
Monde


Il y a quelque chose de fascinant et de tragique à constater que le pouvoir algérien, en place depuis près de 60 ans, prolonge à l’infini la digestion d’un passé recomposé et d’une indépendance mythifiée. L’Algérie officielle a dépassé le stade du roman national : elle est entrée dans celui de la farce historique. Qui ne fait pas rire grand monde.
Le discours paranoïaque des autorités politiques algériennes ne cesse de désigner l’ennemi, dans un réflexe schmittien de plus en plus prégnant : si la pauvreté est endémique malgré la rente pétrolière, c’est selon les jours, la faute de la France, d’Israël ou du Maroc, c’est-à-dire des colonialistes, des sionistes ou des chérifiens. Cet été, lesdites autorités ont même attribué la responsabilité des tragiques feux de forêts en Kabylie à un complot fourbi depuis Rabat et Tel-Aviv. Il faut dire qu’agiter la fibre nationaliste algérienne est l’ultime moyen de propagande à la disposition du FLN au pouvoir depuis 1962 pour perpétuer son statut de caste bénéficiant des retombées fructueuses de la rente pétrolière. Ajoutez-y la répression des mouvements populaires arabes ou kabyles désireux de secouer le joug des militaires tirant les ficelles à Alger et la lente propagation de la loi islamique pour donner un vernis religieux au régime et vous aurez un état des lieux général de la situation intérieure préoccupante du principal État du Maghreb. Avouons que ce n’est guère réjouissant. […]
Ce jugement a déclenché des représailles immédiates de la part de l’Algérie : elle a rappelé son ambassadeur et elle a fermé son espace aérien aux avions militaires français
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Mauvaise élève de l’Union européenne, la Hongrie est une bonne élève de la civilisation européenne. Condamné par la Cour de Justice de l’Union européenne dans un arrêt rendu le mardi 16 novembre, l’État magyar a pourtant tout à fait raison de vouloir criminaliser l’aide apportée aux demandeurs d’asile déjà passés par des pays sûrs comme la Serbie, où ils auraient tout à fait pu demander une protection. Pologne et Hongrie se défendent du mieux qu’ils peuvent. Mieux : ils défendent toute l’Europe en pour que nos frontières extérieures ne soient pas violées.
Dans un communiqué, la CJUE a affirmé qu’« en réprimant pénalement toute personne qui fournit une aide à l’introduction d’une demande d’asile, la Hongrie (avait) manqué aux obligations qui lui (incombaient) ». C’est la législation dite « Stop Soros » qui avait suscité le courroux des institutions européennes, à commencer par la Commission qui avait introduit un recours en manquement auprès de la CJUE.…

Konan Kouadio Bertin, ministre ivoirien de la Réconciliation et de la Cohésion nationale le reconnaît d’emblée : « J’essaie d’éteindre des brasiers qui peuvent de nouveau s’enflammer à tout moment ». Fin septembre, le ministre a reçu Miss Côte d’Ivoire et ses deux dauphines pour une mission particulière, « faire d’elles des ambassadrices de la réconciliation ». À 53 ans, ce transfuge de l’opposition pose un diagnostic lapidaire : « Tout est à faire ». S’il se réjouit de la rencontre historique, mi-juillet, entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, M. Bertin pense que le processus sera long et craint, à raison « que les lenteurs n’enveniment la situation ». Dans les rues d’Abidjan, les populations sont plutôt sceptiques. Pour Madoussou Coulibaly, 58 ans, sociologue qui a travaillé pour la Commission Dialogue Vérité Réconciliation, « la réconciliation est mal partie d’autant que la justice internationale n’a ciblé qu’un seul camp ». Un avis partagé par beaucoup d’Ivoiriens d’autant qu’aucun acteur du parti au pouvoir n’a été inquiété. La justice internationale a « fait le jeu des vainqueurs ». Des vainqueurs soutenus par la France dont le rôle reste largement critiqué. […]
Le lancement d'un nouveau parti politique par Laurent Gbagbo, 76 ans, fait planer le doute sur le renouvellement prochain de la classe politique
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« C’est avec la plus grande tristesse que la Fondation FW de Klerk annonce la mort de l’ancien président FW de Klerk, parti paisiblement, à son domicile de Fresnaye ce matin après avoir lutté contre un cancer ». C’est par un communiqué laconique que le décès de Frederik Willem de Klerk a été annoncé à la nation sud-africaine, interrompant tous les programmes de télévision. De Klerk est né à Johannesburg en 1936 au sein d’une famille de la bourgeoisie afrikaner ; ses ancêtres avaient fui les dragonnades de Louis XIV pour s’installer dans la future Afrique du Sud. Comme bon nombre de Boers à cette époque, ils vont participer au grand trek fondateur qui amènera plus tard à la création des deux républiques du Transvaal et de l’État d’Orange Libre. Lors d’un affrontement avec les Zoulous en 1838, trois des membres de sa famille sont tués par les redoutables impies de l’empereur Dingane. Avec la guerre anglo-boer, les Klerk s’engagent aux côtés de James Barry Munnik Hertzog, le père du nationalisme afrikaner. L’histoire de la famille de Klerk va se mélanger avec celle du Parti national (NP) qui arrive au pouvoir en 1948 grâce à un jeu d’alliances avec des petits partis.
Ses études de droit achevées, Frederik de Klerk adhère au Broederbond, une association secrète qui rassemble toutes les élites du pays et qui va le lancer en politique. Il devient très rapidement l'étoile montante du NP et se faire élire député en 1972. Dès lors, il va accumuler les ministères jusqu’en 1989. Il soutient la politique de ségrégation raciale (apartheid) et obtient même le prestigieux poste de président de la Fédération du parti national du Transvaal, un tremplin vers la présidence de la République. Trois ans après être entré au parlement, l’ancien Premier ministre Vorster avait prédit qu’il dirigerait le pays, libéré de ses liens avec le Royaume-Uni depuis 1961. Frederik de Klerk est alors perçu comme un défenseur acharné des droits de la minorité blanche au pouvoir, et peu de personnes entrevoient qu’il va changer la face du pays. L’Afrique du Sud vit alors en état d’urgence constant pour faire face aux multiples grèves et à la rébellion armée de l’African national Congress (ANC), mouvement noir dont les principaux leaders sont enfermés à Robben Island, une île-prison au large de Cape Town. [...]
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La gauche a nettement bénéficié des dernières élections allemandes. Le SPD gagne 5 points tandis que les Verts affichent 6 points de progression, dans la lignée de leurs très bons scores aux européennes. La gauche radicale de Die Linke s’effondre quant à elle, notamment en ex-RDA, au profit du SPD et ne garde une représentation parlementaire que de justesse. Le SPD a bénéficié de trois facteurs : une proposition d’augmentation du salaire minimum qui a vraiment touché l’électorat populaire, une campagne visant beaucoup plus nettement les électeurs centristes, ce qui a permis au candidat du SPD d’apparaître comme le successeur naturel de Merkel, rassurant un électorat oscillant entre la CDU et le SPD.
Tout change pour que rien ne change et qu’à la coalition centriste noire-rouge succédera une coalition libérale-socialiste repeignant en vert progressiste une politique essentiellement inchangée
À droite les libéraux du FDP (Freie Demokratische Partei – Parti Libéral Démocrate) ont réussi à obtenir un bon score du fait de la crise de la CDU/CSU mais aussi grâce à un net travail de reconstruction après la crise de 2013 (où ils n’avaient pas pu faire 5 % et n’avaient donc pas été admis au Bundestag). Leur progrès est particulièrement notable dans les régions qui votaient pour l’AfD, qui perd 2 points et par rapport à 2017 mais garde une position très solide dans les länders de l’ex-RDA. Enfin, de manière plus marginale, des petits partis alternatifs de droite progressent comme les « Électeurs libres » qui sont des rassemblements électoraux au niveau local sur une ligne libérale-conservatrice ou « Die Basis », parti hostile aux mesures de confinement. [...]
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Les déclarations d’Emmanuel Macron, lors d’un échange avec une vingtaine de jeunes descendants de harkis le 30 septembre, et retranscrites le samedi suivant par Le Monde ont provoqué une crise diplomatique entre l’Élysée et Alger. Elles révèlent aussi que l’entente mémorielle entre les deux pays est tout bonnement impossible. Et c’est loin d’être du seul fait de la France.
Cette initiative a immédiatement été interprétée par le pouvoir algérien en place comme une manifestation d’hostilité
Pauvre France ! Humiliée par l’Australie, la Grande-Bretagne et le puissant mais versatile allié américain à l’occasion de la signature du traité AUKUS en août dernier, elle se trouve, en plus, confrontée à une énième crise diplomatique avec l’Algérie. En cause, les mémoires de la guerre d’Algérie (1954-1962), éternelle pomme de discorde entre les deux pays. Après l’humiliation infligée par ces damnés anglo-saxons, l’Élysée a-t-il décidé de se passer les nerfs sur les Algériens en franchissant un cap rhétorique ?…

Comment expliquer la naïveté des stratèges libéraux après la chute de l'URSS quant à la dangerosité du monde ?
Au lendemain de l’effondrement de l'Union soviétique (et donc de la disparition de la logique des blocs), les « stratèges » occidentaux ont été persuadés (y compris via les écrits de spécialistes autoproclamés comme Francis Fukuyma ou, en France, Alain Minc et Guy Sorman) qu'était enfin arrivé l'heureux temps d'un monde unipolarisé contrôlé par l'Empire américain et ses vertus (« God Bless America »). Pourtant, après quelques années relativement euphoriques, le contexte des relations internationales s'est vite assombri, des événements du 11 septembre aux avatars de l'Afghanistan ou du Moyen-Orient, en passant par la crise des subprimes.
Constat cruel : tout en négligeant la pérennité de certains défis (dont le dynamisme tous azimuts de certaines nations candidatant au statut de superpuissances, la Chine tout particulièrement), le monde occidental n'a pas comblé les failles inhérentes à la plupart des sociétés démocratiques. Ces failles sont nombreuses. J'en citerai trois, malheureusement complémentaires : tout d’abord son malthusianisme au plan démographique, contrastant avec le dynamisme des pays du Tiers monde, et les migrations internationales bien mal maîtrisées qui en sont le corollaire ; ensuite les effets de la désindustrialisation et des délocalisations (au profit notamment de Pékin) ; enfin, le fait que nos vieilles nations d'Europe occidentale semblent baigner dans une atmosphère mortifère de culpabilisation civilisationnelle. [...]
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