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Société post-Covid : imaginer la prison de demain

La société post-COVID entend bien réaliser tous les fantasmes du libéral-libertarisme de la Silicon Valley, de cette agilité en vogue dans les tech-entreprises, ce nouveau modèle qui fait orès dans les conclaves managériaux : l’agilité, c’est-à-dire la transversalité, c’est-à-dire la déhiérarchisation (de surface). La crise sanitaire nous demande cette agilité, elle nous l’impose même. Face à une pandémie mondiale, il faut répondre par la souplesse : souplesse du droit du travail, souplesse des libertés individuelles. Désormais la planète ne sera plus un village global mais un open-space global, où le « distanciel » et la dérégulation de l’emploi permettront, sous couvert de respect des normes sanitaires, une meilleure pénétration du travail dans la sphère privée.

C’est le rêve de tous les chefs d’entreprise que de s’immiscer dans chaque foyer et de se rendre ubiquitaire. Vous l’avez probablement déjà expérimenté vous-même avec ces nombreuses messageries privées qui sont désormais utilisées autant par votre famille, vos amis, que par vos collègues ou votre patron : toutes ces applications invasives qui mêlent allègrement les contacts professionnels et les contacts personnels donnent à chaque secrétaire, à chaque commercial, l’illusion d’être un chaînon indispensable simplement parce que les barrières de son intimité sont tombées, le rendant corvéable à merci, jusqu’au cœur de son domicile et au-delà de ses heures de travail. [...]

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La manif NRJ de décembre 1984, le premier signe fort d’effondrement français

Un des « titres de gloire » posthumes du mitterrandisme est certainement, avec l’abolition de la peine de mort, la « libération des ondes » soit l’autorisation des radios dites libres, à l’aube de la cool-décennie (les années 80). Sauf que bien sûr, très vite, les petits artisans plus ou moins libertaires et vraiment un peu alternatifs comme Carbone 14 ou Ici et Maintenant sont distancés par des stations commerciales comme RFM ou comme NRJ de Jean-Paul Baudecroux, dont tout l’arrière-plan culturel peut se résumer à la formule de Guizot : « Enrichissez-vous ! » Baudecroux a déjà un profil très années 80 : il a étudié le business aux États-Unis et en veut « gros et grave ».

Quelques mois avant la première fête de SOS Racisme, c’est la première démonstration de force de cette sainte alliance de la banlieue et du show-biz pour reprendre la formule de Finkielkraut

Et tout de suite NRJ programme la variété la plus formatée, avec l’espoir de drainer le public le plus large possible et, à terme, d’engranger des recettes publicitaires en proportion de l’audience. Quand la pub est enfin autorisée en 1984 sur la bande FM, Baudecroux transfère son siège du petit appartement XXe arrondissement à d’élégants locaux au 39, avenue d’Iéna (75 016). Dans le même temps la radio quitte le statut associatif des temps héroïques pour passer entreprise commerciale. Baudecroux va pouvoir donner la mesure de son talent. Pour paraphraser un grand artiste récemment disparu : pour lui la vie va commencer ! [...]

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La schizophrénie mémorielle de François Mitterrand
On passera sur les amitiés particulières du François Mitterrand de l’Occupation et ses affinités électives avec René? Bousquet. Le rapport de l’auteur de La Paille et le grain à la question royale nous servira ici de mesure. À Angoulême comme à Paris, il fréquentera les lycées et étudiants monarchistes de l’Action française avec ses amis Pierre de Bénouville et Claude Roy. En 1938, il se rendra à Bruxelles pour rencontrer le comte de Paris alors exilé par les lois de la République. Le geste n’est pas aussi anodin qu’on a voulu le croire [...]
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Sisi la famille : l’histoire de Marie-Sophie des Deux-Siciles

Février 1861, la forteresse de Gaète tombe aux mains de l’intraitable général Cialdini après cinq mois d’un siège acharné entre Piémontais et Napolitains. Le contexte ? Le Risorgimento mené par Garibaldi et Victor-Emmanuel II de Savoie. Parmi les figures de la résistance du côté des Napolitains,  Sa Majesté elle-même : la reine Marie-Sophie des Deux-Siciles. Âgée de 19 ans, récemment mariée à François II, cette jeune fille est l’exact opposé de son époux : on le décrit plutôt laid, elle est ravissante ; il est falot, on ne remarque qu’elle ; il est pusillanime, elle est d’un courage inébranlable. C’est elle, en effet, que l’on croise sur les remparts de Gaète, bravant les boulets de canons piémontais, dans les venelles éventrées de la ville, venir en aide aux civils, à ses valeureux soldats, exemplaire et superbe. Elle fait l’admiration de ses contemporains, aussi bien parmi les têtes couronnées que chez les peintres, écrivains, sculpteurs et autres artistes qui voient personnifié à travers ces traits d’une beauté insolente le courage même. C’est la naissance de la reine-soldat, idolâtrée par Marcel Proust qui s’en inspire pour le personnage de la princesse de Guermantes dans sa Recherche.

La Recherche, c’est aussi le titre qu’aurait pu donner Lorraine Kaltenbach à sa biographie consacrée à l’héroïne de Gaète. En effet, si Marie-Sophie est une icône de la seconde moitié du XIXe siècle, avouons que seuls quelques férus d’histoire se rappellent qu’elle est une Wittelsbach, la cadette de l’indocile Sissi, impératrice d’Autriche, et qu’elle aussi draina son lot de tragédies en étant une reine privée de royaume, une mère privée d’enfant et une épouse privée d’amour. [...]

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Macron amoureux de la vieille Brig… France ?

Qui l’eut cru ? Emmanuel Macron, ultime représentation du déracinement, serait attaché à ses origines régionales ? Après une tentative auprès des jeunes sur YouTube avec McFly et Carlito, le président n’arrête plus sa partie de lèche botte. Notre cher Manu a plus d’un tour dans son sac et tente à ce titre de racler les votes des « droitards » aux identités régionales marquées.

Gardien du déclin de l’identité régionale

« Gardien de la richesse que constituent les langues régionales » se dit-il, alors que la loi sur l’apprentissage des langues régionales a été retoquée par le Conseil constitutionnel, car l’apprentissage immersif est contraire à la constitution. La « richesse » dont il garde fermement les portes, en bon banquier, est davantage celle de l’immigration qu’il considère comme étant une « chance pour la France », que celle des provinciaux.

Ne vous fiez pas aux larmes de crocodile qu’il pourrait prétendre verser sur des terres qu’il a lui-même partiellement tuées.

Mais dans une phase de déconfinement et de réouverte des différentes activités, M. Macron entend prendre, selon ses dires, « son bâton de pèlerin », non sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle mais sur ceux de nos provinces. [...]

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L’énigme de Sfax : une filière migratoire prospère

En plein centre-ville de Sfax, une villa blanche et d’apparence délabrée semble à l’abandon. Mais à observer de près, on distingue quelques mouvements suspects : Moncef dit le « Manchot », pour avoir perdu un bras dans une course poursuite avec la police passe ici tous les après-midi, presqu’à la même heure. « Au coucher du soleil », sourit-il, narquois. Dans l’argot du monde de l’immigration clandestine, on l’appelle la « taupe souraka » : il est l’intermédiaire entre le passeur en chef et les candidats à la traversée. Chaque jour, l’homme d’une quarantaine d’années apporte des nouvelles sur la prochaine embarcation : la date probable, les informations pratiques, des précisions sur la météo lors de la traversée. Une séance pieusement suivie par la centaine de personnes qui s’entassent, pour un dinar (20 centimes d’euro), dans ce qui est appelé le « Bunker ». Coût de la traversée ? 4 500 dinars (1 500 €). En ce début avril, le mot d’ordre est à la patience, mais le Manchot est porteur, ce Vendredi saint pour les catholiques, d’une bonne nouvelle : « Le ramadan est une période propice et favorable ».

La France dispose d’un généreux système social et d’un mécanisme d’asile

Ce mois est en effet « une aubaine pour les lampas (diminutif donné aux bateaux de migrants en référence à Lampedusa) », selon Kelly qui du haut de ses 36 ans est le chef du Bunker. Le « portier » comme on l’appelle ravitaille les lieux deux fois par jour en vivres et besoins de première nécessité. C’est aussi lui qui organise la sécurité même si pour son confort, il dort chaque soir à Pic Ville, au centre de Sfax. Il y dispose d’une belle maison qu’il a tenu à nous faire visiter : « Je gagne au moins 15 000 € chaque mois », tient-il à préciser. 25 à 30 % de ses activités se font pendant le mois de jeûne musulman. Pour deux raisons : « Les agents de police ont besoin de plus de racket pour la fête de fin du ramadan », selon Kelly qui pense aussi que les privations imposées par le jeûne réduisent la vigilance des gardes-frontières. Pour cette seule période de 29 jours, les passeurs organisent une dizaine de départs : « Nous payons 300 dinars chaque jour à un agent de police pour que le Bunker ne soit pas délogé », précise ce Guinéen, qui estime à 10 000 € le pot-de-vin à verser à des policiers pour une traversée « en toute quiétude ». Si depuis le début des années 2010, le business de l’immigration prospère en Tunisie et à Sfax spécialement, c’est sans aucun doute grâce à la complicité des forces de sécurité, qui ferment les yeux sur la présence de ces aspirants au départ entassés dans le « Bunker » et qui attendent avec impatience et angoisse « la nuit du frigo[...] ».

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L’insecte est-il de droite ?

On apprenait il y a quelques jours que la société française Ÿnsect avait acquis le hollandais Protifarm, « l’un des acteurs les plus avancés dans l’utilisation des scarabées pour l’alimentation humaine ». On ne peut que se réjouir car, comme elle le proclame elle-même avec talent, « Ÿnsect propose une solution écologique, saine et durable pour répondre à la demande mondiale croissante de consommation de protéines et de plantes. Ÿnsect exploite des technologies de rupture protégées par 300 brevets issus de 30 familles, lui permettant d’élever des scarabées Molitor et Bu ffalo dans des fermes verticales à empreinte carbone négative. »

On n’est pas plus vertueux. Notre avenir sera fait de protéines d’insectes brevetées à empreinte carbone négative, qui sont des ingrédients premium à haute valeur ajoutée, je ne crois pas qu’on puisse mieux résumer la chose. On sent que les créateurs du projet sont heureux de proposer des protéines vertueuses aux poissons, aux volailles, aux porcs et aux humains.

Des agriculteurs inconscients ont saccagé les campagnes, avec la bénédiction scientifique des autorités

J’avoue que la vertu du scarabée Buffalo me laisse froid. D’autant qu’en fait on n’utilise que ses larves, qu’on ébouillante. Ça a moins de panache qu’une véritable purée de scarabées. Quand on ne l’ébouillante pas, la larve donne naissance à un ténébrion, ce qui est un bien plus joli nom. Le scarabée Molitor est d’ailleurs le ténébrion meunier. Pourquoi diable ne pas utiliser ce nom, qui nous rappelle que l’insecte affectionnait les anciens moulins et les dépôts de farine ? [...]

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Mitterrand #saccageparis

Le geste architectural le plus emblématique de ce saccage pourrait être celui doublement commis sur la voie royale. Quelques années suffirent à François Mitterrand pour massacrer (les disciples de la laideur diront investir) l’œuvre que sept siècles d’histoire et quinze rois affinèrent sur cet axe jadis connu dans le monde entier comme le meilleur goût français. À son extrémité orientale, une pyramide transparente – mais pas invisible, empêchant d’admirer le Pavillon Sully et attirant sous terre le troupeau international des visiteurs-consommateurs ; à son extrémité occidentale, une arche tout aussi inévitable, dans des matériaux inutilement luxueux (et inadaptés à la situation). Ces deux verrues sont délibérément inaugurées l’année du bicentenaire de la Révolution, évènement fondateur du saccage de la France.

Dans ce sinistre millésime est inauguré un autre monument, beaucoup plus discret mais qui mérite notre attention : dressé en plein milieu d’une allée transversale du Champ-de-Mars, le monument des Droits de l’Homme ne célèbre pas du tout l’avènement d’une égalité judiciaire, mais réunit les trois passions du souverain – l’occultisme, l’Égypte et la mort. Il s’agit d’une évocation de mastaba, mais au lieu des hiéroglyphes attendus[...]

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L’Incorrect numéro 75

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