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Hijab : quand le corps de la femme devient une nouvelle frontière

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Publié le

22 mars 2019

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« La vision du monde la plus couramment adoptée, à un moment donné, par les membres d’une société détermine son économie, sa politique et ses mœurs » Michel Houellebecq1.

 

Le port du hijab s’étend sensiblement en France. Il cristallise angoisses et incompréhensions car il est difficile pour un Français, biberonné à la culture laïque et progressiste, de concevoir qu’une femme choisisse sciemment de se couvrir la tête alors que personne ne l’y oblige. Lecture fondamentaliste de la religion musulmane ? Repli identitaire ? Geste politique ?

 

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Ou est-ce simplement une folie passagère propre au jeune âge et qui s’estompera assurément avec le passage des années ? Toutes les réponses sont valides et chaque cas est particulier. Une chose est sûre : les femmes qui portent le voile en France le font par conviction, c’est un choix, une preuve de liberté. Avons-nous le droit de remettre en cause leur liberté ? Et si oui, au nom de quoi ?

Dans la République Française, la Liberté est toujours limitée par l’Egalité et la Fraternité. Ces deux « pôles magnétiques » républicains sont en tension constante avec la Liberté depuis 1789. On comprend aisément les frictions entre la liberté et l’égalité, elles expliquent en partie les divergences d’ordre philosophique entre la démocratie française et ses concurrentes britannique et américaine.

 

 

Mais, la Fraternité est une notion bien plus difficile à cerner. Est-ce un phénomène d’ordre ethnique ou bien racial ? Une foi commune dans les valeurs dites républicaines ? Un attachement à une langue qui fédère riches et pauvres, noirs et blancs, hommes et femmes sous le même toit et qui leur donne un refuge culturel et spirituel où ils s’abritent quand la mondialisation les prend au cou ?

Ou bien est-ce tout simplement un vieux fond judéo-chrétien qui surnage : une relique que l’on transporte sur soi pour se sentir à l’aise sans trop y prêter attention ? Le concept de fraternité est glissant et épineux. Pourtant, il est essentiel car la fraternité détermine la solidarité, cet état d’esprit qui permet la redistribution de 32% du PIB au titre des transferts sociaux.

 

Crédit : L’incorrect

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Avec à peine 1% de la population, les Français représentent 15% des dépenses sociales mondiales, et ce n’est pas parce que l’Etat les y oblige, bien au contraire, ils le font de bon cœur même s’ils s’en plaignent parfois. On se prive pour un frère ou une sœur, on fait la guerre contre les nazis en 1940-45 pour ce million de frères que l’on n’a jamais rencontrés et qui sont prisonniers en Allemagne, pour les Français réfugiés à l’extérieur ou pour les simples voisins de palier.

La fraternité permet la pitié, cet ancêtre de la morale, un bien commun qui s’étiole sous nos yeux. La morale empêche les forts de s’en prendre aux faibles, elle « empêche » ce qui doivent l’être pour que la société fonctionne et ne se transforme pas en un enfer.

 

Lire aussi : Islam : Face à face

 

Si les rappeurs français parlent autant de « respect », c’est qu’ils ressentent le vide créé par le manque de pitié et de morale : on exhorte, on invoque le respect pour ne pas subir la violence gratuite, celle qui oblige à marcher les yeux baissés dans les transports publics et les cités.

Enfin, la fraternité est la meilleure forme de préserver un héritage. Les frères et les sœurs reçoivent un patrimoine matériel et immatériel, conscient et inconscient, explicite et implicite. La fraternité permet la transmission. Or, de nos jours, nous n’arrivons même plus à transmettre l’Histoire de France.

 

Avec à peine 1% de la population, les Français représentent 15% des dépenses sociales mondiales, et ce n’est pas parce que l’Etat les y oblige, bien au contraire, ils le font de bon cœur même s’ils s’en plaignent parfois.

 

Sous l’impulsion d’intellectuels irresponsables et de pédagogues déboussolés, une partie de la population rejette le roman national français car « esclavagiste », « colonialiste » ou « machiste ». En détruisant les souvenirs communs, on détruit l’imaginaire national et la possibilité de former une nation.

Une femme voilée est un défi à la fraternité. Le voile est évident, il agit comme un deuxième visage qui dit tout haut ce dont on aurait pu se passer c’est-à-dire l’appartenance à une religion portée sur la tête. Et sur la tête des femmes, ce n’est pas un hasard car le corps de la femme concentre tous les fantasmes de pureté du moins dans la partie du monde touchée par le monothéisme.

 

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Le hijab est un casque et une cuirasse que l’on porte pour un combat permanent : une guerre sociale de basse intensité qui se livre au goutte-à-goutte tous les jours. L’objectif de cette guerre est de tracer une ligne, une frontière visible qui empêche le mélange. Imaginez de draguer une femme voilée dans le métro ou sur les bans de la fac !

Je prends cet exemple à escient car une fonction essentielle du hijab est de soustraire les musulmanes du grand « marché » de l’union matrimoniale. Le voile les réserve aux seuls musulmans. C’est un cri assourdissant que tous, musulmans ou non, reçoivent cinq sur cinq : « cette fille est musulmane, elle se mettra en couple avec un autre musulman ».

 

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Connaissez-vous des cas de mariage mixte entre un Français de souche et une musulmane voilée ? Moi, je n’en ai jamais vu et, s’il y en a, il s’agit de rarissimes exceptions.

Le mariage est une fabrique de fraternité. On y gagne un beau-frère, une belle sœur et une belle famille. La table et le lit sont le théâtre véritable du mélange et de l’intégration, bien plus que l’entreprise, le football ou la prison. La table et le lit sont les lieux de la vérité : là où se décident les choses sérieuses qui ont un rapport avec les valeurs à transmettre, le prénom des enfants, le patrimoine à léguer etc.

 

Le cas algérien est emblématique : un million de pieds noirs, cent mille juifs environs et neuf millions de musulmans au début des années 1960, nous savons le destin des uns et des autres après le départ de la France.

 

Le mariage mixte ou interreligieux est un catalyseur de la fraternité dans un pays d’immigration. Il n’y a pas de métissage sans couple mixte. Or, le port du voile rend très difficile l’union entre les hommes non-musulmans et les femmes musulmanes.

L’ouverture d’esprit, l’amour des différences et l’exotisme ont des limites et ce sont celles de la compatibilité, j’en sais quelque chose moi, le musulman, qui s’est marié avec une brésilienne d’ascendance juive et convertie au catholicisme…Franchir l’abîme culturel est un défi et un des conjoints doit faire plus de concessions que l’autre, invariablement.

 

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Le hijab se manifeste en France au moment où la fraternité est battue en brèche. La hausse des inégalités sociales, le déclassement des classes moyennes, la désaffiliation des couches populaires, la faillite du syndicalisme et la crise des partis, l’explosion de la solitude urbaine et des réseaux a-sociaux où l’entre-soi est magnifié, tous ces facteurs fragilisent la fraternité. L’expansion du hijab arrive donc au pire moment.

On pourrait me rétorquer que le port de la kipa ou de la croix lui aussi peut causer une entaille au principe de fraternité dans le sens qu’il expose ouvertement une appartenance religieuse. L’argument est recevable à la lumière de ce qui a été énoncé plus haut mais convenons qu’il n’existe pas de péril imminent de séparatisme juif ou catholique en France.

 

Nous sommes en train de recréer l’Ancien Monde, celui que nous avons adoré brûler en décolonisant l’Afrique du Nord

 

Le hijab lui est la pointe d’un iceberg qui roule à pleine vitesse en notre direction. Sa partie immergée cache la réalité glaçante du militantisme islamiste qui veut prendre le contrôle des musulmans de France, tous, même ceux qui sont pleinement sécularisés et parfaitement à l’aise dans la laïcité.

Si l’on empêche ou entrave les mariages mixtes, l’on aboutira à l’émergence de plusieurs peuples sur le territoire français. Chacun représentera une civilisation c’est-à-dire une manière singulière de vivre et de penser le monde. Le propre des civilisations est d’entrer en concurrence. C’est la loi du genre. Braudel écrivait que les civilisations s’adaptent l’une à l’autre en grognant et en se lamentant2.

 

 

Nous sommes en train de recréer l’Ancien Monde, celui que nous avons adoré brûler en décolonisant l’Afrique du Nord. Qu’est-ce que le Maroc en 1956 à la veille de son indépendance ? Un pays multiculturel où coexistent des communautés ou plutôt des peuples aux loyautés divergentes et qui se méfient les uns des autres : juifs, musulmans, européens.

Le cas algérien est emblématique : un million de pieds noirs, cent mille juifs environs et neuf millions de musulmans au début des années 1960, nous savons le destin des uns et des autres après le départ de la France.

 

Lire aussi : L’islam, combien de divisions ?

 

Et déjà, le corps de la femme musulmane était un enjeu majeur : les européens fantasmaient sur le corps de la femme maure, les musulmans eux maintenaient les femmes cloîtrées chez elles, couvertes de la tête au pied, soumises à un couvre-feu et bannies de l’école. C’était ça l’Afrique du Nord à la veille de l’indépendance, sommes-nous sûrs de vouloir cela pour nos enfants ?

La diversité et la pluralité ne sont pas le problème, la question est d’éviter que les gens se regardent en chiens de faïence. Remettre en cause l’immigration n’est pas mon propos. J’affirme qu’il faut miser sur la dilution des différences dans un peuple français qui persévère en lui-même. Tel est le Nouveau Monde qui vaut la peine d’être envisagé, ensemble.

 

 

Un monde sans ghetto où la République suffit à toutes et à tous. Une France où l’allégeance à la nation française comble chacun et lui permet d’envisager sereinement une participation active à l’Europe. Si l’on croit encore au Progrès, en voilà un versant aimable et apaisé qui vaut la peine d’être embrassé par le plus grand nombre.

Au nom de la Fraternité, osons mettre des entraves à la diffusion du voile. Sans aller jusqu’à l’interdire sur la voie publique, il faut dissuader les entreprises et les lobbies commerciaux qui veulent surfer sur la vague de la mode islamique. La mode dit modeste n’a rien de modeste, elle est un coup de poing asséné à la République. La Liberté s’arrête aux limites de la Fraternité.

 

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Publiée par L'Incorrect sur Jeudi 14 mars 2019

 

De toutes façons, si nous ne créons pas la Fraternité à notre manière, d’autres le feront à notre place et contre nous et il s’agit des Frères Musulmans qui rêvent d’unifier les musulmans de France sous leur bannière.

 

1 Les particules élémentaires.

 

2 La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II (Tome II).

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