son système strictement parlementaire, comportant deux chambres aux pouvoirs égaux – une singularité dans le paysage des démocraties libérales – l’Italie a peu à voir avec le « parlementarisme négatif » à la française. En France, la personnalisation et la centralisation du pouvoir sont telles que Maurice Duverger a pu parler de « monarchie républicaine », pour évoquer les institutions de la Ve. En Italie, on évoque au contraire un « parlementarisme décentralisé » pour qualifier le régime de la constitution du 1er janvier 1948, qui a connu 26 présidents du Conseil et 71 gouvernements depuis 1946.

Lire aussi : Éditorial monde de septembre : Renaissance des frontières

Le président de la République, élu pour sept ans et siégeant au palais du Quirinal, joue un rôle d’arbitre en retrait du jeu des partis. Le président du Conseil, nommé par le président de la République après consultation des différentes forces représentées au Parlement, incarne le pouvoir exécutif, dont l’action est soumise au contrôle sourcilleux de la Chambre des députés, sise au palais Montecitorio, à Rome, et le Sénat de la République, qui siège au palais Madame. Ce régime politique ressemble à la IVe République française. Mais le jeu des coalitions dont dépend l’exécutif italien ouvre la porte a des expérimentations qui sont scrutées avec attention de notre côté des Alpes et sur tout le continent. L’Europe, plongée aujourd’hui dans une crise géopolitique et énergétique, attend donc avec anxiété le résultat des élections qui installeront un nouveau locataire au palais Chigi, le 25 septembre.

Une nouvelle ère

Depuis le référendum du 2 juin 1946, à l’issue duquel les Italiens ont adopté à 54 % la république, la vie politique italienne a été rythmée par les combinaisons partisanes autour de la Démocratie chrétienne. Ce parti, fondé en 1942, représentant le centrisme social-démocrate chrétien, a joué le rôle de pivot de la vie politique italienne jusqu’à l’opération Mani pulite (« Mains propres »), qui révéla un vaste système de corruption, entraînant la dissolution du parti le 29 janvier 1994. [...]

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