« Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui ». On ne saurait mieux décrire le comportement des 5,6 millions de Français non-vaccinés et de leurs porte-paroles vis-à-vis des vaccins contre le Covid-19 qu’à travers cette formule de Jonathan Swift. Face aux prouesses de la science et de la technologie développées et fabriquées en un temps record dans l’histoire de l’humanité, les imbéciles regardent l’aiguille et pensent à leur nombril. Leur défiance commune envers la vaccination a provoqué une autre prouesse : réunir les plus grands égoïstes de France dans une coalition qui mine l’intérêt général au nom d’une conception antisociale de la liberté individuelle.
Le mouvement antivax court-circuite la gestion de la pandémie. Le mois dernier, les non-vaccinés (8% des Français) représentaient 42% des admissions en hospitalisation, 54% des entrées en soins critiques et 39% des décès selon la DREES. « C’était leur choix de ne pas se vacciner » répondront les antivax. Un choix qui contribue encore à l’embolie des hôpitaux, à la déprogrammation de soins pour des milliers de patients et à la circulation du virus dans la population générale.
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Le mouvement antivax détermine la stratégie d’immunisation nationale : ce sera la sélection naturelle. Il y a deux manières de s’immuniser contre un virus : le contracter (et y survivre) et se faire vacciner. L’Institut Pasteur, où a été découvert l’ARN messager en 1961 (ce qui valut l’attribution du prix Nobel de médecine au biologiste François Jacob en 1965) a établi que la vaccination réduisait le risque d’hospitalisation de 95% et la transmission du virus de 50%. En refusant cette option, les antivax ne prennent pas seulement un risque pour eux-mêmes, ni pour les capacités des services de soins critiques de nos hôpitaux. Ils contribuent à exposer et à contaminer les Français catégorisés « à risques » en faisant circuler le virus parmi eux. Il y a dans notre pays 17 millions d’individus catégorisés « à risques », dont une large partie pour qui le vaccin n’a qu’un faible effet. Plus nombreux que les antivax, les immunodéprimés sont, eux aussi, surreprésentés dans les salles de réanimation. Combien d’entre eux seront-ils encore en vie à la fin de l’année ? Ils comptent sur la responsabilité collective pour sortir vivant de la pandémie, pas sur le darwinisme sanitaire des antivax. [...]