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Eugénie Bastié – Frédéric Beigbeder : Bye bye MeToo ?
L’affirmation littéraire des femmes est aujourd’hui limitée à la pose victimaire, pourtant, dans les années 2000, la mode était plutôt à la mode effrontée (Lolita Pille, Bénédicte Martin). Des jeunes femmes se mettaient en scène dans une attitude prédatrice, doublaient les hommes sur leur terrain, revendiquaient leur puissance et leur jouissance en plein règne « patriarcal ». Que sont-elles devenues ? Ce grand renversement symbolique, quand s’est-il produit ? Avez-vous été surpris ?

Frédéric Beigbeder : On peut remonter plus en arrière. Avant Lolita Pille, il y a eu la parution de Bonjour Tristesse de Françoise Sagan où il y a un rapport sexuel avant le mariage, un père playboy à Saint-Tropez qui trompe sa maîtresse avec une autre maîtresse qui est divorcée. Je rappelle que ce livre avait scandalisé François Mauriac. On peut citer l’œuvre d’une autre femme qui avait également fait scandale : Histoire d’O de Pauline Réage. Avec ces héroïnes libres, on pouvait penser que la question de la sexualité était réglée. Mais n’oublions pas que, parallèlement, il y avait également d'autres romancières qui étaient plus plaintives, comme Annie Ernaux, qui écrit La Place en 1984, même s’il y avait chez elle une certaine libération sexuelle comme dans Passion Simple. Alors pourquoi ce changement ? Peut-être parce que le roman victimaire se vend mieux. L’analyse des traumatismes intéresse peut-être plus le public. Vous savez, les éditeurs sont rarement désintéressés. Si un sujet fonctionne, ils ont tendance à encourager les auteurs à emprunter cette voie. [...]
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Paysans-chanteurs : la fin d’un monde…
Ayé. C’est fini. Henri était le dernier. L’ancienne Bretagne vient de disparaître… Le 12 avril dernier, le dernier des Frères Morvan est mort. 93 ans. Avec les trois autres, Henri avait parcouru les festoù-noz de la Bretagne entière. D’Ouessant à Ancenis. Ne chantant qu’en breton des chants à danser entendus de leurs parents. Durant plus de 60 ans ! Paysans bretonnants de Botcol en Saint-Nicodème dans le Kreiz Breizh, ils étaient connus pour leurs immanquables chemises à carreaux. N’ayant pas le permis, il fallait venir les chercher et les reconduire à chaque prestation. Et trouver quelqu’un pour la traite si le fest-noz était loin. Les Frères Morvan avaient participé à l’occupation de gares SNCF pour demander la signalétique en breton, avaient chanté avec les Tambours du Bronx aux Vieilles Charrues de Carhaix devant des milliers de personnes. Et d’autres, et d’autres. Sur 60 ans, ils s’étaient arrêtés de compter à 3 000 fest-noz où ils avaient chanté plus de 80 chansons comportant parfois des centaines de strophes. [...]
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Camping : terre des naufragés
On pense d’abord qu’on s’est trompé de lieu ou de jour. C’est un dimanche de mai, le genre de dimanche qu’on aimerait passer en terrasse, entre amis, car la chaleur n’est pas encore trop caniculaire et qu’une petite brise rafraîchit ponctuellement l’atmosphère. Pourtant, le Camping de La Garenne semble désert. Ici, c’est un campement mixte, croit-on savoir : on y trouve à la fois des sédentaires et des saisonniers, des proprios et des locataires. Tous vivent dans la cinquantaine de bungalows qui occupent cette langue de terre dans les hauteurs de Villers-Saint-Paul, juste derrière la forêt d’Halatte, une région encore verdoyante, pas loin du Vexin, chantée par Nerval en son temps. [...]
Aide sociale à l’enfance : maisons closes pour mineurs
C’est un scandale récent qui est relativement passé sous silence, comme à peu près tout ce qui touche à l’enfance. C’est pourtant une situation inédite puisque ce sont les départements eux-mêmes, ainsi que les présidents de régions, qui sont visés par plusieurs plaintes pour avoir failli à leur mission de protection vis-à-vis de certains enfants et adolescents hébergés dans les ASE (Aide sociale à l’enfance, ex-DDASS). En cause, des faits de prostitution avérés qui deviennent la norme, avec des réseaux mafieux ou semi-amateurs qui voient dans ces centres des viviers de jeunes personnes égarées, facilement exploitables dans des conditions parfois inhumaines. [...]
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Doxa éducative, un projet totalitaire : entretien avec Marie-Estelle Dupont
Y a-t-il selon vous un désir de l’État français de s’interposer entre les enfants et leurs parents ? Peut-on parler de dérive républicaine ?

Ce n’est pas du tout républicain. C’est d’inspiration communiste, soviétique, spartiate éventuellement. Alors que les sources de la République, notamment romaine, ont été fondamentales pour l’instauration de la figure paternelle, justement. Le pater familias, c’est la République romaine. Faire de notre progéniture les pupilles de la nation, c’est un projet totalitaire qui ne dit pas son nom, puisque l’idée, c’est d’arracher l’homme à ses attaches familiales pour le recréer selon un programme qui se serait autoproclamé vertueux. Cette intrusion dans l’intime est une manière de mettre un écran de fumée pour masquer l’échec de l’État sur des missions régaliennes, à commencer par l’instruction. Plus l’État veut nous expliquer à notre place ce que nous devons faire sur le plan affectif ou émotionnel, plus il veut nous supplanter sur des sphères qui relèvent de la sensibilité et de la culture familiale. [...]
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Céline Kléber : la guerre civile qui vient
La lecture de votre passionnant roman m’a fait immédiatement penser au mot « hyper réalisme », dont mes parents m’expliquaient, quand j’étais enfant, qu’il s’agissait d’une œuvre d’art encore plus réelle que la réalité. Tel est le sentiment que l’on éprouve en vous lisant, avec un plaisir teinté d’un léger malaise, le sentiment d’être, derrière une glace sans tain, le témoin clandestin d’une scène à laquelle on ne devrait pas assister. Comment faites-vous pour parvenir à un tel niveau de réalisme ? [...]
Carte noire pour Bruno Lafourcade : Sans filtre
« On a, me dit-elle, une ambition, un objectif et un challenge : renforcer le corporate, créer du boost transversal et challenger notre baseline. » Elle parla encore de fluidité, de synergie et de dynamique upmarket. Claire Moinot m’avait reçu dans son bureau, au septième étage. Elle se tenait droite, sans s’appuyer à son dossier, souriante, froide et professionnelle. À moins de trente ans, elle était Care Manager chez Philtra, un fabricant de cartouches pour épurer les piscines – et les mots, puisque Claire Moinot me servait le discours managérial officiel, où le creux, l’abstrait et l’anglais de contrebande filtrent le mensonge. « Pour faire grandir les talents, on veut co-construire un mindset d’autonomie avec trois types de profils à trajectoire fléchissante : les actifs à faible agilité transformationnelle, les collaborateurs en situation de vulnérabilité et les interlocuteurs de la vigilance sociale... » [...]
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De l’Instruction publique à l’Éducation nationale
Si les premières occurrences remontent au XVIIIe siècle, le débat entre instruction publique et éducation nationale devient brûlant à la Révolution. « L’instruction publique éclaire et exerce l’esprit ; l’éducation nationale doit former le cœur », distingue Rabaut-Saint-Étienne. Il y a d’un côté la formation des intelligences ; de l’autre un plan global, touchant aux vertus, croyances et devoirs civiques à inculquer pour façonner les citoyens de demain. Les plus enragés des révolutionnaires prônent l’éducation nationale. Ainsi Le Pelletier, dont le projet est lu par Robespierre : « La totalité de l’existence de l’enfant nous appartient. » Ou le conspirateur Babeuf : « Le principal objet de l’éducation doit être de graver profondément dans tous les cœurs les sentiments de fraternité générale, que contrarie et repousse le régime exclusif et égoïste des familles. » Églises, régions, familles : tout ce qui obstrue la relation entre l’État et ses futurs citoyens est un ennemi. C’est toutefois l’instruction, défendue par Condorcet au motif que l’éducation serait le cache-sexe de l’endoctrinement, qui triomphe dans les textes. En 1824, Charles X crée un ministère des Affaires ecclésiastiques et de l’Instruction publique, spécifiquement dédié à l’enseignement quatre ans plus tard : le ministère de l’Instruction publique est né. [...]
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