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Retour d’Irak
En donnant mon passeport et mes billets, le policier qui vérifie les documents m’interroge machinalement : « Vous allez où... ? » « En Irak, monsieur ».  Ce regard mi-ébahi, mi-inquisiteur du fonctionnaire sédentaire, cela fait désormais huit ans que je le vis, souvent avec amusement, parfois avec lassitude. Aujourd’hui directeur des opérations de SOS Chrétiens d’Orient en charge de tous nos pays de mission, la plupart pour le moins exotiques (Syrie, Irak, Liban, Jordanie, Égypte, Arménie, Pakistan, Éthiopie), j’ai passé trois années en Irak durant l’occupation d’une partie du territoire par l’État islamique.  J’y retourne aujourd’hui afin d’inspecter la mission, rencontrer nos volontaires, les salariés locaux et pour faire le tour des projets. Lire aussi : À Paris, Riski Sunak renoue avec l’Europe Après une escale à Istanbul, j’embarque pour Erbil, capitale du Kurdistan irakien. Dans l’avion se mélangent des Kurdes, une myriade de larges Américains travaillant généralement dans le pétrole et quelques humanitaires habitués des zones sensibles. Tout à l’avant, en classe affaires, une poignée de diplomates européens et d’hommes d’affaires libanais somnolent. L’avion touche le sol. Il est trois heures du matin à Erbil. Ragheed, l’un de nos responsables locaux vient me chercher et nous roulons sur les grandes artères désertes d’une capitale régionale qui se veut le « nouveau Dubaï ». Partout autour de nous, des immeubles lumineux d’une vingtaine d’étages annoncés par des panneaux éclairant le bord des routes : « ici une piscine », « là un cinéma », « ici le meilleur restaurant à viande de la ville ». Nous ne goûterons rien de cela à cette heure-ci, le programme de ces dix prochains jours est dense et il nous faut aller dormir. [...]
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À Paris, Riski Sunak renoue avec l’Europe
La rencontre entre Emmanuel Macron et Rishi Sunak était d’abord celle de deux personnalités faites pour s’entendre. Les deux hommes ont presque le même âge : 45 pour le président de la République française, 42 pour le Premier ministre britannique. Tous deux banquiers d’affaires avant de se lancer en politique, ils ont démontré durant leur conférence […]
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Écosse : la guerre entre féministes et trans est déclarée
Le Scottish National Party (SNP) est plongé dans de graves divisions depuis la démission de leur leader, la Première ministre Nicola Sturgeon, le 17 février dernier. En place depuis huit ans, elle a annoncé son départ avec une grande émotion. En prétextant l’épuisement, Nicola Sturgeon omettait pourtant de mentionner le motif principal de sa démission : la douloureuse controverse sur le genre du violeur Isla Bryson et sur la loi sur le changement de sexe. [...]
Éditorial monde de mars : Les somnambules

« Nous marchons vers la guerre comme des somnambules », déclarait, il y a neuf mois, Henri Guaino, à propos de la crise déclenchée le 24 février précédent. Ce n’est pas à l’Europe, pourtant, qu’il faut appliquer cette comparaison, mais à la droite, dont les ténors – souvernainistes, pseudopatriotes et ex-sarkozystes – marchent, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, comme des somnambules, incapables de saisir la véritable nature du projet poutinien, cramponnés à leur grille d’analyse obsolète et inopérante. Dans le cas d’Henri Guaino, comme pour une grande partie de sa famille politique, cette grille de lecture est tributaire d’un mythe assez récent – le « passé d’une illusion » aurait dit l’historien François Furet – celui d’une victoire diplomatique que la France aurait remportée en 2008, en amenant Vladimir Poutine à accepter un cessez-le-feu après le conflit-éclair mené par le grand frère russe contre son petit voisin géorgien. La légende veut que, dans l’avion ramenant à Paris Nicolas Sarkozy et son équipe, on ait largement fêté la victoire diplomatique remportée par le président appelé au chevet du Caucase.…

Ukraine : le piège de « Joe le sénile »
Le 19 janvier 2022, le président américain Joe Biden donnait une conférence de presse lors de laquelle il était interrogé sur la menace d’une invasion russe de l’Ukraine, tandis que la Russie était en train de masser des centaines de milliers de soldats à ses frontières ainsi qu’en Biélorussie. En effet, questionné sur la réaction américaine et des membres de l’OTAN face à une agression militaire russe en Ukraine, il avait répondu qu’elle dépendrait de l’ampleur de cette agression. Il eut cette déclaration ambiguë affirmant que les membres de l’OTAN risquaient de se diviser sur une telle réaction s’il ne s’agissait que « d’une incursion mineure ». Et ce tout en reconnaissant néanmoins que Vladimir Poutine allait « tester l’Occident », qu’il allait « devoir faire quelque chose » et qu’il allait « rentrer en Ukraine d’une manière ou d’une autre ». « L’impuissance de Joe Biden a enhardi Vladimir Poutine, et voilà qu’il vient de donner un feu vert à Poutine pour envahir l’Ukraine » répondirent les ténors de l’opposition (Tom Cotton, sénateur républicain de l’Arkansas). Le « feu vert » pour envahir l’Ukraine fut donc donné à la Maison-Blanche et reçu fort et clair par les tours du Kremlin. Aux yeux de nombreux observateurs, la réponse de Joe Biden était « légère » voire « inappropriée ». En réalité, le président américain apportait ce jour-là la touche finale au plus grand piège géostratégique tissé par les États-Unis depuis 1945. Feu vert pour envahir l’Ukraine  Un peu plus d’un mois plus tard, le 24 février 2022, avec 200 000 soldats, Vladimir Poutine envahissait l’Ukraine. Complètement intoxiqué par ses propres services de renseignements lui affirmant que le pays tomberait comme un fruit mûr et que la population accueillerait les chars russes en libérateurs, il se lança dans une invasion à grande échelle à partir du territoire russe, biélorusse et des territoires du Donbass et de la Crimée occupés.
Débat : Ukraine, la guerre des mots 

Affirmation n° 1 : Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen l’ont répété à maintes reprises : l’attitude de l’Occident, après la fin de la guerre froide, et l’élargissement de l’OTAN et de l’UE ont poussé la Russie dans ses retranchements et contribué indirectement à la crise ukrainienne. 

Raphaël Chauvancy Faux. La Russie n’est pas une victime. Elle a joué une partie qui visait à rétablir son statut de très grande puissance en réaffirmant son influence en Europe. Seulement, elle l’a perdue parce que ses forces ne sont plus suffisantes pour compenser le manque d’attractivité de son modèle. 

Thibault Muzergues: Faux. C’est la Russie qui a choisi de faire de l’OTAN son ennemie, pas l’inverse. Rappelons que jusqu’au début de l’invasion de l’Ukraine en 2014, les deux parties avaient construit un Partenariat pour la Paix (PPP) et il n’est pas venu à l’esprit des Russes de dénoncer l’élargissement de l’OTAN lorsqu’il s’est produit en 1997 – il aura fallu l’invasion de la Crimée en 2014 pour que le PPP prenne fin. 

Lire aussi : Ukraine : la droite nationale s’est-elle tiré une balle dans le pied ? Entretien avec Loup Viallet

Julien Ravalais Casanova: Faux. Un dialogue entre l’OTAN et la Russie a été mis en place, avec l’Acte Fondateur de 1997 et le Conseil OTAN-Russie qui a fonctionné de 2004 bon an mal an jusqu’en 2014, année de l’annexion de la Crimée. Pour mémoire, l’Acte Fondateur de 1997 stipule « le respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de tous les États et de leur droit inhérent de choisir les moyens d’assurer leur sécurité ». C’est donc la Russie qui a renié ses engagements en envahissant l’Ukraine, pas l’inverse. [...]

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Jean-Rémi, chef de mission SOS Chrétiens d’Orient en Syrie : « La priorité, c’est de chercher de la nourriture »

Où vous trouvez-vous précisément en Syrie ?

Pendant la nuit, lorsqu’il y a eu le tremblement de terre, j’étais à Alep. Je suis descendu à Damas pour mettre ma famille et les volontaires en sécurité et je repars de bonne heure demain matin à Alep.

Comment avez-vous vécu ce séisme ?

À titre personnel, je dormais. Ma femme m’a réveillé et j’ai tout de suite senti que le lit tremblait. Je n’ai pas mis plus de deux secondes à comprendre qu’il s’agissait d’un tremblement de terre parce qu’on avait déjà eu des secousses similaires en décembre. De plus, ces dernières semaines il y en a aussi eu quelques-uns. On s’attendait plus ou moins à ce que ce genre d’évènement se produise, sans en être certains car on ne peut jamais vraiment prévoir un tremblement de terre.

Lire aussi : SOS Chrétiens d’Orient : « Le Liban est vampirisé par une classe politique corrompue »

On a sauté du lit, ma femme a récupéré ma fille et nous sommes directement allés nous mettre à l’abri sous une table dans le salon. Le tremblement a duré une bonne minute et des fissures sont apparues sur les murs. Quand cela s’est arrêté, nous avons décidé de rester à l’abri pour s’assurer que le tremblement ne reprenne pas. Justement, deux petites minutes plus tard, les tremblements ont repris, plus doucement cette fois-ci.

À ce moment-là, on entendait les voisins commencer à quitter leurs appartements pour se réfugier dans la rue. On a suivi le mouvement, en prenant quelques affaires en urgence comme nos manteaux et nos papiers d’identité. Nous nous sommes retrouvés dans la rue avec tout le monde en évitant d’être en danger si l’immeuble s’effondrait. [...]

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Éditorial monde de février : La voix du déclin

« Les Russes les plus idiots sont tous morts », disent les Ukrainiens depuis juillet dernier, en constatant l’abandon par leur adversaire des stratégies de conquête les plus absurdes qui ont coûté tant de soldats à Moscou. En France, en revanche, les idiots, qui ne sont pas directement exposés aux périls de la guerre déclenchée par leur champion, continuent de servir avec zèle la propagande du Kremlin. Les mêmes qui affirmaient avec assurance que jamais les troupes russes ne franchiraient la frontière avec l’Ukraine, ont proclamé ensuite que Moscou n’avait aucune intention d’envahir l’Ukraine puis, face à l’évidence de la tentative d’annexion par la force, qu’il s’agissait là uniquement d’une manœuvre de diversion visant à faciliter la prise de contrôle du Donbass par les séparatistes. Un an et 50 000 morts plus tard, on se dit que la « diversion » a coûté un peu cher. Gageons que si la Russie avait envahi toute l’Ukraine en deux semaines, les mêmes spécialistes nous auraient certainement assuré que jamais, au grand jamais, Vladimir Poutine n’aurait eu l’intention d’envahir ensuite la Moldavie, la Géorgie, les pays baltes ou, pourquoi pas, la Pologne.…

L’Incorrect numéro 80

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