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L’Europe centrale et de l’Est est sous la menace. Elle craint une intervention militaire russe en Ukraine. On entend souvent en France des reproches formulés contre les pays de Visegrad ou les États baltes fidèles à l’OTAN. Ces nations historiques issues du démantèlement de l’URSS seraient les « laquais » des Américains et les supplétifs des visées impérialistes de l’Oncle Sam. Mais comment leur en vouloir ? Ainsi que l’a rappelé Raphaël Chauvancy dans un article donné au site Theatrum Belli : « Le principal argument du leadership américain en Europe est la garantie nucléaire. A rebours des idées reçues, elle est pourtant à peu près nulle. L’hypothétique invasion d’un État européen par une puissance majeure ne pourrait être, à ce jour, que le fait de la Russie. »
Lire aussi : Et maintenant, mourir pour l’Ukraine ?
Évidemment, les Américains ont eu longtemps intérêt à alimenter la méfiance européenne à l’encontre de la Russie.…
Durant tout le XXè siècle, la Russie a toujours allégrement piétiné l’Ukraine. Elle l’a martyrisée à sa guise, lui infligeant la guerre, l’invasion, la famine, le génocide, la déportation et cela sans que les autres nations de l’Europe ne l’en empêchent jamais. Alors, pourquoi la Russie devrait-elle aujourd’hui renoncer à écraser l’Ukraine et surtout pourquoi le reste du monde devrait-il, maintenant, se sentir obligé de s’en mêler ?
Trois raisons principales peuvent être invoquées pour pousser à réclamer la fermeté contre l’agression russe qui se prépare.
En premier lieu, l’Europe a payé lourdement, avec la Seconde Guerre mondiale, ses lâchetés et ses capitulations des années 1930. Nous sommes encore hantés par le syndrome des accords de Munich, quand en 1938 la France et l’Angleterre ont abandonné la Tchécoslovaquie aux appétits furieux de l’Allemagne hitlérienne. À avoir alors trop voulu éviter le conflit militaire, nous n’avons rien sauvé et surtout pas la paix. Depuis, traumatisés par notre débâcle de 1940, nous raisonnons comme si la même situation de reproduisait toujours, que ce soit dans les années 1990 avec la Serbie ou maintenant avec la Russie. Dès lors, nous voulons éviter que le Donbass devienne les nouvelles Sudètes. [...]
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Pouvez-vous nous expliquer l’affaire Saïd Djabelkhir ?
C’est un journaliste et universitaire algérien qui a publié quelques propos sur la religion musulmane qui découlent de ses propres recherches qui sont connues chez les islamologues. Ce n’est pas un grand nom, mais il est assez reconnu dans le milieu.
Il disait notamment que le pèlerinage à La Mecque était antérieur à Mahomet et qu’il y a des pratiques musulmanes issues du paganisme.
Ce qu’il a écrit était déjà tout à fait su par les islamologues. Il disait notamment que le pèlerinage à La Mecque était antérieur à Mahomet et qu’il y a des pratiques musulmanes issues du paganisme. Il ajoutait que les textes de références ne sont pas à prendre à la lettre.
C’est une politique de distance tout à fait classique avec un regard historico-critique. C’était écrit sur sa page Facebook, sans agressivité.
Il a par la suite été poursuivi par un petit groupe, dont un avocat, qui ont porté plainte contre lui, pour « dénigrement du dogme » et « atteinte à l’unité nationale » car l’Algérie repose en partie sur l’islam. Celui qui attaque l’islam attaque aussi le pays. Il a donc été condamné.
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À l’occasion de ses vœux aux Armées le 19 janvier, Emmanuel Macron a évoqué le renforcement du partenariat stratégique entre leurs deux pays sur fond de présence militaire avancée de l’OTAN en Roumanie répondant à la crise larvée en Ukraine. Le lendemain, le président roumain Klaus Iohannis s’est félicité du probable envoi de troupes françaises dans son pays. Une lecture biaisée de cette décision se limiterait à s’inquiéter de voir la France servir à travers l’OTAN les seuls intérêts américains. On aurait tort de ne pas y voir une excellente occasion de renforcer notre influence sur les rives de la Mer noire et plus précisément en Roumanie, pays de 20 millions d’habitants. En voici quelques clefs de compréhension
La Roumanie satisfaite
Déjà, le 1er décembre, à l’occasion de la fête nationale de leur pays, les diplomates roumains en poste à Paris ne cachaient pas leur satisfaction devant le beau fixe régnant sur les relations entre Bucarest et Paris. Le secrétaire d’État chargé des affaires européennes, Clément Beaune, honorait d’ailleurs de sa présence la réception donnée par l’ambassadeur de Roumanie, Luca Niculescu, dans les salons de l’hôtel de Béhague, sa résidence parisienne proche du Champ de Mars. [...]
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Ils se fardent les joues de petites feuilles d’érable rouges, brandissent un drapeau canadien à l’arrière d’un camion qui affiche le slogan F*ck Trudeau et beuglent : « FREEDOOOOOM ! » On se croirait dans une très mauvaise reprise de Braveheart.
Résumons cette version médiocre. Dans la nuit du 28 janvier, des camionneurs et manifestants ont traversé le Canada pour se rencontrer à la colline parlementaire d’Ottawa et bloquer le centre-ville. Le mouvement Freedom Convoy, « Convoi de la liberté », avait d’abord pour but de dénoncer l’imposition du passeport vaccinal à la frontière canado-américaine depuis le 15 janvier 2022, la mesure de trop pour les 10% de camionneurs non-vaccinés. Toutefois, la manifestation s’est transformée pour exiger la démission du Premier ministre Justin Trudeau ainsi que la révocation de l’ensemble des mesures sanitaires. Disons-le d’emblée : les manifestants se sont trompés de cible, car les contraintes telles que le port du masque, le confinement, la quarantaine, la fermeture de commerces et la vaccination en général relèvent de la juridiction provinciale ou municipale, et non pas fédérale.
Dès le 29 janvier, le siège d’Ottawa était un sujet de vive discussion outre-Atlantique, surtout sur les réseaux sociaux. Soudainement, aux yeux des Français, le Canada était « un grand pays » qui pavait pour le monde entier le chemin vers la « révolution ». On lançait en outre sur Facebook et Twitter que ce sont 100 000 camions, accompagnés de millions de manifestants, qui se rendaient à Ottawa.
Même les organisateurs du Convoi n’en demandaient pas tant ! [...]
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Rudyard Kipling fut le premier à faire usage, dans son roman Kim, en 1901, de l’expression « Le Grand Jeu » pour désigner l’affrontement de la Russie et de la Grande-Bretagne en Asie centrale, qui s’acheva temporairement avec la signature en 1907 de la Convention de Saint-Pétersbourg. Après la Première Guerre mondiale, l’Asie Centrale redevint un objet de convoitise et la guerre secrète que les Russes nommaient le « théâtre des ombres » se poursuivit jusqu’à la Seconde Guerre mondiale avant d’être mise en sommeil par la guerre froide. L’éclatement de l’URSS a rebattu à nouveau les cartes et replacé la région au centre d’une nouvelle lutte d’influence.
La géopolitique a, comme la nature, horreur du vide, et un vide géostratégique est apparu en Asie centrale alors que la Russie perdait pied dans son hinterland traditionnel, au cœur du continent asiatique. Les États-Unis sont venus en premier combler ce vide avec l’intervention en Afghanistan en 2001 et un renforcement de leur présence au nom de la lutte internationale contre le terrorisme mais les initiatives chinoises n’ont pas tardé à succéder à l’interventionnisme américain.…
L’Incorrect numéro 73
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