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Cet été, j’eus la surprise de lire une citation de Virginie Despentes. C’était à Genève, dans un bar conquis par les « idéaux » néo-progressistes, à l’étage, j’avais d’abord emprunté la porte de droite pour me rendre aux toilettes, ayant croisé deux jeunes femmes qui étaient sorties par la porte de gauche, mais, découvrant, interdit, une fois dans la pièce de droite, que sur la porte centrale, dont je m’apprêtais à tirer la poignée, il était inscrit en capitales menaçantes que l’endroit était « RÉSERVÉ AUX FEMMES », j’avais fait demi-tour, m’étais retrouvé à nouveau dans le couloir où une serveuse m’avait désigné la pièce dont je sortais avec un froncement de sourcil réprobateur, pour m’avertir que c’était bien là la direction à prendre lors - qu’on était de sexe masculin, alors j’avais opéré un nouveau revirement, assez déboussolé, pour admettre que les responsables de l’établissement avaient voulu réserver un WC aux femmes au milieu de l’espace alloué aux hommes afin que ceux-ci comprissent que leur règne appartenait bien au passé, au point même que les femmes, désormais, auraient loisir d’aller pisser au milieu de leurs espaces d’intimité si cela leur chantait – marque archaïque de domination territoriale –, et sans qu’eux, en revanche, ne pussent jamais fouler le sol du sanctuaire des commodités féminines, alors, résigné et me faisant la réflexion qu’on choisissait les terrains de lutte qu’on pouvait, j’avais poussé la porte du WC non réservé aux femmes dans les toilettes hommes, et c’est donc là, à peine débraillé, que j’étais tombé sur une citation de Virginie Despentes couvrant tout le gauche du lieu d’aisance, rassuré de constater qu’au moins, ces bistrotiers helvètes aux engagements farouches avaient saisi quelle était la place adéquate pour l’autrice française de King Kong Théorie : aux chiottes. Après que je me fus soulagé, la méditation de collégienne nerveuse rédigée en blanc sur le mur noir n’était pourtant plus signée que par « GIN E TE ».
Lire aussi : Éditorial culture de l’été : contre la culture
C’est la rentrée, il est temps de redescendre en salle, et nous qui sommes également des restaurateurs, quoique dans une autre acception du terme, nous qui nous soucions également de réorganiser l’espace, nous avons pris quelques bonnes résolutions, comme de continuer à tirer dans le tas. S’il faut définir des « tendances », on peut remarquer qu’en ce beau mois de septembre 2021 la redécouverte de la France périphérique comme lieu littéraire se poursuit, que le cinéma français est pris en otage par les fiottes victimaires et que l’obsession de l’apocalypse ne nous quitte pas. Belle nouvelle, pour une fois, aucune progéniture célèbre n’est venue régler ses comptes à coups de navet littéraire, on respire un peu... Il se pourrait aussi que d’anciennes transes reviennent nous hanter et que Louis XVI soit toujours vivant. Voici, en somme, l’essentiel des actualités.
Alors taillez vos crayons, aiguisez vos lames, réglez vos montres sur minuit moins deux, de grands défis nous attendent et beaucoup d’œuvres méritent d’être inspectées avec attention pour ce qu’elles traduisent de l’esprit du temps ou parce qu’elles immunisent contre sa vulgarité. Gardez votre air insolent, votre œil tragique, et rendez-vous sur l’embarcadère. [...]

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La plus grande méprise qu’on puisse faire sur France de Bruno Dumont, c’est sûrement de croire son dossier de presse : non, Dumont ne s’intéresse pas à la télévision, ni aux chaînes d’info en continu et encore moins à notre politique contemporaine. Non, Dumont ne brosse pas un portrait des médias « au vitriol ». Dumont s’en fout. Dumont fait du Dumont. Il n’a pas probablement pas allumé sa télévision depuis les années 80, comme le prouve sa vision candide et complètement surannée d’une journaliste « star » : France de Meurs, incarnée par Léa Seydoux, n’est jamais qu’une poupée de chiffon, sans aucune vraisemblance, dont le cinéaste s’amuse à changer les toilettes presque à chaque plan avec un fétichisme maniaque.
Qui peut croire un seul instant à cette présentatrice en total look Dior qui passe son temps entre les studios de télévision et les scènes de guerre au Maghreb ? C’est sans doute là la principale qualité et la principale faiblesse du film : Dumont envoie balader toute vraisemblance dès les premières minutes de son film (grotesque scène avec Macron) et nous emmène dans son « Dumont-verse », un univers truqué, conçu pour la parabole, au surréalisme parfois truculent et parfois extrêmement paresseux. [...]
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La pop est devenue plus totalitaire que jamais. Connu pour sa critique radicale de la musique populaire, et même plus largement de la culture populaire, Theodor Adorno aurait probablement viscéralement haï notre époque, où non seulement ces formes d’expression sont estimées de la même manière que la culture savante, mais atteignent aussi une qualité de plus en plus discutable. À propos des « tubes » de la pop qu’il estime enfermés dans des « schèmes standards » et des « modèles stéréotypés », l’auteur de La Dialectique de la raison écrivait que « la musique populaire prive l’auditeur de sa spontanéité et provoque des réflexes conditionnés (…) La construction schématique impose la façon dont il doit écouter en même temps qu’il rend tout effort pour écouter inutile ».
Paradoxalement, ce que nous dit Adorno est précisément ce que Trent Reznor a expliqué à la jeune Hasley avant de produire son album If I Can’t Have Love, I Want Power, ainsi qu’elle a expliqué au célèbre magazine britannique New Musical Express :
« Il m’a d’abord dit qu’il serait peut-être préférable qu’il ne soit pas impliqué dans la conception de mon album quand il a écouté les premières maquettes, car il le trouvait bien en l’état.…
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