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Guillaume Zeller : « Encenser le 19 mars 1962 est une imposture »

En quoi la célébration du cessez-le-feu en Algérie est-elle problématique ? 

En soi, que dans de nombreuses familles françaises dites jadis « métropolitaines », cette date soit évocatrice d’un grand soulagement – celui de savoir que son fils, appelé, pourrait enfin échapper au danger de tomber dans le djebel – on peut bien entendu le comprendre. C’est parfaitement humain. En revanche, que pour beaucoup de Français, elle soit celle qui marque le début de la « paix en Algérie », comme l’a toujours soutenu une fraction importante de la gauche, voilà qui est historiquement faux et humainement inadmissible. Qu’il y ait aujourd’hui dans le France tant de rues du 11 novembre 1918 ou du 8 mai 1945 semble bien légitime, mais que l’on compte aujourd’hui plus de mille rues du 19 mars 1962, voilà qui est incompréhensible, sinon choquant. Encenser cette date est une imposture.

Pourquoi ?

On ne célèbre pas une défaite ! Cela peut sembler évident de prime abord, mais manifestement pas tant que cela. Ceux qui, par un tour de passepasse sémantique, expliquent que le 19 mars, c’est la paix en Algérie, sont des manipulateurs. Cette date revêt pour eux une dimension idéologique très favorable : elle marque à n’en pas douter une victoire dans la bataille anti-impérialiste, anticolonialiste, engagée notamment par le mouvement communiste international dès l’entre-deux-guerres. Très habilement, ils ont réussi à l’imposer comme telle à l’opinion publique. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si au premier rang du combat engagé pour imposer cette date dans l’odonymie nationale, on trouve les bataillons de la FNACA, fédération d’anciens combattants longtemps très proche du Parti communiste. [...]

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Frédéric Rouvillois sur la Corse : « Seul le peuple français pourrait trancher légitimement cette question de l’autonomie »

Concrètement, que signifierait l’« autonomie » de la Corse évoquée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ?

C’est un mot relativement flou qui peut avoir plusieurs acceptions. Étymologiquement et pratiquement, l’autonomie signifie se gouverner soi-même, donc d’adopter les principales règles applicables sur son territoire. Cette autonomie corse rejoindrait ce qui se fait en Sardaigne ou en Sicile, ou encore dans les provinces espagnoles. Certes, le terme de loi me gêne un peu car en droit français, la loi est une norme qui est adoptée par le Parlement. Toujours est-il que les promoteurs de cette autonomie souhaitent permettre à la Corse d’adopter des règles d’un niveau élevé, qui seraient éventuellement qualifiées de lois particulières et qui dérogeraient aux lois nationales, mais qui seraient malgré tout situées dans le cadre constitutionnel français.

Il faut bien distinguer l’autonomie de l’indépendance, qui sont de nature différente et dont les conséquences ne seraient pas les mêmes. L’autonomie n’implique pas un transfert total de souveraineté et n’implique pas la naissance véritable d’un État. À l’inverse, indépendante, la Corse deviendrait un État au sens classique du terme, totalement détaché de la France, qui pourrait rejoindre les instances internationales.

Lire aussi : Émeutes en Corse : « C’est maintenant au tour de l’État de faire un geste »

Dans quelle mesure serait-ce un revirement par rapport à notre organisation institutionnel actuelle, marquée par l’uniformisme jacobin ?

Par rapport à la vieille thématique jacobine, c’est évidemment une évolution très considérable, qui peut paraître radicale en comparaison à la France d’il y a un siècle. Pour autant, si on la replace dans l’évolution institutionnelle qui a commencé de manière très significative avec les lois Defferre de 1982, qui s’est prolongée avec la révision constitutionnelle Raffarin de 2003 et les autres lois de décentralisation, il ne s’agit pas tant d’un tournant radical que de la poursuite d’une logique. Entre une décentralisation très poussée – où les collectivités locales bénéficient de la possibilité de prendre des règles même si celles-ci n’ont pas le titre de lois – et une autonomie – dans laquelle les organes pourront prendre des textes qualifiés de lois – il y a une étape supplémentaire mais pas une révolution. Il faudra bien évidemment voir ce que cette autonomie contient concrètement, mais c’est la poursuite d’un mouvement d’ailleurs évoqué dans le projet de révision constitutionnelle Macron de 2018, qui contenait des choses innovantes pour les collectivités territoriales et pour la Corse. [...]

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Bigard : c’est qui le plus grand des prédateurs ?

La France est éternellement liée à ses éleveurs, ses bouchers et ses cuisiniers. Que nous aimions le bœuf mijoté, l’agneau à la broche, le porc confit ou le poulet rôti, nous sommes tous des héritiers d’une tradition aussi sensuelle que sensible. Ils sont nombreux à vouloir nous ôter le steak de la bouche en 2022, et c’est à qui dégainera en premier son étude sur les méfaits de la consommation de viande rouge, les ravages du cholestérol, ou encore les conséquences écologiques désastreuses des bouses de vaches.

Admettons qu’il ne soit pas faux de dire que l’élevage de poulets en batterie n’est pas meilleur pour notre santé que pour nos paysages de campagne. Admettons aussi qu’une mode grotesque autour des viandards virils, incarnée dans certaines chaines de restauration, puisse tout faire pour donner des envies de soupes de légume à certains esprits naturellement réfractaires aux effets de troupeaux. Soit.

Lire aussi : Éloge de la viande

Mais faut-il pour autant crier haro sur la viande au nom d’une idée ancienne héritée du catharisme et des religions indiennes, voulant que l’animal soit l’égal de l’homme et que le consommer constituerait un crime ?…

Abattage rituel : les consommateurs sous-informés
Vous consommez constamment des produits dérivés issus de l’abattage rituel – comprenant le cacher et le halal – sans le savoir. Ces méthodes d’exécution religieuse des animaux de boucherie sont aujourd’hui une économie très profitable, à cause du changement de population et de la place prise par l’islam. Isla Délice, Wassila (Casino) et Réghalal sont les principaux acteurs du secteur. Le halal et le cacher sont d’ailleurs dans une zone grise du droit français. En effet, si l’abattage sans étourdissement préalable n’est autorisé qu’à titre dérogatoire en France, il est aujourd’hui presque devenu la norme. [...]
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Jean-Frédéric Poisson : Défendons notre langue contre ses fossoyeurs

« Un pays qui perd sa langue perd sa culture ; un pays qui perd sa culture perd son identité ; un pays qui perd son identité n’existe plus. C’est la plus grande catastrophe qui puisse lui arriver », écrivait Michel Serres dans Défense et illustration de la langue française aujourd’hui. Cette catastrophe n’est hélas pas un risque à écarter au regard des multiples renoncements qui ont été opérés par les gouvernements successifs depuis le 23 mars 2006. Ce jour-là, Jacques Chirac avait protesté au Parlement européen contre le discours en anglais d’Ernest-Antoine Seillière. À cette époque encore, le président de la République protégeait notre culture en défendant la langue française. Hélas, les décisions politiques qui ont suivi, depuis, portent toutes la responsabilité du déclin de notre langue en France et dans le monde.

Sont notamment coupables de ces renoncements Nicolas Sarkozy, François Hollande ou Jean-Louis Borloo qui ont méthodiquement fragilisé notre langue dans nos entreprises, nos écoles et nos institutions.…

Hausse des prix de l’essence : un parfum de Bonnets Jaunes devant le dépôt pétrolier de Brest
transports et des travaux publics et des agriculteurs. Dans la foulée, le dépôt de Lorient a également été cerné par des dizaines de camions et d'engins de chantier. En cause : la hausse du prix des carburants. Ces travailleurs expriment ainsi leur ras-le-bol de gros consommateurs de gasoil qui ne peuvent plus travailler. L'annonce de la remise de 15 centimes par litre de carburant ce week-end par Jean Castex a été perçue dans ces milieux comme une blague, un « poisson d'avril » selon les entreprises. En réaction, les professionnels demandent des aides pour leur trésorerie, une annulation des charges et un prix redescendu à 1€30/litre pour le « blanc » (Gasoil) et 0,80€ pour le GNR (Gasoil Non-Routier). [...]
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Le cœur dans les tripes

La boucherie traditionnelle est-elle un métier d’avenir ?

 Oui ! La boucherie traditionnelle est un métier en pleine renaissance actuellement. On a souffert pendant longtemps d’une sale image, voulant que le gars qui ne pouvait pas faire grand-chose à l’école finisse par être recasé en boucherie. Mais ça, c’est de l’histoire ancienne. C’était il y a une, voire deux, générations qu’on raisonnait de la sorte. Il suffit d’aller faire un tour dans les CFA pour s’apercevoir que ça a largement évolué. Les CFA sont pleins et on y trouve énormément d’apprentis qui sont des gens en reconversion professionnelle. J’en suis d’ailleurs l’exemple type. Je me destinais plutôt à travailler dans la banque : j’ai fait des études en école de commerce. Par le plus grand des hasards, j’ai atterri dans un groupe industriel lié à l’univers de la boucherie. Je m’occupais des appels d’offres, des cahiers des charges, etc. Rien de très sexy. Je ne connaissais pas du tout cet univers, mes parents étant pharmaciens. C’est en discutant avec l’un de nos clients qui m’a parlé d’un tripier à reprendre que la curiosité m’a piqué et que j’ai pris ce chemin. J’ai dû tout apprendre, me former, et je ne le regrette pas car j’exerce un métier passionnant. D’ailleurs, tous mes confrères du même âge sont dans ce cas, ils font ces métiers par passion. C’est convivial, on ne s’ennuie pas comme derrière un bureau. La réussite a été au rendez-vous, j’ai des loges de marché et je fournis une cinquantaine de restaurants à Toulouse.

Vous n’êtes d’ailleurs pas strictement boucher, mais tripier. Quelles sont les différences entre ces deux métiers ?

Il n’y a pas de diplôme spécifique de tripier et la plupart d’entre eux sont plutôt des traiteurs. Nous, tripiers, ne travaillons que les abats, ou, comme on les nomme, même si je n’aime pas trop cette expression, les cinquièmes parties. Nous sommes un peu les derniers des Mohicans d’un très vieux métier dont les origines remontent au XIIe siècle. À l’époque, quand les bêtes étaient abattues, ils ne vendaient que la carcasse, et les viscères étaient récupérées par les ouvriers de l’abattoir. C’est ainsi qu’ils étaient rémunérés. Ils reprenaient toutes les parties intérieures de la bête, y compris, c’est moins connu, les onglets et les hampes. Tout cela relève de la coutume mais n’est pas, à ma connaissance, encadré par la loi. Je n’appartiens d’ailleurs pas à la Confédération des Tripiers de France, je suis indépendant de caractère. Le métier de tripier a de nombreux points communs avec celui des poissonniers car nous travaillons des produits fragiles, sensibles et qui ne se conservent pas longtemps. L’hygiène est essentielle, de même que la fraîcheur des produits. Je suis deux jours par semaine à l’abattoir. [...]

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Guerre en Ukraine : le « doux commerce » n’achète pas la paix

Depuis ses origines, le libéralisme est pensé comme technique de neutralisation des conflits qui vise avant tout à la cohabitation pacifique d’individus n’ayant pas les mêmes opinions – il naît de fait avec la Réforme qui brisa la communauté de pensée d’alors. En politique intérieure, parmi d’autres biais, cette pacification est opérée par la privatisation des éléments polémiques et potentiellement conflictuels. L’espace public se trouve pour ainsi dire purgé de toute charge qualitative, ce que l’on observe en France avec l’extension inouïe du domaine de la laïcité.

Lire aussi : Ukraine : de la question des réfugiés et des migrants

En politique extérieure, cette pacification prend pour véhicule le « doux commerce » dont parlait Montesquieu. Pour faire court, les échanges commerciaux entre les pays favoriseraient la bonne entente politique en plus d’adoucir et de polir « les mœurs barbares », à tel point que le commerce ferait la paix. Par le libre-échange, et bientôt de la division internationale des tâches, il fallait donc que les économies nationales s’interpénètrent jusqu’à devenir interdépendantes tels les arcs d’une croisée d’ogives, au point de rendre la guerre proprement impossible sauf à accepter de détruire son économie.

Le commerce ne fait pas la paix

La guerre en Ukraine fait pourtant se retourner contre nous ce discours. D’abord parce qu’il s’avère tout simplement faux. L’Ukraine et la Russie avaient des relations commerciales très profondes dans les deux sens : pour ne citer qu’un seul chiffre, plus de 30% des exportations ukrainiennes allaient en Russie en 2011, avant l’invasion de la Crimée (chiffre depuis ramené à 5%). De même, au nom de la théorie des avantages comparatifs, l’Europe occidentale s’est mise dans la main de l’Europe de l’est et de la Russie concernant l’agriculture (près d’un quart des exportations mondiales de blé) et l’énergie (43% du gaz et 48% du pétrole importés en Europe vient de Russie). En clair, la France et plus largement l’Europe ont sacrifié en conscience – pensons au renoncement allemand pour le nucléaire – leur indépendance au « doux commerce », sacrifice qui devait théoriquement nous apporter la paix. On voit le résultat. [...]

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L’Incorrect numéro 73

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