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États-Unis : le Français Jean Ribault triomphe de la cancel culture

En août prochain, le rectorat du comté de Jacksonville en Floride voulait renommer neuf de ses écoles dont deux rendaient hommage à un grand explorateur et capitaine de marine français du XVIème siècle : Jean Ribault.

L’histoire de cet explorateur est en tout point admirable. Originaire de Dieppe, cet explorateur protestant quitte la France en 1562 sur ordre de Gaspard de Coligny pour fonder une colonie protestante. Il accoste en Floride où il entretient des relations amicales avec les natifs amérindiens, et y fait construire un fort qu’il baptise Charlesfort en l’honneur de Charles IX, dans l’actuelle Jacksonville. De retour en France en pleine guerre civile, il part s’exiler en Angleterre, mais refuse de se mettre au service de la couronne. Pendant son absence, la colonie est gouvernée de manière assez autoritaire par l’un de ses proches ; à son retour sur place, Ribault est confronté aux Espagnols. En quelques mois, la colonie huguenote est anéantie par les soldats de Philippe II d’Espagne. Son héritage n’en reste pas moins considérable, en témoigne les statues, les monuments commémoratifs, les rues et même la rivière qui portent son nom.

Malheureusement, la frénésie déconstructrice goûte peu les figures héroïques. Ashley Smith-Juarez, membre du rectorat du comté, a décidé d’en finir avec ces vestiges du passé, à la suite du maire de la ville, qui a déjà initié le déboulonnage de plusieurs statues dans la région, et du recteur de l’académie, qui a soutenu le changement de nom des autres écoles. Accusé de « marginalisation systémique et du massacre des peuples autochtones » par Ashley Smith-Juarez, l’explorateur Jean Ribault est donc sur le point d’être rayé de l’Histoire.

L’explorateur Jean Ribault est donc sur le point d’être rayé de l’Histoire

Seulement voilà, changer de nom n’est pas qu’un jeu de récriture, et les coûts s’élèvent à plusieurs millions de dollars, les collèges et lycées réclamant des fonds pour l’achat de nouveaux uniformes de sport ou de fanfare, et d’autres frais supplémentaires. Plutôt qu’à un changement de nom jugé accessoire, de nombreux parents réticents préféreraient que ces millions servent directement à la formation de leurs enfants.

Un vote a eu lieu au sein du rectorat pour valider le projet mais n’a pas obtenu l’unanimité, l’un des membres s’y étant opposé car jugeant le moment inadéquat. La décision finale revenait à un comité désigné qui consulte élèves et anciens élèves, professeurs et personnel des établissements, parents et habitants du quartier. Finalement, il y a deux semaines, ces derniers ont choisi de conserver le nom de Jean Ribault pour le collège et le lycée. Les urnes ont parlé : cocorico.(...)

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Les lettres et le néant

Aujourd’hui encore, nombre de nostalgiques de François Mitterrand soulignent l’inclination de feu leur idole pour la culture – et tout particulièrement la littérature. S’il est indéniable que le président socialiste fut plus érudit que ses successeurs, l’amateur des belles lettres raffolait avant tout des beaux livres.

C’est entendu: éprouver de l’attrait pour les reliures moirées et les éditions rares relève du bon goût le plus élémentaire. Toutefois, quand l’objet littéraire prend le pas sur l’œuvre en elle même, quand l’écrin prime sur le verbe et le contenant sur le contenu, alors le livre n’est plus qu’un frivole ornement. Mais tandis que le bon bourgeois de naguère alignait sur ses étagères les Pléiades qu’il n’avait jamais lues à la seule fin de satisfaire sa fatuité, François Mitterrand fait bien mieux: il transforme le livre en arme de communication politique et en gage de finesse d’esprit. Il ne flatte pas seulement son ego mais aussi – par mimétisme – celui de ses potentiels électeurs: voter pour un lettré, c’est être un peu lettré soi-même. Ainsi n’était-il pas rare de croiser le président en exercice – toujours flanqué de gardes du corps – sillonnant le Quartier latin, passant d’une librairie à un étal de bouquiniste: la charge de son mandat demeurait probablement assez soutenable pour qu’il s’accorde de telles baguenaudes. [...]

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Vers un post-monétarisme : le tournant keynésien de 2007

Pour faire face à la crise sanitaire, les États occidentaux ont unanimement choisi de recourir à des politiques budgétaires expansives via l'endettement, rendues possibles par le rachat partiel de dettes opéré par les banques centrales. De fait, par la création ex nihilo, ces dernières ont drastiquement augmenté la masse monétaire en circulation de près de 70 % pour les pays de l’OCDE en 2020. Il n’est pourtant que peu de critiques à cette méthode, et pour cause : ses plus grands pourfendeurs, les monétaristes, ont opéré un virage keynésien depuis la crise de 2007.

Lire aussi : L’économie après le Covid

Caractérisée par son refus de l’intervention étatique et son épistémologie mathématique, l’école monétariste américaine postulait traditionnellement, par la théorie quantitative de la monnaie, que la création monétaire était inefficace pour contrôler les crises économiques, car elle n’engendrait à terme que de l’inflation. Pourtant, les disciples de Milton Friedman ont depuis 2007 révisé leur théorie après qu’elle a été démentie par les faits : ils n’ont pas anticipé la crise économique et n’ont pas pu critiquer le système qui l’a fait advenir puisqu’il était leur. Lors d’une audition, le directeur de la FED Alan Greenspan a confessé avoir été « plongé dans un grand désarroi » après avoir « trouvé une faille dans l’idéologie capitaliste (...) ».

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Lyon : le théâtre pour réconcilier policiers et habitants

Dans un contexte de danger permanent, entre rodéos sauvages sur la place Bellecour et altercations régulières entre chances pour la France dans les banlieues lyonnaises, des mesures visant à lutter contre l’insécurité ont été proposées par Gregory Doucet, le maire écologiste de Lyon.

Jeudi 27 mai, les syndicats policiers de tous bords (CGT, l'UNSA, la CFDT et FO) ont réagi dans une lettre ouverte aux dispositions annoncées pour aider le métier en perte d’attractivité. Parmi les initiatives, 9 000 € devraient être donnés à l'association du Lien Théâtre dans le but de pacifier les relations policiers-habitants. De même, 200 000 € devraient être attribués aux associations de lutte contre l’insécurité.

Alors même que suicides, blessures et dépressions troublent le quotidien de ces fonctionnaires, Grégory Doucet leur demande de jouer les Clint Eastwood

Comment croire que c’est suffisant ? Alors même que suicides, blessures et dépressions troublent le quotidien de ces fonctionnaires, Grégory Doucet leur demande de jouer les Clint Eastwood pour attirer la sympathie et le respect de ceux qui les méprisent. Cette décision ne saurait être acceptable : quelle hypocrisie que cette pièce de théâtre ! Qu’importe le scénario. La seule manière d’obtenir le respect serait de montrer la vérité : des policiers qui risquent leur vie en tentant de réduire la violence dans les quartiers dits populaires. S’il existe des violences, il est incontestable qu’elles proviennent en grande majorité du camp adversaire, quand bien même certains médias préfèrent rester silencieux. [...]   

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Homosexualité et transsexualité : pourtour et entre-soi

La question de l’homosexualité – et plus encore celle de la trans-sexualité – pose en réalité celle de l’altérité. Dans un monde qui a été remplacé peu à peu par son auto-contemplation factieuse (le nombril du monde remplaçant le monde, Muray), la réalité de l’Autre est constamment remise en question, soumise à l’opprobre d’un « je » qui se veut désormais univers, une grande soupe tautologique dans laquelle les autres ne seraient que des ombres portées du « moi » tout puissant, d’une volonté de vivre désormais restreinte à la seule instance du jouir et du désirer, c’est-à-dire à la transmutation infecte du « je » en « ego ». Dans cette impossibilité à distinguer les deux – qui sont pourtant radicalement opposés – se tiennent précisément l’homosexualité et la transsexualité, entendus non pas comme des inclinaisons de l’âme ou de la chair mais bien comme des réactions à cette dissolution du je dans l’ego, réactions en chaîne qui traduisent nolens volens la nécessité d’euthanasier dans sa propre chair l’idée de l’autre, de figer l’altérité, de la faire culminer en soi, donc à la fétichiser une bonne fois pour toutes afin de l’anéantir, de la rendre caduque et inopérante.

Je éteint l’Autre

Cette anesthésie de l’autre en soi, cette ventriloquie du désir par l’ego, c’est la raison majeure de ce qu’il faut bien appeler désormais une « inversion de confort », et qu’on observe par ailleurs de tout temps chez certaines jeunes filles, qui par peur de l’autre – mais aussi par la grâce d’une très adolescente défiance envers tout ce qui est étranger – entretiennent avec leurs meilleurs amies des rapports à peine saphiques, une complicité tout juste sexualisée qu’on voudrait nous faire passer aujourd’hui pour du lesbianisme. Ce qui n’était autrefois qu’un prodrome à la « vraie relation », c’est-à-dire à la relation avec l’Autre, avec l’autre sexe, avec autrui, est devenu aujourd’hui la norme, et c’est précisément cette « homosexualité de confort » qu’il nous faut combattre sans vergogne. [...]

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Mathieu Bock-Côté : « Fanatique et résolue, cette minorité idéologique est prête à aller jusqu’au bout » 1/2

Quels sont les traits principaux de la révolution racialiste que vous décrivez dans votre livre ?

Le régime diversitaire se radicalise en se racialisant : tel est le fondement de la révolution racialiste. Aujourd’hui, la catégorisation raciale devient la catégorisation première de la société, et fonde deux camps : le blanc et le racisé. C’est à partir de ces catégories qu’il faudrait aborder les sociétés occidentales et entreprendre le démantèlement des rapports de domination qui les structureraient. Dès qu’il y a une disparité statistique repérée par la bureaucratie diversitaire entre les groupes qu’elle prétend identifier, elle est interprétée à la manière d’une inégalité raciale provoquée par le racisme systémique. Plus largement, il faudrait déblanchir les sociétés occidentales parce que l’universel, auquel nous avions tendance à croire, serait mensonger et masquerait les intérêts d’une majorité blanche.

Lire aussi : Coupable d’être blanc ?

Ce qui est frappant devant cette mouvance, c’est la paralysie mentale de nos élites politiques qui pensent que de petites concessions pourront l’amadouer. Mais ce n’est pas un mouvement réformiste, et les concepts du racialisme viennent en grappe. Quand on en achète un, on les achète tous ; qui commence à parler de privilège blanc parlera de racisme systématique, de fragilité blanche, et finira par adopter le logiciel général.

En quoi ce mouvement est-il révolutionnaire ?

Ce mouvement racialiste est la quatrième vague de la tentation totalitaire de la modernité, après 1793, 1917 et les années 1960 – je ne parle pas des totalitarismes nazi et fasciste, monstrueux, mais qui répondent à une autre logique. Nous sommes face à des mouvements qui sont dans une logique d’éradication, de condamnation ontologique, de remise en question de la légitimité même de l’existence de nos sociétés. Certes, le goulag n’existe pas, mais la rééducation généralisée est bien présente. Fanatique et résolue, cette mouvance idéologique est prête à aller jusqu’au bout.

Qui sont les figures principales de cette idéologie ?

Chez les intellectuels, deux grandes figures méritent d’être mentionnées. D’abord, Robin DiAngelo, auteure de Fragilité blanche, et figure centrale de l’industrie du diversity training, qui transforme les milieux de travail aux États-Unis en ateliers de rééducation idéologique. Pour elle, le racisme est nécessairement blanc et le blanc, nécessairement raciste. Son objectif : apprendre à ne plus être blanche, une tâche qu’elle assimile à une libération personnelle, mais qui demeurera inatteignable de son vivant, tellement elle est imprégnée par sa blanchité. Autrement dit, elle se condamne à une expiation sans rédemption. DiAngelo est l’une des intellectuelles les plus influentes de notre temps. J’ajouterais qu’elle incarne un fanatisme qui va jusqu’à la névrose. [...]

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1983 : l’année où Mitterrand abandonna la classe ouvrière
« Celui qui n’accepte pas la rupture avec l’ordre établi, avec la société capitaliste, celui-là ne peut pas être adhérent du Parti socialiste» (François Mitterrand, 1971). Qu’il est délicieusement rétro de réécouter les discours du congrès d’Épinay ! Mauroy parlant de « révolution » à un auditoire d’adhérents de la CAMIF. On s’en laisserait pousser le collier de barbe de nostalgie ! Pourtant, le PS d’alors n’est guère révolutionnaire : le molletisme, discours couillu et baissage de froc, rassemble encore un tiers des socialistes ! C’est pourtant François Mitterrand qui gagnera le congrès. En jouant sur la « rupture » et l’acceptation du Programme commun avec le PCF [ ...]
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Procession catholique attaquée à Paris

Une procession organisée par le Diocèse de Paris, déclarée et autorisée par la préfecture de police devait donc relier le square de la Roquette à l’église Notre-Dame-des-Otages rue Haxo dans le vingtième arrondissement. Cette procession se voulait un hommage à Monseigneur Darboy, archevêque de Paris, assassiné le 24 mai 1871 à la prison de la Roquette, ainsi qu’aux dix ecclésiastiques assassinés deux jours plus tard rue Haxo, à l’endroit même où a été bâtie l’église. 

Sauf qu’arrivés à Ménilmontant, les pèlerins – environ 300 personnes selon un participant – se sont fait attaquer très violemment par un groupe de « soutien à la Commune ». Les vidéos postées sur différents comptes Twitter sont édifiantes : d’un côté, vous entendez une jeune femme entonner des chants religieux en tête d’une procession absolument pacifique et en prière, et de l’autre des nervis de l’ultra gauche qui agressent physiquement les pèlerins – dont des personnes âgées et des familles – et leur lancent des projectiles en hurlant « À mort ! À mort les Versaillais ! ». La police a dû intervenir et la procession a été interrompue. [...]

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