Skip to content
Heartworms : nouvelle aube du rock crépusculaire
On passe la porte de ce disque pour entrer dans un cabinet de curiosités. En effet, les choses les plus diverses s’y côtoient avec étrangeté : c’est précisément ce qui en fait son intérêt. En neuf titres qui crachent de toxiques étincelles, Jojo Orme, qui se fait un nom sous celui de Heartworms (du nom d’une maladie transmise aux animaux par un ver né de la piqûre d’un moustique) défini en un premier album victorieux de troubles contours fascinants. Née d’un père afghan et d’une mère sino-danoise, Jojo Ormo grandit dans une petite ville du sud-ouest de l’Angleterre, non loin de la frontière galloise. À la voir, on l’imagine mal, jeune fille, participer à ces galas où l’on trouve d’agaçants enfants trop choyés par des parents méphitiques. Pendant ce temps, elle flirtait sans doute avec « la racaille des estaminets et le résidu des brasseries » comme disait Huysmans. Peut-être, aussi, était-elle seule. Nous n’en savons rien. Et de toute façon, peu importe : c’est un peu la même chose. Sa musique elle-même marie d’étonnants contraires : froideur industrielle, élans lyriques, explosions soniques. Par-delà ce curieux mélange baroque, une âme d’esthète crépusculaire clapote à la surface de cette musique pleine d’élégances fardées. Voyons-voir : approchons-nous d’elle. [...]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
César 2025 : Sans surprise

Dans ce monde qui bouge trop vite, la « grande famille » du cinéma français résiste encore et toujours aux heures sombres. Depuis leur pupitre, ses membres ont dénoncé l’extrême droite, le fascisme, la pauvreté et les méchants milliardaires. On peut se moquer. Mais reconnaissons leur courage. Ils ont aussi récompensé un clandestin et un film sur un narcotrafiquant trans, fallait oser. Ce n’est pas facile d’assumer de telles positions anticonformistes dans un milieu aussi hostile.

Mais revenons au déroulé de la soirée. Pour une fois, nos starlettes se sont rappelé que même si c’était une célébration entre soi, il y avait quand même des gens derrière la télé, et que passée une certaine heure les revendications cégétistes en robe à 10 000 balles, ça passait mal. Du moins que « la raison d’ordinaire, n’habite pas longtemps chez les gens séquestrés » comme l’avait dit Lafontaine. Bref : les chouineries étaient limitées.

Lire aussi : Anora : La putain irrespectueuse

Le César de la prise de parole plus gênante qu’un discours de Valérie Pécresse fut gagné haut la main par Jonathan Glazer, récompensé pour son film La Zone d’Intérêt : « Aujourd’hui, la Shoah et la sécurité juive sont utilisées pour justifier les massacres et les nettoyages ethniques à Gaza ».

Anora : La putain irrespectueuse
Dans le lexique de la musique populaire, le « hit crossover » est un tube qui élargit son audience de départ à différents publics. Vieux routier du cinéma indépendant américain, Sean Baker a finalement trouvé son succès « crossover » avec Anora, Palme d’or surprise à Cannes cette année, tant la comédie de mœurs n’est pas le genre adéquat pour […]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Gene Hackman © DR
Gene Hackmann, mort d’un géant discret du Nouvel Hollywood

Gene Hackman, c’est d’abord un visage qui au fond est presque un non-visage, un cercle à la Tintin, un « ovale de négation » et sur lequel on peut donc projeter à peu près tout. Dès ses premiers grands secondes rôles, il y a dans cette face rondouillette une sorte de stupeur ombrageuse, une densité minérale que les réalisateurs ne se lassent pas d’interroger. Bien sûr, c’est avec French Connection que l’acteur  californien – venu tardivement au cinéma, à ses 30 ans, après avoir servi en Chine dans l’armée et accumulé pas mal de petits boulots – se met à imprimer durablement la rétine et intègre presque immédiatement le panthéon de ces « silhouettes » immédiatement reconnaissables, presque une marque à part entière : un chapeau court, un costume pas très bien ajusté, une démarche encombrée qui ménage quelques rares moments de souplesse féline… William Friedkin a d’emblée su capté toute la versatilité de ce corps et de ce visage empesé, presque monolithique, mais capable de venir à bout du mal par sa ténacité.…

« Queer » : Guadagnino réévalué
Depuis son premier film, Luca Guadagnino a toujours cultivé un principe d’incertitude esthétique. The Protagonists (1999) reconstitue à Londres un meurtre raciste, en ajoutant une récitante (Tilda Swinton) et en donnant son propre rôle à la femme de la victime. Si la fiction très théâtrale contamine le docudrama en l’injectant de kitsch mal dosé, on perçoit déjà la thématique de l’amour perdu qui va irriguer son cinéma. Ainsi des codas surprenantes de Suspiria (2018) et de Queer qui referment des récits d’apparence linéaires mais proliférants. La géométrie soigneuse du film de genreoriginal est mise à mal par un assassinat psychokinésique par désarticulation et un sabbat de prothèses gluantes en bouquet final. [...]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
« A Real Pain » de Jesse Eisenberg : tiède
Deux cousins américains – l’un hyperactif à fleur de peau, l’autre coinços-névrosé – partent en Pologne suivre un voyage organisé pour honorer la mémoire de leur grand-mère déportée récemment décédée. Jesse Eisenberg avait fait une petite impression avec son premier film When you finish saving the world sur les incompréhensions entre une mère militante et son fils adolescent. Il n’en ira pas de même avec A Real pain qui ne dépasse jamais son argument de départ. [...]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Mercato de Tristan Séguéla : quand le football-buisines se dribble lui-même

Dans l’arène saturée du cinéma français contemporain, où la quête du consensus prime souvent sur l’audace artistique, Mercato de Jamel Debbouze s’annonçait comme une incursion prometteuse dans les méandres du football professionnel. Le film ambitionnait de dévoiler les rouages impitoyables des transferts de joueurs, tout en offrant une critique acerbe du mercantilisme dévorant ce sport autrefois noble mais en passe de racaillisation.

Hélas, cette promesse se dilue rapidement dans une narration convenue, où la satire attendue cède le pas à une comédie dramatique trop lisse pour marquer durablement les esprits.

Le postulat initial, centré sur Driss, un agent de joueurs en perte de vitesse interprété par Jamel Debbouze, laissait entrevoir une exploration profonde des enjeux et des compromissions inhérentes au milieu du football. Confronté à des dettes colossales envers des créanciers peu scrupuleux, Driss dispose de sept jours, le temps imparti avant la clôture du mercato, pour orchestrer un transfert salvateur.…

Buraiha, Murakami : comment la littérature japonaise illumine la nuit française
La culture japonaise a longtemps souffert d’une image caricaturale, la faute à des tropes qui sont relayés à partir des années 80, alors que le pays commence à exporter massivement ses produits culturels : cinéma, mangas, littérature. On célèbre d’un côté les tenants d’une « tradition » que sont Kawabata et ses Belles Endormies (aujourd’hui il serait probablement accusé de « pélicotisme ») ou encore le magistral Kenzaburo Oé de Dites-nous comment survivre à notre folie. Avec en surplomb ce soleil noir qui brille à jamais dans le firmament des lettres japonaises et qui s’appelle Yukio Mishima, anomalie fulgurante, comme un retour d’acide de l’impérialisme mystique au cœur des années 50. En contrepoint, la littérature des années 90 impose une singularité quasi-surréaliste, servie par l’ambiance électrique des mégalopoles japonaises où jamais rien ne dort, et qu’engrossent les névroses et fantasmes d’un peuple sous pression. La France découvre au début des années 90 les « deux Murakami » : le premier, Haruki, avec La Fin des Temps (dont le tout récent La Cité aux murs incertains est la suite plus ou moins officielle) s’inscrit dans un projet romanesque que certains grands écrivains sud-américains, comme Roberto Bolano : un « post-exotisme » avant l’heure où les fondations du réel sont fébriles, où quelque chose comme le sentiment d’un complot contre le monde apparaît déjà chez le personnage-type murakamien, une sorte de fonctionnaire kafkaïen amateur de trombones. L’autre Murakami, Ryu, incarne un versant plus punk, en décrivant sans fard les milieux interlopes de Tokyo, dans des brûlots antisociaux qui rappellent, à peu près au même moment, le cinéma viscéral de Shinya Tsukamoto (Tetsuo). [...]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile

L’Incorrect numéro 85

Retrouvez le magazine de ce mois ci en format

numérique ou papier selon votre préférence.

Retrouvez les numéros précédents

Pin It on Pinterest