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Éditorial culture d’octobre : Changement de régime

Que se joue-t-il ? Voici une question que l’on peut se poser devant un programme théâtral comme en considérant sa propre existence un soir d’automne, en fumant une cigarette (je ne fume plus que dans mes éditos), et qui résume en soi, non seulement le contenu d’une rubrique culturelle, mais toutes les raisons pour lesquelles on lit, on pense, on prie ou l’on débat ivre jusqu’à quatre heures, même au cours d’un mois sobre comme octobre, afin de comprendre notre rôle, la raison de la tension, l’issue possible. L’art sert à ça, comprendre et sentir tout ce qui se joue, parce que d’une manière générale, nous avons tendance à flotter à côté de l’existence, à nous laisser absorber par des nécessités triviales, détourner du drame. À défaut d’une arme pointée sur soi, regarder en face le cœur tragique des choses demande beaucoup de détours.

À défaut d’une arme pointée sur soi, regarder en face le cœur tragique des choses demande beaucoup de détours

Que se joue-t-il ?…

[Opéra] 50 nuances de ténor
L’art lyrique, c’est l’issue d’une conversion. Formé très tôt au chant dans la tessiture de baryton, Jonathan Tetelman a longtemps préféré les platines de DJ et les clubs de New-York, avant de revenir à sa vocation pour l’opéra, cette fois-ci comme ténor – et quel ténor ! Une écoute en aveugle de son premier album chez Deutsche Grammophon – pudiquement intitulé Arias – ne laisserait pas deviner un chanteur de 34 ans débutant au disque, tant la maîtrise de la technique, la maturité de l’interprétation sont confondantes. Et cela sur un éventail de rôles qui, pour un programme d’environ une heure, ne sauraient être plus variés : de Verdi à la « jeune école » italienne, en passant par Flotow, Bizet et Massenet, sa palette est d’une richesse épatante. [...]
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K-pop : l’art de la guerre

« K-pop » est le diminutif anglais de « pop coréenne ». Inconnue à l'Ouest il y a dix ans, la K-pop rencontra son premier succès mondial avec le viral « Gangnam Style » en 2012. De là, elle continua à creuser son sillon, jusqu'à rejoindre le mainstream de la culture globale il y a peu. La K-pop, née au début des années 90, se caractérise ainsi par ses groupes non-mixtes sur le modèle des boys bands, populaires alors. Ceux-ci exécutent des chorégraphies synchronisées dans des clips léchés et tape-à-l’œil, où les « idols », les artistes du genre, sont habillés tels des gravures de mode. Au top des dernières tendances, voire avant-gardiste, la K-pop devait, à l'ère de l'Internet-monde, atteindre l'Occident.

Ce succès n'est assurément pas dû au hasard. Forte de son essor au cours de la décennie 90, la K-Pop, structurée en maisons de disque, ou « agences » dans le jargon du genre, s'étendit rapidement aux pays voisins au début du nouveau millénaire, puis chez nous ces cinq dernières années. Pourquoi cette stratégie ? Car, primo, le marché national est trop petit et nécessite donc de se déployer à l'étranger pour absorber les coûts de production, de la K-pop à Hyundai. Secundo, la Corée du Sud est géopolitiquement isolée, piégée entre la Chine, le régime du Nord communiste et le Japon, l'ex-colonisateur. L'exportation, en plus d’être une obligation économique, devient donc pour le pays le moyen de se faire connaître à l'international, d'y plaider sa cause et d'y trouver ainsi des alliés, en l’occurrence votre nièce.

Lire aussi : [Musique] Pencey Sloe, Shoegaze : nouvelle vague

La K-Pop est en effet l'élément saillant de ce qui se nomme la « Hallyu » (la « vague »), à savoir le plan de soft power sud-coréen, qu'il touche le cinéma, les séries télés ou la musique. En améliorant l'image du pays, cette politique culturelle contribue évidemment à accroître, en plus du tourisme, les exportations de biens, mobiles Samsung en tête. Grâce à cette stratégie, la Corée du Sud dispose aujourd’hui du 12ème PIB mondial. À ce succès économique s'ajouta une victoire diplomatique lorsque BTS, groupe superstar de la K-pop, tint un discours et dansa devant l'ONU, où le pays ne fut reconnu qu'en 1991. [...]

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[Musique] Pencey Sloe, Shoegaze : nouvelle vague

Vous chantez en anglais et êtes signés sur un label allemand. Le shoegaze est-il un style international ? 

Quand on joue une musique de niche comme la nôtre, il n’est pas très recommandé de chanter dans notre langue natale car on ne veut pas trop des Français dans cette scène ! Le public et les professionnels recherchent surtout des groupes anglophones. C’est donc plus facile pour s’exporter que de chanter en anglais. Ce n’est pas forcément un problème d’identité, mais pour partager au mieux sa musique cela me paraît nécessaire. 

Le nom de votre groupe prouve votre attachement à JD Salinger, puisqu’il est inspiré par son roman The Catcher in the Rye. 

C’est un auteur que j’adore et pas forcément que pour L’Attrape-Cœurs. C’est idiot, mais à un moment il fallait vraiment que l’on trouve un nom et comme, à ce moment-là, je m’étais replongée dans son œuvre qui parle des tourments de la jeunesse… 

En ce moment, beaucoup de groupes parlent d’identité de genre. 

En ce qui nous concerne, on ne parle pas d’identité de genre sur notre album. On ne voulait pas être identifié comme un groupe qui part sur ce terrain-là, car ça ne correspond pas à notre discours. L’identité est traitée dans notre album, mais au sens large. Après, je comprendrais que ce soit interprété d’une autre manière. 

La douceur fait partie de notre écriture. Je vois ça comme une démarche personnelle et instinctive. Mais bien sûr que Joy Division et les Cocteau Twins nous ont influencés

Comment concevez-vous le concept d’identité ? 

Cela devient de plus en plus difficile de se construire aujourd’hui. On a accès à énormément de choses et l’on peut trouver les informations que l’on désire. Mais il existe une forte pression pour que l’on devienne quelqu’un que l’on n’est pas forcément. Le thème de notre album est peut-être davantage celui de l’identité que l’on laisse derrière soi. C’est assez large. [...]

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[Cinéma] Sans Filtre : la Palme de la honte
C’est presque devenu une constante : plus un film vous sera vendu comme « subversif » ou « dérangeant », plus il sera moulé au contraire dans la doxa la plus complaisante. Avec Sans Filtre, le Suédois Ruben Östlund voulait sans doute prendre en otage les festivaliers cannois. C’est gagné : ils lui ont lâché la suprême statuette. Un hold-up en règle, puisque son film, non content d’être d’une facture hideuse, se contente d’aligner quelques clichés confortables sur une hyperclasse mondiale en villégiature sur un yacht. [...]
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[Musique] Berikely & Zama : frisson malgache

Comment vous êtes-vous rencontrés ? 

Éric Doboka?: J’accompagnais un artiste malgache dans un festival et on s’est retrouvés en première partie de Berikely. Ça a été un coup de foudre. 

Berikely?: Ce fut un honneur pour moi d’être remarqué et de pouvoir étudier auprès d’un musicien d’ailleurs. Je rêvais de faire vivre ma tradition en l’exposant à d’autres projets afin qu’elle ne soit ni oubliée ni effacée.

Qu’est-ce que vous appréciez dans cette collaboration ? 

Berikely?: La sympathie d’Éric et son sens de l’accueil. La base des relations, c’est la bonne entente. Nous avons la même vision du travail et l’envie de se donner des idées. Il me propose beaucoup de phrases et arrangements et il s’adapte très bien à ma culture. La musique ternaire est complexe pour les Européens. 

ÉD?: Selon nos usages respectifs, nous sommes à l’opposé en termes de placement rythmique ! Lui m’a mis à l’aise afin de favoriser mon expression en guidant mes inspirations.

Je me sens en mission pour partager ce qui est à l’intérieur de moi et à l’intérieur de mon pays 

Berikely

Berikely, es-tu conteur ? 

B?: Pas vraiment. J’emploie plutôt des proverbes en guise de poésie, de message ou d’enseignement. Par exemple pour évoquer le manque du pays, je cite un proverbe qui dit : « Le zébu qui nage a traversé la mer, devant lui : l’arrivée au rivage est encore hors de vue et derrière : il ne voit plus d’où il venait ». [...]

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[Cinéma] Athena : un tract pour la rémigration
Athena est une cité. Un nom bien choisi, puisque Romain Gavras ambitionne de revisiter la tragédie antique version wesh. Le bougre a du talent. Son plan séquence d’ouverture de dix minutes d’une attaque de commissariat vous pète la rétine par sa puissance esthétique. La cause : la mort d’un gamin, « la troisième bavure policière », nous explique-t-on. Gavras coche toutes les cases : un complot d’extrême droite, des flics ripoux et le seul Français de souche de la cité qui se révèle être un djihadiste. [...]
[Cinéma] Dracula : trente ans et toutes ses dents

On ne le dira jamais assez : si le vampire est l’un des mythes les plus cinématographiques du monde, c’est parce que vampire et cinéma participent de la même forme spectrale : ils sont de pures images, déviées de leur existence et condamnées à être projetées éternellement sur le mur blanc de nos fantasmes. Coppola l’a très bien compris et, à ce titre, Dracula est peut-être son film le plus testamentaire, un hommage vibrant au cinéma d’antan, à cet art forain qu’il a connu enfant.

L'apport de Coppola a été de faire de Vlad Drakul une sorte de prométhée romantique qui renie Dieu par amour

S’entourant d’artisans surdoués (costumes, lumière, bande originale : tout confine à la perfection), Coppola choisit de réaliser les trucages « en dur », c’est-à-dire en direct sur le plateau, osant tout, parfois jusqu’au grand-guignol, déversant des litres de sang sur le plateau, figurant une scène de bataille avec des pantins de bois ou faisant monter ses acteurs sur des rails de travelling. Rejoignant les grands plasticiens du muet, Abel Gance en tête, Coppola signe un film total représentant un formidable compendium de l’illusion et de l’horreur. Peinture sur cache, surimpression, maquillages en latex, animation image par image, jeux d’ombres et de fumée : Dracula représente une lanterne magique grandiose récapitulant tous les dispositifs du cinéma avant leur submersion par la soupe numérisée. [...]

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L’Incorrect numéro 73

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