Skip to content
Les mocassins sont-ils de droite ?

Frédéric Rouvillois, qui est un ami sûr ( Je ne peux comparer la sûreté de son amitié qu’à son talent. Comme il écrit dans L’Incorrect, pour ceux qui ne comprendraient pas le caractère laudatif de la comparaison.), m’a signalé que le magazine Elle posait la question de savoir si le mocassin était de droite ou de gauche. Je ne saurais trop me féliciter de cet hommage oblique à cette chronique qui explore inlassable- ment l’époque et porte la lumière de la raison et de la vérité dans des endroits où nul politique n’irait fouiner. Oui, les mocassins sont en effet un sujet politique, au moins autant que le steak-frites, puisque Le Monde posait naguère la question à J-L Cassely.

Constatons tout d’abord que le mocassin est arrivé dans la langue française au XVIIe alors que Samuel de Champlain venait de fonder la ville de Québec en Nouvelle-France. Les colons avaient été séduits par ces chaussures souples en cuir tanné. Je ne voudrais pas qu’on me soupçonne de parti pris mais enfin, un soulier multimillénaire qui arrive en France par l’entremise de Normands expatriés ne saurait être réduit à ses mille variantes contemporaines, à semelles compensées, hybridées avec des sandales, multicolores, à mors (sur lesquels nous avons un avis réservé, en tout cas pour les hommes), à lacets, à pompons sur la claque, en nubuck, à picots… On peut néanmoins exprimer un doute poli sur la pertinence d’appeler mocassin une mule ou un escarpin au prétexte que l’empeigne imite la forme classique du soulier. Le mocassin est plat et son talon est fermé. [...]

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Trou gascon : la renaissance de l’armagnac
Quel est le point commun entre la vodka et l’armagnac ? Aucun! Si ce n’est l’envie furieuse d’absorber un alcool fort qui vous transporte ailleurs. L’armagnac sent bon les mousquetaires et le patois du sud ouest. Dans l’imaginaire collectif, il se situe au sud de Cognac, tout là-bas vers les Pyrénées. À la fin du repas, papi et mémé sortaient la bouteille de leur fausse armoire normande, pour régaler les invités. C’est tout cela l’armagnac, de vieux souvenirs et un accent du terroir à couper au couteau. Tout ! Peut-être pas, car une bande d’irréductibles entrepreneurs (oui, cela existe encore en France) ont décidé de rajeunir l’armagnac. À les entendre, il s’agit d’un trésor national. Les fins connaisseurs et autres artistes du lever de coude considèrent l’armagnac comme une boisson d’élite. Sur les 16 milliards de bouteilles de spiritueux commercialisées dans le monde, seules 5,5 millions contiennent de l’armagnac. Un Petit Poucet parmi les géants du whisky (1,6 milliard), de la vodka (5 milliards) et du cognac (205 millions). Cognac, c’est le frère ennemi ! Apparu vers 1530 alors que l’eau-de-vie d’armagnac est connue depuis 1310, le cognac a pris le pas au fil des siècles sur l’armagnac. L’accès facile à la mer et l’investissement massif des familles du négoce ont permis l’expansion du cognac dès le XVIIe siècle. [...]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
« La Femme » d’Edith Stein : éloge de la soumission volontaire

« Et son âme est faite pour être le rempart des autres âmes et la patrie où elles peuvent s’épanouir. » Ce sont les paroles prononcées par Edith Stein, dite sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, sur la spécificité de la femme lors de sa conférence Les fondements de l’éducation féminine (1930). Or, savons-nous encore saisir ces mots graves que sont ceux de l’âme, de la patrie, et de la femme à une époque où le progrès ne voudrait parler que de « corps », « d’espaces sans frontières » et de « personnes avec un utérus » ?

Lire Edith Stein, c’est s’abreuver – après une longue traversée du désert qui s’appelle progressisme –, à la simplicité de la nature et donc à la vérité. Cent ans plus tard, alors que les féministes enragent dans une colère vulgaire et s’aspergent d’une masculinité médiocre, cette philosophe devenue carmélite nous parle d’une voix ferme dans une forteresse de convictions.

Lire Edith Stein, c’est s’abreuver – après une longue traversée du désert qui s’appelle progressisme –, à la simplicité de la nature et donc à la vérité.

Elle rassure les hommes et élève les femmes, face à une question qui bouleverse toujours à en croire les partisans du wokisme et de l’écriture inclusive : existe-t-il une essence féminine, et celle-ci permettrait-elle à la femme d’accéder à toutes les vocations ?

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Traité de la vie élégante : Balek ou Tancoc ?

« Balek ! Pfff! J’t’en foutrais, moi, des Balek ! » Sortant du métro rue du Bac et coupant le boulevard pour rejoindre Zo’, Mathilde et E. qui l’attendaient en discutant à la terrasse du Saint-Germain, Ferdinand zu G. leur parut ivre de colère. Sous la barbe noire qui le faisait vaguement ressembler au capitaine Haddock, le quinquagénaire était pourpre comme un bouquet de pivoines.

– Balek ! grommelait-il. Balek !

– Eh bien, Ferdi, mon vieux, qu’est-ce qui vous arrive ? lança E., qui n’ignorait pas que son ami prussien avait tendance à s’emporter lorsqu’on lui manquait de respect. Un monsieur Balek vous aurait-il agressé dans les couloirs du métropolitain ?

– Tiens, fit Zo’ je sais pas pourquoi, mais ce nom me rappelle que je suis à court de cigarettes, je vous quitte une seconde pour filer au tabac chercher ma drogue… Mathilde, si tu pouvais me commander un autre ristretto ? Balek ?

– Ce ne serait pas plutôt un genre de divinité sumérienne ? suggéra justement Mathilde en posant sa tasse d’un geste plein d’élégance.

Mais Ferdinand zu G. trépignait devant la table, tardant à reprendre ses couleurs naturelles. [...]

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Le savoir-faire des paludiers de Guérande : des racines et du sel

Le sel, petit ingrédient modeste au sein de l’art culinaire, traîne une mauvaise réputation. À l’état minuscule ou en gros volume, avec le sel il y en a toujours de trop ou pas assez. Suspecté d’être un agent néfaste pour votre patrimoine santé, le sel est chassé des aliments : voilà la baguette sans sel, les tranches de porc 25 % moins salées, la saucisse frite allégée. Évitez le sel et mangez des herbes pour échapper à l’infarctus du myocarde !

Esseulé sur son étagère, le sel poursuit sa voie pudique parmi d’autres suspects comme le sucre et le bouillon cube. Il n’a pas la grosse tête, le sel, et pourtant quelle histoire ! La période clé se situe entre l’âge du bronze et l’Empire romain. Une infime parenthèse dans l’histoire du monde mais presque aussi longue que celle séparant Jésus-Christ d’Emmanuel Macron. Il y a 4 000 ans, le sel est déjà exploité dans les mines comme dans les marais salants. Sous l’antiquité, l’unification des territoires par le système routier romain intensifie les échanges commerciaux. Le sel est employé pour la conservation des aliments (viandes, poissons). Il est aussi utilisé comme monnaie d’échange. Les soldats romains reçoivent une ration de sel comme « paiement pour service rendu » : c’est le salarium (le salaire).

Lire aussi : Coordination rurale : « Nous sommes dans le temps des promesses »

L’effondrement de l’Empire romain en 476 provoque une réaction en chaîne : fin de l’ordre, fin de la propreté et des cheveux courts, retour aux grosses moustaches des barbares… La guerre toujours la guerre, peu propice à l’esprit mercantile. Le commerce s’affaiblit, et le sel se retire du roman national.

À partir du XIIIe siècle, l’optimisme s’impose. La progression démographique des villes entraîne l’essor des entreprises : Sel’a fête ! Les affaires trop juteuses attirent l’attention de l’État. Philippe VI de Valois, qui n’était pas socialiste mais neveu de Philippe le Bel, généralise en 1341 l’impôt sur le sel : la gabelle. L’État dispose du monopole de vente dans les « greniers à sel » situés dans la périphérie des villes. Outre le prix excessif, il faut supporter le temps passé à acheter le sel dans ses greniers lointains et mal gérés. La gabelle est rapidement l’impôt le plus honni de l’Ancien régime. Son taux diffère suivant les régions et favorise le développement de la contrebande. Perfectionnée tout au long des siècles, la gabelle disparaît sous la République guillotine. [...]

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Le tire-bouchon est-il de droite ?

Soyons franc, la question ne se pose pas vraiment. Le tire-bouchon, pratique, populaire, ingénieux, quotidien et nécessaire, est évidemment de droite. Il date d’ailleurs du XVIIe siècle, comme nombre de bonnes choses (au hasard, Blaise Pascal, Louis XIII et Le Cuisinier royal et bourgeois de Massialot). Il se compose d’une poignée et d’une tige formant mèche, à centre plein ou en queue de cochon. J’avoue ma préférence pour les tire-bouchons simples, avec poignée en bois et mèche pleines, qui assurent les plops les plus réussis et réjouissants, mais utilise aussi fréquemment un de Gaulle, avec ses deux bras à crémaillère (je confesse balancer encore, après quelques décennies, entre le plaisir d’utiliser mon de Gaulle comme un serviteur docile, muet et limité, et la gêne de conférer une utilité à ce nom).

Le de Gaulle m’amène naturellement à évoquer ces objets qui sont des tire-bouchons mais ne peuvent pas être de droite: les tire-bouchons à levier, à gaz, à pression d’air, électriques, électriques rechargeables avec port USB, et autres vistemboires à rétropédale chromée et récupérateur d’énergie achant l’empreinte carbone, sont des enfants du progrès et du marquetingue, horrible engeance aux métamorphoses continuelles qui réunit dans des cousinages improbables et maléfiques le costume Gucci à wifi intégré [authentique], Macron [authentique] et les lardons végétaux [authentique]. La bouteille est ouverte, mais à quel prix ? On a sacrifié sa dignité ; ce vin vous portera à la tête et à l’estomac. [...]

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
La cruche est-elle de droite ?

Je lisais avec un certain plaisir le catalogue Ducatillon Noël 2021. « Ducatillon – Au cœur de vos passions » réunit une belle collection d’ustensiles nécessaires à l’élevage, à la chasse, à la cuisine et aux enfants ; en gros ; n’allez pas me chinoiser sur quelques articles de pêche, un lève-tracteur et un range-bûches. On feuillette ce catalogue avec le sentiment délicieux de plonger dans un monde ignoré des métropolitains où l’on vous assure que le « Goudron de Norvège » est « irrésistible » (je cite) pour les sangliers et les chevreuils une fois badigeonné sur les baliveaux, et où on peut se poser la question de l’achat judicieux d’une suspente de dépeçage à 19,99 € qui, grâce à son palan à poulies, permet de démultiplier le poids par 3,5 (c’est moi qui souligne), ou d’un cuit-saucisses 1 (en promotion). [...]

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
L’honneur d’un doigt

« Enfin, quoi que vous puissiez penser de ses idées extrémistes, reconnaissez que ce doigt d’honneur, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ! En même temps que son calme, votre Z. a perdu toute crédibilité, toute stature de présidentiable ! Vous avez entendu Gilles Bouleau sur TF1 le soir de sa déclaration de candidature, lorsqu’il a mis en parallèle le doigt d’honneur infligé par votre gougnafier à cette pauvre Marseillaise, et le doigt présidentiel qui pourrait être amené à presser le bouton nucléaire…

Si le dîner était resté calme, c’est parce que Mathilde, en maîtresse de maison avisée, s’était arrangée pour qu’on ne parle ni de politique, ni du pape François. Et voici que Chantal de S., affalée dans un fauteuil avec un verre de chartreuse jaune à la main, se lançait à corps perdu dans une diatribe contre sa bête noire du moment. [...]

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile

L’Incorrect

Retrouvez le magazine de ce mois ci en format

numérique ou papier selon votre préférence.

Retrouvez les numéros précédents

Pin It on Pinterest