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La compromission est entrée à l’Académie

On s’est récemment félicité de l’élection de l’écrivain d’origine péruvienne Mario Vargas Llosa, lauréat du prix Nobel en 2010, au dix-huitième siège de l’Académie française. Au vu de son élection dite de maréchal par un vote quasi-unanime, il semble bien que soit passé inaperçu, parmi les sages, le fait que le candidat n’ait jamais écrit en français.

Les sièges se comblent difficilement compte tenu du faible taux de grands écrivains, dit-on. Quelle merveilleuse occasion pour adopter une politique de « diversification », comme on les connaît en Union européenne ! Ces derniers jours, on parlait donc dans les médias de littérature mondiale, de cosmopolitisme, d’un esprit d’ouverture ou encore d’une ouverture internationale, pour renchérir. Pour une institution qui avait longtemps dédaigné Corneille et carrément barré la route à Molière pour cause de chichis ridicules, on aurait pensé les quarante immortels plus exigeants, conformément à la tradition et à l’histoire de la maison.

Il n’a jamais rendu l’hommage suprême à notre langue, qu’il se vante d’adorer, en y trempant sa plume comme l’ont fait d’autres académiciens nés à l’étranger

Il est vrai : l’œuvre magistrale de Vargas Llosa est nourrie d’une tradition française et est éprise de nos idées de liberté, d’humanisme et d’universalisme. L’écrivain a longtemps vécu à Paris, s’y est réfugié et y a appris la langue française. Ses opinions politiques marquées à droite n’étaient pas, non plus, pour déplaire au conservatisme de l’Académie et on peut également dire qu’il a contribué à la diffusion d’une certaine philosophie française. Toutefois – et c’est l’essentiel –, il n’a jamais contribué au génie des lettres françaises. Il n’a jamais rendu l’hommage suprême à notre langue, qu’il se vante d’adorer, en y trempant sa plume comme l’ont fait d’autres académiciens nés à l’étranger : citons les exemples actuels d’Andreï Makine, François Cheng, Maurizio Serra et Michael Edwards qui se sont donné cette peine et qui se sont chargés de cet honneur. [...]

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Les critiques musicales de novembre

L’expérience et la grâce

Lonely Guest, Lonely Guest (Tricky), Pias, 16,99€

Tricky, le Mozart du trip hop britannique, avait sorti l’an dernier un disque exquis : Fall to pieces, que le confinement planétaire ne lui permit pas de défendre sur scène. En compensation, il prit la direction d’un projet collectif où se prolonger, fantomatique, derrière des invités solitaires tel que Joe Talbot des Idles, le regretté Lee Scrach Perry ou la mythique Marta qui avait déjà sublimé son dernier album. De celui-ci, on retrouve l’esthétique d’épure et d’élégance extrêmes, avec des morceaux qui ne dépassent jamais trois minutes, hormis le dernier. Sombre, suave et expérimental, le disque est varié et d’une qualité variable. Mais les sommets sont systématiquement atteints avec ses collaborations féminines, notamment le magique « Under » avec la Danoise Oh Land. Tricky excelle à distiller ces mélopées envoûtantes dans une orchestration minimale comme un essor fragile parmi de scintillants lambeaux. De l’audace, de la maîtrise, des tentatives plus ou moins heureuses, et puis d’imparables moments de grâce. Romaric Sangars


La contrebasse dans tous ses états

Le souffle des cordes, Renaud Garcia-Fons, E-motive Records, 15 €

Un énième album atypique pour Renaud Garcia-Fons, l’un des plus grands contrebassistes du monde. Henri Texier, autre pointure de cet instrument, déclare lui-même, au sujet du Souffle des cordes : « L’écriture de cet album est bouleversante, la musique éblouissante. Phrasé impeccable, interprétation sans hystérie et parfaitement placée ». Vingt ans que Renaud Garcia-Fons envisage la contrebasse comme un instrument soliste capable de s’exprimer dans un langage varié, élargi par ses propres recherches – tantôt, ici, comme un oud ou une guitare flamenco – et susceptible, par conséquent, d’échapper au seul rôle rythmique où on la cantonne la plupart du temps. Le disque reflète aussi un désir d’aller plus avant dans la composition et l’improvisation à partir de la rencontre entre instruments à cordes classiques et d’autres, issus de différentes traditions de par le monde. Si vous appréciez ce nouvel opus, ce peut être l’occasion de redécouvrir également les plus beaux joyaux d’une brillante discographie comme Silk Moon, ou La Vie devant soi [...]. Alexandra Do Nascimento


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Isaac Asimov est-il soluble dans la culture woke ?

Nouvelle poule aux œufs d’or pour les plateformes de diffusion, la science-fiction s’offre une seconde jeunesse. Après le succès de The Expanse, c’est la mythique saga Fondation qui passe entre les mains des « créatifs » sous la houlette bienveillante d’Apple TV, bien décidée à profiter elle aussi du butin. Intrigues à rallonge, univers complexes : si l’opéra spatial peine encore à rencontrer le succès au cinéma, le format télévisé, plus explicatif, semble lui aller comme un gant. Et tant pis si, au passage, il faut le retaper aux couleurs vulgaires du wokisme ambiant, du soft power américano-progressiste et autres fadaises LGBT-compatibles. D’ailleurs, la science-fiction n’est-elle pas fondamentalement transhumaniste ? C’est en tout cas la question qu’on peut se poser à voir cette adaptation – fabuleusement ratée – du grand chef-d’œuvre utopiste d’Isaac Asimov, pape de la science fiction darwiniste et technolâtre. Tout en réduisant les problématiques soulevées par le roman à de simples marqueurs générationnels, la série se vautre dans une complaisance « inclusiviste » qui fait peine à voir : dans le futur imaginé par les scénaristes d’Apple, tout le monde est noir – sauf les méchants blancs qui gouvernent l’Empire… Vous vous demandez si Asimov, athée convaincu et scientiste auto-proclamé, est soluble à ce point dans la culture woke ?

Oui. Asimov est un transhumaniste

À l’inverse du gourou gnostique Philip K. Dick ou de l’écolo-fasciste Franck Herbert, Isaac Asimov était un solide optimiste. Ce biologiste de formation a construit tout le succès de son œuvre sur une foi sincère dans le progrès et les capacités illimitées de l’homme à s’adapter à son milieu. Si son histoire du futur n’est pas exempte de machinations florentines, elle met en scène des univers presque utopiques où l’homme s’est libéré de toute contrainte grâce à l’intelligence artificielle et la robotique. Discernant dès les années 50 la perspective fabuleuse qu’offrait l’informatique, Asimov alla jusqu’à envisager « l’obsolescence possible de l’humanité ». En techno-darwiniste conséquent, l’écrivain n’avait aucun mal à imaginer un futur dans lequel les vieilles antiennes de l’humanité biologique, de sa faculté de procréation à son goût pour l’adversité, seraient mises au rancart. L’univers de Fondation peut se voir comme une ruche à l’échelle galactique dans laquelle les êtres humains ne sont que des variables d’ajustement. D’où la fameuse « psychohistoire » que défend le héros du roman, une science de la prospective adossée à des modèles mathématiques qui permettrait tout simplement de prédire l’avenir sur des milliers d’années. Réduire l’homme à un paquet de chiffres pour en tirer ensuite une grande substance romanesque et scientifique, tel était bien le projet de l’âge d’or de la SF américaine, souvent avocate optimiste du progrès. [...]

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Les critiques littéraires de novembre (1/2)

Un délire magistral

Les aventures d’un sous-locataire, Iouri Bouïda, Gallimard, 452p., 24€

Stalen a un prénom bizarre, hybridation de ceux de ses parents, Stanislav et Lena, mais il lui faut toujours expliquer que cela n’a rien à voir avec Lénine ou Staline. « Sous-locataire » de sa propre existence, il boit et baise beaucoup, se retrouve sans cesse embarqué dans des situations improbables, voire carrément loufoques ou sanglantes, et s’imagine en grand écrivain. Jeune provincial, il débarque à Moscou après la chute de Gorbatchev pour être hébergé puis initié par Phryné, une femme de trente ans son aînée, tranchante, cocasse et qui décide de l’aider à accoucher d’une œuvre. Iouri Bouïda nous offre un roman d’une volubilité stupéfiante, qui enchaîne à un rythme débridé les anecdotes, les personnages, les réflexions les plus absurdes et caustiques, pour une véritable jubilation littéraire déjantée trouvant sa matière dans les terribles années 90 et le chaos post-soviétique. Il semble, si l’on pense à Vladimir Sorokine, qu’il y ait une veine spécialement psychédélique et survoltée dans la littérature russe contemporaine. Bouïda le confirme avec éclat. Romaric Sangars


Charme interlope

Milady la nuit, Laura Berg, Serge Safran, 164p., 16,90€

Quel beau titre, Milady la nuit ! On croirait une compression de titres de Paul Morand (Milady, Ouvert la nuit, Fermé la nuit). C’est l’histoire de deux jeunes gens à la dérive à Paris, qui mènent une vie d’expédients dans des appartements prêtés, et fréquentent le monde de la nuit. Ils tombent dans une boîte à champagne sur Milady, jeune entraîneuse encore fraîche, pleine de charme, qui devient leur amie. Mais existe-t-il de vrais amis dans cet univers à part, où nécessité fait loi ? Laura Berg décrit les relations au sein du trio (l’amitié, l’amour, la jalousie, la trahison), et leur imagine des aventures : les voici partis pour la Bretagne, où ils occuperont la maison d’un client fortuné de Milady, un brave type nommé Armand, qui traficote des œuvres d’art… La romancière restitue à merveille l’atmosphère de débrouille, d’insouciance, de détresse et de mélancolie où évoluent ses personnages, leur univers interlope et nocturne, leur existence sans calcul faite de larcins, d’établissements chics et de fréquentations douteuses. On songe tantôt à certains romans de Modiano, déplacés des années 1960 aux années 2000, tantôt à un film de Chabrol, pour la touche criminelle et la spirale où s’enfoncent les personnages. À Jules et Jim, aussi, modèle de tous les trios. Laura Berg crée une ambiance mystérieuse, triste et gaie, dans une langue sobre et sans afféteries, élégante, directe. Quelques pages suffisent, le charme agit. […] Bernard Quiriny


Lire aussi : Les critiques littéraires d’octobre (1/2)

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Kandy Guira, le chant d’une femme intègre

Nagtaba (« Ensemble ») est un premier projet solo en complément d’une multitude de collaborations prestigieuses, servi par une des plus belles voix du continent. Fait relativement rare dans ce secteur musical: une véritable organisation et industrie à « l’ancienne » s’activent derrière l’artiste. La Fugitive studio, des musiciens de choix; Vlad, éditeur et label indépendant; une furieuse équipe technique de son, de management et d’administration. Ses concerts sont même traduits en direct à destination des malentendants par deux « chansigneuses ». Nous sommes allés recueillir les propos de la demoiselle à la sortie de sa résidence d’artiste et elle nous a inspiré des réminiscences de l’étoffe, du coffre et du charisme d’une certaine Angélique Kidjo. Parions que Kandy Guira accomplira une aussi belle trajectoire. Entretien.

Lire aussi : Corinne Royer : hurlements en faveur de la terre !

Après le coup d’État de 1984 qui propulsa Thomas Sankar au pouvoir, la Haute-Volta fut rebaptisée Burkina Faso, littéralement « le pays des hommes intègres ». Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

J’étais enfant lorsque Thomas Sankara est décédé. Mais il m’a marquée avec ses valeurs de justice, de bonté et de générosité envers son peuple. Il prouvait que c’était possible. Il voulait de la cohésion sociale, du respect envers chacun, et que tous s’y mettent pour bâtir une nation. Cela a servi d’exemple au Rwanda qui s’est reconstruit sur ces valeurs après le génocide.

Vous chantez en mooré, dioula et en français. Qu’est-ce qui préside au choix de la langue ?

Ce n’est pas un choix, c’est une question de logique et d’intégrité (on y revient). Majoritairement, c’est en mooré que cela se profile car je pense, dors, pleure et rêve dans cette langue. C’est une passion le chant, alors tout naturellement, la langue la plus authentique pour que le sens soit véhiculé par les mots, c’est la mienne ! Si c’est un trésor de poésie, par contre, il faut en alléger la musicalité car la prononciation n’est pas évidente. J’ai donc élaboré un mooré « aménagé », sans la réelle accentuation, ce qui me permet de la faire sonner bien mieux. Le dioula, qui est une langue tonale comprend une mélodie caractéristique grâce à la prononciation des syllabes. C’est d’emblée plus chantant et charmant. [...]

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Gérard Puvis, l’énigme humaine en fresque

Gérard Puvis ne cesse d’observer. Pour lui, la ville est un théâtre. Il y a toujours quelque chose d’incongru, de pas vraiment à sa place, dans ce décor censé lui donner une fonction : c’est l’homme. La nature de l’homme, voilà l’obsession du peintre, voilà ce qu’il veut sonder. Ainsi le personnage apparaît-il comme un détail plaqué sur des murs où le peintre convoque aussi bien la tapisserie de Bayeux que Picasso ou Goya, voire des graffitis enfantins ou des tags. Voilà sa façon de résumer l’homme, sa façon, aussi, d’hériter et de peindre dans les traces des autres. […]

Lire aussi : Rue des Beaux-Arts : Galbiati sculpte les saints

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L’Événement : épate-bourgeois féministe

Lion d’Or à Venise, L’Événement tend à prouver, après Titane, que pour glaner des prix internationaux, il n’y a qu’un sujet qui vaille, la féminité traumatique, et qu’une manière : la forte. Le regard rétrospectif et la quête de connaissance, qui faisaient le prix du récit autobiographique d’Annie Ernaux, sont évacués au profit d’un pur présent de train fantôme avec avortement en plan-séquence et jaillissement de fœtus dans les toilettes, comme si Carrie accouchait d’Alien .[…]

Lire aussi : Memoria : une merveille

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Artisans ciriers : tous de mèche

Pour échapper à la vulgarité du monde, Jean des Esseintes compose des parfums subtils. Le personnage de Huysmans est un dandy antimoderne, et dans À rebours, il s’agit bien d’une lutte : la lutte contre une pensée qui aplatit tout au nom du progrès aussi inéluctable que désastreux. Des Esseintes est un résistant réactionnaire et l’odeur de frangipane qu’il combat chez lui à coups de vaporisateur est l’odeur de l’indifférenciation, l’exhalaison d’un monde industriel et aseptisé.

Un siècle plus tard, nous autres modernes devons affronter le monde digital, tout aussi liquide et aseptisé. Derrière nos écrans, nous manipulons des symboles, les fesses scellées à nos chaises. Nos corps ne se déplacent plus, nos mains ne produisent plus rien. Le calcul a pris le pas sur les sens. Sentir l’odeur de la terre, des plantes et des fleurs est devenue une expérience relevant du cabinet de curiosités. Mais comme des Esseintes, ils sont nombreux aujourd’hui à vouloir reprendre le contrôle de leurs existences. Dans son livre Les Défricheurs, Éric Dupin décrit les nouveaux modes de vie de ces Gaulois réfractaires. Lassés des « bullshit jobs » (les métiers à la con qui ne produisent rien de concret), ils se tournent vers les métiers manuels.

L'odeur de la terre, des plantes et des fleurs est devenue une expérience relevant du cabinet de curiosités

En 2018, Julie Manzoli reçoit comme cadeau un kit de fabrication de bougies : « Je travaillais comme opticienne mais j’étais très attirée par l’artisanat. Je voulais pratiquer une activité manuelle et créative ». Julie plaque tout pour créer sa marque : Iokko. Rien de japonais, il s’agit du nom de son chat ! […]

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