


Patrick Deneen : Chaque civilisation a ses propres schémas pour comprendre les événements terribles et transformateurs. Même dans un Occident post-chrétien, l'un des principaux ressorts reste le sacrifice de la victime innocente, ou le témoignage d'un martyr pour une cause plus grande que lui, qui à son tour inspire des partisans. En 2020, la gauche politique a élevé George Floyd au rang de martyr et a réorienté l'ensemble des engagements de l'Occident pour plusieurs années. Le « wokisme », dynamisé par la mort de George Floyd, a non seulement été repris par les institutions américaines, mais il est également devenu prédominant en Europe. Sur le cas Charlie Kirk, il n'est pas invraisemblable que l'Europe soit à nouveau influencée par les courants politiques américains, influencée aussi par le modèle chrétien du martyr, que ce soit à travers l'énergie qui vient actuellement des États-Unis, ou à travers une figure qui apparaîtra bientôt en Europe. [...]
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Sous les lambris du Palais du Luxembourg, deux patronnes ont dû tenir la ligne : mardi 7 octobre, Delphine Ernotte (France Télévisions) ; mercredi 8, Sibyle Veil (Radio France). Deux auditions très politiques, où l’on a parlé d’« indépendance », de « pluralisme »… et surtout d’argent public.
Depuis la suppression de la redevance en 2022, l’audiovisuel public est financé par une fraction de TVA votée chaque année. En 2025, les crédits sont annoncés quasi stables autour de 4,03 milliards d’euros, avec toutefois une coupe additionnelle de 50 millions évoquée par le gouvernement après le dépôt du budget. Traduction : dépendance accrue aux arbitrages politiques, horizon stratégique brumeux.
Le décor comptable est connu et peu flatteur. Dans un rapport au cordeau, la Cour des comptes décrit une « situation financière préoccupante » de France Télévisions : déficit cumulé de 81 M€ entre 2017 et 2024, capitaux propres en chute (294 M€ à 179 M€), prévision d’un résultat net 2025 à –40 M€.…

C’est une histoire de hasard. Celle d’un lecteur de L’Incorrect qui se trouvait dans une brasserie parisienne et qui, malgré lui, a assisté à un rendez-vous de stratèges un peu nuls et très prétentieux se vantant d’utiliser la radio publique à des fins politiques personnelles. Voici le début de l’affaire Legrand-Cohen, devenue depuis un scandale médiatico-politique que la France n’avait pas connu depuis des décennies.
Pris la main dans le sac, les deux télégraphistes à carte de presse du Parti socialiste ont considéré la révélation avec le mépris qui règne sur France Inter, usant de leur argument favori : c’est la faute à l’extrême droite. La technique est aussi vieille que le premier régime totalitaire, celle qui consiste tout bonnement à zigouiller le messager pour effacer le message. Raté. Pourtant du côté des patronnes de la maison mère, l’affaire fut suffisamment prise au sérieux pour annoncer en quelques heures la suspension de Thomas Legrand (fusible acceptable pour protéger le soldat Cohen).…

Si la peine de mort pouvait encore être infligée, l’assortirait-on de l’exécution provisoire ? La question est bien sérieuse : jusqu’à quel point la mise en œuvre d’une condamnation à titre seulement temporaire en droit n’engendre-t-elle pas un dommage définitif en fait ? Une question qui occupe particulièrement les esprits depuis les récentes condamnations par provision – c’est ainsi que l’on dit – de diverses personnalités politiques pourtant encore présumées innocentes, aux conséquences lourdes sur leur vie. Une question à laquelle la loi tente de répondre avec un succès inégal selon les branches du droit envisagées. Petit et rapide tour d’horizon.
Une entorse aux principes, oui, mais temporaire… en principe.
L’exécution provisoire d’une décision juridictionnelle est le fait d’autoriser une partie à un procès à mettre en œuvre sans délai la condamnation de son adversaire en dépit de l’exercice par lui des voies de recours. Le gagnant poursuit l’exécution à ses risques et périls puisqu’il devra réparer le tort causé si la décision exécutée est invalidée par la suite.…

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Il y a des noms qui ont la couleur de l’évidence. « École supérieure de journalisme de Paris » : trois mots qui sonnent comme un parchemin. Fondée en 1899, l’ESJ Paris aime à rappeler qu’elle est la doyenne mondiale des écoles de journalisme. Longtemps assoupie, parfois critiquée pour son manque de reconnaissance par la profession, elle vient pourtant de connaître une véritable renaissance. Dans le brouhaha d’un audiovisuel public en crise, c’est un signe qui ne trompe pas : l’avenir du journalisme se joue peut-être désormais hors des enceintes d’État.
Le réveil de l’ESJ Paris doit beaucoup à un casting digne du CAC 40. En novembre 2024, l’école a été rachetée pour 2,6 millions d’euros par un consortium d’investisseurs : Vincent Bolloré, Bernard Arnault, Rodolphe Saadé, la famille Dassault et même Devoteam.
Lire aussi : Emmanuel Ostian : « L’ESJ Paris vient déranger une longue tradition d’uniformité »
Mais il faut aussi voir ce que dit ce rachat : dans un pays où l’audiovisuel public est promis à une fusion géante (France Télévisions, Radio France, INA), des capitaines d’industrie décident d’investir, non dans un nouveau média, mais dans la formation.…

Ivanne Trippenbach est grand reporter au Monde et l’un de ses domaines de prédilection, c’est l’Amérique de Donald Trump et la sphère MAGA – dont elle s’est fait une spécialité. Elle a suivi de près la campagne du 47ème président des États-Unis, elle a interviewé Steve Bannon 100 jours après son investiture et surtout elle s’intéresse de près à ces jeunes influenceurs qui travaillent dans l’ombre à étendre la popularité du redouté chef d’État. Autant dire que c’est une des rares à bien connaître le profil de Charlie Kirk, a contrario de beaucoup de Français qui n’avaient jamais entendu son nom avant la semaine dernière et la tragique fusillade qui a mis fin à sa vie le 10 septembre.
Ainsi avait-elle déjà consacré une enquête à Kirk en avril, pendant le passage du « podcasteur » à Champaign, en Illinois. L’occasion pour elle de rappeler, déjà à l’époque, que sous le masque du débatteur se cachait un redoutable communiquant qui « encourage ses auditeurs à se marier et à faire des enfants ».…
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