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Le savoir-faire des paludiers de Guérande : des racines et du sel

Le sel, petit ingrédient modeste au sein de l’art culinaire, traîne une mauvaise réputation. À l’état minuscule ou en gros volume, avec le sel il y en a toujours de trop ou pas assez. Suspecté d’être un agent néfaste pour votre patrimoine santé, le sel est chassé des aliments : voilà la baguette sans sel, les tranches de porc 25 % moins salées, la saucisse frite allégée. Évitez le sel et mangez des herbes pour échapper à l’infarctus du myocarde !

Esseulé sur son étagère, le sel poursuit sa voie pudique parmi d’autres suspects comme le sucre et le bouillon cube. Il n’a pas la grosse tête, le sel, et pourtant quelle histoire ! La période clé se situe entre l’âge du bronze et l’Empire romain. Une infime parenthèse dans l’histoire du monde mais presque aussi longue que celle séparant Jésus-Christ d’Emmanuel Macron. Il y a 4 000 ans, le sel est déjà exploité dans les mines comme dans les marais salants. Sous l’antiquité, l’unification des territoires par le système routier romain intensifie les échanges commerciaux. Le sel est employé pour la conservation des aliments (viandes, poissons). Il est aussi utilisé comme monnaie d’échange. Les soldats romains reçoivent une ration de sel comme « paiement pour service rendu » : c’est le salarium (le salaire).

Lire aussi : Coordination rurale : « Nous sommes dans le temps des promesses »

L’effondrement de l’Empire romain en 476 provoque une réaction en chaîne : fin de l’ordre, fin de la propreté et des cheveux courts, retour aux grosses moustaches des barbares… La guerre toujours la guerre, peu propice à l’esprit mercantile. Le commerce s’affaiblit, et le sel se retire du roman national.

À partir du XIIIe siècle, l’optimisme s’impose. La progression démographique des villes entraîne l’essor des entreprises : Sel’a fête ! Les affaires trop juteuses attirent l’attention de l’État. Philippe VI de Valois, qui n’était pas socialiste mais neveu de Philippe le Bel, généralise en 1341 l’impôt sur le sel : la gabelle. L’État dispose du monopole de vente dans les « greniers à sel » situés dans la périphérie des villes. Outre le prix excessif, il faut supporter le temps passé à acheter le sel dans ses greniers lointains et mal gérés. La gabelle est rapidement l’impôt le plus honni de l’Ancien régime. Son taux diffère suivant les régions et favorise le développement de la contrebande. Perfectionnée tout au long des siècles, la gabelle disparaît sous la République guillotine. [...]

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Général Richoufftz : « Je crois beaucoup à ces jeunes de banlieue que j’ai côtoyés »

Votre livre est divisé en trois parties : un constat, des solutions existantes et une proposition. Est-ce que vous ne faites pas le travail que l'État refuse de faire ?

Est-ce que l'État refuse de le faire, ou est-ce que l'État l'a déjà fait et refuse de le soumettre à la population ? Je pense que tout homme normalement constitué doit arriver au constat et à la solution que je préconise ! L'État l'a certainement tenté, mais c'en est resté là.

D'où vient cet échec de la part de l'État selon vous ? Qu'est-ce que vous avez mis en avant et qu'eux n'ont pas réussi à voir ?

Est-ce que l'État a intérêt à ce que les choses changent ? Voilà la question. Si l'État souhaite garder la situation actuelle et mettre le couvercle sur la marmite, on espère vaille que vaille que les événements ne vont pas soulever le couvercle à un moment donné. Ça veut donc dire continuer le saupoudrage financier, continuer à ne pas voir ce qui se passe réellement, continuer à faire des promesses sans les tenir. Poursuivre une politique de l'autruche en fait.

Lire aussi : Un SNU rénové : un argument de campagne électorale

Vous proposez une solution autre que la répression contrairement à beaucoup de candidats. N'est-ce pas un peu utopique ?

Le terme répression ne me semble pas être le bon. Vous ne pouvez pas uniquement agir sur le volet répressif. Il faut tendre la main en plus du volet sécuritaire dont j'ai fait un audit quartier par quartier. J'essaie de le mettre en exergue mais, parallèlement, il faut un volet social ! Et pas comme il est envisagé aujourd'hui ! Un volet social massif, où l'État reprend la main, car l'État ne l'a pas aujourd'hui. L'État laisse les cités être gérées par la politique de la ville, les départements, les communautés de communes, etc. Il n'y a pas de vision claire et nette de ce qu'il faudrait faire, raison pour laquelle il faut un volet social avec un objectif derrière.

[...]
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Le tire-bouchon est-il de droite ?

Soyons franc, la question ne se pose pas vraiment. Le tire-bouchon, pratique, populaire, ingénieux, quotidien et nécessaire, est évidemment de droite. Il date d’ailleurs du XVIIe siècle, comme nombre de bonnes choses (au hasard, Blaise Pascal, Louis XIII et Le Cuisinier royal et bourgeois de Massialot). Il se compose d’une poignée et d’une tige formant mèche, à centre plein ou en queue de cochon. J’avoue ma préférence pour les tire-bouchons simples, avec poignée en bois et mèche pleines, qui assurent les plops les plus réussis et réjouissants, mais utilise aussi fréquemment un de Gaulle, avec ses deux bras à crémaillère (je confesse balancer encore, après quelques décennies, entre le plaisir d’utiliser mon de Gaulle comme un serviteur docile, muet et limité, et la gêne de conférer une utilité à ce nom).

Le de Gaulle m’amène naturellement à évoquer ces objets qui sont des tire-bouchons mais ne peuvent pas être de droite: les tire-bouchons à levier, à gaz, à pression d’air, électriques, électriques rechargeables avec port USB, et autres vistemboires à rétropédale chromée et récupérateur d’énergie achant l’empreinte carbone, sont des enfants du progrès et du marquetingue, horrible engeance aux métamorphoses continuelles qui réunit dans des cousinages improbables et maléfiques le costume Gucci à wifi intégré [authentique], Macron [authentique] et les lardons végétaux [authentique]. La bouteille est ouverte, mais à quel prix ? On a sacrifié sa dignité ; ce vin vous portera à la tête et à l’estomac. [...]

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La Fugue : « Nous voulions créer un espace de réflexion original et contribuer au débat d’idées »


Pouvez-vous nous présenter votre revue La Fugue ? Comment est-elle née 
?

La Fugue est un mensuel né en décembre 2019. C’est une revue littéraire qui traite un sujet de réflexion aux prismes des différentes matières qu’elle met à l’honneur et que sont la philosophie, la littérature, l’histoire, l’histoire de l’art et l’économie. Nous y joignons une chronique sur l’actualité ainsi qu’un entretien avec une personnalité capable d’apporter un éclairage intéressant à notre réflexion.

L’idée revient à Hervé, et elle était vraiment de créer un espace de réflexion original tout en contribuant à notre niveau au débat d’idée contemporain. Il nous a immédiatement semblé que la convocation croisée de ces différentes disciplines pourrait être enrichissante. Autour de cette idée, Hervé et Alban ont regroupé une équipe motivée, et La Fugue est née. Nous tenons à souligner toutefois que nous sommes un journal d’étudiants ; nous sommes loin d’être des spécialistes dans nos rubriques respectives, même si nous tâchons de mettre à profit nos différentes formations. Enfin, un de nos objectifs est de développer un échange avec nos lecteurs en leur proposant de nous soumettre des recensions de livres, de spectacles ou de films, et en publiant leurs différents retours et réactions dans un courrier des lecteurs.

Lire aussi : L’Institution des Chartreux : Le foyer de résistance

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Secret professionnel : Ça sent le sapin

À la faveur de la publication du rapport « Sauvé » en octobre 2021 sur la pédophilie dans l’Église de France, ses auteurs préconisaient ni plus ni moins que l’abolition du secret de la confession pour les actes pédophiles commis par des prêtres. Si cette proposition est heureusement restée lettre morte pour le moment, l’empressement du ministre de l’Intérieur à la reprendre montre quel œil concupiscent jette l’État sur le secret des consciences. Bien protégé juridiquement depuis un arrêt fondateur de la Cour de cassation du 30 novembre 1810, le secret sacramentel est même reconnu internationalement, notamment par le Tribunal Pénal International. Les évêques français ont su, cette fois, résister à une offensive qui menaçait les fondements du sacrement de pénitence et in fine, de l’Église. Les avocats n’ont pas eu cette chance.

Tout récemment « La loi pour la confiance dans l’institution judiciaire » du 22 décembre dernier dispose que dès qu’une personne sera soupçonnée des infractions relevant de la fraude fiscale, de la corruption, du trafic d’influence ou du blanchiment de ces délits, le secret des correspondances de l’avocat avec son client « ne sera pas opposable » aux « mesures d’instruction ». Ce n’est que l’aboutissement d’une évolution, d’abord jurisprudentielle (Crim. 7 mars 1994, n° 93-84.931), puis législative avec dernièrement la loi SAPIN II qui incite fortement les avocats à dénoncer ceux de leurs clients qui voudraient commettre des délits financiers. Ce secret est pourtant partie intégrante des droits de la défense, notamment « du droit qu’a le client d’un avocat de ne pas contribuer à sa propre incrimination » selon les mots de la CEDH (André et autre c. France).

Lire aussi : Joseph Thouvenel : revaloriser les corps intermédiaires

Au moins y a-t-il quelques gardes fous comme l’exigence de l’accord du bâtonnier. Rien de tout cela pour le secret médical. Le secret médical est notamment protégé par l’article L. 1 110-4 du Code de la santé publique : « Toute personne prise en charge par un professionnel […] de santé […] a droit au respect de sa vie privée et du secret des informations la concernant ». Par exemple, l’assureur ne peut produire, dans un litige, un document couvert par le secret médical qu’à la condition que l’assuré ait renoncé à ce secret (Civ. 2e , 2 juin 2005, n° 04-13.509). [...]

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Coordination rurale : « Nous sommes dans le temps des promesses »

Pourquoi le Salon de l’Agriculture est-il si important pour le monde de l’agriculture ?

Le Salon de l’Agriculture est un moment fondamental car il est la vitrine de notre agriculture. Pendant une semaine, grand public et médias sont focalisés sur l’agriculture. Il nous permet de mettre en avant ce qui fonctionne, car notre agriculture a su s’adapter et s’exporter, mais aussi de chercher des solutions pour ce qui ne fonctionne pas. Ce salon 2022 est bien évidemment particulier parce que nous sommes en année d’élection présidentielle, et que tous les candidats viennent « caresser le cul des vaches » comme on dit.

Et pour vous syndicat ?

Nous autres agriculteurs pesons 2,5% sur le plan électoral. Nous sommes un secteur stratégique car nous nourrissons le pays. Et pourtant, dans la campagne présidentielle, l’agriculture n’est pas une priorité. Il est donc très important pour nous de rencontrer tous les candidats.

Il est donc très important pour nous de rencontrer tous les candidats.

La Coordination rurale est un syndicat apartisan et n’est pas liée à tel ou tel candidat. Nous allons donc discuté avec tous les candidats, et sommes en réalité déjà en contact avec eux.

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Jean-Baptiste Nouailhac : « Il est essentiel de renouer ce lien entre la famille et l’école »

Après avoir travaillé pour Espérance banlieues, pourquoi avoir décidé de fonder Excellence ruralités ?

Après avoir travaillé chez IBM mais en quête de sens, j’ai rejoint Espérance banlieues au début de l’expérience pour m’occuper du développement du réseau. Les travaux de Christophe Guilluy sur le déclassement de la France périphérique m’ont alors beaucoup parlé – moi qui ai grandi à côté de l’aéroport de Roissy, dans la France qu’il décrit. J’ai eu envie de me mettre au service de cette jeunesse-là et d’élaborer une école qui réponde à leurs problématiques sociales et culturelles, en transposant ce qu’on faisait à Espérance banlieues.

Cette expérience signe en creux l’échec de l’Éducation nationale dans la ruralité. Quels problèmes touchent cette France périurbaine dans le domaine de l’éducation ?

Quand nous avons démarré, je voyais les problèmes sous l’angle social. Nous nous sommes installés à La Fère (Aisne), commune de 3 000 habitants avec 50% de chômage des jeunes. Les problématiques sociales sont très lourdes et affectent mécaniquement le niveau scolaire. La première année, les enfants avaient suivi des chemins très difficiles, avec par exemple de la violence dans les familles. Progressivement, nous avons vu arriver des enfants dont les difficultés étaient surtout la résultante de l’école : niveau très faible, harcèlement, etc. Un père me disait qu’il avait été obligé de filmer son enfant à travers les grilles de l’école en train de se faire tabasser pour que la chose soit enfin prise en compte. Le sentiment d’être abandonné par l’école résonne particulièrement dans ces territoires parce qu’il y a déjà une grande défiance envers les institutions. Les méthodes employées ne permettent pas aux enfants de développer leurs talents et leurs savoir-être pour s’insérer ensuite en société. [...]

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Willy Schraen : « Se servir politiquement de ce drame est franchement nauséabond »
Dans quelles circonstances ce drame s’est-il déroulé ?  C’est une affaire délicate. Il me semble que les mesures de sécurité pour signaler la chasse ont été respectées. L’accident s’est déroulé dans une région montagneuse où il y a de grandes traques. Les chasseurs étaient probablement dans des zones de fuite. Malgré l’indice de signalisation, je pense que les randonneurs étaient déjà dans la zone de chasse. La jeune fille de 17 ans a touché un sanglier, la balle s’est décomposée puis a percuté la poitrine de la femme de 25 ans. Ce drame est un terrible accident. Avez-vous pu échanger avec la jeune fille de 17 ans ? Je ne me suis pas entretenu avec la jeune fille pour le moment. Elle est en garde à vue. C’est terrible pour une jeune femme de 17 ans de tuer quelqu’un. C’est un accident mais on va essayer de comprendre ce qu’il s’est passé. [...]
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L’Incorrect numéro 73

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